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jeudi 4 décembre 2014

Premier rapport annuel de l’Observatoire national du suicide

Marisol Touraine reçoit le premier rapport annuel de l’Observatoire national du suicide
cover_rapport_onsChargé de contribuer à une meilleure connaissance sur le suicide afin de mieux le prévenir, l’Observatoire national du suicide remet aujourd’hui son premier rapport annuel à Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, également Présidente de l’Observatoire.


Résolument engagée en faveur de la prévention du suicide, Marisol TOURAINE a installé cet Observatoire en septembre 2013 pour donner les moyens aux pouvoirs publics d’agir le plus en amont possible et de prévenir le suicide, avec l’ensemble des acteurs concernés.

Le suicide constitue un enjeu majeur de santé publique : le rapport de l’Observatoire rappelle que plus de 11 000 personnes décèdent chaque année en France par suicide (le suicide est la cause d’un décès sur cinquante) et que près de 200 000 personnes sont prises en charge chaque année par les urgences hospitalières après une tentative de suicide.

Le rapport met en évidence des inégalités sociales très marquées : les agriculteurs exploitants sont deux à trois fois plus touchés par le suicide que les cadres ; le suicide touche davantage les ouvriers que les cadres. Les personnes sans activité salariée sont les plus touchées.

A l’occasion de la remise de ce rapport, Marisol TOURAINE a salué la qualité du travail effectué qui constitue un premier état des lieux des connaissances sur le suicide et les tentatives de suicide et comporte des premières recommandations.

La ministre a annoncé qu’elle souhaitait que ces recommandations permettent l’élaboration d’un nouveau programme national d’actions contre le suicide. Ce programme comportera des mesures en direction des personnes âgées, comme le prévoit le rapport annexé au projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement. Il s’appuiera sur l’évaluation du précédent programme arrivé à échéance, dont le Haut conseil de la santé publique a été saisi.

Enfin, un appel à recherche sera lancé début 2015 afin d’améliorer les connaissances sur le suicide et ainsi orienter les actions de santé publique, sur la base de priorités identifiées dans le cadre des travaux de l’observatoire.
Consultez le rapport de l’Observatoire national du suicide (PDF - 2.8 Mo)
Plus info http://www.drees.sante.gouv.fr/l-observatoire-national-du-suicide-ons,11209.html

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L’Observatoire national du suicide (ONS)

Publié le 2 décembre 2014
Observatoire national du suicide {JPEG}

1er rapport de l’Observatoire national du suicide 

Ce rapport, remis le 2 décembre 2014 à Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des droits des Femmes, est un premier état des lieux des connaissances sur le suicide. Il énonce des recommandations qui seront suivies et complétées dans les rapports ultérieurs.
Un Français sur cinquante décède par suicide et un sur vingt déclare avoir fait une tentative au cours de sa vie. Alors que la France bénéficie d’une espérance de vie élevée, son taux de suicide est parmi les plus hauts en Europe.
En février 2013, dans son plaidoyer en faveur d’une prévention active du suicide, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a rappelé l’importance du suicide comme problème de santé publique et préconisé la mise en place d’un observatoire.
L’Observatoire national du suicide (ONS) a été installé, en septembre 2013, par Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, et placé auprès de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Indépendant et de composition plurielle, il incarne la diversité des acteurs impliqués dans la prévention du suicide.

Recueil numérique 

Ce recueil numérique sur le suicide répond à la mission confiée à l’Observatoire national du suicide de coordonner et d’améliorer les connaissances sur le suicide et les tentatives de suicide, afin d’en améliorer la prévention.
Il propose une sélection bibliographique sur la thématique du suicide composée de références à des ouvrages, des études et des rapports, d’une part, et à des articles scientifiques, d’autre part. Il comporte également d’autres types d’informations en lien avec le suicide : des colloques, des sites Web institutionnels et associatifs et des émissions de radio et de télévision.
Son contenu s’appuie principalement sur le fonds documentaire « Ress@c » du ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, mais également sur des revues scientifiques, dans le respect des droits d’auteur. Sans chercher à être exhaustif, il recense la documentation française et internationale relative au suicide au cours de la période 2008-2014, à l’exception des ouvrages qui peuvent être plus anciens.
La sélection bibliographique a permis de dégager cinq thématiques phares :
1. la prévention  ;
2. les effets de la crise et les inégalités sociales ;
3. les groupes à risques ;
4. la psychiatrie et la santé mentale ;
5. les facteurs psychosociaux.

Création de l’Observatoire national du suicide 

Le décret n° 2013-809 du 9 septembre 2013 crée un Observatoire national du suicide auprès du ministre chargé de la Santé. Parmi les missions qui lui sont confiées, l’Observatoire est chargé de coordonner et d’améliorer les connaissances sur le suicide et les tentatives de suicide mais aussi de produire des recommandations, notamment en matière de prévention. Il est composé à la fois d’experts, de professionnels de santé, de parlementaires, de représentants d’administrations centrales et de représentants d’associations de familles et d’usagers.
La Drees est chargée d’assurer le secrétariat de l’observatoire et le directeur de la Drees en assure la présidence déléguée.
Les travaux de l’Observatoire s’appuient sur deux groupes de travail. Le premier piloté par l’Institut de veille sanitaire, porte sur la surveillance des suicides et des tentatives de suicide. Le second, piloté par la Drees, est chargé d’améliorer les connaissances des mécanismes de suicides et des tentatives de suicide, et de promouvoir des recherches sur ce thème.
Ses missions
  • coordonner les différents producteurs de données et améliorer le suivi des suicides et tentatives de suicide ;
  • développer la connaissance des facteurs de risque et des mécanismes conduisant aux suicides et aux tentatives de suicide, afin d’en améliorer la prévention ;
  • promouvoir et valoriser les dispositifs de collecte, de suivi et d’alerte sur le suicide en participant à la diffusion des résultats et en facilitant l’accès aux bases de données ;
  • évaluer l’effet des politiques publiques en matière de prévention du suicide et des tentatives de suicide ;
  • produire des recommandations, notamment en matière de prévention.
PDF - 30.9 ko Discours de Marisol Touraine (pdf - 30.9 ko - 18/10/2013 - [MAJ:02/12/2014]) Observatoire national du suicide PDF - 99 ko Décret de création de l’Observatoire national du suicide (pdf - 99 ko - 18/10/2013 - [MAJ:02/12/2014]) Observatoire national du suicide PDF - 62.5 ko Compte-rendu de l’assemblée plénière du 10 septembre 2013 (pdf - 62.5 ko - 18/10/2013 - [MAJ:02/12/2014]) Observatoire national du suicide PDF - 122.5 ko Communiqué de presse du 9 septembre 2013 (pdf - 122.5 ko - 18/10/2013 - [MAJ:02/12/2014]) Observatoire national du suicide PDF - 72 ko Journée mondiale de la prévention du suicide (pdf - 72 ko - 18/10/2013 - [MAJ:02/12/2014]) Observatoire national du suicide
Dernière mise à jour le 2 décembre 2014


sommaire

SYNTHÈSE
1. Un taux de suicide en France toujours élevé
1.1. L’élaboration des statistiques relatives aux suicides et aux tentatives de suicide
1.2. Le taux de décès par suicide diminue dans le temps
1.3. Les inégalités sociales face au suicide
1.4. Une personne sur vingt déclare avoir fait une tentative de suicide au cours de sa vie
1.5. La probabilité que le geste suicidaire entraîne le décès  varie selon le sexe et le groupe social
2. Prévention du suicide
2.1. Les enjeux éthiques associés à la prévention du suicide
2.2. Les actions de prévention du suicide
3. Recommandations
3.1. Améliorer le suivi des suicides et des tentatives de suicide
3.2. Recommandations en matière de recherche et d’appel à recherche
3.3. L’Observatoire recommande que le suicide fasse l’objet d’un suivi dans le cadre de la stratégie nationale de santé
DOSSIERS
Les systèmes d’information sur les suicides et les tentatives de suicide
1. Statistiques des suicides : données de mortalité par suicide
2. Surveillance des tentatives de suicide à partir des bases médico-administratives
2.1. Le PMSI-MCO : données sur les hospitalisations en médecine et chirurgie
2.2. Le RIM-P : les hospitalisations en psychiatrie
2.3. Le réseau Oscour®: données sur les passages aux urgences
3. Surveillance des antécédents de tentatives de suicide et du risque suicidaire par enquêtes déclaratives
3.1. Le Baromètre santé
3.2. Les autres enquêtes en population générale.
3.3. Les enquêtes auprès de populations spécifiques
4. Données des associations sur la thématique du suicide
 4.1. SOS Amitié
4.2. Recueil d’informations par d’autres associations
5. Suicides et travail
5.1. Surveillance épidémiologique des suicides selon l’emploi
5.2. Surveillance des antécédents de tentatives de suicide et du risque suicidaire selon l’emploi
5.3. La surveillance épidémiologique des suicides en lien avec le travail
6. Recommandations
Les actions de prévention du suicide
1. Actions de prévention mises en œuvre dans le cadre de la politique nationale de prévention du suicide
1.1. Le programme national d’actions contre le suicide 2011-2014
1.2. Le plan national d’actions contre le suicide 2011-2014 de la Mutualité sociale agricole
 2. Actions évaluées dans le champ de la prévention du suicide
2.1. Une revue de littérature
2.2. L’efficacité des systèmes de maintien de contact et de veille après une tentative de suicide
2.3. L’efficacité des interventions communautaires de prévention du suicide
3. Considérations pour la recherche sur l’évaluation des actions de prévention
La recherche sur le comportement suicidaire et sa prévention
1. Connaissance des facteurs de risque et de protection et des mécanismes conduisant aux suicides et aux tentatives de suicide
1.1. Mieux connaître les déterminants du comportement suicidaire
1.2. Mieux comprendre le processus suicidaire
2. Évaluation des actions de prévention du suicide
3. Recommandations
FICHES
Fiche 1• Données épidémiologiques sur les décès par suicide
Fiche 2 Pathologies associées aux suicides déclarées dans les certificats médicaux de décès
Fiche 3• Hospitalisation et recours aux urgences pour tentative de suicide
Fiche 4• Tentatives de suicide déclarées et pensées suicidaires en 2005 et 2010
Fiche 5• Profils et trajectoires des personnes ayant des idées suicidaires d’après l’enquête santé et itinéraire professionnel (sip)
Fiche 6 • Suicide selon l’emploi exercé..

Fiche 7• Surveillance de la mortalité par suicide des agriculteurs exploitants
Fiche 8• Le suicide des personnes détenues en France
Fiche9• Les minorités sexuelles face au risque suicidaire
ANNEXES
Annexe1•Revue de littérature: crise de 2008 et suicide
Annexe2• Recueil numérique sur la thématique du suicide
Annexe3• Liste des sigles
Annexe4• Textes fondateurs de l’Observatoire
Annexe5 • Fonctionnement et organisation de l’Observatoire national du suicide
 Contributeurs




REVUE DE PRESSE SUR LE SUJET : 

Les huit chiffres chocs sur le suicide en France


Mieux connaître le fléau du suicide pour renforcer la prévention. Créé en 2013, l’Observatoire national du suicide (ONS) publie ce mercredi son premier rapport qui permet d’appréhender objectivement les données sur ce sujet encore tellement tabou. 20 minutes décrypte les huit chiffres qu’il faut retenir.

En France, un décès sur 50 est un suicide

En 2011, 11.400 personnes se sont donné la mort en France métropolitaine. Un chiffre qui fait de la France un pays qui enregistre l'un des plus hauts taux de suicides en Europe, après la Finlande, la Belgique et la plupart des pays de l’Est. «On estime qu’une personne sera confrontée, sur une période de quarante ans, au décès par suicide d’une à trois personnes de son entourage immédiat», souligne le rapport de l’ONS.

Un Français sur 20 fait une tentative de suicide au cours de sa vie

En 2011, 200.000 personnes ont été hospitalisées en raison d’une tentative de suicide (TS). Mais toutes les TS ne donnant pas lieu à une hospitalisation, les statistiques sous-évaluent l’ampleur du phénomène.

Les hommes sont trois fois plus touchés que les femmes

Si les femmes effectuent deux fois plus de tentatives de suicide que les hommes, elles sont trois fois moins nombreuses à se donner la mort. Une surmortalité masculine qui existe dans pratiquement tous les pays et qui s’explique notamment par le fait que les hommes utilisent des moyens létaux plus violents.

Un tiers des suicidés ont plus de 60 ans

Le taux de décès par suicide augmente fortement avec l’âge. Mais proportionnellement, la part des suicides chez les jeunes est plus élevée car ils demeurent la seconde cause de décès chez les 15-24 ans après les accidents de la route.

Plus d’un suicide sur deux a lieu par pendaison

Les suicides par pendaison sont plus fréquents chez les hommes (58%) que chez les femmes (37%). Les autres modes opératoires sont la prise de médicaments et autres substances (14 %), l’utilisation d’une arme à feu (14 %) et les sauts d’un lieu élevé (7 %).

Les agriculteurs ont deux à trois fois plus de risques d’être suicidaires que les cadres

Le rapport montre qu’il existe des inégalités sociales face au risque suicidaire. Plus les personnes sont en proie à des difficultés financières, plus elles risquent d’avoir des pensées suicidaires. Certaines catégories professionnelles sont donc jugées plus à risques, comme les agriculteurs, les employés et les ouvriers. La crise de 2008 aurait également joué sur la santé mentale des Français les plus démunis, dont une plus grande proportion serait passée à l’acte. Les personnes sans domicile sont également considérées comme une population à risque suicidaire. Car selon une enquête du Samu social de Paris, 22 % d’entre eux ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours. Enfin, les détenus constituent une population présentant un risque suicidaire chez 40 % des hommes détenus en métropole et 62 % des femmes.

40 % des suicides sont associés à des troubles mentaux

Il s’agit majoritairement de syndromes dépressifs, associés à 35 % des suicides.

Le taux de suicide varie du simple au double en fonction des régions

Les taux de décès par suicide sont particulièrement élevés en Bretagne (où il dépasse de 60% le taux moyen de la France métropolitaine), Basse-Normandie, Nord-Pas-de-Calais et Champagne-Ardenne. Les régions Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes et Alsace enregistrent au contraire les plus bas taux de décès par suicide.

***

SANTE Un rapport démontre que le suicide frappe la population de manière différente selon la catégorie socioprofessionnelle...
Suicide: Les inégalités sociales ont un impact sur le passage à l'acte






Les ouvriers sont deux à trois fois plus exposés au suicide que les cadres.
Les ouvriers sont deux à trois fois plus exposés au suicide que les cadres. - A. GELEBART / 20 MINUTES

  • Céline Boff 
  • Un triste record. En 2011, soit les derniers chiffres disponibles, plus de 11.000 personnes ont décidé de mettre fin à leur jour en France. Le pays enregistre ainsi l’un taux de suicide les plus élevés d’Europe, comme le démontre le premier rapport de l’Observatoire national du suicide. Cette étude prouve aussi qu’en fonction de leur catégorie sociale, les citoyens passeront plus ou moins facilement à l’acte.

    L’employabilité

    Etre en recherche d’emploi multiplie par trois le risque de mortalité par suicide par rapport aux individus en activité professionnelle.
    «Le travail a un rôle protecteur face au suicide, parce qu’il offre au salarié un statut social, qu’il est facteur de sociabilité et qu’il lui fournit des revenus permettant de réduire les difficultés financières», commente Nathalie Fourcade, membre de l’Observatoire national du suicide.

    Le métier

    Si le malaise des cadres fait l’objet de multiples articles, ils restent malgré tout les salariés les plus épargnés par le suicide. Les employés et surtout les ouvriers ont un risque de décéder par suicide deux à trois fois plus élevé. Les agriculteurs exploitants ont eux aussi une mortalité par suicide supérieure à celle des cadres –trois fois plus élevée pour les hommes, deux fois pour les femmes.
    «Nous lancerons début 2015 un appel à recherche pour approfondir les raisons de ces différences entre groupes socioprofessionnels. Pour l’heure, nous constatons seulement qu’un diplôme élevé semble atténuer les pensées suicidaires», précise Nathalie Fourcade.

    L’activité

    Tranquilles, les fonctionnaires? A l’exception de la fonction publique d’État, l’administration publique présente pourtant le taux de mortalité par suicide le plus élevé (29,8 pour 100.000), après le secteur de la santé et de l’action sociale (34,3 suicides pour 100.000). Suivent ensuite les secteurs de la construction (27,3 pour 100.000) et de l’immobilier (26,7 pour 100.000).

    Le contrat

    Les hommes à temps partiel déclarent plus souvent des tentatives de suicide (TS) que les hommes à temps plein (6% contre 2,9%). Et si l’intérim est souvent présenté comme un choix, il n’empêche que les intérimaires sont le statut d’emploi le plus concerné par les TS chez les hommes (7,6% contre 3,1% pour les CDI).

    Le sexe

    Les disparités de taux de suicide selon la catégorie sociale sont moins marquées pour les femmes que pour les hommes. Et c’est une donnée que l’Observatoire compte creuser dans son futur appel à recherche.
    «Le moindre impact des inégalités sociales pour les femmes est un phénomène que nous retrouvons aussi dans la santé. Par exemple, à l’âge de 35 ans, une femme ouvrière a une espérance de vie inférieure de trois ans à une femme cadre, alors que chez leurs homologues masculins, le différentiel monte à plus de six ans», précise Nathalie Fourcade.


    ***

    Observatoire national du suicide   Suicide : les femmes font deux fois plus de tentatives que les hommes

    par   Audrey Vaugrente http://www.pourquoidocteur.fr/Suicide---les-hommes-sont-3-fois-plus-a-risque-que-les-femmes-8902.html
    Publié le 3 Décembre 2014
    Un profil précis des personnes à risque de suicide : c’est ce que livre l’Observatoire national du suicide. Il a remis son rapport ce 3 décembre, après plus d’un an de recherches.




    SUPERSTOCK/SUPERSTOCK/SIPA

    Un homme, plutôt âgé, exerçant la profession d’agriculteur. Tel est le profil d’un Français qui risque de mettre fin à ses jours. L’Observatoire national du suicide (ONS) a remis son premier rapport annuel à la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Il dessine un portrait précis des personnes décédées par suicide ou qui ont tenté de se suicider, et souligne de fortes inégalités au sein de la population.

    Plus de tentatives chez les femmes
    « Le suicide constitue un enjeu majeur de santé publique », précise le ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes dans un communiqué. On dénombre en France métropolitaine 18 décès par suicide pour 100 000 habitants. C’est un des taux les plus élevés d’Europe, et il s’observe de manière très concrète : « On estime qu’un personne sera confrontée, sur une période de quarante ans, au décès par suicide d’une à trois personnes de son entourage immédiat », illustre le rapport de l’ONS.

    Après une année de travail, l’Observatoire national du suicide (ONS) a mis en évidence de nombreuses inégalités face au suicide. Les hommes sont trois fois plus touchés par cet acte fatal que les femmes, bien que les deux sexes aient souvent recours au même moyen pour mettre fin à leurs jours, en l'occurence la pendaison. « Les femmes effectuent deux fois plus de tentatives de suicide que les hommes, mais sont trois fois moins nombreuses à se donner la mort », selon le rapport.

    Les personnes âgées meurent plus par suicide
    Dans l’ensemble de la population, le taux de décès par suicide a baissé depuis 1990, mais il augmente avec l’âge. Ainsi, un tiers des suicidés a plus de 60 ans. La part du suicide dans la mortalité générale, en revanche, est plus élevée chez les jeunes.
    Mais ce sont bien les personnes âgées qui parviennent le plus à abréger leur vie : le ratio suicide abouti/tentative de suicide est de 1 pour 4 dans cette population, contre 1 pour 200 chez les moins de 25 ans. « La personne âgée accomplissant un geste suicidaire est en général animée d’une détermination forte comme en témoignent les moyens fréquemment employés (précipitation d’un lieu élevé, armes à feu, pendaison) », explique un rapport du Comité national de la bientraitance et des droits (CNBD) cité par l’ONS.

    Source : Observatoire national du suicide

    Les agriculteurs plus touchés que les autres actifs
    Les agriculteurs sont particulièrement à risque de mettre fin à leurs jours. Ils sont deux à trois fois plus touchés que les cadres. S’ils déclarent moins de tentatives de suicide par rapport aux autres professions, c’est simplement parce qu’ils ont recours à des moyens « plus létaux » (pendaison et armes à feu) explique l’Observatoire national du suicide. C’est donc sans surprise que le décès par suicide est plus fréquent dans les régions à forte dominante agricole (Bretagne, Basse-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne). 

    Source : Observatoire national du suicide

    Ce n’est qu’une des inégalités sociales « très marquées » que souligne le rapport de l’Observatoire national du suicide. Après les agriculteurs, les ouvriers, les chômeurs, mais aussi les détenus, portent le plus lourd fardeau dans ce domaine. « Sur la période très récente, plusieurs études suggèrent que la crise économique et financière de 2008 se serait traduite par une hausse des suicides et une dégradation de la santé mentale pour les hommes en âge de travailler dans la plupart des pays concernés, les femmes étant moins affectées », analyse l’ONS.

    Ados, détenus et sans abri : des profils à surveiller
    Le rapport de l’Observatoire national du suicide permet enfin de distinguer trois profils de risque particulier. Une enquête de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a montré que 2,2 % des adolescents ont déjà fait une tentative de suicide suivie d’hospitalisation. Parmi eux, les filles étaient particulièrement exposées au risque de multiplier les tentatives.
    Les personnes sans domicile sont également considérées à risque suicidaire. Une enquête du Samu social de Paris l’a confirmé : 22 % des sans abri ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours… et 13 % sont considérés comme à risque d’y parvenir.
    Enfin, les détenus constituent un groupe à risque élevé. Un risque suicidaire est détecté chez 40 % des hommes détenus en métropole et 62 % des femmes. Ce risque est jugé « élevé » dans la moitié des cas.

    En plus de fournir des éléments précieux sur les profils à risque de suicide, ce rapport de l’Observatoire national du suicide servira de base au prochain programme national d’actions contre le suicide. C’est ce qu’a annoncé la ministre de la Santé Marisol Touraine. Ce programme comportera notamment des mesures à destination des personnes âgées.
    ***

    Moins de suicides, mais...
    Par la rédaction d'Allodocteurs.fr
    rédigé le 4 décembre 2014, mis à jour le 5 décembre 2014
    http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-le-suicide-un-mal-francais--15043.asp?1=1
    Un peu plus d'un an après le lancement de l'Observatoire national du suicide, un premier état des lieux de la situation française a été rendu public le 2 décembre. Le docteur Cécile Omnes, responsable du pôle Psychiatrie au centre hospitalier Charcot (Rambouillet), était sur le plateau du Magazine de la santé pour commenter les chiffres du rapport.
    video sur http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-le-suicide-un-mal-francais--15043.asp?1=1

    Moins de suicides, mais...

    Les chercheurs de l'Observatoire national du suicide estiment qu'en 2011, près de 11.400 décès par suicide sont survenus en France métropolitaine. Les hommes se suicident 3,5 fois plus que les femmes.

    Le taux de suicide a diminué de 25 % entre 1990 et 2010 (-14 % entre 2000 et 2010). Une tendance à la baisse qui s'observe également au niveau mondial, selon les chiffres de l'OMS.

    Le taux de décès par suicide "augmente fortement avec l'âge", "un tiers de celles et ceux qui se suicident [ayant] plus de 60 ans".

    Cependant, la part du suicide dans les causes de mortalité est "nettement plus élevée chez les jeunes" : entre 15 et 24 ans, "le suicide représente 16% du total des décès et constitue la seconde cause de décès après les accidents de la circulation". Au delà de 75 ans, le suicide représente moins de 1% du total des décès.

    Chaque année, environ 70.000 personnes sont hospitalisées en France pour une tentative de suicide (hors services de psychiatrie). Les jeunes filles de 15 à 19 ans présentent les taux d'hospitalisation les plus élevés (43 pour 10.000 par an). L'auto-intoxication médicamenteuse constituant le mode opératoire dans huit cas sur dix.
    Modes de suicide

    En 2011 les modes de suicide les plus fréquents sont les pendaisons (53%), les prises de médicaments et autres substances (14%), les armes à feu (14%), et les sauts d'un lieu élevé (7%).

    Toutefois, ces modes de décès "diffèrent sensiblement selon le sexe." Pour les hommes, la pendaison est à l'origine de 58% des suicides et les armes à feu de 17%. Pour les femmes, la pendaison (37%) et la prise de médicaments et autres substances (28%) sont les modes les plus utilisés. Les modes de décès varient également selon les régions : "la pendaison est plus fréquente dans le Nord et l'utilisation d'armes à feu dans le Sud", précise l'Observatoire.
    Suicide et inégalités sociales

    Selon les données réunies par l'Observatoire, les agriculteurs, les employés et les ouvriers ont un risque de décéder par suicide "deux à trois fois plus élevé que celui des cadres". Les auteurs du rapport final notent que "plusieurs études suggèrent que la crise économique et financière de 2008 se serait traduite par une hausse des suicides et par une dégradation de la santé mentale pour les hommes en âge de travailler dans la plupart des pays concernés".

    Les chercheurs notent que "malgré l'intérêt porté aujourd'hui aux risques psychosociaux, il n'existe pas de données fiables en France sur le nombre de suicides survenus sur un lieu de travail".
     ***




    Prévention du suicide : qu’est-ce qui marche ?http://www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/prevention_du_suicide_quest_ce_qui_marche__149116/document_actu_pro.phtml





    Paris, le jeudi 4 décembre 2014 – Répondant à une demande exprimée de longue date, le ministre de la Santé Marisol Touraine a créé en septembre 2013 un Observatoire national du suicide, confirmant ainsi « sa volonté de renforcer les moyens consacrés à la prévention du suicide, qui constitue une priorité de santé publique ». Un an après son installation, cet Observatoire vient de remettre au ministre son premier rapport qui est un large état des lieux des connaissances et qui propose différentes pistes de recherche.

    Certificat électronique de décès : une longue attente

    Ce rapport se concentre ainsi tout d’abord sur les différentes données concernant le suicide et les tentatives de suicide. Premier constat : l’établissement de statistiques précises reste difficile. Encore très souvent en effet « le décès est certifié résulter d’un suicide si les circonstances sont compatibles avec un tel acte et si le meurtre, la mort accidentelle et les causes naturelles peuvent tous être écartés » rappellent les auteurs du rapport reprenant une définition de l’OMS. Dès lors, le doute peut continuer à persister. Différents éléments devraient permettre d’affiner les connaissances sur les morts par suicide : les autopsies psychologiques, qui commencent à se développer en France et la refonte de la certification du décès avec notamment en vue le déploiement de la certification électronique. Sur ce point, l’Observatoire regrette les retards accumulés et espère que le décret toujours en cours de discussion pourra voir prochainement le jour. Grâce à ce texte, il sera notamment possible aux instituts médico-légaux de transmettre au CépiDc (Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès) « un volet complémentaire en cas de recherches approfondies des causes de décès », tandis que l’informatisation permettra de disposer plus rapidement de données actualisées.

    Suicide et travail : un champ de réflexion encore inexploité

    Dans l’attente de ces évolutions, on peut estimer qu’un décès sur 50 en France résulte d’un suicide. Ainsi, en 2011, 11 400 personnes se sont donné la mort. On le sait, les hommes sont davantage concernés (avec un taux de mort par suicide de 27,7 / 100 000 contre 8,1 chez les femmes). Cette situation se retrouve de façon universelle, à l’exception de la Chine relèvent les auteurs. Ces derniers rappellent également que le taux de suicide progresse avec l’âge : un tiers des personnes concernées ont plus de 60 ans. Cependant, compte tenu d’une mortalité générale faible, chez les adolescents et les jeunes adultes, il s’agit dans ces tranches d'âge de la deuxième cause de décès, alors que le suicide ne représenterait qu’un pourcent des morts après 75 ans. L’Observatoire donne par ailleurs une liste des méthodes les plus employées : pendaison (53 %), absorption de médicaments et de substances dangereuses (14 %), armes à feu (14 %) et chutes d'un lieu élevé (7 %). Il est enfin rappelé qu’avec un taux de décès par suicide de 18 pour 100 000 habitants, la France se situe bien au-dessus de la moyenne européenne (12/100 000 habitants) à l’instar de la Finlande, la Belgique et la plupart des pays de l’Est. Des données sociales sont également proposées : il apparaît ainsi que le risque de suicide est deux à trois fois plus important chez les agriculteurs, les employés et les ouvriers que chez les cadres. Cependant, sur la question des relations  entre le travail et le risque d’autolyse, l’Observatoire souligne une fois encore les limites des données disponibles. Il relève par exemple qu’il « n’existe pas de données fiables en France sur le nombre de suicides survenus sur un lieu de travail. Quantifier le nombre de suicides annuels liés à un problème professionnel est encore plus difficile » souligne-t-il.

    Comment savoir si la prévention marche ?

    Dans un second volet, l’Observatoire s’intéresse aux stratégies de prévention du suicide. A cet égard, les auteurs du rapport font le constat que les actions mises en place notamment en France, sont rarement évaluées. Un tel travail nécessite de déterminer des « indicateurs d’évaluation de l’efficacité » et de pouvoir répondre à une question complexe : « Comment mesure-t-on l’imputabilité de l’évolution des suicides ou des tentatives de suicide à une action de prévention, en tenant compte des autres facteurs susceptibles d’exercer une influence » s’interrogent les auteurs. Au-delà de l’évaluation, on le voit, difficile, une fois celle-ci réalisée il convient de s’interroger sur la "transférabilité" d’une action de prévention « d’un pays à un autre ou d’un territoire à un autre ».

    Prévention du suicide par les pairs dans les collèges et les lycées : attention danger

    Si l’amélioration de l’évaluation est donc une recommandation centrale de l’Observatoire, ce dernier peut déjà, sur la base de la littérature internationale, donner quelques pistes d'action. « Trois types d’interventions sont particulièrement efficaces : la réduction des moyens létaux, le maintien du contact, surtout s’il est proactif et "humain" et la mise en place de lignes d’appel, à condition de réfléchir à leurs modalités de mise en œuvre ». L’Observatoire souligne encore qu’une stratégie sera d’autant plus positive qu’elle impliquera le plus grand nombre d’acteurs possibles (professionnels ou non) et que les secteurs sanitaires et sociaux seront pareillement engagés. Ces constats étant fait, certains types d’interventions, souvent plébiscitées, doivent faire l’objet de la plus grande prudence. L’Observatoire évoque ainsi notamment les programmes de sensibilisation en milieu scolaire qui doivent « être maniés avec précaution en raison de risques d’effets négatifs lorsque des jeunes sont chargés d’informer ou d’aider d’autres jeunes ». Le rapport souligne par ailleurs que « l’information du public est efficace si elle est associée à une offre de prise en charge ». Ces constatations sont l’occasion pour l’Observatoire d’une série de recommandations qui concernent l’amélioration du suivi des tentatives de suicide et les pistes de recherche à privilégier.
    Aurélie Haroche 

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    Age, région, profession, sexe... comment le suicide frappe en France
    Marie PIQUEMAL 4 décembre 2014 à 13:10 http://www.liberation.fr/societe/2014/12/04/age-region-professions-sexe-comment-le-suicide-frappe-en-france_1156138

    AU RAPPORT
    L'Observatoire national du suicide vient de rendre son premier état des lieux.

    Un Français sur cinquante meurt par suicide. Et un sur vingt fait une tentative au cours de sa vie. L’année dernière, le Conseil économique, social et environnemental (le CESE) avait appelé à une mobilisation contre le suicide, rappelant qu’il s’agissait là d’un vrai problème de santé publique. Un observatoire national a été mis en place dans la foulée. Il vient de publier son premier rapport, un gros travail de compilation des données existantes en la matière.Sur le même sujet
    Les hommes surtout, et les vieux
    En 2011, on a enregistré en France métropolitaine 10 367 décès par suicide, et près de 200 000 personnes ont été prises en charge aux urgences après une tentative. Mais, précise l’observatoire, ces données, issues des certificats de décès, sont en deçà de la réalité. «Un certain nombre de suicides ne sont pas connus avec cette statistique», notamment les morts violentes sans précision de l’intention et en cas d’absence de retour de certains instituts médicolégaux. Environ 10% des suicides ne seraient donc pas comptabilisés. Pour l’année 2011 donc, le nombre de morts par suicide serait supérieur à 11 000.
    Les hommes meurent plus en se suicidant que les femmes. L’écart est très net, de l’ordre de trois fois plus. Cela dit, les femmes effectuent deux fois plus de tentatives que les hommes, mais elles en meurent beaucoup moins.

    Le taux de décès par suicide augmente aussi avec l’âge. Un tiers de ceux qui meurent par suicide avaient plus de soixante ans. Le «ratio tentative/suicide abouti» est particulièrement élevé chez les personnes âgées. De l’ordre de 1 pour 4, contre 1 pour 200 chez les personnes de moins de 25 ans ; l’étude précisant que «l’intentionnalité plus grande du sujet âgé se conjugue souvent avec une fragilité organique sous-jacente plus grande.»

    En revanche, note l’observatoire, la part du suicide dans la mortalité générale est nettement plus élevée chez les jeunes. Le suicide reste aujourd’hui la deuxième cause de décès chez les jeunes après les accidents de la route. Il représente 16% du total des morts de 15-24 ans.

    Les décès par suicide par tranche d’âge et par sexe (Observatoire national du suicide)
    Des disparités régionales

    La Bretagne arrive en tête. Le taux de suicide dépasse de 60 % le taux moyen de la France métropolitaine… Suivent, dans l’ordre décroissant: la Basse-Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie et le Limousin, avec des taux supérieurs de plus de 25 % au taux moyen de France métropolitaine.

    A l’autre bout, on trouve Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, Corse et Alsace, avec les taux de décès par suicide les plus bas : inférieurs de plus de 15 % au taux moyen de France métropolitaine.

    Les décès par suicide par régions (Observatoire national du suicide)
    Mode opératoire et métier

    Il n’est pas possible aujourd’hui de comptabiliser avec précision le nombre de suicides liés au travail. L’observatoire s’en tient donc à regarder, profession par profession, le nombre de personnes qui se donnent la mort. Ainsi, «les agriculteurs, employés et ouvriers ont un risque de décéder par suicide deux à trois fois plus élevé que celui des cadres». Les professions gravitant autour de la santé et de l’action sociale sont aussi particulièrement exposées au risque de suicide.

    Les décès par suicide chez les salariés (Observatoire national du suicide)

    Enfin, on ne se suicide pas de la même façon selon le métier que l’on exerce… «Chez les femmes, les cadres, professions intermédiaires, employées et ouvrières se suicident davantage par ingestion de substances solides ou liquides tandis que la pendaison est plus fréquente chez les exploitantes agricoles et les artisanes-commerçantes.»

    Les hommes, toutes professions confondues, ont plus recours à la pendaison, surtout les agriculteurs (56%) et les artisans commerçants (42,3 %). «Chez les employés, lit-on dans le rapport, les armes à feu sont le mode de suicide le plus fréquent (32,3 %), la pendaison arrivant en deuxième position (29,7 %).»M.P Vous aimerez aussi
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    Santé-Sécurité 4/12/2015
    Suicide et travail : quantifier l'indéfinissable 
    http://www.actuel-hse.fr/securite-travail-environnement/sante-securite/a-336350/suicide-et-travail-quantifier-l-indefinissable.html
     
    Chiffrer les suicides au travail ou à cause du travail : "un exercice encore impossible", note l'Observatoire national des suicides dans son premier rapport. D'autant que la "définition validée" d'un suicide en lien avec le travail fait défaut. L'ONS, qui souligne le rôle protecteur de l'emploi, voudrait plus de recherche sur les liens entre suicide et politiques managériales.

    "Le décès est-il survenu lors d'une activité professionnelle ? Oui / Non / Ne sait pas". Selon un projet de décret encore en cours de discussion qui prévoit la refonte du certificat de décès, le médecin qui l'établit devra répondre à cette question, alors qu'il répond actuellement à "S'agit-il d'un accident du travail (ou présumé tel) ? Oui / Non / Sans précision". Nombreuses données manquantes, certificats cochés "accident du travail" alors qu'il s'agit d'un décès lié à une pathologie professionnelle et non à un accident : l'INVS (institut national de veille sanitaire) a montré la faiblesse de l'enregistrement des accidents du travail mortels, dont les suicides, via les certificats de décès. Plus de 11 000 décès par suicide ont été enregistrés en France métropolitaine en 2011 et près de 200 000 personnes ont été accueillies aux urgences après une tentative de suicide. Un Français sur cinquante décède par suicide et un sur vingt déclare avoir fait une tentative au cours de sa vie.
    Un exercice "encore impossible aujourd'hui"
    Selon l'ONS (observatoire national des suicides) qui a rendu mardi soir son premier rapport – l'observatoire a été créé en septembre 2013 (voir notre article) –, ce nouveau certificat de décès permettrait une meilleure surveillance épidémiologique des suicides en lien avec le travail. "Comptabiliser avec précision le nombre de décès par suicide survenus sur un lieu de travail est un exercice encore impossible aujourd'hui en France. Quantifier le nombre de suicides annuels liés à un problème professionnel est encore plus difficile", constate le rapport, précisant bien que "relier un décès par suicide […] à une cause principale est toujours très complexe, pour des raisons à la fois médicales, éthiques, culturelles et légales".
    L'absence de définition
    Sans compter les difficultés méthodologiques. Qu'est-ce qu'un suicide en lien avec le travail ? "Il n'existe pas de définition validée", souligne l'ONS. En 2012, pour mener une étude de faisabilité visant à identifier les sources de données potentiellement utiles et tester leur utilisation, l'INVS a considéré comme étant des suicides en lien avec le travail ceux survenus sur les lieux de travail, ceux déclarés au titre des accidents du travail, ceux pour lesquels un courrier ou un témoignage établit un lien avec le travail. Ils ont aussi aussi intégré les suicides pour lesquels l'outil de travail est le moyen létal utilisé ou survenus en tenue de travail alors que la victime ne travaillait pas. Quelques éléments de connaissance, chiffrés, sont cependant disponibles – essentiellement issues du programme Cosmop (1).
    Gradient social
    Hommes ou femmes, on repère chez les salariés un gradient social de mortalité par suicide : les ouvriers présentent un risque de décéder par suicide entre deux et trois fois plus élevé que les cadres. Selon les bases de données utilisées, les secteurs d'activité et emplois les plus touchés font remonter des éléments différents. En regardant via l'EDP (échantillon démographique permanent) (1), chez les hommes, les secteurs d'activité les plus touchés sont l'agriculture et les industries agricoles et alimentaires, alors que chez les femmes, "le secteur de l'industrie et des biens d'équipement présente une surmortalité significative", devant l'agriculture. Si l'on s'appuie sur la DADS (déclaration annuelle des données sociales) (1), c'est la santé et de l'action sociale qui présente le taux de mortalité par suicide le plus élevé, suivi de l'administration publique (hors fonction publique d'État), puis de la construction et de l'immobilier.
    Le travail, facteur de protection
    "Le travail constitue un facteur de protection contre le suicide", insiste cependant l'ONS, rappelant que des études "ont montré qu'être en recherche d'emploi multipliait par trois le risque de mortalité par suicide par rapport aux individus en activité professionnelle". Selon l'enquête SIP (santé et itinéraire professionnel) menée par la Drees et la Dares, seules 63 % des personnes ayant des idées suicidaires ont un emploi, et si elles en ont un, il est souvent à temps partiel et particulièrement exposé aux risques psychosociaux. Ce sont aussi des personnes qui ont des "sentiments exacerbés" par rapport à la place du travail dans leur vie, qu'elles déclarent que l'emploi ou la recherche d'emploi est "plus important que tout le reste" ou au contraire, que cela a peu d'importance.
    Quel est l'impact des politiques managériales ?
    L'emploi est protecteur, mais l'ONS recommande "particulièrement" que la recherche se penche sur "l'impact des évolutions actuelles du travail et des politiques managériales sur le risque de suicide", rappelant que la "souffrance éthique" – c'est-à-dire, pour le chercheur Christophe Dejours l'existence d'un désaccord entre ce que les personnes estiment devoir faire dans leur travail et ce qu'elles sont conduites à faire en raison de l'organisation du travail et qu'elles réprouvent – est un facteur de risque essentiel, qui peut conduire à une "haine de soi". Et au suicide.


    Sous l'angle juridique

    "La causalité entre suicide et travail est une thématique qui doit être développée d'un point de vue juridique", estiment les auteurs du rapport de l'ONS. "La jurisprudence sur le suicide lié au travail s'est développée mais reste maigre", expliquent-ils. Comment prouver que l'employeur avait conscience ou aurait dû avoir conscience du danger qu'encourait le salarié ?



    (1) Cosmop, cohorte pour la surveillance de la mortalité par profession, est un programme mené depuis 2002 par l'INVS, qui croise les données de mortalité avec l'EDP (échantillon démographique permanent) et les DADS (déclarations annuelles des données sociales) faites par les employeurs.

    Par Elodie Touret

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    Suicide, l'impensé français

    L'Observatoire national du suicide vient de publier son premier rapport en novembre 2014. L'état des lieux fait ressortir un taux de suicide important et propose des pistes de prévention, ramenant sur le devant de la scène cette réalité qu'on ne saurait voir: la souffrance et la mort, envers lesquelles la société a sa responsabilité.

    11 400 suicides, soit une mort sur cinquante, et 200 000 tentatives en France en 2011. Ce sont les chiffres consignés par l’Observatoire national du suicide, mis en place l’an passé, dans son premier état des lieux, qui vient d’être publié en novembre 2014. Il résulte de travaux débutés en 2008 et confiés à un comité présidé par le sociologue David Le Breton.
    On y découvre que le taux de suicide français (18 pour 100 000 habitants) est l’un des plus importants en Europe (dont la moyenne est de 12 pour 100 000 habitants), tandis que son espérance de vie est parmi les plus élevées ; que les hommes meurent plus en se suicidant que les femmes ; que l’on se suicide plus selon son activité professionnelles, ainsi «les agriculteurs, employés et ouvriers ont un risque de décéder par suicide deux à trois fois plus élevé que celui des cadres» ; que les minorités sexuelles sont aussi plus exposées à ce risque : 16% des homosexuels auraient tenté de se suicider l’année précédant l’enquête (contre 6% des hétérosexuels).
    Enfin, si le suicide constitue la seconde cause de mortalité chez les plus jeunes (entre 15 et 24 ans), le rapport note que « le taux de décès par suicide augmente fortement avec l’âge, et un tiers de celles et ceux qui se suicident ont plus de 60 ans. »

    Des constantes
    Ce constat corrobore une autre étude menée par l’OMS, publiée en septembre et portant sur le suicide à l'échelle mondiale. Les crises existentielles ou de dépression y apparaissent comme l’une des causes principales de suicide, parfois associée à l’alcoolisme et aux troubles mentaux. Le rapport souligne en outre que les problèmes d’argent, les traumatismes et la précarité comptent parmi les principaux facteurs extérieurs qui favorisent le passage à l’acte. S’agissant de l’augmentation du taux de suicide avec l’âge, une constante : les taux de suicide les plus élevés sont partout enregistrés chez les personnes de plus de 70 ans.
    Dépendantes, isolées, en perte d'autonomie, les vieillards sont partout les plus fragiles. Nous le rappelions dans une enquête menée sur la vieillesse et la dépendance : «Aux cas de défenestration dont témoignent les infirmiers s’ajoutent un fort alcoolisme et des épisodes dépressifs majeurs chez 10 % à 15 % des résidents [des Ehpad] au cours de la première année d’institutionnalisation. Ces défis lancés à l’accompagnement de la fin de vie ne peuvent être relevés par les seuls aidants naturels, enfants ou parents, ni même par les soignants. »

    Oser y penser
    Derrière la rudesse des chiffres énoncés par le rapport se cache une réalité massive à laquelle les Français tournent paradoxalement le dos. Ils sont 71% à déclarer se détourner de l’idée de la mort pour s’adonner en toute tranquillité aux joies de la vie longue. Martin Legros ajoutait dans le dossier « La mort, oser y penser » : « Quand l’espérance de vie était de 30 ou 40 ans ; quand un enfant sur trois mourait à la naissance ; quand la plupart des maladies étaient sans remèdes ; quand, en l’absence d’un État souverain et d’une société policée, les individus vivaient sous l’emprise de la peur de la mort violente, alors le visage des morts faisait partie intégrante de la vie. Chacun était incité à l’anticiper, à s’y préparer. À la vivre en commun avec ses proches. L’ici-bas était orienté par l’attente de l’au-delà. Et puis, soudain, en quelques siècles, ce système s’est effondré. Alors que la croyance religieuse s’effritait, la vie longue a chassé la mort hors de notre champ d’expérience. Elle s’est alors réfugiée dans les hôpitaux, où les médecins sont devenus les maîtres d’un événement médical. »
    en bref, l’idéal désormais est de mourir guéri ou en bonne santé. En témoigne la question de l’euthanasie, de la « bonne mort », qui agite régulièrement le débat public. Et même si l’Observatoire national du suicide se défend d’instruire « les questions liées à la fin de vie, qui relèvent de problématiques particulières, en tant que telles, il se nourrit des réflexions menées au sein des instances qui leur sont dédiées ».

    Prévenir ?
    Pour Albert Camus, auquel l’Observatoire renvoie, le suicide serait le seul « problème philosophique vraiment sérieux » suscité par la « confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ». Car « mourir volontairement suppose qu’on a reconnu, même instinctivement […], l’absence de toute raison profonde de vivre, le caractère insensé́ de cette agitation quotidienne et l’inutilité́ de la souffrance ». Les membre de l’Observatoire s’appuient sur la réflexion du philosophe doutant que le suicide puisse être simplement considéré comme « un acte mûrement réfléchi, qu’il serait illégitime de tenter d’empêcher ». Sur la base de cette étude, ils prévoient au contraire un plan d’action visant à prévenir le suicide. Cette ambition repose sur une conviction :
    « Les membres de l’Observatoire considèrent ainsi que la plupart des personnes qui attentent à leur vie le font non parce que la vie en général ne leur semble pas valoir la peine d’être vécue, mais parce qu’ils ne trouvent pas d’autre issue dans leur vie en particulier. Le suicide constitue un choix par défaut, lorsque les autres moyens de soulager la souffrance semblent inaccessibles. Les fortes inégalités sociales de mortalité́ par suicide montrent que cet espace des choix ne se présente pas de la même manière en haut et en bas de l’échelle sociale. La société́ contribue à façonner l’horizon des possibles des existences individuelles, la façon dont ils sont perçus, et la reconnaissance dont peuvent bénéficier ses membres ».

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    Suicide : «La France a pris du retard sur la prévention»

    Mots clés : suicide, psychiatrie




    L'observatoire national du suicide (ONS) a remis mardi son premier rapport, et les chiffres sont plutôt mauvais.

    «Sur une période de 40 ans, chacun d'entre nous sera confronté au décès par suicide d'un à trois membres de son entourage immédiat», estime le premier rapport délivré mardi par l'Observatoire national du suicide (ONS), créé en 2013 par la ministre de la Santé Marisol Touraine pour améliorer les connaissances et mener des actions de préventions ciblées.

    En France, près de 11.400 personnes ont mis fin à leurs jours en 2011, un chiffre en augmentation depuis 2009 où le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès en recensait 10.464. Un Français sur 20 essaierait de se donner la mort au moins une fois au cours de sa vie et ce geste aurait conduit 200.000 personnes à l'hôpital en 2011. Le moyen le plus utilisé reste la pendaison qui concernerait plus d'un suicide sur deux, devant la prise de médicaments et autres substances (14 %), l'utilisation d'une arme à feu (14 %) et les sauts d'un lieu élevé (7 %).
    Pas tous égaux

    Les femmes comptabilisent deux fois plus de tentatives de suicide que les hommes, mais ce sont eux qui parviennent le plus souvent à se donner la mort en raison de la plus grande violence des moyens employés.

    Les inégalités sociales sont un autre facteur discriminant: plus un individu rencontre de difficultés financières, plus il a de risques d'être un jour confronté au suicide. Les catégories socioprofessionnelles les moins favorisées sont donc jugées plus «sensibles» (employés, agriculteurs, ouvriers…).

    Les seniors sont également surexposés: un tiers des suicidés auraient plus de 60 ans. «La personne âgée accomplissant un geste suicidaire est en général animée d'une détermination forte, comme en témoignent les moyens les plus employés (précipitation d'un lieu élevé, armes à feu, pendaison)», explique un rapport du comité national de la bientraitance et des droits (CNBD) cité par l'ONS.

    Enfin, le taux de suicide varie de manière significative en fonction des régions. La Bretagne (60% de plus que le taux moyen du pays) arrive en tête du classement, suivie de la Basse-Normandie, et du Nord-Pas-de-Calais. Les régions Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes et Alsace enregistrent au contraire les plus bas taux de décès par suicide.
    Un tabou français

    Avec un taux de suicide de 14,7 pour 100 000 habitants, la France affiche des résultats nettement supérieurs à la moyenne européenne de 10,2. Les pays de l'Est présentent les taux les plus élevés (21,7 en Hongrie, 28,5 en Lituanie), près de trois fois supérieurs aux résultats italiens (5,4) ou britanniques (6,4), d'après des chiffres 2010 de l'INSEE.

    «Les taux de suicides ont augmenté dans tous les pays européens à la suite de la crise financière de 2009, mais les causes du retard français sont avant tout historiques», souligne Michel Debout, psychiatre et auteur du livre Le suicide: un tabou français. «La France a tardé à développer des techniques de prévention, et la coordination nationale est arrivée trop tard», explique-t-il.

    À la lecture de ce rapport, Mme Touraine a déclaré mercredi sur le site internet de son ministère qu'elle souhaitait élaborer un programme national d'actions contre le suicide, qui comportera principalement des mesures en direction des personnes âgées.