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jeudi 2 octobre 2014

NORD PAS DE CALAIS RETOURS SUR MANIFESTATION

Suicide : comment en parler sans risque dans une région durement éprouvée ?

sur 1 octobre 2014 http://www.croixdunord.com/suicide-comment-en-parler-sans-risque-dans-une-region-durement-eprouvee-97068.html


La tentative de suicide mardi d’un élève de Fénelon à Lille interroge. La fédération de recherche en santé mentale apporte des réponses concrètes.


Le Dr Martine Lefebvre et le Professeur Guillaume Vaiva
Le Dr Martine Lefebvre et le Professeur Guillaume Vaiva

La tentative de suicide d’un jeune lycéen de Fénelon à Lille devant ses camarades ramène le sujet au coeur de l’actualité au moment même ou la Fédération Régionale de Recherche en psychiatrie et Santé Mentale (F2RSM) publie ses résultats sur les conduites suicidaires en région. Selon Laurent Plancke qui en présentait les résultats ce mercredi, le Nord Pas-de-Calais  affiche en effet les plus mauvais taux de mortalité par suicide et de tentatives de suicide. On dénombre ainsi près de 15.000 appels au Samu et 11.000 hospitalisations pour des tentatives de suicide en région. Chez les femmes, les adolescentes et les quadragénaires sont les plus nombreuses et placent la région au 2ième rang national. Chez les hommes (1er rang national), ce sont les trentenaires et les quadragénaires qui sont les plus nombreux. Pour les deux sexes ce sont les zones rurales du Cambraisis, de l’Audomarois, du Douaisis et du Montreuillois qui sont les plus touchées. Avec 795 suicides en 2011 la surmortalité suicidaire de la région par rapport à la France atteint ainsi 38% , allant même jusqu’à 53% pour les 25-44 ans.

Pas de fatalisme

« Plutôt que de céder au fatalisme la Fédération y voit un formidable défi à relever » explique sa présidente le Dr Martine Lefebvre. Crée en 2007, la Fédération regroupe l’ensemble des établissement public et privés (34 adhérents) ayant une activité en psychiatrie dans la région. Son travail de collecte, d’analyse et de recommandations lui permet ainsi de se positionner comme un véritable observatoire régional des conduites suicidaire, un cas unique en France, et de proposer une synthèse des données disponibles au niveau régional, « …et ce quelques semaines avant que l’observatoire national ne publie ses propres synthèses » explique le professeur Guillaume Vaiva, chef du service de psychiatrie du CHRU de Lille. « Même s’il faut rester prudents sur les chiffres » poursuit ce dernier, « le fait qu’une diminution de 9,6 % ait pu être constatée en 2011 juste après le lancement des 6 centres d’accueil aux suicidants à Lille, Roubaix, Tourcoing, Valenciennes, Douai et Arras est encourageant ». Dans la foulée de cette nouvelle publication la Fédération organise deux événements professionnels et publics autour du thème des conduites suicidaire : une soirée de réflexion éthique le 8 octobre sur « suicide et spiritualité » et une journée scientifique le 9 octobre au nouveau siècle.

En parler, mais comment ?

« D’après les chiffres on peut considérer qu’une personne sur dix est directement concernée par un suicide dans ses relations » commente le Pr Vaiva.  Pourtant il reste difficile d’en parler et la France est encore très en retard dans cette politique de Santé. « Parler du suicide dans les médias peut ainsi être une arme à double tranchant » ajoute  Charles Edouard Notredame, président de l’association des internes en psychiatrie. « D’une part le suicide fascine ; celui de stars comme M. Monroe ou Robin Williams ou simplement de gens à qui l’on ressemble », c’est l’effet Werther, du nom du héros de Goethe. « D’autre part donner de l’espoir peut faire pencher la balance du bon coté » explique t-il. C’est l’effet Papageno (du nom du héros de La Flute enchantée) qui retrouve un sens à la vie. Leader en France, la Fédération régionale s’est ainsi engagée dans un partenariat pédagogique avec l’école  supérieure de journalisme de Lille avant que le « programme Papageno » ne soit étendu en 2014 à l’ensemble des étudiants en journalisme de France sous l’égide du Ministère des affaires sociales et de la santé.
Raphaël Motte
Renseignements et contacts : www.papageno-suicide.com et www.santementale5962.com