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lundi 25 novembre 2013
Les suicides sur les rails préoccupent la SNCF : 2 articles
France/Monde - Faits divers : Les suicides sur les rails préoccupent la SNCF
24/11/2013 http://www.lanouvellerepublique.fr/Toute-zone/Actualite/Faits-divers-justice/n/Contenus/Articles/2013/11/24/Les-suicides-sur-les-rails-preoccupent-la-SNCF-1698760
Extraits :
Une à deux fois par jour, la compagnie ferroviaire est confrontée à un “ accident de personne ” qui entraîne des retards de trains à la chaîne.
En raison d'un accident de personne, notre train est arrêté en pleine voie. Les usagers de la SNCF savent que cette annonce présage de longues minutes d'attente, et aucune compensation à l'arrivée.
Ce qu'ils imaginent moins, c'est qu'au même moment, le conducteur alerte le Centre opérationnel de gestion de la circulation qu'il a « tapé ». Traduction : un désespéré a probablement mis fin à sa vie sous les roues de son train.
Ces drames humains sont la hantise de la SNCF. Un suicide engendre en moyenne deux heures et vingt minutes de retard, et peut impacter des dizaines de trains, particulièrement en période de pointe.
Les cheminots en première ligne
Une fois la circulation interrompue dans tout le secteur de l'incident, se déroule le long ballet des secours, des enquêteurs, du médecin légiste et des pompes funèbres. Grâce aux indices récoltés sur place, l'enquête judiciaire doit déterminer s'il s'agit bien d'un suicide et trouver l'identité de la victime avant de déplacer le corps. Et de laisser le train repartir enfin.
« Bien sûr, nous compatissons à ces drames, explique un porte-parole de la compagnie, mais ce qui nous importe, c'est d'amener nos voyageurs à destination le plus rapidement possible. » Plusieurs conventions entre la SNCF et la justice permettent désormais d'accélérer les procédures. Mais la gestion du trafic reste un casse-tête.
Chaque jour, un à deux « accidents de personne » sont signalés sur le réseau ferré national, dont la moitié en Ile-de-France. La quasi-totalité concerne des suicides."
.."Une fois le freinage d'urgence enclenché, un TGV met plusieurs centaines de mètres pour s'arrêter. « Le cheminot voit la personne sur les rails, mais il ne peut rien faire. Il se sent totalement impuissant face à la mort qui approche », rapporte le porte-parole de la SNCF. Remplacés aussitôt après l'accident, les conducteurs se voient proposer plusieurs séances avec un psychologue. Quasiment tous sont confrontés au suicide au moins une fois dans leur carrière.
La compagnie, elle aussi, se sent impuissante face au phénomène. « Une grille placée le long des voies ne peut pas arrêter quelqu'un qui a décidé d'en finir, affirme le porte-parole, qui dénonce un problème sociétal.»
le chiffre
324
C'était, en 2009, le nombre de suicides sur les voies ferrées françaises. Depuis, la SNCF n'a communiqué aucune statistique. Par pudeur. Mais aussi parce qu'elle craint la contagion. Seule indication, donnée il y a presque un an par le président de la compagne, Guillaume Pépy : le nombre de suicides sur les rails a augmenté d'au moins 30 % en 2012. Au niveau régional, La Nouvelle République a recensé sept cas depuis le début de l'année en Indre-et-Loire et dans la Vienne.
Chloé Bossard
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France/Monde - L'avis de l'expert:
" A l'inverse des immolations, ces gestes ne sont pas théâtralisés "
24/11/2013 sur http://www.lanouvellerepublique.fr/France-Monde/Actualite/Faits-divers-justice/n/Contenus/Articles/2013/11/24/A-l-inverse-des-immolations-ces-gestes-ne-sont-pas-theatralises-1698988
Thierry Fouet, cadre santé au CHU de Niort, est coordinateur de la prévention suicide dans les Deux-Sèvres.
Comment expliquer la recrudescence du nombre de suicides sur les voies ferrées ?
« Les morts violentes par précipitation (du haut d'un bâtiment, sur les routes ou sur les rails), de manière générale, représentent aujourd'hui 8 à 10 % des décès par suicide au niveau national. Ce constat s'explique en partie, à mon avis, par un phénomène de désespérance propre à notre société actuelle : la crise économique a généré de nombreux discours défaitistes dans notre pays, et les Français ressentent une diminution de la solidarité qui les liait. A cela s'ajoute un " effet de contagion " généré par l'augmentation des actes suicidaires violents. »
Quel est le profil des personnes qui se suicident sur les rails ?
« Il s'agit souvent de personnes possédant des antécédents psychiatriques. Leur éparpillement psychologique se traduit, lorsqu'elles passent à l'acte, par l'utilisation d'un moyen violent, qui leur laisse très peu de chances de survivre.
Ces personnes semblent par ailleurs très résolues. Le suicide sur une voie de chemin de fer, en effet, ne répond pas à une impulsion. Il implique, la plupart du temps, de se rendre dans un lieu précis, et laisse donc le temps de s'interroger, de réfléchir à son geste. »
Comment ces actes peuvent-ils être interprétés ?
« Ce mode de suicide est complexe à analyser. Pour certaines personnes, le fait d'agir à l'extérieur de chez elles peut être perçu comme une volonté de protéger leur entourage, en ne lui imposant pas la vision de leur corps.
Mais, contrairement à d'autres suicides sur la voie publique, tels que les immolations par le feu, ces gestes ne sont pas théâtralisés, et n'ont rien à voir, selon moi, avec une prise à témoin de la société. »
De quelle manière les tendances suicidaires se manifestent-elles ?
« Chez les adolescents, on observe souvent une attitude de fuite ou d'isolement. D'autre part, si les femmes verbalisent assez facilement leur détresse, les hommes sont plus discrets et traduisent parfois leur mal-être par la consommation d'alcool. »
Propos recueillis par Léa Bouquerot