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jeudi 27 juin 2013

PRESSE AUVERGNE ""Comment prendre en charge un patient suicidaire ?" TEMOIGNAGES PROFESSIONNELS

Auvergne > Haute-Loire > Le Puy 26/06/13 "Comment prendre en charge un patient suicidaire ? Deux généralistes et un psychiatre témoignent" sur http://www.lamontagne.fr/auvergne/actualite/departement/haute-loire/2013/06/26/comment-prendre-en-charge-un-patient-suicidaire-deux-generalistes-et-un-psychiatre-temoignent-1602545.html
le 20 octobre 2012, une septuagénaire s’était immolée par le feu au Puy-en-Velay. Un fait rare selon le docteur Karim, « l’immolation n’étant pas partie intégrante de notre culture ».?
En Haute-Loire comme ailleurs, le suicide est un sujet tabou et difficile à diagnostiquer. Trois praticiens ont accepté de parler de cette « hantise » du médecin.
Le docteur Mohamed Karim est le chef du pôle psychiatrie adulte de l'hôpital Sainte-Marie. Joseph Crozatier et Sandrine De Sousa sont médecins généralistes à Saugues et Saint-Didier-en-Velay. Tous ont été confrontés à un patient suicidaire, avant ou après sont passage à l'acte.
Au Puy-en-Velay. « Le suicide est notre hantise : c'est un acte imprévisible », confie le docteur Karim. Et ce malgré les moyens à sa disposition : des psychiatres, des psychologues, des assistantes sociales et des infirmières répartis en trois pôles rattachés à un secteur, Monistrol-sur-Loire\Yssingeaux en ce qui le concerne. « Le plus gros centre médico-psychologique est à Monistrol. Il y a trois mois d'attente, faute de personnel. »
Le suicide est aussi sa hantise parce qu'il concerne « tous âges, toutes souffrances, toutes populations ». « Et ce n'est pas une maladie mais un comportement avec plusieurs facteurs qui le précipitent. »
La meilleure façon d'en prémunir les victimes est de prévenir la maladie. « Dans 80 % à 100 % des cas, il y a des antécédents psychiatriques. La maladie la plus pourvoyeuse de suicides, c'est la dépression. »
La conjoncture économique actuelle a entraîné un retour à la hausse de la courbe des décès dus au suicide en France. Mais cette explication ne suffit pas. « La personne est plurielle. L'alcool, la drogue, le surendettement sont aussi des facteurs précipitants. D'où l'importance du travail des assistantes sociales : le soulagement vient d'une prise en charge globale. » Un problème se pose souvent au psychiatre : les réticences de la famille, « quand elle a honte ou qu'elle minimise l'acte. » « Or la tentative de suicide est toujours un cri d'alarme lié à une crise psychique pour dire "Je risque d'aller au delà". »
À Saugues. « À la campagne, le médecin gère les petits problèmes de la vie », estime humblement Joseph Crozatier, médecin généraliste de 64 ans. Mais ce praticien le sait, le suicide n'est pas la partie la plus facile de la médecine. « C'est souvent la famille ou la police qui appelle. Les patients suicidaires, on les voit souvent quand ils sont morts. » Il constate un décès par suicide deux à trois fois par an.
« C'est n'importe qui. Dernièrement j'ai vu deux personnes de 64 et 72 ans. L'une s'est tuée avec sa gazinière. Des fois ce sont des gens qui pètent un plomb et se tirent un coup de fusil. » Et bien souvent, la famille ne voit rien venir. « Le suicide c'est sournois. Ce sont souvent des gens seuls ou en fin de vie qui n'envisagent que ça pour solutionner leurs problèmes. »
À Saint-Didier-en-Velay. « On ne peut pas obliger les gens à se soigner. » Dans certains cas, Sandrine De Sousa qui exerce depuis cinq ans, ne peut que constater son impuissance. « Ça peut être à cause de la famille, des parents, de l'idée particulière que les gens se font de la psychiatrie… » Parfois, la sectorisation des soins est en cause : « On est en Haute-Loire mais on est tourné vers Firminy ou Saint-Etienne. Quand on dit au patient "Vous allez à Sainte-Marie", il ne comprend pas. »
Alors, la praticienne essaie de gagner la confiance du patient. « Le suicide peut être impulsif. Des fois, en parler, mettre des mots dessus peut désamorcer une situation. » La question est de trouver le bon interlocuteur. « Certains fuient leur médecin traitant parce qu'ils se connaissent bien. Pour d'autres c'est l'inverse. J'ai constaté la pendaison du patient d'une collègue qui avait parlé de son suicide comme d'une boutade. » Il n'y a pas de règle en la matière.
Nora Gutting