- CANADA : Le suicide a-t-il un sexe?
- USA - le sur-exercice peut signaler un risque de suicide accru pour les personnes boulimiques
CANADA : Le suicide a-t-il un sexe?
Deux variables, le désespoir et les
difficultés à résoudre des problèmes, prédisent différemment
l'apparition des idées suicidaires chez les garçons et les filles.
Par Benjamin Tanguay sur http://www.uqam.ca/entrevues/entrevue.php?id=1262
À l'adolescence, les garçons et les filles n'abordent pas
le suicide de la même manière. Du moins, pas toujours. C'est la
conclusion d'une recherche menée par l'équipe de Réal Labelle,
professeur au Département de psychologie et également professeur
associé au Département de psychiatrie de l'Université de Montréal. Dans
le cadre de cette recherche qui a fait l'objet d'un article paru le 5
mars dernier dans le Journal of Affective Disorders, les
psychologues ont évalué 712 adolescents de 14 à 18 ans pour établir le
pouvoir prédictif de trois variables cognitives sur la formation d'idées
suicidaires sérieuses : le désespoir, les difficultés à résoudre des
problèmes et le style attributionnel pessimiste (la tendance d'une
personne à se blâmer pour ses problèmes). «Les études des dernières
années montrent que chez les adultes, ces variables ont un lien avec les
idéations suicidaires sérieuses, explique Réal Labelle, membre du
Centre de recherche et d'intervention sur le suicide et l'euthanasie
(CRISE) et du Centre de recherche Fernand-Seguin. Chez les adolescents,
c'est moins clair parce que leur développement physique et psychologique
est en cours.»
Les chercheurs souhaitaient également vérifier si ces variables
avaient un rôle différent selon le sexe. Selon la psychologie du
développement, l'adolescent vit plusieurs changements. À la puberté, le
corps change, de nouvelles pulsions se font sentir, le raisonnement se
transforme, passant du concret à l'abstrait, la socialisation
s'intensifie et l'identité du «moi» se forme. «Or, la puberté normale
commence entre 11 et 13 ans chez la fille et entre 13 et 15 ans chez le
garçon. Donc, garçons et filles sont différents», rappelle Réal Labelle.
L'hypothèse de l'équipe de recherche était que les facteurs étudiés
influenceraient différemment les idéations suicidaires sérieuses chez
les garçons et les filles.
Les résultats obtenus vont dans le sens de cette hypothèse. En plus
de la dépression, deux variables, le désespoir et les difficultés à
résoudre des problèmes, prédisent différemment l'apparition d'idées
suicidaires sérieuses chez les garçons et les filles. Les adolescentes
aux prises avec le désespoir, la perception qu'il ne faut plus rien
attendre de l'avenir, sont plus susceptibles de penser au suicide qu'un
adolescent dans la même position. De leur côté, les garçons qui gèrent
mal leurs problèmes et surtout les évitent sont deux fois plus à risque
d'entretenir des idées suicidaires que les filles. «Un problème
psychologique est comme une dette émotionnelle, commente Réal Labelle.
Si on ne paye pas la note, les intérêts s'accumulent et, éventuellement,
on n'arrive plus!»
Isoler la dépression
Un des défis auxquels l'équipe de chercheurs faisait face était de
conduire une analyse suffisamment fine pour isoler les différents
facteurs cognitifs menant aux idéations suicidaires sérieuses. Pour un
adolescent ayant, par exemple, de la difficulté à affronter ses
problèmes, désespéré et dépressif, la difficulté est de démêler parmi
ces trois variables laquelle ou lesquelles le poussent à vouloir mettre
fin à sa vie. Plusieurs études ont déjà démontré que la dépression est
le principal facteur pour expliquer les comportements suicidaires chez
les jeunes. L'équipe de Réal Labelle, dont font notamment partie Louise
Pouliot, professeure associée au Département de psychologie, et
Jean-Jacques Breton, professeur de psychiatrie à l'Université de
Montréal, soupçonnait toutefois que cette variable en masquait d'autres,
aussi pertinentes.
Cette hypothèse a été vérifiée grâce au nombre élevé d'adolescents
interrogés (712) et ayant confié avoir entretenu des idées suicidaires
sérieuses (71). Le grand nombre de participants a permis aux chercheurs
d'utiliser une méthode d'analyse statistique puissante par laquelle ils
ont pu confirmer que des variables autres que la dépression jouaient
aussi un rôle dans l'apparition des idées suicidaires à l'adolescence.
«On savait que la dépression était un facteur très important dans le
développement des idéations suicidaires sérieuses à l'adolescence, note
Réal Labelle. On sait maintenant que le désespoir et les difficultés à
résoudre des problèmes ont aussi une part significative à jouer dans ce
phénomène. C'est une donnée majeure considérant que ces résultats
varient selon le sexe.»
Recherche et terrain
La prochaine étape pour Réal Labelle est de vérifier si ces résultats
se confirment en milieu clinique, une tâche ardue parce que les
nombreux troubles en santé mentale des jeunes complexifient l'affaire.
«Aller en milieu clinique est comme aller à un concert et essayer de
n'entendre que le son de la clarinette au milieu d'un orchestre,
explique le chercheur. En fait, plusieurs variables jouent en même temps
et il est difficile d'en isoler une.»
Réal Labelle espère néanmoins que cette étude aidera les
professionnels en santé mentale à évaluer les problèmes des adolescents
différemment, selon qu'ils ont affaire à un garçon ou à une fille.
Source : Journal L'UQAM,
vol. XXXIX, no 15 (15 avril 2013)
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USA - le sur-exercice peut signaler un risque de suicide accru pour les personnes boulimiques
D’après article du 15 avril 2013 " Over-Exercise May Signal Heightened Suicide Risk in Bulimic Individuals" http://alert.psychiatricnews.org/
La sur-exercice chez les femmes atteintes de boulimie est liée à la suicidalité, d'après Avril Smith, Ph.D., de l'Université de Miami en Ohio et ses collègues dans un article à paraitre le 30 Avril dans la revue Psychiatry Research . Dans une première étude, qui a inclus 204 femmes qui ont réunis totalement ou partiellement les critères pour un diagnostic DSM-IV de boulimie nerveuse, les chercheurs ont constaté que la fréquence de sur-exercice-défini comme «l'exercice difficile comme moyen de contrôle du poids ou de la forme"- prédit de beaucoup les gestes suicidaires et tentatives de suicide, même si d'autres comportements boulimiques tels que des vomissements, purge, et le jeûne ont été pris en compte.
Ils ont ensuite tenté de reproduire ce résultat dans un échantillon non clinique de 171 étudiants de niveau collégial. Les élèves ont été évalués pour des symptômes de boulimie, y compris sur le surexercice, ainsi que sur "la capacité acquise de suicide" (c'est-à-dire l'intrépidité d'automutilation mortelle). Les chercheurs ont constaté que trop d'exercice prédit "la capacité acquise de suicide", même si d'autres symptômes boulimie nerveuse ont été pris en compte.
Et dans une troisième étude, celle de 467 étudiants de niveau collégial, Smith et ses collègues ont constaté que trop d'exercice prédit l'insensibilité à la douleur au-delà à d'autres comportements boulimiques. Ils suspectent ainsi que le sur-exercice pourrait mener à des tendances suicidaires en augmentant la douleur et consécutivement peut rendre une personne tolerante à ladouleur, et la tolérance de douleur consécutivement pourrait rendre une personne moins craintive de la mort. «Ces résultats peuvent aider à expliquer l'augmentation du taux de comportement suicidaire affichée par les personnes atteintes de boulimie", ont indiqué les chercheurs. "Et compte tenu de ces résultats, cela representerait une cible thérapeutique importante pour les personnes atteintes de boulimie qui se livrent à trop d'exercice d'enseigner peut etre l exercice sain ... Plus d'informations sur la boulimie et comment la traiter peuvent être trouvés dans Psychiatric News and in American Psychiatric Publishing's Clinical Treatment of Eating Disorders "