PARIS,
19 avr 2013 (AFP) – Une association de retraités de la police a
récemment saisi le ministre de l’Intérieur Manuel Valls et les
parlementaires afin d’attirer leur attention sur les suicides de
policiers demandant de « faire la transparence », dans une lettre dont
l’AFP a obtenu copie.
Le président de l’Union nationale des retraités de la police (UNRP)
René Espanol, qui affirme regrouper 12.000 adhérents, a écrit mi-avril à
M. Valls afin de lui faire part de sa préoccupation sur ce phénomène
qui, écrit-il, « n’est pas nouveau ». Il insiste cependant sur le fait
que « la police détient le triste record de suicides par rapport à
l’ensemble de la population, + 36% » et demande d’en « rechercher les
causes profondes » ainsi que « faire la transparence ».
« Nous n’ignorons pas les mesures que vous avez été amenés à prendre
pour endiguer cette longue liste », écrit M. Espanol « mais vous traitez
les effets du problème ».
L’UNRP observe par ailleurs que les suicides de policiers ont le plus
souvent lieu avec l’arme de service dans les locaux. « Le message du
fonctionnaire nous semble clair », écrit son président qui a saisi les
parlementaires, par une autre lettre, afin de solliciter leur « appui ».
Trois policiers se sont suicidés récemment en l’espace de moins de
trois jours, avait ont appris de source policière au début du mois
d’avril.
Les suicides sont un problème récurrent dans la police et leur taux
est un peu plus élevé que celui de la moyenne de la fonction publique et
que la moyenne nationale, selon les études réalisées à ce sujet.
Après un pic en 1996 de 71 suicides de policiers, leur nombre est depuis estimé à une cinquantaine par an.
Depuis le début de l’année 2013, des « pôles de vigilance » destinés à
prévenir ces actes ont été installés dans chaque département en
application d’une circulaire du directeur général de la police nationale
(DGPN) datant de fin 2012 que l’AFP s’était procurée.
Leur objectif est « d’améliorer la prévention du suicide » dans un
esprit de « partenariat » entre hiérarchie, psychologues et assistants
sociaux notamment.
On a appris par ailleurs qu’à Marseille, jeudi, six responsables de
l’unité du service général (USG) du commissariat central du 1er
arrondissement ont saisi « en urgence » ce pôle afin de dénoncer la
situation dans ce commissariat où les policiers, écrivent-ils, « sont à
bout » et dont certains ont fait part de leur intention de mettre fin à
leurs jours.
Ils évoquent, dans cette lettre à leur hiérarchie, des
« dysfonctionnements graves », des « incidents », un « manque » et une
« hémorragie » d’effectifs, des « conditions de travail intolérables ».
« La routine tue », écrivent-ils.
Une équipe du pôle a été détachée dans cette unité, a-t-on appris vendredi d’une source proche des signataires.
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