Eure-et-Loir > Pays Drouais > Dreux Il est temps d'oser parler du suicide le 20/03/13 sur http://www.lest-eclair.fr/article/sante/une-table-ronde-sur-le-suicide-des-jeunes
Le suicide est encore un sujet tabou. Pourtant, les
professionnels sont unanimes : il faut en parler, car seule la parole
peut sauver des vies.
Une jeune fille montre ses bras et ses scarifications. « C'est beau, c'est de l'art ! » Les rires fusent dans la salle.
Rien ne vaut un peu de spectacle, un peu d'humour pour libérer la parole sur des sujets graves. Et hier, le sujet abordé au théâtre de Dreux était particulièrement difficile.
Politique de prévention Dans le cadre de la semaine d'information à la santé mentale, le groupe de travail santé mentale du contrat local de santé Dreux-Vernouillet a choisi de parler du suicide en liaison avec le comité technique départemental suicide 28.
« En 2012, 47 personnes, 42 hommes et 5 femmes se sont suicidées en Eure-et-Loir », rapporte Myriam Neullas, responsable du comité d'éducation à la santé. « Et pourtant, le sujet reste tabou. Certaines personnes mentent encore sur la manière dont leur proche est mort. Mais, nous, personnel de santé pensons qu'il est plus que temps d'oser parler du suicide. Parce que seuls les mots peuvent aider à désamorcer une crise suicidaire. » Et hier, il y a eu beaucoup de mots : paroles de deuil, de professionnels et parole théâtrale puisque la compagnie Café Crème Théâtre a abordé le thème du suicide par le bais de trois petites scènes (suicide d'un jeune, d'une personne âgée et au travail).
Ces scènes ont permis au public (personnel de santé, travailleurs sociaux, bénévoles d'association) de dire leur ressenti, de partager leur expérience, d'expliquer leurs peurs et parfois même leurs difficultés à aborder ce problème.
376 personnes (personnel de santé, éducateurs, bénévoles) ont été formées par le comité technique départemental.
« Nous leur expliquons que l'écoute est fondamentale », détaille Myriam Neullas. « Nous insistons sur le fait que rien n'est anodin. Il faut entendre lorsqu'une personne dit qu'elle veut en finir. Il faut entendre les souffrances et les prendre en compte. Savoir qu'on comprend qu'elle a mal peut empêcher une personne de passer à l'acte. »
Myriam Neullas sait bien que cette formation reste insuffisante.
Il faut entendre les souffrances de l'autre « Nous nous attachons aujourd'hui à former policiers et gendarmes. Il serait aussi nécessaire que les médecins généralistes se forment davantage. Mais, il faut aussi que l'entourage d'une personne dépressive n'hésite pas à lui demander comment elle se sent, ce qu'elle ressent. Ces questions peuvent désamorcer une crise et permettre à la personne en souffrance de retrouver espoir. »
Pascale Rouchaud