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vendredi 22 février 2013

Saint-Brieuc (22) Présentation dispositif de prévention du suicide presse

Bénévoles, ils sont en alerte pour prévenir les suicides
Actualité 
Saint-Brieuc -
Depuis septembre 2012, Valérie Voisin-L'Huillier, directrice de la communauté de communes de Belle-Isle-en-Terre,  a déjà orienté quatre personnes suicidaires vers des professionnels de santé. Pascal Le Coz
Depuis septembre 2012, Valérie Voisin-L'Huillier, directrice de la communauté de communes de Belle-Isle-en-Terre, a déjà orienté quatre personnes suicidaires vers des professionnels de santé.
© Pascal Le Coz
 
Les Côtes-d'Armor détiennent le triste record français en matière de suicide. Pour inverser la tendance, une expérimentation unique en France suit son cours depuis quelques mois. Elle porte déjà ses fruits.

L'initiative
Depuis quelques mois, le quotidien de Valérie Voisin-L'Huillier n'est plus tout à fait le même. « Après le travail, je passe chez certaines personnes », explique sommairement la directrice de la communauté de communes de Belle-Isle-en-Terre.
Comme elle, ils sont une vingtaine de bénévoles, formés à la prévention du suicide, à aller à la rencontre des personnes identifiées en situation de souffrance.
Facteur ou président du club de foot
Ces « vigilants veilleurs » sont répartis dans le pays de La Roche-Derrien et celui de Belle-Isle-en-Terre, deux zones volontaires pour participer à l'action initiée par le conseil de développement du pays de Guingamp en 2010.
« Les bénévoles gardent leur anonymat pour ne pas être dérangés pour un oui ou pour un non, explique la jeune femme qui fait figure de référente sur le territoire bellilois. Mais, ils sont tout de même facilement identifiables dans leur commune. » Ça peut être le facteur qui va détecter une maison aux volets trop souvent fermés; un président d'association qui aura rapidement vent d'idées noires chez quelqu'un; un élu ou encore un infirmier... Des personnes stables, qui ne doivent pas avoir connu de suicides dans leur famille depuis cinq ans au moins, ni être affectées par un deuil récent.
Depuis le lancement de l'expérimentation, en septembre 2012, des dizaines de personnes suicidaires ont été écoutées et orientées vers des professionnels lorsque la situation l'exigeait. « Souvent les personnes expriment leur volonté d'en finir. On leur demande comment elles comptent s'y prendre ? Si les cachets sont déjà achetés ? Si l'arme est à proximité ? » Des questions pour détecter un simple appel à l'aide (dépression) d'une détresse plus profonde (crise suicidaire). Dans le second cas, le « vigilant veilleur » oriente systématiquement la personne vers les centres médico-psychologiques les plus proches. « Car notre but, ce n'est pas de remplacer les professionnels. »
« Des gestes définitifs ont été évités »
Sur le territoire de La Roche-Derrien, une plateforme téléphonique (1) a été mise en place. C'est Loïc Corlouër, infirmier libéral et référent du réseau rochois des « vigilants veilleurs » qui décroche. « Depuis cette création, il y a des gestes définitifs qui ont été évités », assure-t-il. Mais ce qu'il met avant tout en avant, c'est la restauration d'un « maillage ». « Les gens n'hésitent plus à aller chez les autres, comme dans le temps en fait. »
Infirmier-formateur à la cellule « suicidants » de la Fondation Bon-Sauveur de Bégard, Charles Coquelin note que « lorsqu'il y a du lien, les suicides diminuent ». Une équation simple, mais qui peut-être longue à résoudre... Dérangé par son portable, en pleine réunion sur le projet, le professionnel le constate une nouvelle fois... Un texto lui arrache un large sourire: « C'est une mère de famille que j'ai suivie. Son fils a décroché un sacré diplôme. Elle est heureuse... Et ça, c'est dix ans de boulot ! »
(1) Tél. 0612337422.
Romain DANIEL.

  
Ouest-France