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lundi 25 février 2013

MAROC PRESSE " QUAND LE SUICIDE SORT DE L’OMBRE"

QUAND LE SUICIDE SORT DE L’OMBRE
21 février 2013 sur http://www.illionweb.com/societe-a-babord-quand-le-suicide-sort-de-lombre/
Par Maryline Cotten
délire jauneStop au silence ! C’est le message de la campagne qu’a lancé, en ce mois de février, l’association « Sourire de Réda », pour la prévention du suicide et l’écoute des jeunes en souffrance. Grâce à cette action, le sujet est sorti de l’ombre, devenu visible sur les médias et dans la communauté. 
Sortir le suicide du silence n’est pas chose aisée dans un pays où la tentative de suicide est punie par la loi et, bien souvent, masquée en crime ou en accident. A ce jour, aucune donnée officielle et récente sur le suicide n’est disponible. On sait seulement que chez les adolescents, le suicide est la deuxième cause de décès. Selon une étude de la Santé, parue en 2007, 16% des Marocains auraient des tendances suicidaires (21% chez les femmes et 12% chez les hommes). Les sujets les plus concernés par le suicide seraient les jeunes filles, les chômeurs, les non-mariés et les personnes ayant des problèmes psychiatriques. En dehors des études non-officielles, il n’existe aucun registre central de décès par suicide. Acte tabou lui-même, le suicide révèle les autres tabous d’une société : violence à l’égard des femmes, violence des milieux sociaux, mais aussi violence des administrations et des pouvoirs publics, qui ne reconnaissent rarement les souffrances des personnes. Récemment, en janvier dernier, on pouvait ainsi découvrir sur Youtube la vidéo d’une jeune fille de 19 ans se défenestrant, du 5e étage d’un immeuble. Nassima, qui s’en est sortie blessée, était domestique chez des familles aisées de Marrakech et Casablanca depuis l’âge de 14 ans. Aucun officiel n’est venu à son chevet lors de son hospitalisation.
« Sourire de Réda » donne la parole aux jeunes en souffrance
Pour sortir de l’omerta, l’association « Sourire de Réda » a fait de la période du 5 février un temps fort d’information et de sensibilisation à la souffrance des jeunes et au suicide. Hit Radio et la chaîne 2M, notamment, ont participé à cette campagne, en diffusant des messages, pour l’une, et une émission, pour l’autre. Cette année, l’association renforce notamment sa visibilité sur Internet en dynamisant sa page Facebook et son compte Twitter. En 10 jours, la fan page de Sourire de Réda a reçu pas moins de 19 000 visites. Elle rassemble à ce jour plus de 1500 fans. Les posts ont aussi été très lus. Un bémol : les commentaires sont restés discrets. Meryem Bouzidi-Laraki, présidente de l’association, commente : « il y a une retenue, un malaise sur le sujet, mais les gens ont été touchés, la souffrance des jeunes a été reconnue pour la première fois ». Toute l’année, les bénévoles de l’association se mobilisent, trois soirs par semaine, sur www.stopsilence.org, espace d’écoute anonyme, par tchat, pour les jeunes du Maroc. Ces derniers jours, le nombre d’appels a été conséquent : plus de 1300 appels par jour. Pour Meryem Laraki ces nombreux appels sont, au-delà, « un appel à la société et aux pouvoirs publics », un besoin d’exprimer la souffrance au sein de la communauté.