605 personnes suicidaires en 2012 société publié le 23/10/2012
sur http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/23/1472193-605-personnes-suicidaires-en-2012.html
Le train est régulièrement utilisé pour
passer à l'acte. Une mort violente, ce que la SNCF nomme pudiquement
«des accidents de personnes» lorsqu'elle diffuse un message censé
justifier les retards importants engendrés par les constatations de
police./ Pho
605 passages à l'acte dénombrés par les pompiers en Lot-et-Garonne. Un chiffre astronomique. Une comptabilité macabre également centralisée par l'Inserm via les certificats de décès.
Les suicides sont connus grâce aux certificats de décès délivrés par les médecins en l'absence d'obstacle médico-légal, pourtant leur nombre est en deçà de la réalité. Un chiffre noir masqué par une apparence accidentelle ou un dossier de mort suspecte qui finit classé pour «cause inconnue».
Pour autant, le SDIS (service départemental d'incendie et de secours) du Lot-et-Garonne tient à jour des statistiques détaillées en matière de tentatives et de suicides avérés correspondant à chaque intervention des pompiers. Un état des lieux à prendre en compte jusqu'au moment de l'hospitalisation des patients admis après une tentative d'autolyse (suicide). 605 passages à l'acte ont été comptabilisés dans le département en 2 012 (à cette date), contre 774 en 2 011 (douze mois). 380 personnes ont absorbé des médicaments. Plus des femmes nourrissant des idées suicidaires et hospitalisées, que des hommes. Des victimes qui sont sauvées si l'alerte est donnée à temps. «Des appels au secours plus qu'une volonté d'en finir», analyse un pompier du centre opérationnel.
Les accidents surpassés
Neuf personnes ont menacé de se noyer (1 mort), 5 de se précipiter dans le vide, 167 «TS» à proprement parler, 11 hommes sur 17 suicides par arme à feu, ne se sont pas ratés, 5 suicides par arme blanche dont deux «réussis», et 22 pendaisons (14 hommes et 3 femmes n'y ont pas réchappé). Total des deux années cumulées, 1 379 passages à l'acte dont 69 morts. Le suicide tue plus que les routes : 24 victimes à cette date. La gendarmerie est intervenue pour 464 personnes dépressives suicidaires. En zone police
sur Agen et Villeneuve-sur-Lot en 2011, 106 tentatives de suicide et 12 suicides de personnes majeures ont été dénombrés, et 8 «TS» de mineurs (majorité de filles). Des données en baisse par rapport à 2010, 114 «TS» et 16 suicides.
La police intervient systématiquement sur chaque mort violente : «On recueille des indices, du courrier éventuel laissé par la victime. On interroge la famille. Les suicides surviennent par périodes. Les jours de pleine lune, c'est bizarre, mais nous le vérifions. Parfois, nous avons une série de deux ou trois par semaine, puis rien pendant 15 jours. Les conséquences d'une séparation, d'un divorce… On retrouve des écrits. La cause est souvent à rechercher dans le registre sentimental, explique par expérience le capitaine de police André Belacel en charge du service du «quart». Des problèmes financiers ayant pu motiver le passage à l'acte restent rares».
suicides des villes et des champs
Si en milieu urbain, la pendaison et les médicaments sont les modes opératoires privilégiés, la mort par arme à feu est peu usitée. En milieu rural, le fusil de chasse généralisé dans les campagnes demeure l'objet de passage à l'acte numéro 1, suivi de la pendaison. Ensuite, on trouve des désespérés qui se jettent sous un train, le TGV de préférence. La noyade est en nette régression par rapport à une époque où bien souvent des gens âgés, isolés, malades, ou pressés d'entrer en maison de retraite, choisissaient de mourir par l'eau en pliant soigneusement leurs affaires et en alignant leurs chaussures. Des drôles de rituels. Plus troublant, les femmes ont de plus en plus recours de nos jours à la corde pour se pendre.Radiographie sociologique
Les suicides sont aux trois quarts masculins. Le taux a baissé de 20 % en 25 ans. Mais depuis 2000 (fin du millénaire ?), il augmente pour les 45-54 ans et les hommes. Pour les 25-34 ans, c'est la première cause de mortalité chez les hommes et la deuxième pour les femmes. Le taux de suicide augmente avec l'âge, plus fortement pour les hommes que pour les femmes. Les taux les plus élevés sont le fait des veufs et des divorcés. À l'inverse, les hommes mariés se suicident deux fois moins. Parmi les femmes, les divorcées sont les plus touchées, sauf dans la tranche des 45-54 ans où ce sont les veuves. La pendaison constitue le mode le plus fréquent (46 %), suivie par la prise de médicaments (16 %) et les armes à feu (15 %).Les suicides en prison augmentent
La fréquence des TS diminue avec l'âge, tandis que la survenue d'idées suicidaires est maximale entre 45 et 54 ans, favorisées par la solitude, le chômage, de faibles revenus et l'alcoolisation.Le risque suicidaire lié au travail concerne près de 10 % des femmes et 7 % des hommes (mais les catégories sociales favorisées restent les moins concernées.)
De 1945 à 2010, le niveau de suicide en prison a beaucoup augmenté, se distinguant de la population générale.
L'hypothèse de l'homophobie est facteur de risque au sein des populations homosexuelle et bisexuelle. L'exclusion et la stigmatisation peuvent conduire à l'irrémédiable.
Sources : Etude des causes médicales de décès élaborée par le CépiDc de l'INSERM et bulletin épidémiologique de l'Institut de veille sanitaire.
C.St-. P.