Sexualité, contraception, mal-être… les jeunes ont des besoins spécifiques de santé. des structures existent pour les accueillir, les informer, les soigner, quelle que soit leur situation familiale et financière. Mais certaines sont menacées de disparition.
Les jeunes vont plutôt bien. En
revanche, la politique de santé à leur égard va mal. En février dernier,
la Société française pour la santé de l’adolescent (Sfsa) et d’autres
associations* ont lancé un manifeste « Pour une politique de santé en
faveur des jeunes » en direction des pouvoirs publics. « Nous voulons
alerter sur le manque de moyens. Ces dernières années, la seule avancée
dans le champ de la santé des jeunes a été la création de Maisons pour
adolescents, souligne le Dr Paul Jacquin, directeur de la Maison des
adolescents à l’hôpital Robert-Debré (Paris). Mais, aujourd’hui, on
court après les sous en permanence au lieu de nous occuper de nos
patients. C’est très précaire. Je sais déjà que, là où j’exerce, je n’ai
pas de budget pour l’année prochaine. »
Des financements réduits de moitié en trois ans
Tous les dispositifs sont touchés. En trois ans, l’Etat a diminué les financements des espaces santé jeunes de moitié, les faisant passer de 9,7 millions d’euros, en 2008, à moins de 5 millions en 2012. Résultat : une cinquantaine de structures ont fermé. Pourtant, ces espaces accueillent chaque année 10 000 jeunes individuellement et 50 000 collectivement et leur utilité n’est plus à démontrer. Par exemple, la mise en place d’un projet de prévention du suicide entre l’espace santé jeunes de Salon-de-Provence et les urgences de l’hôpital a permis de réduire le taux de récidives de 35 % à 3 %.
« Les conséquences de ces fermetures sont très lourdes, lâche Max Daniel, président de la Fédération des espaces santé jeunes. Tous les jeunes sont concernés, mais encore plus ceux qui sont en difficulté ou qui habitent dans les zones rurales ou périurbaines. Ceux-là devront se débrouiller seuls pour avoir accès aux soins, car si on ne va pas vers eux, ils ne consultent pas. » Ces jeunes qui ont décroché du système, le Dr Joël Dutertre, généraliste dans plusieurs missions locales de la région parisienne, les connaît bien : « La médecine libérale ne leur est pas adaptée, il faut prendre rendez-vous, aller dans le centre-ville, attendre, payer… Il faut aller les pêcher. C’est au hasard d’une rencontre avec un conseiller de la mission que l’on découvre qu’ils ont un problème d’abcès dentaire ou de dyslexie. » Il y aurait environ 20 % des jeunes en grande précarité, qui se retrouvent parfois dans les points accueil écoute jeunes. Mais ces lieux sont également menacés : environ 50 ont dû arrêter leur activité faute de subsides. Selon Marc Leray, président de leur association nationale, « c’est plus d’un million de jeunes en situation de mal-être, souvent en rupture de liens social et familial, qu’on a abandonnés ».
Tous les dispositifs sont touchés. En trois ans, l’Etat a diminué les financements des espaces santé jeunes de moitié, les faisant passer de 9,7 millions d’euros, en 2008, à moins de 5 millions en 2012. Résultat : une cinquantaine de structures ont fermé. Pourtant, ces espaces accueillent chaque année 10 000 jeunes individuellement et 50 000 collectivement et leur utilité n’est plus à démontrer. Par exemple, la mise en place d’un projet de prévention du suicide entre l’espace santé jeunes de Salon-de-Provence et les urgences de l’hôpital a permis de réduire le taux de récidives de 35 % à 3 %.
« Les conséquences de ces fermetures sont très lourdes, lâche Max Daniel, président de la Fédération des espaces santé jeunes. Tous les jeunes sont concernés, mais encore plus ceux qui sont en difficulté ou qui habitent dans les zones rurales ou périurbaines. Ceux-là devront se débrouiller seuls pour avoir accès aux soins, car si on ne va pas vers eux, ils ne consultent pas. » Ces jeunes qui ont décroché du système, le Dr Joël Dutertre, généraliste dans plusieurs missions locales de la région parisienne, les connaît bien : « La médecine libérale ne leur est pas adaptée, il faut prendre rendez-vous, aller dans le centre-ville, attendre, payer… Il faut aller les pêcher. C’est au hasard d’une rencontre avec un conseiller de la mission que l’on découvre qu’ils ont un problème d’abcès dentaire ou de dyslexie. » Il y aurait environ 20 % des jeunes en grande précarité, qui se retrouvent parfois dans les points accueil écoute jeunes. Mais ces lieux sont également menacés : environ 50 ont dû arrêter leur activité faute de subsides. Selon Marc Leray, président de leur association nationale, « c’est plus d’un million de jeunes en situation de mal-être, souvent en rupture de liens social et familial, qu’on a abandonnés ».
Une médecine scolaire misérable
La situation n’est guère plus reluisante du côté de la médecine scolaire , parent pauvre de la santé publique, ou du Planning familial, qui a vu disparaître 180 centres. Le nombre d’équipes pratiquant des Ivg (environ 15 000 mineures avortent chaque année) a été divisé par deux depuis dix ans. « On est dans un vent de misère qui met en cause la santé des jeunes », assure le Dr Jacquin.
Une pénurie qui touche aussi la pédopsychiatrie : « La liste d’attente pour une première consultation au centre médico-psychologique de Montreuil [Seine-Saint-Denis] est de six mois, affirme le Dr Roger Teboul, responsable de l’unité Ado 93 à l’hôpital de cette ville et président de l’Association des psychiatres de secteur infanto-juvénile (Api). Il y a certainement des jeunes qui passent à côté des soins. Il y en a pas mal qui souffrent, même si ça ne se voit pas. La société est assez violente et, sans vouloir psychiatriser les problèmes sociaux, la précarité déstabilise et entraîne des difficultés qui se répercutent sur le mental. C’est criant en Seine-Saint-Denis. »
La situation n’est guère plus reluisante du côté de la médecine scolaire , parent pauvre de la santé publique, ou du Planning familial, qui a vu disparaître 180 centres. Le nombre d’équipes pratiquant des Ivg (environ 15 000 mineures avortent chaque année) a été divisé par deux depuis dix ans. « On est dans un vent de misère qui met en cause la santé des jeunes », assure le Dr Jacquin.
Une pénurie qui touche aussi la pédopsychiatrie : « La liste d’attente pour une première consultation au centre médico-psychologique de Montreuil [Seine-Saint-Denis] est de six mois, affirme le Dr Roger Teboul, responsable de l’unité Ado 93 à l’hôpital de cette ville et président de l’Association des psychiatres de secteur infanto-juvénile (Api). Il y a certainement des jeunes qui passent à côté des soins. Il y en a pas mal qui souffrent, même si ça ne se voit pas. La société est assez violente et, sans vouloir psychiatriser les problèmes sociaux, la précarité déstabilise et entraîne des difficultés qui se répercutent sur le mental. C’est criant en Seine-Saint-Denis. »
Etudiants : les prémices d’une crise sanitaire
Dans la liste des laissés-pour-compte de la politique de santé de la jeunesse, les étudiants ne sont pas épargnés. Une récente enquête (voir encadré) montre qu’ils ont de plus en plus de difficultés pour se soigner. Et seuls 32 % ont bénéficié d’une visite médicale dans le cadre de la médecine préventive universitaire. Pour Gabriel Szeftel, président de la Mutuelle des étudiants, le constat est sans appel : « Nous sommes dans les prémices d’une crise sanitaire. On crée une génération qui ne recourt pas à la prévention. »
Le problème d’autonomie financière accroît encore les obstacles. En 1975, on trouvait son premier emploi en moyenne à 20,5 ans. Actuellement, c’est à 27 ans. « On retrouve de plus en plus de jeunes dans les consultations précarité des Restos du cœur ou dans les dispositifs pour pauvres, affirme le Dr Jacquin. Quand ils vivent dans leur famille et qu’ils ont une angine, ça va, mais s’ils ont besoin de consulter pour une contraception, un mal-être, leur consommation de cannabis…, c’est plus compliqué car tout ce qui est fait alors l’est au vu et au su des parents. » Une consultation annuelle gratuite à partir de 16 ans avait été annoncée dans le cadre du plan santé-jeunes 2008-2010, mais elle n’a toujours pas vu le jour.
Dans la liste des laissés-pour-compte de la politique de santé de la jeunesse, les étudiants ne sont pas épargnés. Une récente enquête (voir encadré) montre qu’ils ont de plus en plus de difficultés pour se soigner. Et seuls 32 % ont bénéficié d’une visite médicale dans le cadre de la médecine préventive universitaire. Pour Gabriel Szeftel, président de la Mutuelle des étudiants, le constat est sans appel : « Nous sommes dans les prémices d’une crise sanitaire. On crée une génération qui ne recourt pas à la prévention. »
Le problème d’autonomie financière accroît encore les obstacles. En 1975, on trouvait son premier emploi en moyenne à 20,5 ans. Actuellement, c’est à 27 ans. « On retrouve de plus en plus de jeunes dans les consultations précarité des Restos du cœur ou dans les dispositifs pour pauvres, affirme le Dr Jacquin. Quand ils vivent dans leur famille et qu’ils ont une angine, ça va, mais s’ils ont besoin de consulter pour une contraception, un mal-être, leur consommation de cannabis…, c’est plus compliqué car tout ce qui est fait alors l’est au vu et au su des parents. » Une consultation annuelle gratuite à partir de 16 ans avait été annoncée dans le cadre du plan santé-jeunes 2008-2010, mais elle n’a toujours pas vu le jour.
“Il faut des dispositifs généralistes” pour les jeunes
Autres inquiétudes : le déficit prévu de pédiatres et de pédopsychiatres dans les prochaines années et l’absence de coordination nationale dans la prise en charge de la santé des jeunes. « Il faudrait une véritable politique interministérielle de la jeunesse qui permette de pérenniser les budgets, déclare Max Daniel. Actuellement, quand l’Etat a besoin d’argent pour une structure, il déshabille Paul pour habiller Pierre. Il n’y a pas de cohérence d’ensemble, tout est segmenté. On a du mal à voir l’offre de soins sur tout le territoire. »
Parallèlement, la tendance est à la stigmatisation. « On découpe la jeunesse en rondelles en créant des dispositifs spécifiques : cannabis, alcool, absentéisme scolaire, etc. C’est très opérant pour l’administration, cela permet de faire des statistiques, mais c’est inefficace, dénonce le Dr Jacquin. Il faut des dispositifs généralistes dans lesquels on vient parce qu’on est jeune, pas parce qu’on est drogué. C’est comme si on assimilait les jeunes à une classe dangereuse que l’on veut faire rentrer dans une case. On ne peut pas construire une société sur une jeunesse aussi mal vue. » Autrement dit par le Dr Teboul, « à part l’élite qui est toujours bien traitée, on manque de considération pour les jeunes ».
Autres inquiétudes : le déficit prévu de pédiatres et de pédopsychiatres dans les prochaines années et l’absence de coordination nationale dans la prise en charge de la santé des jeunes. « Il faudrait une véritable politique interministérielle de la jeunesse qui permette de pérenniser les budgets, déclare Max Daniel. Actuellement, quand l’Etat a besoin d’argent pour une structure, il déshabille Paul pour habiller Pierre. Il n’y a pas de cohérence d’ensemble, tout est segmenté. On a du mal à voir l’offre de soins sur tout le territoire. »
Parallèlement, la tendance est à la stigmatisation. « On découpe la jeunesse en rondelles en créant des dispositifs spécifiques : cannabis, alcool, absentéisme scolaire, etc. C’est très opérant pour l’administration, cela permet de faire des statistiques, mais c’est inefficace, dénonce le Dr Jacquin. Il faut des dispositifs généralistes dans lesquels on vient parce qu’on est jeune, pas parce qu’on est drogué. C’est comme si on assimilait les jeunes à une classe dangereuse que l’on veut faire rentrer dans une case. On ne peut pas construire une société sur une jeunesse aussi mal vue. » Autrement dit par le Dr Teboul, « à part l’élite qui est toujours bien traitée, on manque de considération pour les jeunes ».
* Site Internet : www.sfsante-ado.org
INFO +++
Concernant l’expérience mentionnée ’un projet de prévention du suicide entre l’espace santé jeunes de Salon-de-Provence et les urgences de l’hôpital"
RETOUR D’’EXPÉRIENCE
Réussites à l’Espace Santé Jeunes de Salon A travers un projet spécifique de prévention de la récidive
du suicide avec les urgences de l’hôpital Salon-de- Provence, le taux de récidive est passé de 35% en
moyenne à 3%. La méthode choisie par l’équipe de l’ESJ a été de fournir une réponse adaptée à chaque jeune à travers 4 approches : art thérapie, psychodrame, atelier d’écriture et suivi psychologique. Ce projet fonctionne aujourd’hui mais est remis en cause faute d’un cofinancement assuré de l’Etat.
Source - La Gazette de la Fédération n°1 – septembre 2011- http://www.fesj.org/IMG/pdf/la_gazette_de_la_fede_no1.pdf
Coordonnées: MDA Nord des Bouches du Rhône
94 rue Labadie
13300 Salon-de-Provence
RETOUR D’’EXPÉRIENCE
Réussites à l’Espace Santé Jeunes de Salon A travers un projet spécifique de prévention de la récidive
du suicide avec les urgences de l’hôpital Salon-de- Provence, le taux de récidive est passé de 35% en
moyenne à 3%. La méthode choisie par l’équipe de l’ESJ a été de fournir une réponse adaptée à chaque jeune à travers 4 approches : art thérapie, psychodrame, atelier d’écriture et suivi psychologique. Ce projet fonctionne aujourd’hui mais est remis en cause faute d’un cofinancement assuré de l’Etat.
Source - La Gazette de la Fédération n°1 – septembre 2011- http://www.fesj.org/IMG/pdf/la_gazette_de_la_fede_no1.pdf
Tél. : 04.90.56.78.89 Fax : 04.90.56.99.54 @ :ESJ-SALON@wanadoo.fr
http://www.mda13nord.fr/