Le suicide des seniors, un problème de santé publique encore mal pris en compte LE MONDE |
Par Caroline Piquet
Assise dans son fauteuil, Dominique, 84 ans, attend, le regard
fixé vers la porte d'entrée de son trois-pièces parisien. La sonnette
retentit. "Jacqueline est toujours à l'heure", se réjouit la vieille
dame en reposant sur sa table de salon un poème de François Fabié
intitulé Savoir vieillir.
Comme toutes les personnes qui ont témoigné, elle a souhaité le
faire anonymement. Célibataire, sans enfant, cette ancienne chasseuse de
têtes a toujours vécu seule au milieu de ses ...
Extraits : Néanmoins,les réseaux associatifs ne suffisent pas à résorber le problème de l’isolement. «Certains refusent de l’aide, observe Vincent Lapierre, psychologue au centre médico-psychologique de Popincourt, spécialisé dans la prévention du suicide à Paris. Ils ne veulent plus voir personne, ils n’aiment pas consulter, cessent de faire leurs courses. C’est ce qu’on appelle de l’isolement “choisi”.»
Dans ces cas précis, des coordinatrices sociales du Centre local d’information et de coordination gérontologique (CLIC),alertées par le voisinage, la mairie, le gardien de l’immeuble ou encore par un
bailleur social, peuvent organiser des visites à domicile afinde prendre en charge ces personnes âgées en grande difficulté. «Quand on parvient à rentrer dans l’appartement, on observe plusieurs choses, explique Isabelle Bachelet, coordinatrice au CLIC Paris Emeraude Est, géré par l’hôpital Rothschild. Est-ceque lapersonnepeut sortir et sefaireàmanger ?Quelest l’étatde son logement ? Nous constatons qu’elles vivent souvent dans des lieux insalubres. Le frigo est vide et les aliments sont périmés.» Parfois, la porte reste close.
«Nous confrontons les plus réticents à la réalité, explique Fouzia Rivière,une autre coordinatrice. Ils réalisent qu’ils ne sont plus capables de s’occuper d’eux-mêmes et ont du mal à l’accepter.» Selon Vincent
Lapierre, ce refus traduit un désir d’en finir, un phénomènequ’il qualifie de «syndrome de glissement», «malheureusement absent des statistiques des suicides».
Plus inquiétant, le psychologue dénonce«unefaibleculturedusoin chez les personnes âgées en France ». Il stigmatise lemanque d’études épidémiologiques les concernant et la focalisationsur le suicide chez les jeunes, qui reflètent une banalisation du suicide des personnes âgées."
ACCÈS ABONNE/PAYANT ou sur le monde édition papier du 30/08/2012 P 12
Extraits : Néanmoins,les réseaux associatifs ne suffisent pas à résorber le problème de l’isolement. «Certains refusent de l’aide, observe Vincent Lapierre, psychologue au centre médico-psychologique de Popincourt, spécialisé dans la prévention du suicide à Paris. Ils ne veulent plus voir personne, ils n’aiment pas consulter, cessent de faire leurs courses. C’est ce qu’on appelle de l’isolement “choisi”.»
Dans ces cas précis, des coordinatrices sociales du Centre local d’information et de coordination gérontologique (CLIC),alertées par le voisinage, la mairie, le gardien de l’immeuble ou encore par un
bailleur social, peuvent organiser des visites à domicile afinde prendre en charge ces personnes âgées en grande difficulté. «Quand on parvient à rentrer dans l’appartement, on observe plusieurs choses, explique Isabelle Bachelet, coordinatrice au CLIC Paris Emeraude Est, géré par l’hôpital Rothschild. Est-ceque lapersonnepeut sortir et sefaireàmanger ?Quelest l’étatde son logement ? Nous constatons qu’elles vivent souvent dans des lieux insalubres. Le frigo est vide et les aliments sont périmés.» Parfois, la porte reste close.
«Nous confrontons les plus réticents à la réalité, explique Fouzia Rivière,une autre coordinatrice. Ils réalisent qu’ils ne sont plus capables de s’occuper d’eux-mêmes et ont du mal à l’accepter.» Selon Vincent
Lapierre, ce refus traduit un désir d’en finir, un phénomènequ’il qualifie de «syndrome de glissement», «malheureusement absent des statistiques des suicides».
Plus inquiétant, le psychologue dénonce«unefaibleculturedusoin chez les personnes âgées en France ». Il stigmatise lemanque d’études épidémiologiques les concernant et la focalisationsur le suicide chez les jeunes, qui reflètent une banalisation du suicide des personnes âgées."
ACCÈS ABONNE/PAYANT ou sur le monde édition papier du 30/08/2012 P 12