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mardi 31 juillet 2012

BRETAGNE Des « sentinelles » formées pour prévenir le suicide

Des « sentinelles » formées pour prévenir le suicide

mardi 31 juillet 2012 sur ouest-france.fr/

« Le suicide, c'est la phase ultime d'un processus de mal-être. Mais il y a toujours des signes avant-coureurs. » Le Dr Kahina Yebbal, psychiatre au centre hospitalier spécialisé de Montbert, est face à une douzaine de personnes, dans une salle du centre de secours de Vallet (Loire-Atlantique). Ils ou elles sont infirmière en entreprise, ambulancier-taxi, psychologue libérale, retraités, pompier, pharmacienne, conducteur de train, présidente d'une association de femmes en détresse... Ils participent à stage sur la prévention du suicide.GPS
À l'initiative de ces formations, le GPS, comme groupe de prévention du suicide. Il a vu le jour en 2005, à l'initiative de la communauté de communes de Vallet. Il rassemble aujourd'hui 80 bénévoles : élus, pompiers, enseignants, responsables d'association, professionnels de santé ou simples citoyens.
Les élus avaient fait le triste constat que le nombre de suicides et de tentatives était inquiétant dans le vignoble. Des jeunes, des hommes, des personnes âgées étaient touchés. « En zone rurale, les maires sont en première ligne pour annoncer les décès », note Gérard Bachelier, aujourd'hui président de l'association, à l'origine de la démarche avec René Baron, maire de La Reggripière.
La conjonction d'une volonté politique et d'une démarche citoyenne, associée à l'expertise de l'unité de prévention du suicide de Montbert, a permis la mise en place des premières formations. Objectif : que des « sentinelles » jouent un rôle de repérage sur le territoire. « Ce sont des veilleurs, explique le Dr Kahina Yebbal, un filet de sécurité pour venir en soutien aux professionnels, médecins généralistes, infirmières... La prévention est l'affaire de la communauté avant d'être celle des spécialistes. »
Premier objectif de la formation : balayer les idées reçues en répondant à des questions comme : « Suicidaire un jour, suicidaire toujours ? Le suicide est héréditaire ? En parler peut inciter à le faire ? Etc ». Par petits groupes, les stagiaires échangent, évoquent un proche, une situation connue.
Chaque question donne lieu à une explication du Dr Yebbal qui rappelle au passage que « des équipes de recherche ont mis en évidence l'omniprésence de signes de mal-être, de souffrance avant le passage à l'acte ». Quels sont-ils ? Repli sur soi, fatigue, dépression, changement brutal de comportement, addiction(s), hyperactivité, douleurs physiques... Une infirmière cite l'exemple de cet ado qui vient régulièrement à l'infirmerie du lycée « parce qu'il a mal au ventre ».
Les stagiaires interrogent : « Quand la situation de mal-être évolue-t-elle vers le suicide ? » Réponse de la psychiatre : « Quand on est en détresse, l'état émotionnel prend le pas sur le libre arbitre. On est dans une impasse dont la seule issue c'est d'arrêter de souffrir. »
Deux journées de stage
Crise suicidaire, vulnérabilités, rôle de l'entourage, prise en charge des suicidants (ceux qui ont déjà fait une tentative), risques de récidive : tous ces aspects sont abordés pendant les deux jours de stage qui se déroulent à quelques semaines d'intervalle.
En sept ans, un peu plus de cent personnes du vignoble nantais ont suivi la formation. Et en 2008, une cellule d'écoute a vu le jour : « Elle fonctionne 24 heures sur 24, avec des bénévoles formés », souligne Gérard Bachelier.
Un élément qui vient en plus du dispositif de soin et de prévention de l'unité de Montbert : « Notre expertise c'est aussi de fédérer les actions du territoire et, en quelque sorte, de transmettre l'espoir qu'ensemble on peut sauver des vies », rappelle le Dr Yebbal. Le Choletais et les Mauges s'intéressent à l'expérience menée à Valet. Un groupe de prévention pourrait y voir le jour.
Édith GESLIN. 
 
INFO ++ RAPPEL 
Contacts :
- l'Unité de Prévention du Suicide, rattachée à l'hôpital Georges Daumezon, anciennement hôpital de Montbert. Voici les nouvelles coordonnées : Unité Prévention du Suicide  Fédération de Santé Publique Centre hospitalier Georges Daumezon 55 rue Georges Clémenceau, 44340 BOUGUENAIS  02.51.82.93.80.
 
- G.P.S. (Groupe de Prévention du Suicide)  tél  02 40 46 27 52