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vendredi 1 juin 2012

AQUITAINE : ARTICLES PRESSE ACTIONS DE LA MSA

Trop de suicides : La Mutualité sociale agricole (MSA) met en place des actions de prévention - 1/06/2012 - Sudouest.fr - Par nancy ladde

De nombreux facteurs expliquent les suicides dans la population agricole.

C'est un phénomène connu et médiatisé. Pourtant le suicide chez les agriculteurs n'a fait jusqu'à maintenant l'objet d'aucune étude approfondie. La seule estimation donnée, il y a un an, par l'ancien ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire fait état de plus de 400 décès par an.
Sous l'impulsion du ministère qui a lancé un plan de lutte contre le suicide dans le milieu agricole, la « prise de conscience » de ce phénomène « douloureux » est devenue réalité. Hier, lors de l'assemblée générale de la Mutualité sociale agricole (MSA) Sud-Aquitaine qui s'est tenue à Orthez, le directeur de la santé de la MSA Franche-Comté, Jean-Jacques Laplante, est venu donner quelques clés pour comprendre et tenter d'endiguer cette morbide épidémie. « Il y a toujours trop de suicides. Mais ce sont aussi de beaux métiers, a tout de suite relativisé le spécialiste. Connaître les risques c'est aussi permettre de les diminuer. »

Stress, isolement Pour expliquer ces morts violentes, dont on ne sait pas si elles sont ou non en augmentation, le médecin a identifié plusieurs facteurs qui, le plus souvent, s'entremêlent. Pour décoder ce mal-être, il y a, bien sûr, les « raisons économiques » mais aussi les conflits familiaux, l'absence de loisirs et de vacances qui conduisent à l'épuisement et la forte densification du travail due à des exploitations plus grandes.
« Il faut prendre en compte les spécificités du monde agricole, a souligné Jean-Jacques Laplante. La transmission familiale est comme une épée de Damoclès car si on transmet on se demande comment le suivant va s'en sortir et si on arrête, on sera celui qui a mis fin à ce travail ancestral. »
Des spécificités qui font que les agriculteurs se sentent souvent stigmatisés, par exemple, comme des pollueurs. Les paysans, qui vivent au gré des crises, sont plus particulièrement soumis au stress.
Mais, l'isolement apparaît aussi comme un facteur clé du passage à l'acte fatal. « La décroissance du nombre d'agriculteurs l'a amplifié », a indiqué le spécialiste. D'autant que les agriculteurs qui travaillent le week-end sont en dehors des temps sociaux habituels de la société. Les célibataires, divorcés ou veufs, qui manquent de « soutiens émotionnels » ont plus de risques de passer à l'acte. « Des statistiques sur les suicides réalisées sur toute la population d'Aquitaine ont déjà montré que l'on décédait plus dans les zones isolées comme la Soule », indique Gilles Riaud, directeur de l'action sanitaire et sociale pour la MSA Sud Aquitaine.
La prise en charge des dépressions se révèle, de plus, extrêmement complexe pour les agriculteurs qui ne « bénéficient pas du droit à l'arrêt de travail ». La MSA lutte d'ailleurs pour qu'ils puissent y accéder.
Plusieurs dispositifs Face à ce mal-être, la Mutualité sociale agricole a donc décidé de réagir. Elle est actuellement en plein travail pour créer en janvier 2013 au plus tard, dans le département et dans les Landes, des cellules de prévention du suicide. « Il s'agira d'établir une veille en sensibilisant les élus mais aussi d'avoir une cellule pour offrir un meilleur accompagnement et une bonne orientation », détaille Gilles Riaud, directeur de l'action sanitaire et sociale.
Les proches victimes d'un suicide pourront également bénéficier de groupes de paroles. « Nous voulons aussi travailler avec un réseau d'écoutant pour donner une possibilité d'appel », ajoute le directeur. La prévention sera renforcée par le dispositif Ensemble pour la relance des agriculteurs fragilisés.
Par ailleurs, avec le ministère, la MSA va créer un observatoire des suicides en milieu rural. Autant d'actions pour tenter de faire reculer le mal-être du monde rural.


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Suicides : le réseau sentinelles de la MSA
Publié le 01/06/2012  Bernard-Hugues Saint-Paul
Hier, au cours de l'assemblée générale de l'AROPA 46, Élisabeth Leymarie, responsable du service social de la MSA, a annoncé la mise en place d'un dispositif de détection chez les agriculteurs de situations difficiles, afin de prévenir les suicides.

Le sujet est de moins en moins tabou, mais demeure délicat. Hier, lors de l'assemblée générale de l'AROPA 46 (lice encadré ci-dessous), Élisabeth Leymarie, responsable du service social de la MSA (Mutualité Sociale Agricole) à Cahors a toutefois évoqué le mal être dans le milieu agricole, conduisant chaque année à plusieurs suicides.

« Chaque année, la MSA accompagne plusieurs centaines de personnes. Il est important de détecter les situations difficiles ; et d'apprécier leur degré de risque. C'est pourquoi, nous mettons en place, également dans le Lot, un dispositif autour de trois piliers », explique Élisabeth Leymarie :

- Un réseau de sentinelles sensibilisées à la cause suicidaire, afin de prévenir les délégués MSA locaux, qui seront eux-mêmes formés d'ici la fin de l'année 2012.

- Une cellule d'orientation, composée d'un médecin-conseil de la MSA et de deux psychologues, viendra chaque mois pour examiner les situations, déterminer s'il existe un risque suicidaire et définir le dispositif d'accompagnement adéquat. Un réseau de psychologues libéraux lotois est formé. 10 heures d'accompagnement prises en charge par la MSA seront proposées aux personnes les plus fragiles. Les travailleurs sociaux et tous ceux qui le souhaitent seront formés pour intégrer le réseau.

- Les techniciens des OPA (organismes professionnels agricoles) seront formés en 2012-2013.

« Nous ne pourrons sans doute pas tout éviter, mais nous espérons que ce dispositif permettra de détecter les situations les plus difficiles ».
AROPA 46 : 150 membres

Présidée par Antoine Pellizzari, l'association des retraités des organismes professionnels agricoles du Lot (AROPA 46) compte 150 membres. Elle s'est donnée pour but de défendre les intérêts des retraités (aide au calcul des retraites, représentation auprès des organismes départementaux) mais aussi de proposer des activités : cours de langues, d'informatiques, sorties culturelles, conférences etc. Des retraités très actifs, tel Noël, président d'une association gérant des logements sociaux à Puybrun, administrateur du Foyer Lamouroux, et bénévole auprès de camps de jeunes des aumôneries.