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jeudi 24 mai 2012

SUISSE : ENQUETE D'OPINION et REPRESENTATIONS SOCIALES

"Entre 15 et 25'000 personnes tentent de se suicider chaque année en Suisse "
22.05.2012 22:31 sur http://www.rts.ch/info/suisse/4012865-entre-15-et-25-000-personnes-tentent-de-se-suicider-chaque-annee-en-suisse.html

Sept suicides sur 10 sont liés à une dépression.


Chaque année en Suisse, quelque 15'000 à 25'000 personnes tentent de se suicider, et plus de 1000 personnes décèdent. Quelques idées reçues persistent sur ce sujet tabou, révèle un sondage.


Chaque année en Suisse, quelque 15'000 à 25'000 personnes tentent de se suicider, et plus de 1000 personnes décèdent. La plupart des Suisses l'ignorent, et quelques idées reçues sur ce sujet tabou persistent, selon un sondage.

D'après cette enquête d'opinion réalisée par Isopublic dans toute la Suisse, en relation avec la campagne européenne "lean on me" ("compte sur moi"), une personne sur deux pense qu'il y a plus de décès dus aux accidents de la route qu'au suicide. Or, le suicide fait trois fois plus de victimes que la route.

En outre, la majorité des personnes interrogées croit que le suicide est un acte longuement réfléchi et planifié, alors que selon l'expert et psychiatre Konrad Michel, "le suicide est un acte de désespoir que la personne concernée n'aurait pas commis dans une situation différente". 80% des personnes ayant été confrontées au suicide ou à la tentative de suicide d'un proche affirment d'ailleurs ne pas s'y être attendues.
Spécialistes pris de court

"Même les spécialistes sont souvent pris de court", admet Konrad Michel pour qui le principal problème est que beaucoup gardent pour eux leurs idées suicidaires. Chacun devrait au contraire savoir qu'elles sont un signal d'avertissement et nécessitent une aide professionnelle. Selon les statistiques, 70% des suicides sont liés à une dépression, mais la population suisse tend encore à croire que ces symptômes peuvent être surmontés individuellement.

Autre idée reçue: l'opinion majoritaire (65%) selon laquelle le témoignage d'affection serait le meilleur moyen d'empêcher un suicide. Pour le psychiatre, ce geste ne peut être vraiment utile que dans une minorité de cas. Quoi qu'il en soit, la majorité des sondés, s'ils étaient confrontés à un proche en difficulté, réagiraient de manière adéquate, à savoir en le soutenant et en lui recommandant une aide professionnelle.
Accroître la sensibilisation

Cette méconnaissance de la réalité du suicide est surprenante puisque une personne sur deux connaît quelqu'un qui s'est ôté la vie, et plus de 80% des personnes interrogées estiment que les troubles psychiques sont "un problème grave, voire plutôt grave" en Suisse.

Quelque 70% des sondés jugent que le taux de suicide pourrait être réduit grâce à une sensibilisation accrue. Barbara Weil, de l'organisation Ipsilon, partage cette idée. Il faudrait davantage de campagnes de communication sur les causes et les conséquences des dépressions et suicides et sur les moyens de s'en sortir, selon elle.

ats/ptur


AUTRE ARTICLE Sur le sujet


Suicide: un tabou se fissure

Par Lise Bailat. Mis à jour le 22.05.2012
http://www.lematin.ch/suisse/suicide-tabou-fissure/story/28364846

Etude

Une étude nationale montre que 70% des Suisses plaident pour davantage de prévention et croient à ses effets.

L'EDITO

L’heure d’agir face au suicide

La Suisse, l’un des pays les plus touchés par le suicide, semble prête à briser un tabou. Une nouvelle étude dévoile la tendance: 80% des sondés estiment que les politiques et la société devraient s’intéresser de manière plus approfondie au problème. Et 70% croient aux effets de la prévention.

C’est un pas important. Car si des organisations existent pour lutter contre ce fléau qui ôte la vie à 1300 personnes dans notre pays chaque année, la loi du silence est encore souvent la règle pour les familles touchées. Le tabou a aussi la vie dure pour les personnes qui ont fait des tentatives de suicide. Difficile également pour les médias d’empoigner ce thème parmi les plus délicats avec la manière adéquate.

Briser un tabou, l’exercice est âpre, mais la population est prête à l’affronter. Que manque-t-il, alors? Une volonté commune. Un programme national de prévention. C’est une histoire ancienne. En 2005 déjà, le Conseil fédéral faisait état de l’insuffisance des offres en matière de prévention du suicide. En 2009, il proposait une loi aux parlementaires.

Aujourd’hui, cette loi est en sursis. D’aucuns y voient un truc, un fourre-tout dans lequel tout est prévention. Le suicide mérite des réponses urgentes, d’autant plus que la prévention a montré son efficacité par les chiffres dans d’autres pays! Pour que la Suisse ne devienne pas le dernier Etat européen à se doter d’un programme national en la matière.
Lise Bailat, Journaliste

Faut-il briser le tabou du suicide?


La Suisse compte chaque année trois fois plus de décès par suicide que par accidents de la route. Les statistiques sont connues. Mais le tabou semble aujourd’hui se fissurer: une nouvelle étude publiée par la plate-forme Lean on Me indique que 80% des Suisses aimeraient que la société et les politiques se préoccupent davantage de la question du suicide et que 70% croient en l’efficacité de la prévention.
Sur la même longueur d’onde
Les acteurs touchés par la problématique sont ainsi rejoints dans leurs doléances par la population. Le directeur de Pro Juventute, Stephan Oetiker, a lui-même remarqué l’importance de la prévention sur le terrain, suite à la campagne nationale lancée cet automne sur la problématique du suicide chez les jeunes. «Beaucoup de personnes nous ont remerciés pour cette action. Elles étaient visiblement soulagées de pouvoir parler librement. Mais la sensibilisation présente encore des lacunes en Suisse. Et ça coûte cher. De nombreuses écoles nous ont demandé d’intervenir en classe et là, nous avons atteint nos limites financières.»
Le psychiatre Konrad Michel, expert de la question du suicide, cite l’exemple de l’Australie comme l’un des pays qui est parvenu à infléchir le nombre de passages à l’acte via la prévention. «Mais sans argent, on ne fait rien! Si l’on avait à disposition déjà la moitié des quelques millions investis chaque année dans la prévention contre le sida, je suis persuadé que l’on pourrait réduire le nombre de suicides», a-t-il indiqué en marge de la présentation de l’étude de Lean on Me hier à Berne. Il est rejoint par Barbara Weil, secrétaire générale d’Ipsilon, une initiative qui promeut la prévention du suicide en Suisse. «Quand on voit le peu qu’on reçoit de la Confédération et ce que les parlementaires sont prêts à donner à la prévention routière, c’est incroyable!» assène-t-elle. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) est conscient des lacunes dans le domaine de la sensibilisation au suicide. «Mais il nous manque des bases légales pour agir davantage. Sans l’adoption de la loi sur la prévention, nous ne pouvons rien faire de plus que ce qu’on fait maintenant, à savoir collaborer avec les cantons sur des projets concrets», indique Salome von Greyerz, responsable de la section stratégie et politique de santé. Cette loi sur la prévention est toutefois en mauvaise posture aux Chambres fédérales. La session de juin pourrait l’enterrer. A moins que l’appel populaire ne soit entendu.