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jeudi 12 avril 2012

MARTINIQUE « Journée Caribéenne et ultra-marine de prévention du suicide »

France-Antilles Martinique Article du 04.04.2012 - 6 axes pour mieux prévenir le suicide
Louvinia VALAT  04.04.2012 sur http://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/sante/6-axes-pour-mieux-prevenir-le-suicide-151820.php

Aujourd'hui mercredi a lieu la première « Journée Caribéenne et ultra-marine de prévention du suicide » . Le Professeur Louis Jehel, chef de service de Psychiatrie et Psychologie médicale au CHU de Fort-de-France, dresse en 6 points l'état des lieux de la prise en charge des crises suicidaires dans notre pays.

1 Une journée d'enseignements
Organisée par l'Association de formation et de recherche de psychiatrie d'OutreMer (AFORPOM), cette journée vise à renforcer les connaissances concernant la prise en charge du suicide en Outre-Mer et de recueillir les différents travaux qui ont été faits dans la Caraïbe ou en Polynésie Française pour nous enrichir. L'objectif étant de mettre en place, dans le cadre du plan de santé mentale et du plan national de prévention du suicide, des actions plus spécifiques.
2 L'incompréhension face au suicide
Les chiffres de mortalité par suicide en Martinique (10 pour 100.000 habitants) sont plus modérés que la moyenne nationale ( 17 pour 100.000 habitants), mais on peut s'interroger sur la sous-déclaration des gestes suicidaires. Le suicide est encore très stigmatisé, mal vécu par les familles bien sûr, mais aussi mal compris par la société. Il y a un travail important à faire à ce niveau, pour renforcer la compréhension du suicide, qui souvent est l'aboutissement d'une grande détresse, d'une grande souffrance. Ce n'est pas une faute de mourir par suicide. Cela indique qu'on est épuisé et qu'on ne sait plus quoi faire d'autre. Le suicide apparaît alors comme le seul comportement pouvant permettre de dépasser une souffrance insupportable.
3 Addictions, chômage, violence : les facteurs de risque
On est attentif à améliorer le repérage des facteurs de risque de suicide. Il y a des actions à renforcer par exemple parmi les personnes qui souffrent de conduites addictives, c'est-à-dire une prise excessive et une dépendance au rhum, à l'alcool en général, à la cocaïne, au cannabis... Très clairement, l'existence d'une dépendance à l'un de ces produits augmente sensiblement le risque de mourir par suicide. C'est donc très important de pouvoir renforcer le repérage du risque suicidaire chez ces personnes, et de mettre en place en même temps un traitement contre l'addiction et une protection contre le risque suicidaire. C'est souvent une population qui cumule les vulnérabilités, notamment la précarité sociale qui augmente le risque suicidaire. C'est parmi chez les chômeurs que l'on va trouver la souffrance et le risque de suicide le plus élevé. Enfin, l'exposition aux violences, aux traumatismes psychiques (singulièrement les agressions sexuelles), augmente le risque de mourir par suicide. Un autre marqueur très important à repérer aussi est la dépression.
4 Des garde-fous locaux ?
C'est un élément de la réflexion. Sans doute la qualité des liens communautaires, des liens familiaux, de même que des références spirituelles, religieuses, qui apparaissent souvent comme des facteurs protecteurs de la détresse. Ils contribuent à réduire le sentiment de solitude et d'isolement que la personne en souffrance psychique peut éprouver.
5 Le CHU de Fort-de-France au coeur du dispositif
C'est une richesse de la Martinique : toutes les situations identifiées comme des urgences psychiatriques graves doivent passer par le CHU. Là, il existe plusieurs dispositifs d'intervention. On est en train de réfléchir à la manière d'optimiser l'accueil. On a une unité spécialisée dans les troubles dépressifs - unité créée par le Pr Aimé Charles-Nicolas - qui permet de mettre en place pour les troubles les plus sévères des stratégies complémentaires à la collaboration avec les équipes de secteur.
6 Les médecins généralistes en première ligne
On est très vigilant à renforcer notre disponibilité vis-à-vis des médecins généralistes. Dans cet esprit, on a créé une ligne téléphonique dédiée, que les médecins généralistes peuvent utiliser s'ils ont besoin, dans un contexte aigu, d'une évaluation, d'un conseil face à un patient.
- Aujourd'hui, à partir de 13h30, à l'hôtel Batelière (Schoelcher).
Contact : 0596.55.22.11