Café santé sur la prévention du suicide à Morlaix
le Mardi 3 Avril 2012 à Morlaix
Les Mutuelles de France, Morlaix Communauté, l'Office des retraités du Pays de Morlaix, le CLIC, et la bibliothèque de Morlaix proposent un café santé sur le thème de la prévention du suicide le :
Mardi 3 avril 2012, de 18h à 19h30
Accueil dès 17h30, autour d'un café, d'un thé ou d'un jus de fruits offerts...
Résidence sociale mutualiste du Poan Ben, 14 allée du Poan Ben, 29600 Morlaix
D'après des données de l'Observatoire Régionale de la Santé de Bretagne, tous les pays de la région sont en situation défavorable par rapport à la mortalité par suicide. Ainsi, le pays de Morlaix présente une surmortalité masculine par suicide de 76% par rapport à la moyenne nationale et de 65% pour les femmes. Il est difficile de caractériser une population particulière qui serait plus fragile face au risque suicidaire. Il existe bien sûr des facteurs de risque, mais le constat est posé que le phénomène touche toutes les tranches d'âge.
Pour échanger et répondre aux questions des participants, plusieurs intervenants seront présents :
Docteur Patricia Auerhaan, psychiatre au centre hospitalier des Pays de Morlaix
Elise Bathany, psychologue au Point Santé Don Bosco
Des représentants du Point d'Accueil et d'Ecoute Jeunes du Pays de Morlaix
Au cours du café santé, les intervenants apporteront des connaissances théoriques et des explications sur le sujet abordé, dans le respect du vécu et des pratiques de chacun des participants.
Gratuits, et ouverts à tous
Pour plus de renseignements :
Tél : 02 98 15 35 51
atelier.sante.ville@agglo.morlaix.fr
Pages
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samedi 31 mars 2012
vendredi 30 mars 2012
PRESENTATION de l’unité de suicidologie et des troubles de l’humeur de la CMME PARIS
Nora Berra a inauguré mercredi 14 mars 2012 le nouveau bâtiment « Joséph Levy-Valensi »
de l’hôpital Sainte-Anne abritant la clinique des maladies mentales et de l’encéphale (CMME) - unité de psychiatrie universitaire - ainsi que les locaux d’hospitalisation du secteur de psychiatrie générale 3 et l’activité d’addictologie.
Elle a assisté à la présentation de l’unité de suicidologie et des troubles de l’humeur de la CMME
Plus d'information http://www.ch-sainte-anne.fr/site/soins/soinsPsy/servAdult/cmme/presentation.html
Lire aussi L’hôpital Sainte-Anne s’adapte à la psychiatrie du XXIe siècle Philippe Baverel | Publié le 15.03.2012 leparisien.fr
de l’hôpital Sainte-Anne abritant la clinique des maladies mentales et de l’encéphale (CMME) - unité de psychiatrie universitaire - ainsi que les locaux d’hospitalisation du secteur de psychiatrie générale 3 et l’activité d’addictologie.
Elle a assisté à la présentation de l’unité de suicidologie et des troubles de l’humeur de la CMME
Plus d'information http://www.ch-sainte-anne.fr/site/soins/soinsPsy/servAdult/cmme/presentation.html
Lire aussi L’hôpital Sainte-Anne s’adapte à la psychiatrie du XXIe siècle Philippe Baverel | Publié le 15.03.2012 leparisien.fr
MANIFESTATION ILE DE LA REUNION
"Place du médecin traitant et la prise en charge de la crise suicidaire"
Étayage de l’association Prévention Suicide
Le jeudi 19 avril 2012 à 19h30 Au restaurant "Le Wazabi" rue Jean Chatel
Présentation faite par le Dr UVA-PARATIAN
Source : newsletter 2012 - N° 3 Février 2012 de L'EPSMR de la Réunion
http://www.urml-oi.net/associations/EPSMR/20120323-News-letter03.pdf
Étayage de l’association Prévention Suicide
Le jeudi 19 avril 2012 à 19h30 Au restaurant "Le Wazabi" rue Jean Chatel
Présentation faite par le Dr UVA-PARATIAN
Source : newsletter 2012 - N° 3 Février 2012 de L'EPSMR de la Réunion
http://www.urml-oi.net/associations/EPSMR/20120323-News-letter03.pdf
MANIFESTATION à ROHAN (56)
Soirée films et débat « Prévenir le suicide », organisée à ROHAN à 20h (56)
Date : Le 05/04/2012
Lieu : Salle « La Belle Étoile », à partir de 20 H.
Partenaire(s) : Misaco des cantons de Pontivy, locminé et Guémené-sur-Scorff
Thème : Prévention du Suicide
Cette soirée, animée par Monsieur Marcel JAFFRE, sera ponctuée des interventions de Monsieur Jean-Charles MANDART (Psychologue de l'UMP de Pontivy), de Madame Isabelle MARTIN (Assistante Sociale au CMP de Pontivy) et de Madame Nathalie PETIT (Cadre de Santé, CMP de Locminé).
D'autres professionnels interviendront dans la salle : Infirmier(e)s du CMP de Pontivy, Association Echange et Partage Deuil, Gendarmerie.
L’objectif principal est de laisser une large place aux échanges avec le public afin de lutter contre le tabou et les idées reçues entourant la problématique suicidaire et d’accentuer une information de proximité sur les aides et les ressources possibles.
Le collectif MISACO - RVV (Mission d’Accompagnement de Collectifs autour de la Souffrance Psychique et du Phénomène Suicidaire) des cantons de Pontivy, Locminé et Guémené-sur-Scorff, mène des actions de prévention autour de la souffrance psychique et du phénomène suicidaire en direction à la fois des professionnels et du grand public.
L’entrée est libre et gratuite.
Date : Le 05/04/2012
Lieu : Salle « La Belle Étoile », à partir de 20 H.
Partenaire(s) : Misaco des cantons de Pontivy, locminé et Guémené-sur-Scorff
Thème : Prévention du Suicide
Cette soirée, animée par Monsieur Marcel JAFFRE, sera ponctuée des interventions de Monsieur Jean-Charles MANDART (Psychologue de l'UMP de Pontivy), de Madame Isabelle MARTIN (Assistante Sociale au CMP de Pontivy) et de Madame Nathalie PETIT (Cadre de Santé, CMP de Locminé).
D'autres professionnels interviendront dans la salle : Infirmier(e)s du CMP de Pontivy, Association Echange et Partage Deuil, Gendarmerie.
L’objectif principal est de laisser une large place aux échanges avec le public afin de lutter contre le tabou et les idées reçues entourant la problématique suicidaire et d’accentuer une information de proximité sur les aides et les ressources possibles.
Le collectif MISACO - RVV (Mission d’Accompagnement de Collectifs autour de la Souffrance Psychique et du Phénomène Suicidaire) des cantons de Pontivy, Locminé et Guémené-sur-Scorff, mène des actions de prévention autour de la souffrance psychique et du phénomène suicidaire en direction à la fois des professionnels et du grand public.
L’entrée est libre et gratuite.
ZOOM SUR...OUTILS PEDAGOGIQUES
Synthèse de psycom75.org sur le suicide et sa prevention (oct 2011) - Information grand public
http://www.psycom75.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Suicide
http://www.psycom75.org/Espace-Presse/Sante-mentale-de-A-a-Z/Suicide
ARTICLE PRESSE : REGARD D'ACTEUR SOCIAL
Risques psycho-sociaux « La France n’a pas la culture de la prévention », le nouvel économiste - N° 1 606 - Semaine du 29 mars 2012 - Cahier 2 - Leadership & Management
lire en ligne sur http://www.lenouveleconomiste.fr/la-france-na-pas-la-culture-de-la-prevention-14300/
Le spécialiste des risques psychosociaux, Jean-Claude Delgènes, ausculte les entreprises et y voit les causes collectives de souffrances individuelles se multiplier. Diagnostic
Entretien avec le fondateur de Technologia
> Journal numérique
Les risques psychosociaux, une réalité largement méconnue en France il y a encore quelques années et dont Jean-Claude Delgènes s’est fait une spécialité voilà plus de deux décennies. Fondateur et président du cabinet Technologia qui intervient auprès des entreprises en situation de crise humaine, il s’est assigné une mission simple : “comprendre ce qui se passe” lorsque, au sein d’une communauté professionnelle, les cas de burn-out se multiplient, voire les crises suicidaires ou, tout simplement, les tensions entre salariés.
A ces troubles individuels, Jean-Claude Delgène a choisi de chercher des origines collectives. Organisationnelles. Pour cela, il ne mise sur aucune “recette” mais uniquement sur sa capacité à faire parler les gens afin de décrypter les faits et ainsi, d’identifier les causes véritables de leur malaise. Accélération des cadences, dégradation de l’image du travail, multiplication des process et des outils de quantification… celles-ci ne manquent pas et contribuent à expliquer qu’aujourd’hui, “le travail protège de moins en moins”. Un constat qui, selon lui, justifierait amplement que la France renonce à ses tabous pour, enfin, développer une véritable culture de la prévention.
“Technologia est une entreprise spécialisée dans la prévention des risques professionnels que j’ai créée il y a 22 ans et dont la spécificité tient au fait qu’on y approche les troubles individuels par l’angle du collectif. Autrement dit, par l’organisation du travail car nous considérons que, très souvent, des problèmes d’organisation, de management et de procédure sont à l’origine de troubles ou de risques psychosociaux.
Une autre approche consiste à aborder ces risques par les données personnelles de l’individu, c’est-à-dire sous l’angle médical en partant du principe que si quelqu’un fait une dépression nerveuse, un burn-out, cette personne est fragile et donc à mettre sous traitement médicamenteux. Chez Technologia, nous considérons au contraire que ce type de troubles individuels s’inscrit dans une problématique globale. Et que ce qu’il convient de regarder en priorité lorsqu’ils surviennent, c’est l’organisation du travail. Car l’individu au travail, c’est un individu situé dans un cadre collectif réglementaire et par nature contraignant puisqu’il y est souvent soumis à un lien de subordination. Pour moi, ce contexte est nécessairement à prendre en compte lorsqu’une manifestation de souffrance survient.
Crises suicidaires
Au cours des 5 dernières années, nous avons eu à traiter plus de 70 crises suicidaires – tentatives de suicide ou suicides. Nous avons notamment travaillé sur celles survenues chez Renault, au technocentre de Billancourt, entre 2007 et 2008. C’était une période très agitée pour le site qui avait connu trois décès en l’espace de 8 mois. Nous avons gagné l’appel d’offres et entamé une mission en plusieurs temps. La première étape consistait à établir un comité de pilotage comprenant l’ensemble des acteurs – direction, groupes syndicaux, représentants des salariés et médecine du travail – avant de bâtir ensemble un questionnaire sur les conditions de travail distribué par la suite à 12 000 personnes et sur lequel nous avons obtenu 63 % de retours, ce qui est considérable. Seconde étape : nous avons organisé une centaine d’entretiens qui ont eux-mêmes permis d’établir un diagnostic et de déboucher sur un plan d’action. Enfin nous sommes revenus sur le site un an et demi après les événements afin d’évaluer les effets du plan d’action qui avait été mis en place. Cette phase est essentielle : pour pouvoir véritablement changer des choses aussi complexes que des conditions de travail au sens large, il faut du temps. C’est pourquoi se donner les moyens de mesurer les effets du travail effectué est une phase incontournable du processus.
Prévention et “curation”
Nous procédons selon deux approches : en aval ou en amont. Dans le premier cas – hélas très fréquent – une entreprise nous contacte après un drame et nous intervenons en qualité de pompiers, pour faire de la régulation et restaurer une certaine sérénité, comme cela s’est notamment produit chez Renault ou France Télécom où, pendant plus d’un an, nous avons été une trentaine à travailler sur 9 rapports qui ont permis, avec le concours de la nouvelle direction et des partenaires sociaux, de rétablir la situation. Seconde approche : nous intervenons en amont pour faire de la prévention, comme cela nous est arrivé à la Société Générale au moment de l’affaire Kerviel, à la raffinerie de Dunkerque, ou encore à Sciences- Po lorsque des révélations sur le salaire de Richard Descoings ont suscité une vague d’agitation. Notre intervention sur place a permis de révéler un certain nombre de malaises et donc, de faire de la prévention, ce qui reste notre métier même si, dans certains cas, cette notion de prévention passe aussi par une démarche de “curation”. Comme cela a été le cas chez Renault. Surtout, nous travaillons toujours comme des artisans ; nous n’arrivons jamais avec des idées préconçues ; nous n’avons aucune “recette”. Nous nous adaptons à l’entreprise et à sa situation du moment.
Phénomène d’incitation
Il faut savoir que la France enregistre 240 000 tentatives de suicide chaque année – ce qui est le record d’Europe –, lesquelles donnent lieu à 10 500 suicides aboutis. 40 % de ces décès sont dus à des récidives ; ce qui est considérable et montre bien que le véritable enjeu réside dans le traitement de la récidive qui est un réel problème de santé publique. Quand quelqu’un commet un acte aussi grave, il est vulnérable et doit impérativement être traité, ce qui, la France ayant beaucoup de retard dans ce domaine, est loin d’être toujours le cas.
Lorsque quelqu’un commet une tentative de suicide, le schéma est toujours le même. La personne se retrouve aux urgences où elle est prise en charge par le médecin de garde. Généralement, celui-ci n’est absolument pas formé à ces questions-là. Il se contente donc de vérifier qu’elle a bien un médecin traitant et lui prescrit quelques médicaments avant de la laisser repartir.
Or ces personnes sont en contact avec d’autres – amis, famille, collègues de travail… – auprès de qui leur crise suicidaire va générer comme un halo de souffrances ; ce qui est extrêmement grave car ce halo a un effet d’entraînement. Car quand quelqu’un se donne la mort, il donne l’aperçu d’une solution à d’autres personnes vulnérables, créant ainsi un phénomène d’incitation qui a de fortes chances de déboucher sur d’autres passages à l’acte. Ce qui s’est produit lorsque Marilyn Monroe s’est donné la mort en 62 aux Etats-Unis et que, à la suite de son décès, le taux de suicide féminin a connu une forte progression. Et ce qui aurait parfaitement pu se produire au technocentre de Renault.
Travail et protection
Il faut savoir que le travail reste l’une des activités principales qui permet à un individu de se définir au quotidien. Pas seulement d’avoir une rémunération et d’en tirer de quoi vivre, mais aussi de se construire au contact d’autres personnes, en société, et d’en tirer une autre forme de reconnaissance que celle apportée par la rémunération. C’est pourquoi le travail crée du sens. Bien sûr, tout emploi n’est pas nécessairement source d’épanouissement. Il peut être plus ou moins aliénant mais, globalement, il protège l’individu. La preuve : on sait que les chômeurs ou les gens en très grande précarité sont deux fois plus sujets aux drames suicidaires que les personnes ayant un travail. Le problème, c’est de savoir pourquoi, aujourd’hui, le travail ne protège plus. Ou en tous cas, de moins en moins.
Cela tient en partie au fait que les systèmes mis en place par les entreprises au cours des dix dernières années – et qui, avec les nouvelles technologies, ont favorisé l’empiétement de la vie professionnelle sur la vie privée – ont abouti à une autre forme de travail, plus quantifiée, moins collective, qui remplit de moins en moins cette fonction protectrice. C’est pour mesurer cette évolution que j’ai appelé à la création d’un observatoire des crises et des conduites suicidaires. Parce que, dans ce domaine, il est essentiel d’avoir à la fois des indicateurs chiffrés et des bonnes pratiques à partager.
Culture de la prévention
Il est important de prendre toute la mesure du tabou social dont ces drames humains font encore l’objet. Un exemple : on est aujourd’hui en 2012 et on ne connaît toujours pas le coût humain de la crise ; le nombre de suicides qu’elle a provoqués. Alors que l’on sait qu’en Grèce, par exemple, ils ont augmenté de 40 % depuis 2008. En France, on ne sait pas. Cela tient à la fois à une question de tabou et au fait que la France n’a pas la culture de la prévention. Elle gère les crises, mais ne se donne pas les moyens de les anticiper. C’est ainsi qu’il a fallu attendre 2003 pour que Chirac lance le centre de recherche sur le cancer. Alors que la question de la prévention devrait être perçue comme un investissement ; tout simplement parce que le fait de mettre en place de vraies mécaniques d’anticipation des risques humains, un vrai observatoire, interdisciplinaire, apte à fournir des données chiffrées et à partager les bonnes pratiques, serait un investissement extrêmement rentable. La Flandre vient de publier ses chiffres : le coût du suicide y est estimé à 600 millions d’euros. En France, on ne sait pas. On sait, en revanche, ce qu’ont permis d’économiser les moyens mis en œuvre dans le domaine de la sécurité routière. En 1990, on comptait en France à peu près 10 400 accidents mortels par an. Aujourd’hui, on est passé en dessous des 4 000 car on a fait de la question une véritable priorité de santé publique. Résultat, cet effort de prévention a permis d’économiser plus de 20 milliards d’euros au total. Si le sujet n’était pas tabou, on pourrait facilement faire le même calcul avec les drames suicidaires. Parce qu’on le sait : des gens blessés et dont l’état requiert des soins importants, que ce soit après un accident de la route ou une tentative de suicide, cela a un coût. Quand quelqu’un veut se donner la mort, se rate et récidive faute d’avoir été traité pour finir avec un traitement à vie, cela coûte une fortune à l’Etat.
Transversalité
En réalité, en matière de suicides ou de tentatives de suicide, tout le monde a des chiffres : les mutuelles, la police, la gendarmerie… Mais on ne les a pas regroupés. Si bien qu’on ne peut pas traiter efficacement la question. On me répète que c’est en cours, que cela va se faire, mais pour l’heure, les professionnels de la prévention comme nous n’ont aucun indicateur fiable sur lequel s’appuyer.
Les chiffres ne sont pas la seule carence dont souffre la France. L’autre urgence consisterait à permettre le croisement des regards entre un psychiatre, un architecte, un psychologue, un sociologue, un avocat – le surendettement étant devenu un facteur extrêmement important en matière de suicide – mais aussi un médecin de ville, un médecin du travail… afin que l’on puisse échanger et développer une certaine transversalité sur la question des crises suicidaires. Ainsi, nous pourrions rattraper notre retard en matière de prévention car cela aboutirait à l’émergence de savoirs et de points de vue éclatés qui, tous réunis, permettraient de définir une action et des priorités. Aujourd’hui, ces outils n’existent pas.
Confidentialité et retour sur expression
Notre travail est simple. Il consiste à comprendre ce qui se passe. Et pour comprendre ce qui a permis l’émergence d’un risque psychosocial ou d’un risque psycho-organisationnel, il faut l’objectiver ; le faire apparaître. Ce qu’on ne peut faire qu’avec le concours des salariés. C’est pourquoi il faut leur donner la parole. Tout notre savoir-faire est là : dans notre capacité à faire parler les gens pour permettre de faire remonter de l’information et, ensuite, en tirer un diagnostic à partir duquel bâtir des plans d’action. C’est cela notre travail.
En général, lorsque survient une crise sociale, si l’on est respectueux des personnes et que l’on garantit la confidentialité – ce qui est fondamental -, les gens parlent. Mais pour qu’ils coopèrent pleinement, cela ne suffit pas. Il faut également garantir le retour sur expression, afin que ceux qui ont contribué à la résolution du problème puissent être informés, en retour, sur le diagnostic réalisé. C’est pourquoi nous garantissons confidentialité, liberté d’expression et retour sur expression. C’est ainsi que l’on parvient à obtenir une photographie du ressenti général au sein de l’entreprise. Pour y parvenir nous appuyons notre démarche sur des questionnaires – uniquement utilisables dans les entreprises comptant au minimum 250 ou 300 personnes afin d’être en mesure de garantir la confidentialité – et des entretiens qui ont pour but d’apprivoiser la personne afin de faire en sorte qu’elle se livre de manière assez intime. Pour cela il faut la mettre en confiance afin qu’elle parvienne à expliquer ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent, les difficultés qu’elle éprouve. C’est ainsi que, petit à petit, par approximations successives, on parvient à un certain nombre d’hypothèses validées.
Approfondissement
Dernièrement, nous avons eu à intervenir dans une société où deux salariés techniciens supérieurs s’étaient battus. En approfondissant, nous avons compris que le problème venait non pas d’une question de personne mais de la stratégie d’évaluation individuelle mise en place par l’entreprise, laquelle conduisait à octroyer des primes qui n’étaient pas toujours en corrélation avec la réalité du travail accompli. En l’occurrence, un des salariés faisait son job mais était également très impliqué dans l’aide au collectif, ce qui, bien évidemment, ne se quantifiait pas. L’autre, qui à l’inverse était souvent défaillant par rapport au collectif, était plus politique, savait mieux se mettre en valeur auprès de la direction, ce qui lui avait valu une prime très supérieure au premier. Ce système d’évaluation trop individualisé avait fini par générer une situation conflictuelle et débouché sur de la violence. C’est cela notre mission : approfondir les situations et les décrypter jusqu’à faire remonter leurs causes véritables et formuler des recommandations afin d’éviter que les problèmes ne se renouvellent.
Management
Quelle que soit notre source d’entrée dans l’entreprise – la direction, les représentants des salariés, un juge ou même le ministère du Travail -, notre travail reste le même. Il repose toujours sur la même logique consistant à faire asseoir les gens autour d’une table afin de les écouter et de pouvoir analyser les problèmes ; ce qui requiert l’implication des salariés mais aussi du haut management.
En ce qui concerne ces dirigeants, l’accueil varie. L’expertise peut être subie comme elle peut aussi être accompagnée et perçue comme un élément positif pour chacun, même si, évidemment, devoir faire intervenir un expert extérieur dans le cas d’une situation pathogène est toujours contraignant. Mais c’est aussi le seul moyen d’obtenir une véritable régulation. Pour l’heure, je dirais que la majeure partie des chefs d’entreprise le comprennent et acceptent l’idée que certaines procédures, certaines pratiques et certaines règles soient révisées afin de permettre l’épanouissement professionnel des salariés. Une autre partie ne parvient pas à anticiper et subit notre intervention. Enfin une dernière frange de dirigeants – heureusement peu nombreux – estiment que la guerre économique justifie de mettre la pression aux salariés et qu’ils n’ont pas le choix. Mais globalement, les mentalités commencent à évoluer. Depuis 4 ans, le domaine des risques psychosociaux a fait l’objet d’une attention extraordinaire. Une pensée collective sur le problème du travail et des risques individuels qu’il peut générer a émergé, les commissions et rapports sur la question se sont multipliés – Commission sénatoriale, Commission à l’Assemblée, rapport Fillon, rapports du Medef… -, ce qui représente une avancée considérable lorsque l’on sait qu’il y a encore cinq ans, on ne formulait même pas le problème. Aujourd’hui, on est vraiment dans l’opérationnalité.
Culture hiérarchique
Le problème des managements à la française, c’est qu’ils s’inscrivent dans une culture très hiérarchique et verticale, avec des individus qui, très souvent, jouissent du pouvoir qu’ils exercent. Si bien que, plutôt que d’animer des équipes, ils se placent au-dessus d’elles. Cela pose un vrai problème car le vrai manager, c’est celui qui s’efface derrière les autres pour les aider à se réaliser dans le travail et qui, ainsi, garantit l’harmonie collective dans l’effort. Celui qui, à l’inverse, recherche une valorisation par son pouvoir peut avoir un impact très négatif sur ceux qu’il est censé encadrer.
Autre dérive flagrante également source de souffrance : l’éclatement du collectif – en grande partie dû aux méthodes d’évaluation – et l’isolement croissant d’individus qui, de plus en plus souvent, se retrouvent seuls et privés du soutien de leur hiérarchie parce que les managers – et surtout les managers de proximité – font tout autre chose que du management. 90 % de leur temps étant consacré à des activités de reporting et de réglage de procédure, cela ne laisse quasiment plus rien pour tout ce qui constitue pourtant leur cœur de métier : la résolution de problèmes, l’animation de l’équipe et tout simplement, l’écoute.
Accélération des cadences
Je dirais que la situation s’est vraiment dégradée à partir des années 1995-97. La montée des exigences de rentabilité et l’accélération des cadences qu’elle a généré y sont évidemment pour beaucoup. D’autant plus que cela a eu un impact négatif sur l’image même du travail, voire, du métier. Prenons l’exemple des infirmières qui ont vu le temps accordé à chaque patient diminuer au fil des ans jusqu’à passer par exemple de 20 à 3 ou 4 minutes. Cette accélération des cadences et la perte de valeur qu’elle entraîne nécessairement finit par leur renvoyer une image dégradée du travail accompli. Or l’homme ne peut se construire que lorsqu’il a une bonne image de ce qu’il fait. Résultat, ce recul de la valeur perçue est devenu un facteur supplémentaire de souffrance. Le phénomène ne cesse de s’amplifier et aujourd’hui il n’épargne aucune profession puisque, avec les outils de gestion, tout est ramené à des indicateurs de profitabilité et de performance individuelle.
Cela génère une pression considérable encore accentuée par le fait que, au vu du chômage ambiant, de plus en plus de gens considèrent que le travail doit passer avant tout. Résultat, chacun repousse ses limites et les cas de burn-out se multiplient. Notre dernière étude sur l’impact de la vie professionnelle sur la vie privée le montre : sur les 1 500 personnes interrogées, une sur deux considère que le travail passe avant tout. Et chez les cadres, la proportion atteint 61 % alors que chez cette même population, 80 % des gens considèrent que cela a un impact sur la vie privée. Créant, de fait, un autre facteur de fragilisation individuelle. ”
Bio express
L’homme de la situation
Economiste de formation, diplomé d’HEC et d’un troisième cycle sur l’innovation et l’organisation du travail, Jean-Claude Delgènes se définit aujourd’hui comme “expert” en organisation du travail. Après un début de carrière dans la fonction publique – en qualité de chargé de mission au ministère de l’Industrie –, il crée Technologia en 1989 ; un cabinet spécialisé dans la prévention des risques professionnels et notamment des risques psychosociaux qui lui permettra d’intervenir dans des affaires aussi médiatisées que celles de France Télécom et du technocentre de Renault mais aussi de Jussieu dans le cadre du dossier sur l’amiante ou encore à la Société Générale suite à l’affaire Kerviel. En avril 2011, il propose la création d’un observatoire des crises suicidaires – proposition relayée en mai dernier par “l’Appel des 44 pour la création d’un observatoire des suicides” – et initie une vaste enquête sur le lien entre les conditions de travail des journalistes, la production de l’information et la qualité du débat démocratique. Il est par ailleurs intervenant à Dauphine dans le cadre du Master “Management, travail et développement social”. Par Caroline Castets
lire en ligne sur http://www.lenouveleconomiste.fr/la-france-na-pas-la-culture-de-la-prevention-14300/
Le spécialiste des risques psychosociaux, Jean-Claude Delgènes, ausculte les entreprises et y voit les causes collectives de souffrances individuelles se multiplier. Diagnostic
Entretien avec le fondateur de Technologia
> Journal numérique
Les risques psychosociaux, une réalité largement méconnue en France il y a encore quelques années et dont Jean-Claude Delgènes s’est fait une spécialité voilà plus de deux décennies. Fondateur et président du cabinet Technologia qui intervient auprès des entreprises en situation de crise humaine, il s’est assigné une mission simple : “comprendre ce qui se passe” lorsque, au sein d’une communauté professionnelle, les cas de burn-out se multiplient, voire les crises suicidaires ou, tout simplement, les tensions entre salariés.
A ces troubles individuels, Jean-Claude Delgène a choisi de chercher des origines collectives. Organisationnelles. Pour cela, il ne mise sur aucune “recette” mais uniquement sur sa capacité à faire parler les gens afin de décrypter les faits et ainsi, d’identifier les causes véritables de leur malaise. Accélération des cadences, dégradation de l’image du travail, multiplication des process et des outils de quantification… celles-ci ne manquent pas et contribuent à expliquer qu’aujourd’hui, “le travail protège de moins en moins”. Un constat qui, selon lui, justifierait amplement que la France renonce à ses tabous pour, enfin, développer une véritable culture de la prévention.
“Technologia est une entreprise spécialisée dans la prévention des risques professionnels que j’ai créée il y a 22 ans et dont la spécificité tient au fait qu’on y approche les troubles individuels par l’angle du collectif. Autrement dit, par l’organisation du travail car nous considérons que, très souvent, des problèmes d’organisation, de management et de procédure sont à l’origine de troubles ou de risques psychosociaux.
Une autre approche consiste à aborder ces risques par les données personnelles de l’individu, c’est-à-dire sous l’angle médical en partant du principe que si quelqu’un fait une dépression nerveuse, un burn-out, cette personne est fragile et donc à mettre sous traitement médicamenteux. Chez Technologia, nous considérons au contraire que ce type de troubles individuels s’inscrit dans une problématique globale. Et que ce qu’il convient de regarder en priorité lorsqu’ils surviennent, c’est l’organisation du travail. Car l’individu au travail, c’est un individu situé dans un cadre collectif réglementaire et par nature contraignant puisqu’il y est souvent soumis à un lien de subordination. Pour moi, ce contexte est nécessairement à prendre en compte lorsqu’une manifestation de souffrance survient.
Crises suicidaires
Au cours des 5 dernières années, nous avons eu à traiter plus de 70 crises suicidaires – tentatives de suicide ou suicides. Nous avons notamment travaillé sur celles survenues chez Renault, au technocentre de Billancourt, entre 2007 et 2008. C’était une période très agitée pour le site qui avait connu trois décès en l’espace de 8 mois. Nous avons gagné l’appel d’offres et entamé une mission en plusieurs temps. La première étape consistait à établir un comité de pilotage comprenant l’ensemble des acteurs – direction, groupes syndicaux, représentants des salariés et médecine du travail – avant de bâtir ensemble un questionnaire sur les conditions de travail distribué par la suite à 12 000 personnes et sur lequel nous avons obtenu 63 % de retours, ce qui est considérable. Seconde étape : nous avons organisé une centaine d’entretiens qui ont eux-mêmes permis d’établir un diagnostic et de déboucher sur un plan d’action. Enfin nous sommes revenus sur le site un an et demi après les événements afin d’évaluer les effets du plan d’action qui avait été mis en place. Cette phase est essentielle : pour pouvoir véritablement changer des choses aussi complexes que des conditions de travail au sens large, il faut du temps. C’est pourquoi se donner les moyens de mesurer les effets du travail effectué est une phase incontournable du processus.
Prévention et “curation”
Nous procédons selon deux approches : en aval ou en amont. Dans le premier cas – hélas très fréquent – une entreprise nous contacte après un drame et nous intervenons en qualité de pompiers, pour faire de la régulation et restaurer une certaine sérénité, comme cela s’est notamment produit chez Renault ou France Télécom où, pendant plus d’un an, nous avons été une trentaine à travailler sur 9 rapports qui ont permis, avec le concours de la nouvelle direction et des partenaires sociaux, de rétablir la situation. Seconde approche : nous intervenons en amont pour faire de la prévention, comme cela nous est arrivé à la Société Générale au moment de l’affaire Kerviel, à la raffinerie de Dunkerque, ou encore à Sciences- Po lorsque des révélations sur le salaire de Richard Descoings ont suscité une vague d’agitation. Notre intervention sur place a permis de révéler un certain nombre de malaises et donc, de faire de la prévention, ce qui reste notre métier même si, dans certains cas, cette notion de prévention passe aussi par une démarche de “curation”. Comme cela a été le cas chez Renault. Surtout, nous travaillons toujours comme des artisans ; nous n’arrivons jamais avec des idées préconçues ; nous n’avons aucune “recette”. Nous nous adaptons à l’entreprise et à sa situation du moment.
Phénomène d’incitation
Il faut savoir que la France enregistre 240 000 tentatives de suicide chaque année – ce qui est le record d’Europe –, lesquelles donnent lieu à 10 500 suicides aboutis. 40 % de ces décès sont dus à des récidives ; ce qui est considérable et montre bien que le véritable enjeu réside dans le traitement de la récidive qui est un réel problème de santé publique. Quand quelqu’un commet un acte aussi grave, il est vulnérable et doit impérativement être traité, ce qui, la France ayant beaucoup de retard dans ce domaine, est loin d’être toujours le cas.
Lorsque quelqu’un commet une tentative de suicide, le schéma est toujours le même. La personne se retrouve aux urgences où elle est prise en charge par le médecin de garde. Généralement, celui-ci n’est absolument pas formé à ces questions-là. Il se contente donc de vérifier qu’elle a bien un médecin traitant et lui prescrit quelques médicaments avant de la laisser repartir.
Or ces personnes sont en contact avec d’autres – amis, famille, collègues de travail… – auprès de qui leur crise suicidaire va générer comme un halo de souffrances ; ce qui est extrêmement grave car ce halo a un effet d’entraînement. Car quand quelqu’un se donne la mort, il donne l’aperçu d’une solution à d’autres personnes vulnérables, créant ainsi un phénomène d’incitation qui a de fortes chances de déboucher sur d’autres passages à l’acte. Ce qui s’est produit lorsque Marilyn Monroe s’est donné la mort en 62 aux Etats-Unis et que, à la suite de son décès, le taux de suicide féminin a connu une forte progression. Et ce qui aurait parfaitement pu se produire au technocentre de Renault.
Travail et protection
Il faut savoir que le travail reste l’une des activités principales qui permet à un individu de se définir au quotidien. Pas seulement d’avoir une rémunération et d’en tirer de quoi vivre, mais aussi de se construire au contact d’autres personnes, en société, et d’en tirer une autre forme de reconnaissance que celle apportée par la rémunération. C’est pourquoi le travail crée du sens. Bien sûr, tout emploi n’est pas nécessairement source d’épanouissement. Il peut être plus ou moins aliénant mais, globalement, il protège l’individu. La preuve : on sait que les chômeurs ou les gens en très grande précarité sont deux fois plus sujets aux drames suicidaires que les personnes ayant un travail. Le problème, c’est de savoir pourquoi, aujourd’hui, le travail ne protège plus. Ou en tous cas, de moins en moins.
Cela tient en partie au fait que les systèmes mis en place par les entreprises au cours des dix dernières années – et qui, avec les nouvelles technologies, ont favorisé l’empiétement de la vie professionnelle sur la vie privée – ont abouti à une autre forme de travail, plus quantifiée, moins collective, qui remplit de moins en moins cette fonction protectrice. C’est pour mesurer cette évolution que j’ai appelé à la création d’un observatoire des crises et des conduites suicidaires. Parce que, dans ce domaine, il est essentiel d’avoir à la fois des indicateurs chiffrés et des bonnes pratiques à partager.
Culture de la prévention
Il est important de prendre toute la mesure du tabou social dont ces drames humains font encore l’objet. Un exemple : on est aujourd’hui en 2012 et on ne connaît toujours pas le coût humain de la crise ; le nombre de suicides qu’elle a provoqués. Alors que l’on sait qu’en Grèce, par exemple, ils ont augmenté de 40 % depuis 2008. En France, on ne sait pas. Cela tient à la fois à une question de tabou et au fait que la France n’a pas la culture de la prévention. Elle gère les crises, mais ne se donne pas les moyens de les anticiper. C’est ainsi qu’il a fallu attendre 2003 pour que Chirac lance le centre de recherche sur le cancer. Alors que la question de la prévention devrait être perçue comme un investissement ; tout simplement parce que le fait de mettre en place de vraies mécaniques d’anticipation des risques humains, un vrai observatoire, interdisciplinaire, apte à fournir des données chiffrées et à partager les bonnes pratiques, serait un investissement extrêmement rentable. La Flandre vient de publier ses chiffres : le coût du suicide y est estimé à 600 millions d’euros. En France, on ne sait pas. On sait, en revanche, ce qu’ont permis d’économiser les moyens mis en œuvre dans le domaine de la sécurité routière. En 1990, on comptait en France à peu près 10 400 accidents mortels par an. Aujourd’hui, on est passé en dessous des 4 000 car on a fait de la question une véritable priorité de santé publique. Résultat, cet effort de prévention a permis d’économiser plus de 20 milliards d’euros au total. Si le sujet n’était pas tabou, on pourrait facilement faire le même calcul avec les drames suicidaires. Parce qu’on le sait : des gens blessés et dont l’état requiert des soins importants, que ce soit après un accident de la route ou une tentative de suicide, cela a un coût. Quand quelqu’un veut se donner la mort, se rate et récidive faute d’avoir été traité pour finir avec un traitement à vie, cela coûte une fortune à l’Etat.
Transversalité
En réalité, en matière de suicides ou de tentatives de suicide, tout le monde a des chiffres : les mutuelles, la police, la gendarmerie… Mais on ne les a pas regroupés. Si bien qu’on ne peut pas traiter efficacement la question. On me répète que c’est en cours, que cela va se faire, mais pour l’heure, les professionnels de la prévention comme nous n’ont aucun indicateur fiable sur lequel s’appuyer.
Les chiffres ne sont pas la seule carence dont souffre la France. L’autre urgence consisterait à permettre le croisement des regards entre un psychiatre, un architecte, un psychologue, un sociologue, un avocat – le surendettement étant devenu un facteur extrêmement important en matière de suicide – mais aussi un médecin de ville, un médecin du travail… afin que l’on puisse échanger et développer une certaine transversalité sur la question des crises suicidaires. Ainsi, nous pourrions rattraper notre retard en matière de prévention car cela aboutirait à l’émergence de savoirs et de points de vue éclatés qui, tous réunis, permettraient de définir une action et des priorités. Aujourd’hui, ces outils n’existent pas.
Confidentialité et retour sur expression
Notre travail est simple. Il consiste à comprendre ce qui se passe. Et pour comprendre ce qui a permis l’émergence d’un risque psychosocial ou d’un risque psycho-organisationnel, il faut l’objectiver ; le faire apparaître. Ce qu’on ne peut faire qu’avec le concours des salariés. C’est pourquoi il faut leur donner la parole. Tout notre savoir-faire est là : dans notre capacité à faire parler les gens pour permettre de faire remonter de l’information et, ensuite, en tirer un diagnostic à partir duquel bâtir des plans d’action. C’est cela notre travail.
En général, lorsque survient une crise sociale, si l’on est respectueux des personnes et que l’on garantit la confidentialité – ce qui est fondamental -, les gens parlent. Mais pour qu’ils coopèrent pleinement, cela ne suffit pas. Il faut également garantir le retour sur expression, afin que ceux qui ont contribué à la résolution du problème puissent être informés, en retour, sur le diagnostic réalisé. C’est pourquoi nous garantissons confidentialité, liberté d’expression et retour sur expression. C’est ainsi que l’on parvient à obtenir une photographie du ressenti général au sein de l’entreprise. Pour y parvenir nous appuyons notre démarche sur des questionnaires – uniquement utilisables dans les entreprises comptant au minimum 250 ou 300 personnes afin d’être en mesure de garantir la confidentialité – et des entretiens qui ont pour but d’apprivoiser la personne afin de faire en sorte qu’elle se livre de manière assez intime. Pour cela il faut la mettre en confiance afin qu’elle parvienne à expliquer ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent, les difficultés qu’elle éprouve. C’est ainsi que, petit à petit, par approximations successives, on parvient à un certain nombre d’hypothèses validées.
Approfondissement
Dernièrement, nous avons eu à intervenir dans une société où deux salariés techniciens supérieurs s’étaient battus. En approfondissant, nous avons compris que le problème venait non pas d’une question de personne mais de la stratégie d’évaluation individuelle mise en place par l’entreprise, laquelle conduisait à octroyer des primes qui n’étaient pas toujours en corrélation avec la réalité du travail accompli. En l’occurrence, un des salariés faisait son job mais était également très impliqué dans l’aide au collectif, ce qui, bien évidemment, ne se quantifiait pas. L’autre, qui à l’inverse était souvent défaillant par rapport au collectif, était plus politique, savait mieux se mettre en valeur auprès de la direction, ce qui lui avait valu une prime très supérieure au premier. Ce système d’évaluation trop individualisé avait fini par générer une situation conflictuelle et débouché sur de la violence. C’est cela notre mission : approfondir les situations et les décrypter jusqu’à faire remonter leurs causes véritables et formuler des recommandations afin d’éviter que les problèmes ne se renouvellent.
Management
Quelle que soit notre source d’entrée dans l’entreprise – la direction, les représentants des salariés, un juge ou même le ministère du Travail -, notre travail reste le même. Il repose toujours sur la même logique consistant à faire asseoir les gens autour d’une table afin de les écouter et de pouvoir analyser les problèmes ; ce qui requiert l’implication des salariés mais aussi du haut management.
En ce qui concerne ces dirigeants, l’accueil varie. L’expertise peut être subie comme elle peut aussi être accompagnée et perçue comme un élément positif pour chacun, même si, évidemment, devoir faire intervenir un expert extérieur dans le cas d’une situation pathogène est toujours contraignant. Mais c’est aussi le seul moyen d’obtenir une véritable régulation. Pour l’heure, je dirais que la majeure partie des chefs d’entreprise le comprennent et acceptent l’idée que certaines procédures, certaines pratiques et certaines règles soient révisées afin de permettre l’épanouissement professionnel des salariés. Une autre partie ne parvient pas à anticiper et subit notre intervention. Enfin une dernière frange de dirigeants – heureusement peu nombreux – estiment que la guerre économique justifie de mettre la pression aux salariés et qu’ils n’ont pas le choix. Mais globalement, les mentalités commencent à évoluer. Depuis 4 ans, le domaine des risques psychosociaux a fait l’objet d’une attention extraordinaire. Une pensée collective sur le problème du travail et des risques individuels qu’il peut générer a émergé, les commissions et rapports sur la question se sont multipliés – Commission sénatoriale, Commission à l’Assemblée, rapport Fillon, rapports du Medef… -, ce qui représente une avancée considérable lorsque l’on sait qu’il y a encore cinq ans, on ne formulait même pas le problème. Aujourd’hui, on est vraiment dans l’opérationnalité.
Culture hiérarchique
Le problème des managements à la française, c’est qu’ils s’inscrivent dans une culture très hiérarchique et verticale, avec des individus qui, très souvent, jouissent du pouvoir qu’ils exercent. Si bien que, plutôt que d’animer des équipes, ils se placent au-dessus d’elles. Cela pose un vrai problème car le vrai manager, c’est celui qui s’efface derrière les autres pour les aider à se réaliser dans le travail et qui, ainsi, garantit l’harmonie collective dans l’effort. Celui qui, à l’inverse, recherche une valorisation par son pouvoir peut avoir un impact très négatif sur ceux qu’il est censé encadrer.
Autre dérive flagrante également source de souffrance : l’éclatement du collectif – en grande partie dû aux méthodes d’évaluation – et l’isolement croissant d’individus qui, de plus en plus souvent, se retrouvent seuls et privés du soutien de leur hiérarchie parce que les managers – et surtout les managers de proximité – font tout autre chose que du management. 90 % de leur temps étant consacré à des activités de reporting et de réglage de procédure, cela ne laisse quasiment plus rien pour tout ce qui constitue pourtant leur cœur de métier : la résolution de problèmes, l’animation de l’équipe et tout simplement, l’écoute.
Accélération des cadences
Je dirais que la situation s’est vraiment dégradée à partir des années 1995-97. La montée des exigences de rentabilité et l’accélération des cadences qu’elle a généré y sont évidemment pour beaucoup. D’autant plus que cela a eu un impact négatif sur l’image même du travail, voire, du métier. Prenons l’exemple des infirmières qui ont vu le temps accordé à chaque patient diminuer au fil des ans jusqu’à passer par exemple de 20 à 3 ou 4 minutes. Cette accélération des cadences et la perte de valeur qu’elle entraîne nécessairement finit par leur renvoyer une image dégradée du travail accompli. Or l’homme ne peut se construire que lorsqu’il a une bonne image de ce qu’il fait. Résultat, ce recul de la valeur perçue est devenu un facteur supplémentaire de souffrance. Le phénomène ne cesse de s’amplifier et aujourd’hui il n’épargne aucune profession puisque, avec les outils de gestion, tout est ramené à des indicateurs de profitabilité et de performance individuelle.
Cela génère une pression considérable encore accentuée par le fait que, au vu du chômage ambiant, de plus en plus de gens considèrent que le travail doit passer avant tout. Résultat, chacun repousse ses limites et les cas de burn-out se multiplient. Notre dernière étude sur l’impact de la vie professionnelle sur la vie privée le montre : sur les 1 500 personnes interrogées, une sur deux considère que le travail passe avant tout. Et chez les cadres, la proportion atteint 61 % alors que chez cette même population, 80 % des gens considèrent que cela a un impact sur la vie privée. Créant, de fait, un autre facteur de fragilisation individuelle. ”
Bio express
L’homme de la situation
Economiste de formation, diplomé d’HEC et d’un troisième cycle sur l’innovation et l’organisation du travail, Jean-Claude Delgènes se définit aujourd’hui comme “expert” en organisation du travail. Après un début de carrière dans la fonction publique – en qualité de chargé de mission au ministère de l’Industrie –, il crée Technologia en 1989 ; un cabinet spécialisé dans la prévention des risques professionnels et notamment des risques psychosociaux qui lui permettra d’intervenir dans des affaires aussi médiatisées que celles de France Télécom et du technocentre de Renault mais aussi de Jussieu dans le cadre du dossier sur l’amiante ou encore à la Société Générale suite à l’affaire Kerviel. En avril 2011, il propose la création d’un observatoire des crises suicidaires – proposition relayée en mai dernier par “l’Appel des 44 pour la création d’un observatoire des suicides” – et initie une vaste enquête sur le lien entre les conditions de travail des journalistes, la production de l’information et la qualité du débat démocratique. Il est par ailleurs intervenant à Dauphine dans le cadre du Master “Management, travail et développement social”. Par Caroline Castets
jeudi 29 mars 2012
ACTU DU CENTRE CRISE, QUEBEC... ZOOM SUR
ZOOM SUR A LIRE DANS LE BULLETIN VOLUME 1 NUMERO 2 DE MARS 2012 DE CRISE
Rebondir malgré la blessure indélébile
"Christine Genest, doctorante en sciences infirmières à l’Université de Montréal sous la direction du Professeur Francine Gratton, a présenté lors de la rencontre du CRISE de septembre 2011 les résultats
de sa recherche intitulée « Le processus de résilience familiale : comment survivre au suicide d’un adolescent ». Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les adolescents de 15 à 19 ans au Canada. Ces morts
laissent les familles avec un sentiment de perte irrémédiable et certains de leurs membres deviennent également à risque de suicide. Comprendre l’impact de ce type de suicide sur les familles est essentiel si on veut donner des services adéquats aux proches endeuillés. En dépit de la prévalence de ces suicides,
il n’y avait jamais eu, jusqu’à présent, d’étude se penchant sur la résilience des familles suite au décès d’un
adolescent. Mme Genest a réalisé des entrevues en profondeur auprès des membres de 7 familles de tout type (nucléaire, recomposée, séparée, divorcée). Elle a également eu accès à certains documents personnels
comme des journaux intimes de certains membres de la famille, des interviews réali- Suite à la page 2 du bulletin
***
250 ans de rapports du Coroner: Une mine d’informations
Les mentalités face au suicide se sont considérablement transformées à travers les époques au Québec. Comprendre les raisons de ces changements est au coeur d’une large étude menée par deux professeurs du département de criminologie de l’Université d’Ottawa, le sociologue Patrice Corriveau et l’historien
André Cellard. En décembre dernier, ils ont présenté aux membres du CRISE, leur projet et la richesse de ce qu’ils découvrent. Bien que le suicide demeure un sujet tabou dans nos sociétés, la façon dont on parle
de ce sujet douloureux et dont on le traite a beaucoup évolué. Il y a 40 ans, la tentative de suicide était toujours considérée « illégale » au Canada, c'est-àdire un acte criminel punissable par la loi. Dans la Nouvelle-France du XVIIIe siècle, le suicide était perçu comme l’un des crimes les plus odieux. Le cadavre
du suicidé était traîné face contre terre dans les rues des villes, pendu par les pieds dans les places publiques,
avant d’être jeté à la voirie. L’Église catholique condamnait le suicidé aux peines éternelles et lui déniait le droit à la sépulture dans un cimetière. À partir du XXe siècle, les approches médicales et psychiatriques
ont fini par prendre les devants pour la compréhension et le traitement des suicidaires. Cela conduisit progressivement à un allègement des peines pour tentatives de suicide – qui originellement étaient punissables de mort – (Etudes sur les lettres des suicidés) Suite à la page 4
***
AUTRE INFO
La détresse psychologique et les idéations suicidaires chez les producteurs laitiers au Québec, en France et en Suisse. Ginette Lafleur présente aux suisses quelques résultats de son étude.
Habitués à une vie rude, les paysans ne s'écoutent pas suffisamment
Par Réane Ahmad
Agri: Hebdomadaire professionnel agricole de la Suisse Romande
24 Février 2012
Résumé: La situation sociale et de santé des éleveurs laitiers en Suisse romande, en Franche-Comté et au Québec a fait l'objet d'une étude. Celle-ci révèle que les pressions pesant sur les épaules des paysans sont multiples. Ce stress quotidien peut déboucher sur une détresse psychologique, voire mener dans les cas les plus extrêmes au suicide. Il ressort des travaux de Ginette Lafleur, candidate au doctorat au CRISE, que 55% des producteurs de lait suisses, 45% des éleveurs québécois et 40% de leurs confrères français estiment leur niveau de stress comme élevé, contre 27% de la population québécoise en général.
pour recevoir les bulletins du centre CRISE http://www.crise.ca/
INFO STRUCTURE RESSOURCE
dans la rubrique "numéros d'aide"
Un numéro d'appel pour les troubles du comportement alimentaire
Le Monde.fr | 23.03.2012 à 13h33 • Mis à jour le 23.03.2012 à 15h17
Depuis janvier 2011, les troubles du comportement alimentaire (TCA) tels que la boulimie ou l'anorexie sont suivis en Ile-de-France grâce à la mise en place d'un réseau présidé par le professeur Jean-Claude Melchior, nutritionniste à l'hôpital Raymond-Poincaré, à Garches (Hauts-de-Seine).
Lundi 19 mars, le réseau a annoncé la mise à disposition d'un numéro de téléphone, Anorexie Boulimie Info écoute, pour les personnes en souffrance ou leurs proches, une ligne subventionnée par la Fondation de France et la région Ile-de-France. En composant le N° Azur 0810 037 037 (prix d'un appel local), les malades peuvent discuter, anonymement, avec des spécialistes et des membres d'associations et obtenir des informations sur les aides et les principales ressources thérapeutiques disponibles en Ile-de-France, voire être orientés vers un lieu d'accueil d'urgence. Une permanence est tenue par des associations les mardis de 19 h à 21 h et les vendredis de 16 h à 18 h, par des psychologues les lundis de 16 h à 18 h, et par des médecins les jeudis de 16 h à 18 h.
Les TCA frappent davantage les femmes que les hommes, soit huit à neuf filles malades pour un garçon. En Ile-de-France, on dénombre 180 000 cas d'anorexie mentale chez les femmes et 19 000 cas chez les hommes. Les formes intermédiaires affectent 600 000 personnes, selon les chiffres rendus publics le réseau TCA d'Ile-de-France.
Un numéro d'appel pour les troubles du comportement alimentaire
Le Monde.fr | 23.03.2012 à 13h33 • Mis à jour le 23.03.2012 à 15h17
Depuis janvier 2011, les troubles du comportement alimentaire (TCA) tels que la boulimie ou l'anorexie sont suivis en Ile-de-France grâce à la mise en place d'un réseau présidé par le professeur Jean-Claude Melchior, nutritionniste à l'hôpital Raymond-Poincaré, à Garches (Hauts-de-Seine).
Lundi 19 mars, le réseau a annoncé la mise à disposition d'un numéro de téléphone, Anorexie Boulimie Info écoute, pour les personnes en souffrance ou leurs proches, une ligne subventionnée par la Fondation de France et la région Ile-de-France. En composant le N° Azur 0810 037 037 (prix d'un appel local), les malades peuvent discuter, anonymement, avec des spécialistes et des membres d'associations et obtenir des informations sur les aides et les principales ressources thérapeutiques disponibles en Ile-de-France, voire être orientés vers un lieu d'accueil d'urgence. Une permanence est tenue par des associations les mardis de 19 h à 21 h et les vendredis de 16 h à 18 h, par des psychologues les lundis de 16 h à 18 h, et par des médecins les jeudis de 16 h à 18 h.
Les TCA frappent davantage les femmes que les hommes, soit huit à neuf filles malades pour un garçon. En Ile-de-France, on dénombre 180 000 cas d'anorexie mentale chez les femmes et 19 000 cas chez les hommes. Les formes intermédiaires affectent 600 000 personnes, selon les chiffres rendus publics le réseau TCA d'Ile-de-France.
BELGIQUE MESURES DE PREVENTION POUR LES CHAUFFEURS
Stib : une cellule d'aide existe pour les chauffeurs victimes d'agression - lundi 26 mars 2012
Extraits - pour lire le texte en intégralité : http://www.rtbf.be/info/regions/detail_stib-une-cellule-d-aide-existe-pour-les-chauffeurs-victimes-d-agression?id=7737294
"Depuis trois ans, un soutien psychologique existe au sein de la Stib pour aider les chauffeurs et conducteurs victimes d'agression ou de chocs traumatisants
Les chauffeurs et conducteurs de la Stib font face à une augmentation du nombre d'agressions."
...
"Si l’augmentation des agressions concerne particulièrement les chauffeurs de bus, les conducteurs de métro ne sont néanmoins pas épargnés par les traumatismes, en cause généralement les tentatives de suicide.
François est conducteur de métro depuis treize ans, il a assisté à un suicide ainsi que plusieurs tentatives de suicide, et chaque fois, il a éprouvé le même sentiment d'impuissance "On ne sait rien faire. On ne sait malheureusement pas arrêter une rame de métro sur quelques mètres. On ressent donc une impuissance face à l’événement qu’on vit. Ce sont des événements qu’on garde en soi et qu’on va ressasser en permanence. On a un travail qui est très solitaire, en fait on est complètement seul. Quand on reprend le travail après un suicide ou une tentative de suicide et bien, on revit ces événements à chaque fois qu’on repasse au même endroit."
Les chauffeurs se soutiennent mutuellement
Aujourd'hui, François est volontaire pour intervenir auprès d'un collègue confronté au même traumatisme. Il explique pourquoi : "Premièrement parce que je l’ai moi-même vécu. J’ai déjà connu des tentatives de suicide et des suicides. Donc, évidemment, il y a un lien empathique qui se crée avec les personnes qui vivent la même chose. Et puis, deuxièmement, parce qu’il est difficile de laisser une personne victime d’un événement traumatisant seule… "
La Stib a choisi d'encourager ce soutien direct par des agents ayant vécu des expériences similaires, tout en développant par ailleurs une aide qui s'est professionnalisée. Les chauffeurs et conducteurs de la STIB, qui sont victimes d'agressions parfois traumatisantes, bénéficient en effet depuis trois ans d’un soutien psychologique au sein de la Stib. Encore faut-il que les agents concernés en aient connaissance et qu'ils osent y avoir recours…
Le nombre d'agression et leurs conséquences pour le personnel et le service ont progressivement amené la STIB à mieux prendre en charge ses agents victimes de chocs ou d'agressions. La nouvelle procédure prévoit, dans un premier temps, après l'incident, l'arrivée d'un collègue de la victime. C'est généralement quelqu'un qui connait bien la ligne et ses problèmes. Dans un 2ème temps, une conseillère sociale à la STIB va intervenir. Outre le fait de prendre des nouvelles, elle va orienter la victime dans les dédales des démarches administratives ou vers un soutien psychologique, jusqu'au moment où il faut envisager la reprise du travail. Noëlle Janssens, conseillère sociale à la Stib, raconte : " Lors de la reprise du travail, certains vont préférer recommencer directement sur la même ligne que celle où ils ont été agressés. Dans ce cas, ils recommencent par le plus difficile. D’autres vont, quant à eux, préférer éviter cet endroit critique."
Certains n'arriveront pas du tout à reprendre le travail en tant que chauffeur ou conducteur. Pour eux, il faudra un reclassement dans un autre service, sans contact avec la clientèle. Ils sont rares heureusement à le réclamer. La majorité de victimes d'agression reprend le travail le lendemain ou dans les quelques jours qui suivent l'incident…
Véronique Fiévet
Extraits - pour lire le texte en intégralité : http://www.rtbf.be/info/regions/detail_stib-une-cellule-d-aide-existe-pour-les-chauffeurs-victimes-d-agression?id=7737294
"Depuis trois ans, un soutien psychologique existe au sein de la Stib pour aider les chauffeurs et conducteurs victimes d'agression ou de chocs traumatisants
Les chauffeurs et conducteurs de la Stib font face à une augmentation du nombre d'agressions."
...
"Si l’augmentation des agressions concerne particulièrement les chauffeurs de bus, les conducteurs de métro ne sont néanmoins pas épargnés par les traumatismes, en cause généralement les tentatives de suicide.
François est conducteur de métro depuis treize ans, il a assisté à un suicide ainsi que plusieurs tentatives de suicide, et chaque fois, il a éprouvé le même sentiment d'impuissance "On ne sait rien faire. On ne sait malheureusement pas arrêter une rame de métro sur quelques mètres. On ressent donc une impuissance face à l’événement qu’on vit. Ce sont des événements qu’on garde en soi et qu’on va ressasser en permanence. On a un travail qui est très solitaire, en fait on est complètement seul. Quand on reprend le travail après un suicide ou une tentative de suicide et bien, on revit ces événements à chaque fois qu’on repasse au même endroit."
Les chauffeurs se soutiennent mutuellement
Aujourd'hui, François est volontaire pour intervenir auprès d'un collègue confronté au même traumatisme. Il explique pourquoi : "Premièrement parce que je l’ai moi-même vécu. J’ai déjà connu des tentatives de suicide et des suicides. Donc, évidemment, il y a un lien empathique qui se crée avec les personnes qui vivent la même chose. Et puis, deuxièmement, parce qu’il est difficile de laisser une personne victime d’un événement traumatisant seule… "
La Stib a choisi d'encourager ce soutien direct par des agents ayant vécu des expériences similaires, tout en développant par ailleurs une aide qui s'est professionnalisée. Les chauffeurs et conducteurs de la STIB, qui sont victimes d'agressions parfois traumatisantes, bénéficient en effet depuis trois ans d’un soutien psychologique au sein de la Stib. Encore faut-il que les agents concernés en aient connaissance et qu'ils osent y avoir recours…
Le nombre d'agression et leurs conséquences pour le personnel et le service ont progressivement amené la STIB à mieux prendre en charge ses agents victimes de chocs ou d'agressions. La nouvelle procédure prévoit, dans un premier temps, après l'incident, l'arrivée d'un collègue de la victime. C'est généralement quelqu'un qui connait bien la ligne et ses problèmes. Dans un 2ème temps, une conseillère sociale à la STIB va intervenir. Outre le fait de prendre des nouvelles, elle va orienter la victime dans les dédales des démarches administratives ou vers un soutien psychologique, jusqu'au moment où il faut envisager la reprise du travail. Noëlle Janssens, conseillère sociale à la Stib, raconte : " Lors de la reprise du travail, certains vont préférer recommencer directement sur la même ligne que celle où ils ont été agressés. Dans ce cas, ils recommencent par le plus difficile. D’autres vont, quant à eux, préférer éviter cet endroit critique."
Certains n'arriveront pas du tout à reprendre le travail en tant que chauffeur ou conducteur. Pour eux, il faudra un reclassement dans un autre service, sans contact avec la clientèle. Ils sont rares heureusement à le réclamer. La majorité de victimes d'agression reprend le travail le lendemain ou dans les quelques jours qui suivent l'incident…
Véronique Fiévet
La prévention du suicide et enjeux politiques
Suicides et tentatives à la région IDF: appel syndical à un rassemblement PARIS -
Quatre syndicats minoritaires d'agents territoriaux de la région Ile-de-France appellent à un rassemblement vendredi devant le siège de la collectivité pour dénoncer le manque de prise en compte de la souffrance au travail après plusieurs suicides et tentatives de suicides ces derniers mois.
Les agents de la région tant du siège que des lycées sont conviés à un rassemblement silencieux vendredi de 11h à 13h à proximité du Conseil régional à Paris, à l'occasion d'un Comité d'hygiène et de sécurité (CHS), ont indiqué mercredi les syndicats SUD, Synper (maison), Unatos-FSU et la CFTC dans un communiqué.
Des suicides et tentatives ont récemment eu lieu parmi les personnels (...). Nos organisations constatent tous les jours que la dégradation des conditions de travail a un effet direct sur la santé des personnels, écrivent-ils, ajoutant avoir à plusieurs reprises alerté sans effet la Région des grandes difficultés rencontrées par les agents.
Les syndicats demandent l'immédiate adoption d'un document de prévention des risques incluant une formation des responsables sur les risques psychosociaux sur la base du programme national contre le suicide.
Un tel document existe déjà, a assuré à l'AFP la vice-présidente en charge du personnel, Michèle Sabban (PS), choquée des propos de ce communiqué et de cet appel.
Elle a rappelé avoir tenu un CHS la semaine dernière à la suite d'une tentative de suicide d'un agent dans un lycée. J'y ai annoncé le recrutement d'une psychologue, a-t-elle ajouté, précisant que cinq médecins travaillaient dans les antennes et le siège de la région.
Mme Sabban recevra les organisations syndicales appelant à ce rassemblement avant la tenue du CHS, qu'elle préside et qui sera consacré à la présentation du bilan social de cette collectivité qui emploie 11.200 agents dans 482 lycées.
Dès le premier cas (de tentative de suicide, ndlr), j'ai pris la mesure, ce n'est pas une question de nombre. Je ne peux pas en accepter! Dès le premier cas, j'ai demandé aux antennes d'être en alerte, j'ai demandé au président d'ouvrir un poste de psychologue qui a été recrutée, a-t-elle poursuivi.
Pour Mme Sabban, on essaie au maximum, il peut y avoir carences qu'il faudrait renforcer, c'est certain, c'est le rôle aussi des organisations syndicales de faire remonter les problèmes et de nous aider à les résoudre.
(©AFP / 28 mars 2012 19h57)
source http://www.romandie.com/news/n/_Suicides_et_tentatives_a_la_region_IDF_appel_syndical_a_un_rassemblement39280320122000.asp?
Quatre syndicats minoritaires d'agents territoriaux de la région Ile-de-France appellent à un rassemblement vendredi devant le siège de la collectivité pour dénoncer le manque de prise en compte de la souffrance au travail après plusieurs suicides et tentatives de suicides ces derniers mois.
Les agents de la région tant du siège que des lycées sont conviés à un rassemblement silencieux vendredi de 11h à 13h à proximité du Conseil régional à Paris, à l'occasion d'un Comité d'hygiène et de sécurité (CHS), ont indiqué mercredi les syndicats SUD, Synper (maison), Unatos-FSU et la CFTC dans un communiqué.
Des suicides et tentatives ont récemment eu lieu parmi les personnels (...). Nos organisations constatent tous les jours que la dégradation des conditions de travail a un effet direct sur la santé des personnels, écrivent-ils, ajoutant avoir à plusieurs reprises alerté sans effet la Région des grandes difficultés rencontrées par les agents.
Les syndicats demandent l'immédiate adoption d'un document de prévention des risques incluant une formation des responsables sur les risques psychosociaux sur la base du programme national contre le suicide.
Un tel document existe déjà, a assuré à l'AFP la vice-présidente en charge du personnel, Michèle Sabban (PS), choquée des propos de ce communiqué et de cet appel.
Elle a rappelé avoir tenu un CHS la semaine dernière à la suite d'une tentative de suicide d'un agent dans un lycée. J'y ai annoncé le recrutement d'une psychologue, a-t-elle ajouté, précisant que cinq médecins travaillaient dans les antennes et le siège de la région.
Mme Sabban recevra les organisations syndicales appelant à ce rassemblement avant la tenue du CHS, qu'elle préside et qui sera consacré à la présentation du bilan social de cette collectivité qui emploie 11.200 agents dans 482 lycées.
Dès le premier cas (de tentative de suicide, ndlr), j'ai pris la mesure, ce n'est pas une question de nombre. Je ne peux pas en accepter! Dès le premier cas, j'ai demandé aux antennes d'être en alerte, j'ai demandé au président d'ouvrir un poste de psychologue qui a été recrutée, a-t-elle poursuivi.
Pour Mme Sabban, on essaie au maximum, il peut y avoir carences qu'il faudrait renforcer, c'est certain, c'est le rôle aussi des organisations syndicales de faire remonter les problèmes et de nous aider à les résoudre.
(©AFP / 28 mars 2012 19h57)
source http://www.romandie.com/news/n/_Suicides_et_tentatives_a_la_region_IDF_appel_syndical_a_un_rassemblement39280320122000.asp?
jeudi 22 mars 2012
MANIFESTATION MARTIGUES
Le Réseau Santé Ouest Etang de Berre (RSOEB), Dans le cadre du Projet Prévention de la Crise Suicidaire 2012 vous invite à une
Matinée Ciné-Débat « FACE AU SUICIDE DES JEUNES… »
Mardi 10 Avril 2012 de 09h00 à 12h00
Salle Hurard – Maison du Tourisme de Martigues
Projection du film « VIRGIN SUICIDES » de Sofia Coppola, suivi d'un débat animé par Mme Marie-Josée Clamens-Guey, psychanalyste.
« Sofia Coppola pour son premier long métrage VIRGIN SUICIDES nous dessinent cinq merveilleuses autant que mystérieuses adolescentes devant un profond malaise. Ce mal-être n'est autre que la sexualité envahissante des filles LISBON.A cette violence que nul dialogue parental apaise nous voyons le conflit quasi exemplaire ravageant mis en place au nom de l'amour par la mère. Le suicide final s'il nous laisse sans voix* nous permettra d'ouvrir un certain nombre de questions en cours de travail dans ce réseau... » M.J. Clamens-Guey
Entrée libre – Réservée aux professionnels - Pour y participer, merci de vous inscrire auprès du RSOEB :
Tél. 04 42 44 11 62 Mail : rsoeb@wanadoo.fr - http://rsoeb.org
Matinée Ciné-Débat « FACE AU SUICIDE DES JEUNES… »
Mardi 10 Avril 2012 de 09h00 à 12h00
Salle Hurard – Maison du Tourisme de Martigues
Projection du film « VIRGIN SUICIDES » de Sofia Coppola, suivi d'un débat animé par Mme Marie-Josée Clamens-Guey, psychanalyste.
« Sofia Coppola pour son premier long métrage VIRGIN SUICIDES nous dessinent cinq merveilleuses autant que mystérieuses adolescentes devant un profond malaise. Ce mal-être n'est autre que la sexualité envahissante des filles LISBON.A cette violence que nul dialogue parental apaise nous voyons le conflit quasi exemplaire ravageant mis en place au nom de l'amour par la mère. Le suicide final s'il nous laisse sans voix* nous permettra d'ouvrir un certain nombre de questions en cours de travail dans ce réseau... » M.J. Clamens-Guey
Entrée libre – Réservée aux professionnels - Pour y participer, merci de vous inscrire auprès du RSOEB :
Tél. 04 42 44 11 62 Mail : rsoeb@wanadoo.fr - http://rsoeb.org