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samedi 28 janvier 2012

ARTICLE PRESSE Suicide de jeunes Les associations veulent alerter les candidats à la présidentielle.

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Une dizaine de passages à l’acte d’adolescents, dès 12 ans, a eu lieu depuis le début de l’année. Les associations veulent alerter les candidats à la présidentielle.

Florence Deguen | Publié le 28.01.2012, 08h14

Pauline, Damien, Oscar… Les prénoms s’enchaînent et finissent par composer une liste insoutenable : celles des adolescents qui se sont donné la mort depuis le début de l’année. Une dizaine de suicides violents, soudains, sidérants, chez des « presque enfants », à l’image du collégien de 12 ans qui s’est jeté sous un train mercredi soir en gare d’Aix-en-Provence.

En préambule à la Journée nationale de prévention du suicide, le 7 février, l’association Phare Enfants-Parents* va donc demander aux candidats à la présidentielle de s’engager. Dans une lettre ouverte qui leur sera adressée la semaine prochaine, elle leur rappellera notamment que le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les jeunes en France juste après les accidents de la route… alors que le budget de la sécurité routière est trente fois supérieur à celui consacré à la prévention du suicide.

La corde ou l’arme à feu comme moyens, le dépit amoureux ou le harcèlement comme causes : les adolescents semblent désormais calquer leur désespoir sur celui des adultes, jusqu’à choisir massivement, comme eux, ce mois de janvier froid et sombre qui succède aux fêtes de famille tendues ou solitaires.

« Les suicides des jeunes n’augmentent pas et seraient même plutôt en baisse » avance Thérèse Hannier, présidente de l’Union nationale pour la prévention du suicide. « On reste autour d’une trentaine par an pour les moins de 15 ans, contre 600 environ pour les 15-24 ans. Mais les chiffres les plus récents datent de 2009 et c’est vrai qu’on constate tous un net rajeunissement du mal-être… et ça, c’est très préoccupant. » Sur la ligne d’écoute de l’association Phare Enfants-Parents, dont elle est à l’origine, il n’est plus rare qu’une maman affolée appelle parce que sa fille de 8 ans lui dit « qu’elle veut mourir ». Ou un papa désemparé dont le fils de 10 ans et demi a tous les symptômes d’une grave dépression. Les clignotants s’allument de plus en plus tôt, au travers de conduites à risques qui sont très évocatrices lorsqu’elles se répètent : scarification, jeu d’étranglement, alcoolisation massive… « Il ne faut pas créer une psychose et dire aux parents : attention, en ce moment tous les enfants sont suicidaires! » insiste cette grande militante de la prévention du suicide. « Mais ces SOS précoces ne doivent pas être pris à la légère. Ils sont là pour nous interpeller et c’est aux adultes de réagir. Pourquoi nos enfants sont-ils imprégnés d’une telle violence? On est dans une société morbide, même les clips de prévention du suicide sont sanguinolents! Il y a un énorme ménage à faire dans la formation et l’information. »

* Phare enfants-parents : 0.810.810.987.


Les signes qui doivent inquiéter
Certains comportements peuvent permettre de détecter un mal-être chez certains enfants et adolescents.

Il y a toujours des signes… C’est à la fois terrible et rassurant : pour le psychiatre Xavier Pommereau, qui reçoit de nombreux gamins en détresse à la maison des adolescents de Bordeaux, un enfant ou un adolescent à risque suicidaire envoie toujours des signaux préalables… « Même si l’entourage n’est pas forcément le mieux placé pour les percevoir, les parents sont souvent effarés de n’avoir rien vu », reconnaît-il. Il n’empêche : proches, profs, copains peuvent repérer que ça ne va pas. En cas de doute, il ne faut pas hésiter à sonder les tiers. D’où l’intérêt d’être tous sensibilisés au risque.

Ce qui alerte : la répétition. Il faut distinguer l’ado gothique qui va se saouler une fois dans l’été, mais reste globalement joyeux et entouré d’amis… et celui qui broie du noir à longueur de journée, vide régulièrement une bouteille de vodka seul dans sa chambre puis se met en danger en montant sur le toit, celui qui finit systématiquement les soirées ivre mort… « Toutes les conduites de ruptures répétées sont alarmantes, assure le psy. Surtout si elles s’additionnent au propre comme au figuré : la gamine qui part sans dire où elle va, se scarifie, se coupe du monde, a des accidents fréquemment, se déchire le samedi soir. »

Les raisons sont toujours profondes. On ne se suicide pas pour un chagrin d’amour, une brimade ou une mauvaise note en maths… « A 13 ans une histoire d’amour dure trois semaines et la rupture fait partie du quotidien », rappelle le psy. Heureusement, rares sont les ados amoureux éconduits qui se suicident… Mais pour certains, qui vont très mal par ailleurs, c’est un facteur déclenchant. « Derrière tous les suicides, il y a une cause profonde, traumatique, quelque chose qui attaque l’identité : orientation sexuelle mal assumée, violences sexuelles subies dans l’enfance, flou identitaire lié à une adoption ou à un secret de famille, handicap ou complexe physique. »

Le suicide n’est pas contagieux. Pour Xavier Pommereau, ce n’est pas le fait d’en entendre parler autour d’eux ou dans les médias qui donne des idées de suicide aux jeunes, même aux très jeunes. Ils sont éventuellement influencés par la noirceur du monde dans lequel ils vivent, par des héros négatifs, mais ce n’est pas parce qu’un gamin s’est suicidé la veille à l’autre bout de la France qu’un autre va oser passer à l’acte lui aussi. « En revanche, ce qu’on surveille de près, conclut-il, ce sont les rendez-vous macabres. Des rencontres fortuites, souvent sur Internet, entre des jeunes qui vont mal et qui se donnent mutuellement le courage de passer à l’acte. »


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