Le vendredi 11 et samedi 12 octobre 2013, s’est tenu à la Maison de la
Chimie à Paris, ce colloque organisé par l’équipe de recherche du CNAM,
en « Psycho-dynamique du travail et de l’action », ainsi que par
d’autres organisations.*
Après ces deux journées où étaient réunies près de 800 personnes de
formation différente, sommes-nous venus à bout de la question principale
concernant l’étiologie, c’est-à-dire les processus en cause dans la
genèse des suicides au travail ? Cette question soulève des problèmes
inédits qui font l’objet de controverses avec la psychiatrie et la
psychanalyse d’une part, avec la théorie sociale d’autre part.
Des réponses se font jour pourtant puisqu’une étape supplémentaire a été
franchie. On peut en effet, aujourd’hui, retourner la violence de
l’organisation du travail contre soi jusqu’à en mourir et en témoigner
publiquement par une mise en scène qui sensibilise de plus en plus
l’espace public et celui du droit. Des actions originales de résistance
et de désobéissance sur le terrain du travail se manifestent dans le
champ de la culture qui pourrait nous faire penser que nous
souhaiterions nous réapproprier, par une action rationnelle, notre
rapport au travail. Les débats et conférences de ce colloque nous en
indiqueront-ils les enjeux possibles ?
Les morts par suicide ne sont pas que franco-français comme nous le
dirons les chercheurs et praticiens venus de Brasilia, Bruxelles,
Louvain, Sydney, Taïwan, Genève, Francfort, Porto, Rome, Mexico, Le
Québec, Athènes, São Paulo, Ottawa.
De la salle, j’ai essayé d’enregistrer quelques
idées-clefs extraites des analyses et questions qui ont sous-tendues les
riches travaux des intervenants. Rien d’exhaustif ne sera produit ici,
seulement quelques échos qui pourraient relancer notre propre
questionnement sur un sujet qui reste malgré tout tabou. Faire trace et
témoignage de ce travail, telle sera ma contribution singulière à
l’action menée. Ainsi, une large diffusion de ce recueil de données sera
faite sur mon blog et par d’autres canaux de communication afin de
mieux outiller notre pensée pour participer à notre tour à la prévention
de ce fléau des temps modernes.
Christophe DEJOURS, Chercheur au CNAM, ex-psychiatre, psychanalyste, Directeur de la revue « Travailler », va ouvrir ce colloque par ces propos:
- Ce n’est pas le suicide qui nous réunit aujourd’hui mais le
travail. L’être humain serait-il défini en laissant de côté le rapport
qu’il entretient avec le travail ou au contraire, faut-il considérer le
rapport au travail comme une dimension irréductible et inséparable de
l’existence humaine ? Pourquoi cette question ? L’apparition des
suicides sur les lieux de travail suggère que le psychisme au travail
est tellement important dans la vie qu’il peut parfois devenir une
question de vie ou de mort. Est-ce le cas pour certaines personnes
seulement ? Est-ce le cas dans certaines situations de travail
uniquement ? Ou bien au contraire le suicide au travail ne fait-il que
réveiller une dimension méconnue du travail, à savoir que le travail
joue un rôle organisateur central dans toute vie humaine ? S’il est un
médiateur incontournable dans la dynamique santé-maladie, doit-il être
considéré comme un malheur ? La malédiction apportant ce malheur
serait-elle à l’œuvre ?
- Si le travail peut générer le pire, le pire c’est la mort, par
accident du travail, par maladie professionnelle et aujourd’hui donc par
suicide, il peut aussi générer le meilleur. Considéré aussi comme une
épreuve, l’épreuve de soi nous transforme, nous grandit, le travail
peut-être donc un médiateur irremplaçable dans la construction de la
santé et de l’accomplissement de soi.
- L’objet de réflexion qui nous réunit ce jour, est particulièrement
pénible, il a de quoi nous rendre tous pessimistes. Des sentiments comme
la stupéfaction, l’indignation, l’accablement, la colère, l’angoisse
s’emparent de nous quand la mort frappe de cette façon. Pour penser sa
prévention il va falloir aller au-delà des sentiments et analyser qui
est responsable quand un travailleur passe par cet acte
d’autodestruction. La mort ne vient pas de l’extérieur mais d’un geste
intérieur de l’individu, ce n’est pas un accident du travail ou une
maladie, c’est le sujet qui commet l’acte meurtrier. Alors est-il
seulement possible que le travail puisse engendrer un acte suicidaire ?
C’est la question. Dans un certain nombre de cas, nous avons des lettres
qui accusent l’institution de l’avoir acculé au suicide, il est donc
primordial d’étudier cet acte.
- Peut-on croire ? Doit-on croire ? Peut-on admettre que les contraintes
de travail puissent avoir sur l’individu des effets si puissants
qu’elles renversent sa volonté de vivre en volonté de se tuer soi-même ?
Si cette mutation est possible, qu’est-ce-qui dans le travail possède
ce pouvoir de faire basculer le désir de vivre en son contraire ?
- Or c’est seulement à la fin des années 1990 que les suicides sur le
lieu de travail ont commencé à être connus. Nous connaissons bien les
suicides des agriculteurs qui ont lieu sur leur milieu de travail où ils
partagent aussi leur vie. Aujourd’hui nous en parlerons peu, nous
évoquerons davantage les suicides qui ont lieu spécifiquement sur les
lieux de travail des gens de l’industrie et des services qui constituent
la majorité des emplois dans nos pays d’Europe.
- Si le travail peut aujourd’hui pousser un certain nombre d’individus à
se suicider, il devient absolument nécessaire que nous trouvions les
moyens d’arrêter ce désastre et de dégager des voies qui permettront de
réorienter l’évolution du monde du travail, faisant en sorte qu’au lieu
de pousser à la mort, il soit à nouveau mis au service de la vie, de la
culture et du vivre ensemble.
- Nombre de voix s’élèvent pour nier toute responsabilité du travail
dans l’apparition des suicides sur les lieux de travail. On nie
aujourd’hui le rôle du travail dans l’étiologie du suicide dont on
affirme qu’il ne peut être dû qu’à des conflits prenant naissance dans
l’espace privé ou dans la petite enfance. Nous ne perdrons pas de temps à
répondre à ces argumentations qui relèvent, comme avec celles mises en
avant pour l’amiante et les troubles musculo-squelettiques, de la
mauvaise foi. Nous n’éviterons pas pour autant les débats
contradictoires entre nous, bien au contraire.
- Il est probable que la plupart de celles et de ceux qui se sont
inscrits à ce colloque, sont plutôt portés à prendre au sérieux,
l’hypothèse d’une responsabilité des contraintes au travail
contemporain, dans l’apparition des suicides. Mais cela n’implique pas
pour autant que tous les doutes soient levés, même si les contraintes au
travail ont une responsabilité dans ces suicides il y a de nombreuses
questions à examiner sur les processus en cause qui ne sont pas toutes
éclaircies de façon satisfaisante et qui font l’objet d’interprétations
contradictoires entre les chercheurs. Nous avons donc pris l’initiative
de demander à un certain nombre de chercheurs de différents pays du
monde de réfléchir avec nous sur toutes ces questions.
ÉTAT DE LA RECHERCHE INTERNATIONALE SUR LE SUICIDE AU TRAVAIL
Hsin-Hsing CHEN, is an associate professor of the Gruaduate Institute for Social transformation studies at Shilh-Hsin University (Taipei).
A la limite du monde matériel : deux cas de troubles psycho sociaux reconnus par le droit taiwanais.
Abstract
L’auteur de cet article, Hsin-hsing CHEN, retrace dans le détail
l’histoire de deux cas phares concernant les problèmes de Santé et
Sécurité au Travail (SST), dans de grandes entreprises de Taïwan.
Le premier cas concerne la dépression chronique sévère de Chen Chio-Lien
(Chen), une salariée employée par l’une des plus puissantes entreprise
d’électronique du monde, qui se serait manifestée à la suite du stress
et des injustices, qu’elle aurait subis sur son lieu de travail. La
tentative de suicide de Mme Chen a poussé les Comités de SST à
déterminer des critères pour identifier les troubles psychiatriques des
salariés liés au travail.
Le deuxième cas, concerne Chang Pei-Feng (Chang), un jeune travailleur
employé par la raffinerie Formosa Plastics, qui s’est suicidé en signe
de protestation contre les manquements de cette société à respecter la
réglementation en matière de SST. Son suicide a été reconnu comme un
risque professionnel.
Le concept politique de « culture visuelle » utilisé par Yaron Ezrahi,
permet d’analyser les normes et pratiques des institutions taiwanaises
inscrites dans la tradition judicaire civiliste.
L’environnement social hostile au travail peut-être très douloureux pour
les travailleurs et les conduire jusqu’au suicide. La poésie, les
œuvres d’art témoignent de ce genre d’expériences fatales.
Taïwan a été parmi les pays où la maladie mentale liée au travail et le
suicide n’étaient pas reconnus légalement comme risques professionnels.
Les deux cas reportés ici ont réussi à changer la donne.
L’auteur a été amené à découvrir ces deux affaires lors d’une recherche
pluridisciplinaire de 3 ans qui portait sur l’interface entre la
science, la société et l’Etat à Taiwan. Alors que ses collègues se sont
intéressés à examiner le système d’un point de vue environnemental, il
s’est lui focalisé sur la question des maladies professionnelles. Si les
problèmes qui touchent à l’environnement sont bien souvent visibles,
ceux qui concernent les maladies professionnelles restent bien souvent
confinés derrière les portes des groupes d’experts et des tribunaux.
Si ces deux exemples sont à rapprocher, ils se différencient pourtant
par leur niveau de visibilité au sein de la société. Dans le monde
d’aujourd’hui, la visibilité sociale d’un problème passe par sa
médiation et par la technologie. Un évènement est rendu « visible »,
rapidement, car il est partagé à travers les média-sociaux, commenté
dans les blogs, alors qu’il n’existe en fait que très peu de témoins
directes de l’évènement en question. L’auteur, va utiliser des outils
conceptuels développés par la science des Etudes technologiques pour
analyser les infrastructures institutionnelles.
La Sante et Sécurité au Travail à Taiwan
Malgré les reformes qui ont été mises en place il y a une vingtaine
d’années, le système de SST à Taiwan est encore perçu comme opaque,
complexe et ineffectif par les Taiwanais.
L’auteur décrit ensuite le système de SST qui a pour but d’indemniser
les salariés victimes d’accidents ou souffrant de maladies liées au
travail.
La procédure devant le comité d’experts est écrite et se fait sur
pièces. Les décisions du comité demeurent confidentielles et ne sont pas
publiques, alors que les décisions des cours et tribunaux sont au
contraire publiques.
Les maladies liées au travail sont très peu reconnues à Taiwan. De 2003 à
2012, seulement 46 cas de cancers ont été reconnus comme liés au
travail. Cela étant, il va de soi qu’une maladie mentale sera encore
plus difficilement reconnue comme liée au travail.
L’auteur nous décrira par le menu le cas de Chen Chiao-Lien ( Entreprise
électronique, Unitech Printed Circuit Board Corp), et celui de Chang
Pei-Feng ( Raffinerie Formosa Plastic).
Construction culturelle de la visibilité
La différence entre ces deux cas est leur degré de visibilité respectif.
Le cas de Chang a été très médiatisé, alors que celui de Chen est resté
inconnu du public pendant les 6 ans que durèrent sa procédure
d’indemnisation.
Si le cas de Chang présente la caractéristique d’être plus « théâtral »
dans la façon dont il s’est déroulé, celui de Chen est au contraire plus
« mécanique » dans son déroulement. Ces deux caractéristiques font
partie selon Ezrahi de « modes de reconnaissances de la culture visuelle
».
Selon Ezrahi, bien qu’il y ait un antagonisme certain entre les idées de
Boyle et de Hobbes, l’apport de ces deux philosophes fait partie
intégrante du champ politique des Etats modernes d’aujourd’hui dont les
institutions présentent aussi bien un aspect théâtral (dans le cadre du
procès judicaire) qu’un aspect mécanique (comme par exemple dans la
conception de Jefferson de la constitution des Etats-Unis qui
fonctionnerait d’elle-même comme une horloge).
Le monde étant devenu de plus en plus complexe, l’homme moderne ne peut
plus en avoir une vision d’ensemble et, dès lors, faire appel à la
science ou à la technologie pour comprendre des faits qui ne sont pas
immédiatement visibles est devenu réalité quotidienne. C’est dans cette
perspective que s’inscrit l’appel à la science pour établir le lien de
causalité exigé par le droit taiwanais pour reconnaitre la maladie liée
au travail.
La boîte noire comme un moyen d’atteindre l’objectivité
La raison principale pour justifier de la confidentialité des
délibérations d’ institutions est l’idée selon laquelle une décision
sera d’autant plus rationnelle qu’elle a été prise au sein d’une boîte
noire. Cette idée se retrouve dans la culture visuelle que l’on vient
d’évoquer et peut se justifier par la croyance selon laquelle l’expert
voit au-delà de que peut voir l’homme commun.
Le système judiciaire taïwanais d’inspiration civiliste a été modelé sur
les systèmes judiciaires allemand et japonais. Selon Merryman et
Perez-Perdomo le système de la common law fait appel à la concentration
(temporelle), à l’immédiateté (de l’espace) et à l’oralité. Par
contraste, un système judicaire de culture civiliste se détache des
caractéristiques liées à la théâtralité: il y a un manque de
concentration du temps ; la preuve écrite est préférée à la preuve
orale.
Ces caractéristiques se sont développées pour assurer que la justice se
fasse au sein du système judiciaire. Un mettant en place « un rideau
documentaire » entre le juge, les parties et les témoins, on évite que
le juge ne tombe sous l’influence du comportement des gens, des
tentatives de corruption ou de manipulation des puissants.
Le système judiciaire taïwanais est d’inspiration germanique dans le
sens où il utilise une langue technique et abstraite éloignée du langage
courant. Le juge a la « liberté d’appréciation de la preuve » ; il
décide en toute rationalité.
Cependant, il faut bien convenir qu’un système purement mécanique et la
technique de la boite noire qui lui est associée apparaissent pour le
moins incongrus pour aborder les questions de la maladie mentale et du
suicide. Il va en effet sans dire que la manière la plus efficace pour
déceler la souffrance d’autrui est de faire appel a son ressenti.
Pour conclure : la lecture de la souffrance psychologique
L’état du développement des sciences ne permet pas de lire avec
fiabilité la psyché d’un individu : la technique de l’IRM n’aborde la
psyché que sous l’angle de la neurologie ; le détecteur de mensonge est
une technique qui n’est pas encore fiable.
Influencés par la culture visuelle qui prévaut dans nos sociétés
modernes, il n’est pas surprenant de concevoir que certains praticiens
rêveraient d’avoir à leur disposition une technique d’imagerie qui leur
permettrait de lire la maladie ou la souffrance mentale sous une forme
graphique. Si une telle imagerie existait, la force d’une telle image
serait beaucoup plus convaincante qu’un discours.
Si la souffrance physique apparaît plus réelle et concrète que la
souffrance mentale, ceci est le résultat de l’infrastructure des champs
politique social et culturel qui prévaut sur l’expression du symptôme
lui-même.
Traduction effectuée par Mathieu DOUBLET, avocat international
Paul JOBIN, Chercheur, Professeur en sociologie du Japon à
l’Université Paris Diderot, nous présente son enquête réalisée au Japon :
- On se suicide par surtravail au Japon, l’over-work, ce qui signifie
intensification des tâches, contraintes de temps, quantité d’heures
supplémentaires, 140 H par mois c’est courant, 6 jours sur 7 sur une
semaine de 40 heures.
- Conséquences : toutes les catégories d’emplois sont touchées par le
Karoshi, qui est un surmenage généralisé : kar = trop, o = travail, shi =
mort.
- En 1990, c’est la première reconnaissance du mal : le karoshi. On
meurt par maladie cardio-vasculaire, on reconnaît donc cet infarctus
comme maladie professionnelle, au même titre que maintenant la mort, par
la maladie de l’amiante chez nous.
- Hsin-Hsing CHEN de Taïwan et Jong Min WOO de la Corée du Sud, nous
diront combien les avocats se mobilisent aussi à partir de ces épidémies
de Karoshi qui auront un retentissement mondial.
- Ce qui est en trop dans le surtravail, ce sont les heures
supplémentaires, avec les conséquences qui révèlent d’autres aspects
comme l’impact du travail de nuit, les cotations de travail élevées.
Pourtant, on rencontre un déni systématique opéré par les cadres qui
s’accrochent à refuser l’évidence, pourquoi ?
- Les entreprises ont des intérêts économiques forts, du coup, le
management manipule les calculs des heures supplémentaires. On assigne
les tâches de façon informelle, on réduit volontairement le personnel à
travailler à flux tendus. Les systèmes d’évaluation sont appliqués de
manière vague, c’est son mode et les critères retenus qui sont
problématiques. On a tendance à surmédicaliser les gens dépressifs.
- La reconnaissance du karoshi a permis de sortir le suicide d’une
attribution psychiatrique. Les statistiques réalisées par la police sont
plus élevées que celles du Ministère de la santé, sur huit catégories
de suicide, la 1ère concerne la santé, la 2ème l’économique, la 3ème la
famille, la 4ème cause est liée au travail. Ces problèmes s’ajoutent à
ceux posés par le surtravail des longues journées effectuées. Ce tableau
nous laisse interdit n’est-ce-pas ?
Loïc LEROUGE,
chargé de recherche au CNRS, docteur en droit, intervenant pour la
France nous parlera de la santé au travail à travers une perspective
juridique.
- La santé au travail nous touche collectivement au point qu’un
Observatoire va être mis en place par le Ministère en janvier 2O14,
c’est une bonne nouvelle. En 2O12, un droit d’alerte du salarié pour les
entreprises de plus de 50 salariés a été donné par le code du travail.
La gestion des risques est en prévention, les critères sont nommés,
dorénavant le travail pourrait être à la source d’un acte suicidaire qui
ne serait pas que personnel. L’employeur doit avoir connaissance des
appels à l’aide.
- La surcharge quantitative et qualitative est elle aussi à l’examen en
France. Cette autonomie laissée à chacun pour qu’il puisse répondre au
mieux aux exigences de la production présente de réelles difficultés, ce
sont des formes qui sont difficiles à repérer et néanmoins ont un effet
délétère sur la santé psychique d’un salarié qui va s’engager dans un
travail qui souvent le déborde avec l’incapacité de faire face sans se
nuire à soi-même.
Angelo SOARES, est professeur au Département
d’Organisation et ressources humaines de l’Ecole des Sciences de la
Gestion à l’Université du Québec à Montréal – UQAM.
-Il conduit des recherches sur le harcèlement moral, les violences au
travail, les émotions et la santé mentale au travail. Il est sociologue
du travail et il a complété son stage de post-doctorat à l’UQAM. Il est
membre de l’Institut Santé et Société et du Centre de recherche et
d’intervention sur le suicide et l’euthanasie- CRISES à l’UQAM. Il a été
chercheur invité à l’Equipe GTM – Genre Travail Mobilités du CNRS de
septembre à décembre 2008 et professeur invité à l’Université de Sao
Paulo en 2009 et en 2013.
- Il a illustré son propos par des schémas et tableaux qui traduisent
bien sa recherche, voici quelques informations photographiées à l’écran
:
-
- Angelo SOARES-01
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- Angelo SOARES-02
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- Angelo SOARES-03
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- Angelo SOARES-04
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- Angelo SOARES-05
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- Angelo SOARES-06
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- Angelo SOARES-07
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- Angelo SOARES-08
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- Angelo SOARES-09
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- Angelo SOARES-10
Jong Min WOO, est psychiatre, Professeur à
l’University School of Medicine de Séoul en Corée du Sud. Ses travaux
portent sur l’épidémiologie, les actions de prévention en matière de
santé mentale, ainsi que les effets de l’organisation du travail sur la
santé mentale. Il est l’auteur de nombreuses publications.
- Sa transmission se fera par quelques schémas et graphiques
photographiés de la salle, à défaut d’avoir pu enregistrer son
intervention.
-
- État actuel des problèmes concernant la santé et le suicide au travail en Corée
-
- 4ème cause de mortalité
-
- taux de suicide au sein de l’OCDE
-
- taux de suicide au sein de l’OCDE
-
- suicide et dépression
-
- dépression et stress chez les managers
-
- taux maximal de stress lié au travail
-
- les Sociétés utilisent de plus en plus les progrès de l assistance…
Concernant l’intervention du chercheur Thung-Hong LIN la
traduction captée est inaudible, donc absente, à mon grand regret.
Heureusement Michel Debout discutant nous fera une synthèse générale de
cette première matinée.
Michel DEBOUT, Professeur de Médecine Légale et de Droit de la Santé au CHU de Saint Etienne.
En quelques mots : dans les interventions des chercheurs de l’Asie,
ce qui frappe c’est la similitude repérée dans ces pays et ceux de
l’Amérique du nord ou en France. Les deux problématiques qui surviennent
partout sont :
- La solitude comme ressource tarie de l’échange avec ses camarades.
- L’incapacité de pouvoir compter sur l’autre, mettre en commun ce que
l’on se dit, de se trouver les uns contre les autres et non Avec.
La question du lieu, de l’image sociale au travail est une question
clef. Il ne s’agira pas de confondre causalité et prévention. La
causalité a à voir avec la démarche de la reconnaissance. Un suicidé a
une histoire et toute histoire est éclairante, c’est à partir de cette
lecture là qu’on pourra pointer s’il s’agit de harcèlement, mutation
forcée, discrimination, manque de ressource collective, et à partir de
là, mettre réellement en place la prévention qui s’impose.
ÉTIOLOGIE DU SUICIDE
Bernard ODIER, psychiatre-psychanalyste, directeur de
la Polyclinique de l’association santé mentale du 13e arrondissement de
Paris (ASM 13), présentera une approche du suicide par la psychiatrie.
- Il fera un petit détour historique en passant par la conception
religieuse du suicide au 17ème siècle qui prévaut comme pêché, si ce
n’est pas un crime voire un sacrifice, et finira par Philippe Pinel,
médecin idéologue, qui créa des maladies mentales, et établit ce lien
mélancolie et suicide.
- Ensuite, il annoncera ce chiffre énorme de 300 000 tentatives de
suicides par an en France avec une intense activité du Samu et des
services de réanimation. Ces suicides se différencient, on y trouve des
tentatives volontaires, des para-suicides (accidents après alcoolisation
par ex.), des kamikazes, des martyres qui malgré leur provocation à la
guerre peuvent s’apparenter au suicide. Il y a aussi un noyau dur de 10
000 suicides, ceux qui tuent leur proche et eux-mêmes ensuite, d’où la
question : y-a-t-il des suicides normaux ?
- Il n’est pas facile d’identifier les facteurs qui ont précédé le
suicide, comme facteurs qui peuvent agir de façon latente. Il ne s’agit
pourtant pas de « psychoter » sur le thème des idées noires ! Il y a un
désespoir proportionnel aux attentes des gens et des intellectuels, le
déclassement, faire le bilan peut être fatal.
Annie BENSAID, psychiatre, psychanalyste en
formation à l’AFP, discutante posera la question de la causalité
psychopathologique ou l’effet des conditions de travail sur l’individu.
- Il est important d’écouter le discours et la subjectivité dans ses
différentes formes réactionnelles, violentes à des modes de vie
décourageants qui poussent à la tentative de suicide. Le message est
toujours adressé, il s’agit d’en accuser réception, d’en décrypter le
sens. Que revendique le sujet quand il se suicide ? Y aurait-il une
pathologie existante dont les conditions de travail auraient un rôle à
jouer sur le sujet ? Le contexte est impérativement à prendre en compte
car il peut avoir une incidence psychopathologique lui aussi.
- Elle nous fait remarquer que le savoir psychiatrique est en lui-même
imparfait. Le suicide au travail se situe-t-il en interne ou en externe
ou du côté des deux ?
« Que veut-on tuer quand on veut se donner la mort ? » dira St Thomas.
Les suicides raisonnés, philosophiques nous enseignent aussi. Hegel disait déjà :
« La mort est le travail suprême de l’individu contre la communauté. »
Isabelle GERNET, psychologue clinicienne et maître
de conférences en psychologie clinique à l’université Paris Descartes,
co-rédactrice en chef de la revue « travailler »,
par son approche psycho-dynamique du travail, nous parlera justement de
l’introduction des nouvelles méthodes qui s’accompagnent de l’apparition
de modification de la subjectivité en milieu hospitalier.
- Des soignants expriment une grande souffrance et relatent des épisodes
de décompensation inattendus de certains collègues ainsi que des
dysfonctionnements de l’organisation du travail, qui ont de graves
conséquences sur les soins donnés aux patients. Le travail ne peut
jamais se réduire à une pure activité de production d’un service mais
l’engagement subjectif dans la tâche, le travail effectif mobilise
l’ensemble de la personnalité avec la possibilité par exemple de
l’accomplissement de soi. L’évaluation va mesurer les effets des
méthodes de gestion qui prônent le travail prescrit et non pas le
travail effectif, invisible, non codifié pour essayer d’atteindre les
objectifs prévus. Les tarifs fixés, chaque prise en charge est désormais
contaminée par une gestion à suivre même si cela s’avère impossible.
Une gestion qui vise à réduire le coût des séjours et à optimiser le
plein emploi demande aux soignants un savoir faire ingénieux, inscrit
nulle part, discret pour faire face aux imprévus en ajustant les
pratiques. Le savoir faire des corps se développe en réponse à des vécus
incohérents où l’ordinateur fait autorité, annulant arbitrairement
toute communication ou échange pour parler des conflits, des problèmes
d’organisation dans l’exercice des soins quotidiens. Que sont alors
devenues les règles communes que nous appelons règles du métier ?
Christophe DEJOURS, titulaire de la chaire
Psychanalyse-Santé-Travail au CNAM, membre adhérent de l’Institut de
Psychosomatique de Paris, va conclure cette première journée.
Si le travail joue un rôle majeur dans l’apparition du suicide au
travail, l’analyse des processus en cause nous indique déjà des écarts,
des contradictions dans la clinique, la pratique et la théorie. Le
suicide au travail serait-il spécifiquement français ? Oui selon trois
critères :
- Les Français accordent dans leur vie une place plus importante que les autres au travail.
- Les Français sont les plus grands consommateurs de psychotropes du monde.
- Les Français sont les plus pessimistes.
Ces statistiques prêtent à caution, à l’écoute de ce qui a été dit par
les chercheurs présents ici. Les suicides au travail ne se
présentent-ils pas de façon identique dans différents pays ?
En Asie, la surcharge du travail est une issue fatale, en France c’est par l’organisation du travail que ça se recoupe.
- Reconnaître la responsabilité qui revient au travail fait réagir les
forces hétérogènes telles que les assurances, les syndicats, les juges,
le droit qui s’invitent sur le sujet. Si les conduites sont différentes
chez les travailleurs de chaque pays, l’élément commun c’est l’évolution
de l’organisation du travail. Quelle place réserve t- elle à la
psychologie individuelle ?
- Les déterminismes directs des contraintes sur le sujet engendrent la
peur. Abandonner la thèse psychiatrique et les déterminismes
psychopathologiques renvoie à une réponse prudente. La thèse
multifactorielle du suicide est inacceptable. Les déterminants de la
maladie mentale ne se coordonnent pas avec les mécanismes
professionnels. La plupart des malades mentaux ne travaillent pas et
parfois n’ont jamais travaillé. Certains suicides ne présentent aucune
trace psychopathologique.
- Pour qu’un individu en vienne à se suicider à cause d’une surcharge de
travail ou une discipline imposée par le management, il faudra que ses
défenses tombent et cela n’est pas si facile, car les défenses sont
suffisamment fortes (déni, clivage, banalisation) pour blinder le
psychisme de la personne qui résistera puissamment afin de ne pas
craquer. C’est ainsi que l’on remarque que les contraintes délétères du
travail sur la santé psychique ne conduisent qu’une minorité de
personnes très engagées dans leur tâche. Oui, c’est plutôt la qualité de
l’engagement de l’individu que sa fragilité qui va primer.
- Beaucoup d’entre nous détruisons notre vie personnelle progressivement
à cause du travail. Il n’y a pas de séparation entre le travail et le
hors travail, donc tout ce qui nous tombe dans le travail a des
implications sur notre vie allant jusqu’à la capacité de broyer l’amour.
- A propos du collectif, tous ceux qui s’engagent dans le travail ne se
suicident pas et comment font-ils pour y échapper ? Il se pourrait que
cela ne dépendent pas des caractéristiques de la personnalité mais de la
qualité du collectif en terme de régulation et d’entraide devant la
solitude qui est un élément clef.
- Quelles sont donc les causes de la solitude ? Cette solitude est-elle
nouvelle ? D’où nous vient la solitude ? Qu’est-ce-qui caractérise à
contrario le lien d’entraide et de solidarité ? Les suicides répétés ont
des conséquences sur les travailleurs, les témoins. Les suicides au
travail ne marquent pas que la fin d’un processus tragique, répétés ils
sont à leur tour un point de départ. Ils engendrent la peur et la peur à
des conséquences sur le fonctionnement du collectif.
- Demain lors de notre deuxième journée de colloque, des réponses seront sans doute apportées à ces interrogations.
SUICIDE AU TRAVAIL ET SOCIÉTÉ
David LE BRETON, professeur de sociologie à
l’université de Strasbourg, auteur de nombreux ouvrages, parlera des
approches sociologiques du suicide.
- Pour lui, les déterminants sociaux ne suffisent pas à orienter
l’individu vers des choix irrémédiables. Les conditions sociales sont
toujours liées à des conditions interpersonnelles. Les individus ne sont
pas des adultes éternels n’ayant jamais eu d’enfance, ni d’inconscient,
ni de difficulté comme pourraient le penser certains sociologues. Le
suicide est toujours un fait de significations, il traduit l’attitude
sur le moment d’un individu singulier face à une situation. On ne se tue
pas à cause d’une séparation, d’un deuil, de sa solitude, de sa
vieillesse ou de sa misère mais parce que l’existence ne paraît plus
possible.Ces moment-là sont vécus par l’individu comme des tragédies
sans issue.
- Si le travail était au cœur de l’existence et donnait à l’individu sa
fierté, son épanouissement, le sentiment de sa valeur personnelle, il
est clair que le mépris, le harcèlement, la menace, ébranleraient en
profondeur son attachement à la vie et parfois même les proches sont
impuissants à endiguer sa chute. Ce n’est pas l’évènement lui-même qui
induit l’envie de mourir mais l’interprétation qu’en donne l’individu au
regard de son existence. Il échoue à mobiliser des capacités de
résistance, à mobiliser la solidarité de l’entourage du travail.
- De son point de vue de sociologue, il nous dira que le suicide
contient toujours une part d’énigme. Les moyens de comprendre sont
enfouis dans une histoire de vie, essayer de les reconstituer relève
davantage d’hypothèses que rien ne pourra réellement fonder.
- Les Sciences Sociales seraient davantage des questions à tout plutôt
que des réponses à tout. Il y a toujours une part humaine qui nous
échappe. Les motifs d’un suicide sont sans doute inextricables car ils
mêlent trop de liens, de résonances secrètes, de blessures et de
silences.
SUICIDE AU TRAVAIL ET MONDE DU TRAVAIL
Duarte ROLO, psychologue clinicien à l’Université Paris
Descartes, psychologue du travail au CNAM, et doctorant en
psycho-dynamique du travail, relatera les conséquences du suicide dans
un centre d’appels.
- Quel héritage est laissé au collectif qui continue à travailler après
un suicide dans le service? Après une enquête réalisée à ce sujet dans
un centre d’appels d’une grande entreprise, le psychologue du travail
découvre les faits suivants :
- L’entreprise devait se débarrasser de 20% de ses effectifs en 2 ans,
tous métiers confondus. Pour obtenir ces chiffres, elle mit en place des
techniques de management déstabilisantes afin d’inciter son personnel à
la démission en créant un fort climat anxiogène. Par l’évaluation
individuelle quantitative des performances des conseillers, il leur
était assigné des objectifs de vente maximum, affichés chaque jour sur
l’ordinateur, contraignant le salarié à forcer les ventes envers et
contre toute logique, dupant ainsi le client. Ce climat provoqua haine
et trahison dans le collectif, incitant les uns et les autres à jouer le
jeu. Un classement de chacun, mit sous le regard de tous, entretenait
la mauvaise ambiance. Certains réussissaient brillamment en entrant dans
une compétition sans morale pendant que d’autres entraient dans une
souffrance éthique, car, comment accepter ces compromissions et se plier
aux ordres en faisant des actes que l’on réprouve moralement ?
- Par ailleurs, l’entreprise mit en place des challenges ludiques :
autour de jeux de compétitions entre équipes, les gagnants recevront
des » bons cadeaux ». Accepter de mettre le pied dans cette nouvelle
forme de communication interne, c’est se soumettre au dispositif mis en
place justement pour manipuler par ce biais les salariés invités à
donner leur accord, en participant par cet acte à l’idéologie de
l’entreprise. Ces jeux servent donc à lutter contre la souffrance
éthique et par là même permettent de se construire des stratégies de
défense pour inhiber la pensée, et inciter chacun à se débarrasser de
ses propres questions éthiques, en capitulant de façon infantile et
régressive. N’est-ce-pas entretenir l’ordre social en vigueur plutôt que
de s’y opposer en se soumettant ainsi à ces manipulations ludiques?
N’assistons-nous pas ici, à une perversion du système puisque les
stratégies de défense, habituellement mises en place par les salariés
pour tenir le coup, sont là insidieusement imposées par l’encadrement ?
Ces conduites paradoxales infligées aux salariés ne présentent-elles
pas, par conséquent, un sérieux danger pour leur santé psychique ?
- On voit combien des techniques de soumission par des techniques de
manipulation à tous les étages de l’entreprise marchent, sans avoir
besoin de passer par la force et la violence ! Le surgissement des
suicides sur les lieux de travail joue un rôle essentiel dans
l’engourdissement de la capacité de penser de ceux qui résistent dans
l’entreprise. La dégradation du vivre ensemble n’est pas seulement une
cause du suicide, mais elle devient aussi une conséquence de la
multiplication des suicides. Celle-ci joue un rôle majeur dans la
détermination des destins de la souffrance des salariés, elle influe de
plus considérablement sur le pouvoir d’agir des collectifs par le
truchement davantages pernicieux, l’abrasement du pouvoir de penser, de
critiquer, de s’opposer à l’organisation du travail. Les méthodes qui
invitent à la soumission régressive demeurent très peu connues du
public.
INCIDENCES SUR L’ACTION
Christophe DEJOURS ouvre la discussion :
- L’action doit avoir des points d’appui institutionnels qui renforcent
l’autorité pour ceux qui interviennent. D’autres acteurs comme des
auteurs, cinéastes, metteurs en scène, artistes, s’impliquent aussi et
s’emparent de la question du suicide au travail, nous en avons bien
besoin.
Jean-Pierre BODIN, acteur auteur et metteur en scène,
- Nous parlera de son expérience auprès de l’usine de son pays, à
Chauvigny, où il est allé enquêter sur Philippe Widdershoven, cadre et
délégué syndical, accusant dans une lettre ses patrons de l’avoir poussé
à la mort. A partir de ces témoignages d’ouvriers, il a réalisé ensuite
une pièce intitulée « Très nombreux, chacun seul », où se joue la
dispersion individualiste, voulue par les techniques nouvelles
managériales des entreprises. Il mime dans une belle partition de
comédien, la disparition des savoirs et savoir-faire ainsi que le
délitement des dignités et des fiertés du monde ouvrier qu’il connaît
bien.
- Christophe Dejours a apporté sa contribution sur un montage vidéo, où,
en quelques phrases fortes, il diagnostique bien un suicide et non un
accident du travail. Une histoire authentique mise efficacement en scène
qui témoigne de l’esprit des manipulations d’une usine passée aux mains
de représentants de la finance prédatrice, comme le relate le
journaliste Jean-Luc Bertet dans le journal du dimanche (JDD) de juillet
2012.
Philippe MÜHLSTEIN, syndicaliste à la Fédération
Sud-Rail. Ingénieur, formateur interprofessionnel sur les questions de
souffrance au travail, ancien chef du Service central d’Ergonomie de la
SNCF, direction RH (1989-1991) :
- Les méthodes d’organisation du travail et de management ne visent pas
l’efficacité mais bien la domination. Il s’agit là vraiment de fabriquer
de la soumission, avec des méthodes violentes et manipulatrices.
- - Trente six cheminots ont mis fin à leur jour sur leur lieu de
travail ou dans les emprises ferroviaires depuis début 2007. Quel
message donnent-ils à entendre quand on sait la portée symbolique, pour
un travailleur du rail, de se jeter sous un train ?
- Il existait jusqu’aux années récentes un déni syndical de la
souffrance psychique au travail, qui n’était pas considérée comme un «
sujet syndical ». Nous constatons que la psychologie individuelle a du
mal à être pensée par les militants de l’émancipation en général, mais
ces obstacles sont désormais en voix d’être surmontés dans les
syndicats.
- Nous avons mis au point à SUD-Rail, il y a trois ans et demi, une
formation syndicale intitulée « Violence managériale et souffrance au
travail ». Elle est dispensée sur deux jours et traite notamment de
l’histoire politique de l’irruption de la souffrance au travail depuis
les années 1990, de la notion très polysémique (et très idéologique)de
stress au travail, du harcèlement moral (notion « rideau de fumée » que
nous tentons d’éclaircir), des stratégies de défenses collectives
(notion à connaître), de l’apport des travaux menés en psychodynamique
du travail sur la souffrance éthique, de l’obéissance et du
consentement, concepts dont la distinction a été magistralement
illustrée par Hannah Arendt.
- La prise de conscience qui en découle ouvre aux syndicats de nouveaux
horizons de compréhension, donc de résistance et d’action. Nous ne
devons pas nous taire devant l’inacceptable ; nous devons considérer
l’être humain, intrinsèquement, comme un « animal politique »,
c’est-à-dire forcément lié à autrui et à la collectivité, travaillé au
plus profond de lui-même par la parole, par le désir et par
l’inconscient.
Pour prendre le contre-pied d’une expression célèbre de Max Weber, nous
pensons qu’il ne saurait y avoir de « neutralité axiologique » dans
l’action syndicale ».
Lors de la discussion qui suivit avec le public de salle, l’accent a
été mis sur les effets sociaux du suicide et ses conséquences sur ceux
qui restent. L’intérêt majeur de l’enquête sur les conseillers en centre
d’appels montre le rapport entre le suicide et la souffrance éthique
ainsi que la fabrique de la soumission par les techniques de la nouvelle
organisation du travail. Par un déni de la réalité pour ne pas penser à
ce qu’il fait, le collectif se détériore.
Elisabeth WEISSMAN, journaliste, essayiste, Paris.
Diplômée de Sciences Po, revendique un regard politique et critique sur
les questions sociales et de société.
C’est ainsi que depuis la mise en œuvre de la Révision Générale des
Politiques Publiques (en 2007 sous la présidence de Sarkozy, devenue
Modernisation de l’Action Publique, sous la présidence Hollande), elle
travaille à débusquer les incidences de la dérégulation libérale des
services publics sur les agents de l’Etat : souffrance et suicide au
travail, attaque des identités et collectifs professionnels,
dénaturation/déshumanisation des missions, et en réaction, recherche et
expérimentation de nouvelles formes de résistance individuelle et
collective.
Pointant la diabolique cohérence de l’entreprise de démantèlement qui
gangrène tous les services publics, son dernier livre (Flics, chronique
d’un désastre annoncé. Stock 2012) se focalise plus particulièrement sur
le malaise de la police républicaine.
Lors de ce colloque, elle nous a illustré vivement par maintes
expériences-enquêtes ce qu’elle a exploré : les ravages de l’extension
du domaine de la marchandisation néo-libérale sur les sphères privées
mais surtout publiques, comme elle l’écrit aussi dans ses derniers
ouvrages.
Philippe PETIT, journaliste à France Culture,
producteur de l’émission « Les nouveaux chemins de la Connaissance »,
licencié en juillet 2013, essayiste et philosophe,
- En évoquant son ami Georges Navel, 1945, il rappelle sa phrase venant à
point nommé aujourd’hui : « Il y a une tristesse ouvrière dont on ne
guérit que par la participation collective », cette évocation sert à
constater le déclin de la solidarité collective dans la plupart des
secteurs du travail. Les média dans un certain sens y contribuent,
l’information telle qu’elle est distribuée aujourd’hui est une
inhibition à l’action, elle ne peut que participer au démantèlement des
solidarités collectives. La question centrale sur l’Europe sociale sera
de choisir, de choisir quoi ? Si on contourne les droits nationaux pour
faire l’Europe sociale nous irons encore davantage et de façon accélérée
vers ce délitement des rapports humains. Il conclura son exposé en
déclarant qu’il n’a lui-même, reçu aucun appel de ses collègues de
travail depuis son licenciement.
Florence BEGUE, psychologue du travail, formée à
l’ergothérapie, co-auteur avec Christophe Dejours de l’ouvrage « suicide
et travail, que faire ? » au Puf 2009.
- Comme dans son livre écrit sur sa clinique pour briser la loi du
silence, elle analyse les causes mais surtout les principes d’action
pour enrayer le fléau. Dans son exposé d’aujourd’hui, elle nous indique
les différentes étapes mises en place progressivement lors des demandes
faites par des entreprises aux prises avec la souffrance au travail.
- D’abord, prendre du temps pour poser des questions aux personnes en
souffrance, puis créer un groupe de pilotage avec des volontaires qui
construiront un document présenté à la direction pour s’en servir
ensuite, afin d’animer les débats autour de ce sujet tabou au sein de
l’entreprise.
- Oser parler, se parler, se préparer à questionner, remettre la pensée
en marche pour témoigner. Ces dispositifs fondent les conditions de la
parole, du parler vrai qui mobilise, engage, redonne l’espoir. La
démarche déborde toujours la mise en place du cadre installé.
- Neuf principes sont dégagés pour reconstruire le tissu social et les
solidarités, ils serviront de cadre de référence pour l’intervention :
- Bien maîtriser les références théoriques issues de la psycho-dynamique
du travail et de l’action enseignée au CNAM, pour aborder le terrain.
- Avoir un statut d’indépendance en qualité de clinicienne.
- Faire un travail sur la demande adressée par l’entreprise.
- Former une équipe d’intervention comme point d’appui interne.
- Avoir un appui externe (superviseur désigné pour élaborer après-coup les problèmes posés par la situation anxiogène).
- Créer un collectif de pilotage interne.
- Faire des entretiens individuels.
- Faire des entretiens collectifs.
- Considérer l’enquête comme action.
A partir d’une expérience vécue et pilotée selon ce dispositif, Florence
Bègue, nous a illustré magistralement ces étapes suivies pour réussir à
laisser le groupe engagé à continuer sa pratique vigilante et à rebâtir
ainsi les solidarités coupées.
INCIDENCES SUR LE DROIT
Pierre-Yves VERKINDT, Professeur à l’Université Paris
1, à la Faculté de droit de Lille, Avocat au Barreau de Lille (1977-83),
membre du jury d’agrégation de sciences de gestion (2011-2012).
- Comment passer d’un fait réel, concret, à une règle de droit ? C’est
là, le rôle fondamental du droit. Il est clair qu’un travail de
qualification est très dépendant du contexte de l’époque, et la position
de celui qui qualifie en intervenant est elle-même située. En effet,
chacun est situé quand il parle, son travail de qualification et
d’interprétation est au cœur de la démarche et retentit dans toutes les
hypothèses où il faut passer du réel au droit.
- Parmi ces hypothèses, il y a la question du suicide au travail. Quels
sont alors les effets du travail de qualification ? Dire, nommer la
chose c’est déclencher l’application de la règle. Ce n’est pas neutre !
Dire qu’un suicide est un accident du travail, c’est dire qu’il y a une
présomption de rapport entre le choix de se donner la mort et le
travail. Lorsque le salarié tente de se suicider chez lui, à la suite
d’un entretien d’évaluation qui s’est mal passé, la juridiction du
travail tente de dire que la réalité du travail déborde le lieu et le
temps du travail. Il y aurait un lien alors entre les deux. La
reconnaissance et la qualification se construisent sur une base
individuelle.
- Avec l’idée de prévention, on réintroduit l’idée du collectif. Pour
cela il faut que l’entreprise se donne des moyens, fasse des choix
managériaux adaptés à la prévention de la santé de son personnel. La
réparation ne se limitera plus à une allocation, mais elle se verra être
imposée par le Juge. C’est au titre du rôle de passeur qu’il remettra
les règles en application de la norme.
Rachel SAADA, avocate, inscrite au Barreau de Paris
depuis 1985, membre du Conseil de l’Ordre du Barreau de Paris de
2008-2010. Présidente de la section de Paris du Syndicat des Avocats de
France (2004-2007). Co-auteur avec Marie Pezé et Nicolas Sandret du
livre : « travailleur à armes égales » (Ed. Pearson).
- Où sont les obstacles pour évoquer les espoirs ? Devant les Conseils
de Prud’hommes, il y a en effet de sérieux obstacles puisque les élus
patronaux-employeurs refusent la description de la réalité du travail et
voudraient que ce lieu existe seulement pour arbitrer la rupture du
contrat de travail et non celui où l’on discute des conditions de
travail. Il est donc plus compliqué de parler devant les Conseils de
Prud’hommes des droits de la santé et de la sécurité, mais c’est une
difficulté inhérente à la juridiction. Pourtant, nous arrivons à obtenir
des décisions intéressantes si nous ne baissons pas les bras.
- Il n’y a pas en France, aujourd’hui de politique pénale autour des
questions de santé au travail, comme en Italie sur la question de
l’amiante par exemple, où cette politique pénale existe.
- Le troisième obstacle, c’est le risque plus grand de dénonciation calomnieuse qui peut s’abattre sur celui qui a été victime.
- Où sont par conséquent les espoirs ?
- Il nous faut évoquer le droit d’alerte à utiliser pour les délégués du personnel souvent peu usité car méconnu.
- L’action des CHSCT et des Syndicats qui peuvent saisir le Juge. Un
coup de tonnerre dans l’univers du droit a été donné par un Juge qui a
pu interdire à un employeur certaines pratiques (Usine Snecma 2010).
D’autres exemples de ce type ont suivi, comme le TGI de Lyon concernant
la Caisse d’Epargne, là où une décision a été frappée d’appel. Les
syndicats ont lancé une action contre l’employeur pour que soit interdit
un processus qui s’appelle le Benchmarking. Un benchmark est un
indicateur chiffré de performance, dans un domaine donné (qualité,
productivité, rapidité des délais, etc.), tiré de l’observation des
résultats de l’entreprise qui a réussi le mieux dans ce domaine. Cet
indicateur peut servir à définir les objectifs de l’entreprise qui
cherche à rivaliser avec elle. Dans ce lieu précisément, l’employeur va
se voir interdire par le Juge de poursuivre l’évaluation des salariés.
Par les résultats dégagés au travers du Benchmarking, le Juge relève :
une atteinte à la dignité des personnes, une dévalorisation permanente
utilisée pour créer une compétition ininterrompue entre les salariés,
ainsi qu’une culpabilisation du fait de la responsabilité de chacun dans
les résultats collectifs , c’est-à-dire, d’avoir privilégié la vente au
détriment du conseil. Voilà le type d’action que le CHSCT et le
Syndicat peuvent mener.
- Le TAS, tribunal des affaires sociales où les salariés sont
représentés auprès des employeurs. Ici, le droit n’est pas pénal mais
moral. Son objectif est double : faire reconnaître la faute et faire
peser le prix du préjudice sur l’employeur et non plus sur la victime.
C’est rendre à la collectivité le dégât fait par l’entreprise.
Après ces précieuses précisions des axes juridiques possibles, Rachel
Saada, nous a relaté par le menu son enquête sur l’un des premiers
suicides d’une série de trois, chez Renault. Elle est allée chercher des
choses que personnes ne savaient par son investigation intelligente,
osée et tenace. La CGT lui a donné accès aux boîtes d’archives pour
remonter pas à pas la filière de 10 années de procès verbaux du CHSCT.
Il s’est avéré qu’Antonio B. ingénieur de 39 ans, qui s’est jeté du 5ème
étage du bâtiment principal du techno-centre de Guyancourt, était l’un
des trois salariés à s’être suicidé en quatre mois en 2006 et 2007. Il
n’était en fait que la manifestation individuelle et singulière d’un
risque collectif anormal et encouru par tous. Dans ses trois missions
transversales, personne n’évaluait sa charge de travail, ni ce qu’il
faisait exactement en terme de responsabilité, ce qui a fini par peser
fatalement sur sa santé psychique.
En conclusion, on en revient à la question politique de l’entreprise qui
privilégie le culte de la rentabilité financière, la culture du sous
effectif, la recherche de la performance. Pour le Juge, il s’agit alors
de démontrer qu’on ne peut pas tout sacrifier sur l’autel de la
rentabilité financière en évaluant les risques psycho-sociaux qu’on
connaît et ceux qu’on ne connaît pas. Un employeur ne peut ignorer donc
les risques encourus sur la santé quand l’organisation du travail
s’avère inhumaine. Il doit donc veiller à la maîtrise permanente des
risques eu égard au respect dû à la personne. La santé au travail est
l’affaire de tous, comme nous le rappellera le Juge.
Conclusions du colloque apportées par C. Dejours, Président du Conseil Scientifique de la Fondation Jean Laplanche:
Après ses remerciements adressés aux personnes qui ont soigneusement
et efficacement préparé de façon non visible, le bon déroulement de ce
colloque, il reste impressionné par la qualité des prestations des
orateurs et les remercie chaleureusement.
- Il a été dit au cours de ce colloque que parfois les sociologues se
servent d’une psychologie rudimentaire, spontanée, dite de bazar pour
interpréter les rapports sociaux. La même chose pourrait être retournée
du côté des cliniciens qui ignorent souvent, eux-aussi comment s’analyse
la société, et l’impact que cela peut avoir sur l’avenir dont nous
comprenons cette histoire du suicide au travail, si justement nous nous
contentons d’utiliser une psychologie de bazar.
- Il va essayer de tirer un fil sur cette partie qui est peut-être la
plus difficile. Il n’est pas possible en effet, même si nous accordons
une place importante à l’organisation du travail dont nous faisons tous
plus ou moins les frais et au déterminisme social, d’évacuer la
dimension clinique et psychologique qui est terriblement convoquée dans
cette affaire de suicide au travail. On ne peut pas faire l’impasse sur
la psychopathologie, le rapport entre l’organisation du travail, les
rapports sociaux d’un côté et le suicide de l’autre passent par un
intermédiaire, qui n’est pas seulement l’individu mais qui est aussi un
fonctionnement psychique. On peut dans certaines conditions le casser
même si ce n’est pas chose facile.
- Nous avons des ressources psychiques face à la souffrance, des
stratégies de défense mais pas que ça pour transformer cette souffrance
en création. Certes, si nous sommes capables d’analyser nos douleurs,
l’accès à la sublimation, ce n’est pas si simple. L’empêchement ou
l’obstacle à la sublimation est grave, bien que ça ne réussisse pas à
tous les coups. La subjectivité il faut le souligner, est évacuée par
les théories et les concepts dont on nous abreuve par la bataille des
mots liés au RPS (les risques psycho-sociaux), au stress, à la
résilience etc. Toutes ces choses là, sont des machines pour ne pas nous
attaquer à la question de fond de la psychopathologie.
- Nous ne pouvons pas conclure sur cette question de la clinique, car
nous n’en n’avons pas complètement élucidé la dimension proprement
individuelle et psychologique, au cours de ces deux jours. La question
principale à travailler est la question de la domination. Nous ne sommes
pas allés assez loin dans les rapports entre travail, domination et
santé mentale.
- La clinique nous raconte que quand on travaille nous subissons la
domination mais là où c’est compliqué, c’est que nous exerçons
nous-mêmes la domination. Nous engageons le destin des autres, de ses
subordonnés, de ses clients, nous participons que nous le voulions ou
non, à cette domination quand nous travaillons.
- Comment la domination entre en nous et s’installe dans notre
fonctionnement psychique? Quel ravage produit-elle ? Comment nous en
sortons-nous ? Comment ne nous en sortons- nous pas ? Si c’est une
dimension individuelle, irréductible, en revanche, la question de
l’action, et c’est vrai pour tout le monde, n’est pas qu’une affaire
individuelle, ça n’engage pas que l’individu, notre santé ne dépend pas
que de nous, notre santé mentale dépend elle aussi des autres.
- Par conséquent, le suicide ne dépend pas que de nous, c’est un
contre sens, c’est faux. Il faut qu’il y ait de la solidarité autour de
nous, que les gens nous aiment, nous reconnaissent, nous ne pouvons pas
nous passer des autres, d’une volonté commune pour mener une action,
c’est cela le rôle du collectif. Si on ne veut pas aller jusqu’à
interpeller l’espace public et agir sur la formation d’une volonté
commune de transformer le travail, nous ne nous en sortirons pas.
Ainsi se conclura le colloque où nous avons tous été remerciés pour notre présence attentive et active.
Chantal Cazzadori,
Psychanalyste, auteure du livre : « l’effroi du néo-management… »
* SUICIDE ET TRAVAIL COLLOQUE
Sous le haut patronage de Monsieur Michel SAPIN, Ministre du Travail,
de l’Emploi, de la Formation Professionnelle et du Dialogue Social.
Le Secrétariat du Colloque CIPPT7 – Virginie HERVE – PSY.T.A. – 41 rue
Gay-Lussac- 75005 PARIS, Télécopie : 00 33 1 44 10 79 41, mail :
virginie.herve@cnam.fr
7ème Colloque international de psychodynamique et psychopathologie du travail
2ème journée de l’association internationale des spécialistes de psychodynamique du travail.
PROGRAMME du 11 Octobre 2013
8H30 – Accueil des participants.
9H15- Ouverture du Colloque.
9H30- Session 1 – ETAT DE LA RECHERCHE INTERNATIONALE SUR LE SUICIDE AU TRAVAIL
Président de séance : Michel VEZINA (Canada).
Intervenants : Hsin-hsing CHEN (Taiwan),Paul JOBIN (Japon),Thung-Hong
LIN ( Taiwan, Chine),Loïc LEROUGE (France),Angelo SOARES (Canada),Jong
Min WOO (Corée).
Discutant : Michel DEBOUT.
14H00 – Session 2 – ETIOLOGIE DU SUICIDE (1)
Présidente de séance : Nicole GARRET-GLOANEC.
Bernard ODIER : approche du suicide par la psychiatrie.
Discutante : Annie BENSAID.
16H – ETIOLOGIE DU SUICIDE (2)
Présidente de séance : Selma LANCMAN (Brésil).
Florence CHEKROUN, Christophe DEJOURS, Isabelle GERNET : approche psychodynamique du travail.
Discutante : Martine VERLHAC.
PROGRAMME du 12 Octobre 2013
9H00- Accueil des participants.
9H15- Session 3 – SUICIDE AU TRAVAIL ET SOCIETE
Président de séance : Francis MARTENS (Belgique)
David LE BRETON : approches sociologiques du suicide.
Discutant : Jean-Michel CHAUMONT (Belgique).
11H15 – SUICIDE AU TRAVAIL ET MONDE DU TRAVAIL
Président de séance : Laerte SZENELWAR (Bresil).
Duarte ROLO : Conséquences du suicide.
Discutant : Christophe DEMAEGDT (Belgique).
14H- Session 4- INCIDENCES SUR L’ACTION
Président de séance : Christophe DEJOURS.
Intervenants : Jean-Pierre BOBIN (théâtre), Philippe MUHLSTEIN
(syndicats), Elisabeth WEISSMAN (enquête sur la résistance), Philippe
PETIT (journaliste), Florence BEGUE (clinicienne).
Discutant : Emmanuel RENAULT.
16H15 – INCIDENCES SUR LE DROIT
Présidente de séance : Marie PEZE.
Intervenants : Rachel SAADA (Droit), Pierre-Yves VERKINDT (Droit).
Discutante : Helène TESSIER (Canada).
17H30 – Clôture du Colloque par Christophe DEJOURS.
COMITE D’ORGANISATION
Christophe DEJOURS (CNAM), Christophe DEMAEGDT (CNAM), Valérie GANEM
(Paris 13), Isabelle GERNET (Paris 5), Virginie HERVE (CNAM), Duarte
ROLO (CNAM).
Colloque organisé par l’équipe de recherche « Psychodynamique du travail
et de l’action » du CRTD CNAM et le Laboratoire de Psychologie Clinique
et Psychopathologie (LPCP) de Paris Descartes; L’AISPDT; la Revue
Travailler; la Fédération Française de Psychiatrie et l’Association
Française de Psychiatrie. Avec le soutien du DIM GESTES, du Conseil
Régional d’Ile de France et du Ministère de la Culture et de la
Communication.
» Livres publiés par les intervenants-auteurs sur ce sujet »
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- Isabelle Gernet – L.Gaignard
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- Préface de Bernard Odier
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- Christophe Demaegdt et Duarte Rolo: Dire ce à quoi l’on tient dans le travail.
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- Christophe Demaegdt Méfiance, violence et sexualisation secondaire dans le métier de surveillance
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- Selma LANCMAN
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- Laerte Idal Sznelwar et al. Introduction au dossier p9 à 14 dans la revue travailler n° 25 – 2011
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- Michel Vézina et Louise Saint-Arnaud L’organisation du travail et
la santé mentale des personnes engagées dans un travail émotionnellement
exigeant
Philippe Mulhstein : rapporteur général de l’étude Evaluation de la réforme du secteur du transport ferrovaire – ref :
http://www.amazon.fr/Evaluation-r%C3%A9forme-secteur-transport-ferroviaire/dp/2110052082/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1384098461&sr=1-1&keywords=Philippe+Muhlstein
Sur le chemin me conduisant au colloque en empruntant les quais chaque jour, j’ai découvert cette compagnie et leur spectacle