mardi 28 novembre 2017

NOTICE ARTICLE Le risque suicidaire & Rôle de l’aide-soignant

Le risque suicidaire - 23/11/17
Cécile Crampon ⁎ : infirmière, Stéphanie Guillerme : infirmière, Thierry Roussel : aide-soignant
REVUE L'aide-soignante
Vol 31 - N° 191
P. 31-32 - novembre 2017
⁎Auteur correspondant. cecile.crampon@chi-clermont.fr


Résumé


Le nombre de tentatives de suicide est élevé en France. Lorsqu’elles sont identifiées, les personnes les plus à risque de passage à l’acte peuvent être accueillies en service psychiatrique. Il s’agit de lieux où la sécurité du patient est accentuée, notamment grâce à une surveillance plus étroite de la part de l’équipe soignante.Le texte complet de cet article est disponible en PDF.
Plan
Les symptômes du raptus suicidaire
Prévenir le passage à l’acte de la personne suicidaire
Situation clinique
Analyse de la situation
Rôle de l’aide-soignant
Communiquer avec le patient
Déclaration de liens d’intérêts

http://www.em-consulte.com/article/1178497/article/le-risque-suicidaire

MàJ : Facebook veut détecter les messages suicidaires grâce à l’intelligence artificielle

1er post 28/11/2017 : Facebook veut détecter les messages suicidaires grâce à l’intelligence artificielle

Après une expérience jugée satisfaisante aux Etats-Unis, le plus grand réseau social au monde veut élargir ce dispositif.
LE MONDE | 27.11.2017 lemonde.fr*

Comment détecter plus rapidement les internautes suicidaires, pour les empêcher de passer à l’acte ? En réponse à cette problématique, Facebook a annoncé lundi 27 novembre qu’il allait déployer à grande échelle une technologie d’intelligence artificielle visant à repérer automatiquement les messages laissant penser à des intentions suicidaires.
Jusqu’ici, ce sont les utilisateurs de Facebook qui signalaient les messages inquiétants aux employés du réseau social, chargés ensuite de les examiner et d’agir en conséquence. Cette fois, c’est un programme informatique qui devra prendre les devants. Déjà testé aux Etats-Unis depuis mars, ce programme a « appris » à détecter ces contenus en analysant des messages précédemment signalés comme suicidaires par des humains. Le logiciel observe aussi les commentaires, comme « est-ce que tu vas bien ? » ou « est-ce que tu as besoin d’aide » ?
« Nous avons une possibilité d’aider »
Un procédé qui nécessite donc qu’une machine analyse systématiquement le contenu de tous les messages des utilisateurs de Facebook. Ce qui soulève des inquiétudes : si Facebook est capable de détecter les messages suicidaires, à quel autre type de contenus pourrait-il appliquer cette technologie ?
Dans les colonnes du site spécialisé TechCrunch, Guy Rosen, responsable produit chez Facebook, préfère insister sur les bénéfices de ce système. « Nous avons une possibilité d’aider, nous allons donc l’exploiter. » A l’agence Reuters, il explique, pour justifier l’usage de cette technologie, que « la vitesse a beaucoup d’importance. Nous devons aider les gens en temps réel ».

Si un message suicidaire est détecté, Facebook pourra alors transmettre des ressources sur la prévention du suicide à la personne concernée ou à ses amis. Voire même contacter directement les secours, en cas d’urgence. Ce qui est arrivé une centaine de fois sur le territoire américain le mois dernier, annonce Facebook. L’entreprise rappelle également qu’elle travaille en lien avec 80 ONG consacrées à la prévention du suicide, dans différents pays du monde.

Ce nouveau système doit être déployé prochainement dans le monde entier… A l’exception de l’Union européenne, où la législation sur les données personnelles et leur traitement automatisé – a fortiori lorsqu’il s’agit d’informations de nature médicale – est plus stricte que dans la plupart des pays.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/11/27/facebook-veut-detecter-les-messages-suicidaires-grace-a-l-intelligence-artificielle_5221143_4408996.html

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Facebook utilisera l'intelligence artificielle pour prévenir le suicide... mais pas en EuropePar Sciences et Avenir avec Reuters le 28.11.2017

https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/intelligence-artificielle/facebook-utilisera-l-intelligence-artificielle-pour-prevenir-le-suicide-mais-pas-en-europe_118692
Facebook souhaite élargir à d'autres pays son algorithme de reconnaissance des messages suicidaires, pour l'instant testé aux États-Unis. Mais l'Europe n'est pas concernée.

Facebook veut mettre l'intelligence artificielle au service de la lutte contre le suicide.
(c) Afp

Facebook, un outil de prévention face au suicide ? C'est en tout cas ce que pense la firme de Mark Zuckerberg, qui teste depuis mars 2017 aux États-Unis un algorithme de reconnaissance des messages suicidaires dans les publications et commentaires. Le plus grand réseau social du monde souhaite désormais étendre à d'autres pays ce système... mais pas en Europe. Explications.
Détecter les risques de passage à l'acte

Principe de l'algorithme : rechercher, dans les publications et les commentaires, les expressions sémantiques annonciatrices d'un suicide. Le communiqué de Facebook reste très discret sur les aspects techniques du programme, mais précise que le programme recherche des expressions telles que "Est-ce que tu vas bien ?" ou "Puis-je t'aider ?". Si le logiciel détecte un risque potentiel de passage à l'acte, une alerte est émise auprès d'employés de Facebook spécialisés dans le traitement de ces signalements. Le système propose aussi à l'utilisateur concerné ou aux amis de cet utilisateur des moyens d'aide, comme un numéro d'assistance téléphonique. Les employés de Facebook appellent parfois les autorités locales pour leur demander d'intervenir. L'objectif est de contacter les personnes avant le drame.

Guy Rosen, le vice-président de la gestion de produits chez Facebook, explique que la société a commencé à déployer le logiciel en dehors des Etats-Unis du fait de tests concluants. Durant le mois écoulé, les "premiers intervenants" sont entrés en contact avec des utilisateurs à plus de 100 reprises après la détection d'intentions suicidaires par le logiciel, précise Guy Rosen. Facebook explique vouloir disposer d'employés spécialisés disponibles à toute heure et parlant la langue locale afin de pouvoir appeler les autorités concernées. "La vitesse de réaction compte vraiment. Nous devons venir en aide aux personnes en temps réel", dit Guy Rosen.

"Susceptibilités" européennes

Facebook, qui recueille de nombreuses données sur ses 2,1 milliards d'utilisateurs à des fins publicitaires, n'était jusque-là pas réputée pour scruter les discussions dans le but de détecter les comportements dangereux, hormis les conversations suspectes entre des enfants et des adultes pouvant être des prédateurs sexuels. Quand la société a lancé l'année dernière Facebook Live, qui permet à ses utilisateurs de diffuser en direct des vidéos, les vidéos d'actes violents, comme les suicides ou les meurtres, se sont multipliées. Cela avait porté préjudice à l'image du réseau social, qui a annoncé en mai 2017 le recrutement de 3.000 personnes supplémentaires pour surveiller les diffusions de vidéos et d'autres contenus violents. Guy Rosen n'a pas voulu préciser si Facebook songeait à utiliser son logiciel de reconnaissance dans d'autres domaines, comme les crimes à caractère non sexuel.

DROIT. Analyser les conversations dans d'autres circonstances pourrait être toutefois plus difficile à justifier, explique Ryan Calo, professeur de droit à l'Université de Washington. "Une fois que vous ouvrez la porte, vous pourriez vous demander ce qu'on va chercher d'autre." Si les pays concernés par le déploiement du logiciel n'ont pas été annoncés, le dirigeant de Facebook a affirmé que l'objectif est de l'utiliser dans tous les pays du monde, hormis dans l'Union européenne, à cause de "susceptibilités" particulières qu'il s'est refusé à expliciter. Mais le droit européen, plus protecteur des données personnelles que le droit américain, pourrait en tout cas rendre difficile ce genre de traitement big data.
https://www.sciencesetavenir.fr/high-tech/intelligence-artificielle/facebook-utilisera-l-intelligence-artificielle-pour-prevenir-le-suicide-mais-pas-en-europe_118692




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MàJ
Complément info (RGPD Règlement européen sur la protection des données)


Facebook : un dispositif pour prévenir les suicides incompatible avec le RGPD (MAJ)

Société : Facebook annonce aujourd’hui la mise en place d’un nouveau mécanisme d’analyse du comportement des utilisateurs, visant à détecter les comportements suicidaires. Mais celui-ci ne sera pas activé en Europe, RGPD oblige?

Par Louis Adam | Mardi 28 Novembre 2017

Facebook veut mettre à profit ses technologies de surveillance au profit du bien et annonce aujourd’hui le lancement d’un mécanisme de détection des comportements suicidaires sur son réseau social. Cet outil était déjà déployé aux États-Unis depuis le mois de mars, mais Facebook annonce vouloir l’étendre au reste du monde.

La technique employée par le réseau social ne surprendra pas grand monde : Facebook procède à l’analyse automatisée des contenus postés par les utilisateurs sur sa plateforme. Facebook explique disposer de technologies en mesure de reconnaître les comportements et publications pouvant laisser entendre qu’un utilisateur envisage de passer à l’acte. À titre d’exemple, les outils automatisés de Facebook sont ainsi capables de détecter les commentaires tels que « Est-ce que tu as besoin d’aide ? » ou « Est-ce que tout va bien ? » postés sur certains contenus par les proches.

Lorsque l’algorithme détecte ce type de cas de figure, le profil de l’utilisateur est transmis à une équipe de modérateurs dédiés à ces situations au sein de Facebook. Cette équipe compte « des milliers de personnes à travers le monde » précise Facebook, et se charge de déterminer quelle est la réponse la plus appropriée : les modérateurs peuvent ainsi envoyer une pop up sur le compte de la personne identifiée afin de la pousser à contacter un ami, la rediriger directement vers une ligne de prévention dédiée telle que SOS Suicide, ou dans le cas des États-Unis, contacter directement les secours afin d’agir sur les cas demandant une action rapide.

Après une première période de tests concluants sur le sol américain, où les équipes de Facebook sont intervenues auprès d’une centaine d’utilisateurs, Facebook a maintenant décidé d’étendre le dispositif au reste du monde. Ou presque : l’Europe ne disposera pas de ce mécanisme, mais Facebook ne donne pas la raison précise justifiant cette exception.

Mise à jour le 29/11 : Facebook a repris contact avec la rédaction afin de préciser sa position exacte sur l'absence de déploiement de ce filtre en Europe. "Nous discutons régulièrement avec des experts et acteurs européens sur ces sujets et nous comprenons qu'il s'agit de sujets sensibles. Pour le moment, nous avons choisi de ne pas déployer la détection proactive sur le territoire européen." Difficile de ne pas penser à l'arrivée imminente du RGPD, qui entrera en vigueur en 2018 et impose de nombreuses restrictions sur le fichage des internautes et le traitement des données personnelles. Mais Facebook se refuse à donner une raison précise.


Facebook ne donne pas de détails sur les parties exactes du mécanisme qui risqueraient d'être incompatibles avec le RGPD. Le doute est vite levé quand on sait que le dispositif déployé par Facebook ne s’embarrasse pas du consentement de l’utilisateur, qui est pourtant un des principes centraux du Règlement européen sur la protection des données personnelles.
* http://www.zdnet.fr/actualites/facebook-un-dispositif-pour-prevenir-les-suicides-incompatible-avec-le-rgpd-maj-39860778.htm#link_time=1511940243

lundi 27 novembre 2017

MANIFESTATION Sensibilisation à la crise suicidaire à Charleville-Mézières (08) 28/11/2017

Sensibilisation à la crise suicidaire à Charleville-Mézières
La MSA Marne Ardennes Meuse vous invite à une demi-journée de sensibilisation à la crise suicidaire le mardi 28 novembre 2017 au CER France à Charleville-Mézières.
L'année 2017 a été particulièrement difficile pour les agriculteurs avec un nombre de situations de mal-être et de suicides en constante augmentation.
Face à ce phénomène, différentes institutions ardennaises se sont associées depuis quelques années pour mener ensemble une réflexion sur les moyens à mettre en place pour tenter d'éviter de tels drames humains. Différentes actions ont vu le jour depuis 2012 : débats théâtraux, forums, groupes d'échanges…

Pour poursuivre cette démarche, la MSA Marne Ardennes Meuse vous invite à une demi-journée de sensibilisation à la crise suicidaire. Différents professionnels et relais de votre secteur vous proposent d'échanger autour des idées reçues sur le sujet et une présentation clinique de la crise suicidaire. Un repérage des "clignotants" sera abordé ainsi que l'attitude à adopter dans ce genre de situation. Vous serez aussi informés des différents relais locaux possibles.
Rendez-vous à CER France le mardi 28 novembre à 14h au 2 boulevard Aragon à Charleville-Mézières. 
Inscription auprès de Annie Coutel : coutel-gilet.annie@mam.msa.fr
Contact : Gina Laplace 06 08 90 95 97

MANIFESTATION Nantes (44) Ciné-débat : Harcèlement moral au travail 29/11/2017

Ciné-débat : Harcèlement moral au travail

  • Le 29 novembre 2017
    Campus Tertre
  • A 18h30
L'APNE et la Fédération Française des Psychologues et de la Psychologie Pays de Loire vous proposent un cinéma-débat le jeudi 29 novembre à 18h30 au Pôle Étudiant.
Dépression, burn out, suicide au travail... Ces atteintes à la santé sont mises en avant depuis les années 1990-2000. Elles sont engendrées par des risques psychosociaux (stress, violences internes ou externes) aux diverses origines (intensité, complexité du travail, rapports sociaux dégradés... ).

Parmi les violences répertoriées, le harcèlement moral a été mis en avant dans les années 1990 en France. Ces signalements ont amené à une clarification de cette notion dans le code du travail et pénal le 17 janvier 2002. Mais le harcèlement moral au travail ne se limite pas à une dualité entre un auteur des violences internes/externes et une victime : l'être Humain est un être social qui ne peut être détaché de son environnement, de son contexte.

Pour faire de la prévention sur le harcèlement moral au travail et réduire les risques psychosociaux, il faut discuter du rôle de l'environnement de travail dans l'origine et le maintien du harcèlement.

Débat animé par Christine JEOFFRION (Présidente de la Fédération Française des Psychologues et de la Psychologie Pays de Loire et responsable du master Psychologie Sociale du Travail et des Organisation à l'Université de Nantes).
source http://www.univ-nantes.fr/sante-social/cine-debat-harcelement-moral-au-travail-2133207.kjsp?RH=1247218788348
                                                harcèlement

RAPPEL Bretagne Démarche participative & Rencontre citoyenne « Ensemble prévenons le suicide » le 2/12/2017


3 21
27/11/2017
En Ille-et-Vilaine, la prévention du suicide s'appuie aussi sur la parole des personnes concernées, rdv le 2/12 à Chartres de Bretagne
https://bretagne.mutualite.fr/evenements/ensemble-prevenons-le-suicide-2/
 
 
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 1er post le 18/10/2017
 
Ensemble, prévenons le suicide


Rencontre citoyenne « Ensemble prévenons le suicide »
La Bretagne est une région particulièrement touchée par les phénomènes suicidaires : les indicateurs régionaux dépassent largement les taux nationaux (surmortalité masculine de +59% et surmortalité féminine de +71%). Depuis 1996, le Collectif « Ensemble prévenons le suicide » Ille-et-Vilaine (CoEPS 35), composé d’associations et d’institutions, initie des actions de prévention du suicide dans le
département.
Une démarche participative originale…
Le CoEPS 35 et des partenaires locaux, dont les communes de Noyal-Chatillon sur Seiche, Bourgbarré, Chartres de Bretagne et Saint-Erblon, organisent une Rencontre Citoyenne « Ensemble prévenons le suicide » le samedi 2 décembre 2017 à Chartres de Bretagne (à 14h30, salle Victor Bash). Depuis 2000, vingt-trois rencontres citoyennes ont déjà été organisées. L’origine de la démarche, et peut-être aussi son originalité, est la volonté du Collectif de partir de l’expérience des personnes concernées (à quelque place que ce soit : personnes ayant connu la tentation ou le passage à l’acte suicidaire, proches endeuillés par suicide – conjoint, enfant, parent, ami… – professionnels en réflexion par rapport à la thématique) pour mener une action de prévention du suicide à destination du grand public.
Concrètement, cette démarche propose une rencontre publique organisée en trois temps :
– une table ronde de porte-parole, des personnes concernées et s’investissant pendant trois
temps de préparation avant la rencontre. Au cours de cette préparation ils partent de leur
vécu pour élaborer ensemble ce qu’ils veulent rapporter au public de leur questionnement,
expérience, etc…
– une table ronde de consultants (professionnels et associatifs) réagit à leurs propos.
– un « pot » convivial permet d’échanger avec les intervenants et les personnes du collectif, de
manière informelle.
Vous vous sentez concernés…
Cette démarche participative s’appuie sur des convictions et des valeurs partagées : considérer la parole des personnes concernées comme ayant une valeur. Chacun a capacité à porter sa parole devant d’autres, si les conditions sont réunies (respect inconditionnel, écoute sans jugement…). Les attentes, qui sont peu exprimées au démarrage et qui se révèlent souvent au cours de l’action, montrent la volonté de citoyens de transformer les épisodes douloureux de leur vie en un apport positif pour la collectivité.
L’impact des Rencontres Citoyennes, tel qu’il est décrit par les participants, a souvent surpris les organisateurs : sentiment d’apaisement, de libération. Entendre les autres permet de se sentir moins seul ou de mieux comprendre, de pouvoir prendre du recul ou avoir une prise de
conscience. Le fait d’évoquer sa participation peut aussi modifier le regard des autres ou leurs comportements. En effet, pour les personnes endeuillées par suicide comme pour les suicidants, il apparait souvent difficile voire impossible de parler, partager ce qu’elles vivent et ressentent.
L’entourage, ne sachant pas – bien souvent – comment réagir, quoi dire ou quoi faire va plutôt éviter le contact ou mettre l’acte à distance, en abandonnant chacun face à ses douleurs, interrogations ou culpabilité. La gêne, la crainte d’être incompris ou la peur d’être jugé… enferment alors dans un silence et un isolement qui ne permettent pas de sortir de la spirale suicidaire ou d’entamer sereinement le travail de deuil.
Vous pouvez venir échanger…
Cette méthode ne distribue pas de solutions mais invite à chercher ensemble, par la parole échangée, un petit bout d’explication, parfois déterminant pour sortir de la spirale suicidaire ou faire évoluer ses pratiques professionnelles.
Ce thème vous intéresse, vous êtes majeur(e) et avez un peu de temps bénévole à donner… merci de nous contacter au plus tôt et avant le 24 novembre 2017
– Par courrier : CoEPS 35, Mutualité Française Bretagne, Service Prévention
20 Square de Broglie – CS 74 348 – 35043 RENNES Cedex
– Par téléphone : 02 99 67 88 06 ou 06 26 78 68 24
– Par mail : col.preventionsuicide35@laposte.net

https://maisondelasante.com/index.php/2017/10/14/ensemble-prevenons-le-suicide/

Communiqués interieur.gouv.fr Rencontre avec les représentants de la Police et de la Gendarmerie nationales


Rencontre avec les représentants de la Police et de la Gendarmerie nationales
24 novembre 2017
Comme il s’y était engagé il y a 10 jours, Gérard Collomb, ministre d’État, ministre de l’Intérieur, a reçu ce matin place Beauvau successivement les organisations syndicales représentatives de la Police nationale et les représentants du conseil de la fonction militaire de la Gendarmerie nationale. Le ministre souhaitait faire le point sur les dispositifs de prévention existants et les perspectives d’évolution pour les renforcer.
Aux termes d’échanges particulièrement constructifs, il apparaît que les mesures mises en place depuis plusieurs années ont permis de développer au sein de la police et de la gendarmerie nationales une culture commune permettant de mieux détecter et prévenir les suicides et leurs tentatives, en créant un réseau d’acteurs et des instances de dialogue et d’écoute.
Pour autant, plusieurs pistes de travail ont été identifiées pour mieux coordonner l’action des différents intervenants, développer la vigilance collective, mieux prendre en compte les tentatives de suicide, s’assurer du maintien du contact avec les fonctionnaires et militaires éloignés du service ou encore améliorer les réponses dans l’urgence.
Gérard Collomb a insisté sur l’importance du management et sur les qualités des relations interpersonnelles qui doivent favoriser la cohésion des équipes quotidiennement confrontées à des situations complexes et violentes.
Il a chargé le directeur général de la Police nationale, le directeur général de la Gendarmerie nationale et le préfet de Police de Paris de poursuivre les échanges avec les représentants des forces de l’ordre afin que les propositions émises en séance soient discutées et consolidées rapidement. Le Ministre réunira de nouveau les organisations syndicales pour faire le point d’ici la fin du premier trimestre 2018.
Gérard Collomb tient à rendre hommage à l’action et l’engagement sans faille des forces de sécurité du ministère de l’Intérieur. Il s’efforcera de les valoriser, au travers des réformes qu’il conduit actuellement, pour redonner du sens aux métiers de policiers et de gendarmes qui doivent être soutenus, au quotidien, par la population et les autorités publiques.
Communiqué de presse de Gérard Collomb, ministre d’État, ministre de l’Intérieur, en date du 24 novembre 2017.
Réunion avec les représentants de la Gendarmerie nationale




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 INFO +
REVUE DE PRESSE
Quelques articles depuis 2 semaines


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Quand la surmortalité suicidaire des forces de l’ordre fait la Une
communiqué de PAPAGENO
https://papageno-suicide.com/2017/11/16/quand-la-surmortalite-suicidaire-des-forces-de-lordre-fait-la-une/

Le taux de mortalité par suicide des policiers, des gendarmes et des forces armées est supérieure à celui de la population générale. L’actualité nous donne une triste illustration de ce sur-risque qui tient à l’intrications de facteurs individuels et sociaux. Mieux comprendre et mieux prévenir le suicide métier impose de ne banaliser ou de ne minimiser ni les uns, ni les autres de ces facteurs.Sans méconnaître les questions sociales et institutionnelles soulevées par les suicide récemment recensés parmi les forces de l’ordre, l’équipe du programme Papageno salue l’annonce du Ministre de l’intérieur voulant réunir « rapidement les représentants des policiers et gendarmes pour évoquer les dispositifs de prévention existants et les moyens d’en renforcer encore l’efficacité ».
 
Parce qu’il est la figure – pour certains exemplaire – de la sécurité et de la confiance, le suicide d’un agent des forces de l’ordre est susceptible d’être pour le moins impressionnant, si ce n’est fragilisant. Nous y voyons un motif supplémentaire à l’application de précautions par les journalistes pour limiter les risques de contagion[1] chez les plus vulnérables, sans toutefois nuire à la qualité de l’information.
 
Nous rappelons notamment qu’un geste suicidaire, quel qu’il soit, est toujours la conséquence de facteurs multiples et enchevêtrés, y compris lorsque l’un d’eux apparait avec plus d’évidence que les autres. Rendre compte de cette complexité, c’est dégager les personnes qui seraient exposées à des événements de vie adverses similaires à l’idée d’une fatalité du geste.
 
Nous vous suggérons également d’éviter d’apporter tout détail quant au moyen (type d’arme, procédé) ou au lieu suicidaire employé. Un ton neutre, dépouillé de sensationnalisme, permettra d’éviter d’apporter une charge émotionnelle superflue et éprouvante. Préférez des mots plus sobres tels que « hausse » ou « supérieur » à des termes tels qu’ « épidémie », « flambée » ou toute autre expression emphatique pour décrire la survenue récente de plusieurs cas de suicide. La mise en évidence et la répétition excessive d’articles traitant du suicide induisent davantage de comportements d’imitation qu’un traitement médiatique plus discret. Dans l’idéal, ces articles devraient se trouver dans les pages intérieures, et figurer en bas de page, plutôt qu’en Une ou sur la partie haute d’une page intérieure. À la télévision tout comme à la radio, l’information sur un suicide ne devrait pas faire la Une de l’actualité mais davantage apparaître en deuxième ou troisième sujet.
La pertinence de répéter ou de réactualiser une histoire originale devrait également être évaluée avec circonspection. Demandez-vous s’il est d’intérêt public de rapporter cette mort et mettez en balance cet intérêt public avec le risque de contagion que constitue la répétition excessive de sa couverture.
 
Chaque suicide est l’issue tragique d’une trajectoire de souffrance. À chaque étape, cette souffrance peut être apaisée, et le suicide évité. De nombreuses ressources existent. Le rappeler dans vos articles, et faire figurer une ou deux coordonnées d’aide (médecin traitant et/ou Samu en cas d’urgence vitale) pourrait permettre de sauver des vies.


[1] L’actualité en matière de recherche met en évidence que, lorsqu’il est réalisé sans précaution, le traitement médiatique du suicide est l’un des nombreux facteurs pouvant inciter les personnes vulnérables à passer à l’acte. C’est l’effet Werther selon lequel la diffusion médiatique inappropriée d’un suicide serait à l’origine d’un phénomène d’imitation (autrement appelé «contagion») chez des personnes vulnérables. Le cas de l’actrice Marilyn Monroe en est une illustration : le mois suivant son décès, on a assisté à une augmentation de la mortalité par suicide de 12% aux Etats-Unis et de 10% en Grande-Bretagne (soit 363 suicides supplémentaires, rien que pour ces 2 pays). D’autres exemples célèbres en France, Autriche, Allemagne… en témoignent.
À l’inverse, l’information, lorsqu’elle répond à certaines caractéristiques, pourrait contribuer à prévenir les conduites suicidaires. Cet effet protecteur est connu sous le nom de Papageno.


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Suicides dans la police: "Les policiers ont du mal à avouer leur fragilité"

Par LEXPRESS.fr , publié le 13/11/2017
https://www.lexpress.fr/actualite/societe/suicides-dans-la-police-les-policiers-ont-du-mal-a-avouer-leur-fragilite_1960101.html

Les forces de l'ordre sont touchés cette année par une recrudescence du nombre de suicides (photo d'illustration).

afp.com/ANNE-CHRISTINE POUJOULAT


Huit membres des forces de l'ordre ont mis fin à leurs jours en une semaine. Une situation "douloureuse et compliquée" pour le patron de la police nationale, interrogé ce lundi sur BFMTV.

Dimanche, le commissaire Antoine Boutonnet, ex-patron de la lutte contre le hooliganisme, a été retrouvé mort. C'est le huitième membre des forces de l'ordre à se suicider en une semaine, le 62e depuis le début de 2017. Une situation "extrêmement douloureuse et compliquée", a estimé ce lundi matin sur BFMTV Eric Morvan.


Le Directeur général de la police national (DGPN) a rappelé que le "facteur déclenchant" était "presque toujours de l'ordre privé". Mais qu'il existait également des "éléments de fragilité imputables à la vie professionnelle" notamment la grande disponibilité, la confrontation aux situations dramatiques et l'habitude de s'occuper d'abord des autres avant de s'occuper de soi-même. "Les policiers ont du mal à avouer leur fragilité et leur mal-être car être policier, c'est être fort", a reconnu le patron des policiers.
Pic de suicides en 2014

De son côté, le syndicat Unité-SGP-Police dénonce pêle-mêle un management "déplorable", un manque de considération, une "usure professionnelle", une pression de la politique du chiffre. Un renforcement des services de soutien et une réflexion sur les cycles horaires ont notamment été mis en place, affirme de son côté Eric Morvan.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a demandé de son côté dimanche soir aux directeurs généraux de la Police nationale, de la Gendarmerie et de la Sécurité intérieure "une évaluation des mesures mises en oeuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l'ordre". Il doit recevoir prochainement les syndicats des forces de l'ordre.

Après un pic en 2014, année noire au cours de laquelle 55 policiers (contre 40 en moyenne annuellement) et une trentaine de gendarmes avaient mis fin à leurs jours, le nombre de suicides parmi les forces de l'ordre avait décru en 2015 et 2016.

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Policiers et gendarmes touchés par une brutale vague de suicides
Depuis le début de l'année, 62 policiers et gendarmes ont mis fin à leurs jours. Le ministre de l'Intérieur a annoncé dimanche vouloir "renforcer" l'efficacité des mesures visant à prévenir le suicide chez les forces de l'ordre. 
Un policier en poste lors d'une operation de contrôle, à Valenciennes (Nord), le 10 novembre 2017. (MAXPPP)
franceinfo avec AFPFrance Télévisions
publié le 13/11/2017 | 09:21


Huit membres des forces de l'ordre ont mis fin à leurs jours en une semaine : après quelques années d'accalmie, policiers et gendarmes craignent qu'en 2017 le fléau des suicides dans leurs rangs ne retrouve ses plus hauts niveaux. Le ministre de l'Intérieur a donc annoncé, dimanche 12 novembre, son intention de réunir "rapidement" les représentants de ces professions afin de renforcer la prévention des risques psychosociaux.
Quel est le bilan depuis le début de l'année ?

Ils sont gardien de la paix ou commissaire de police, gendarme membre d'une unité d'intervention ou commandant d'une brigade de proximité, fonctionnaire ou militaire exerçant en zone rurale ou dans l'agglomération parisienne : ils font partie des 46 policiers et 16 gendarmes qui se sont donné la mort depuis le début de l'année 2017, selon un décompte du ministère de l'Intérieur et de l'AFP.

Dimanche 12 novembre, c'est le commissaire Antoine Boutonnet, ex-chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, qui a été retrouvé mort, après avoir probablement mis fin à ses jours avec son arme de service. Le corps du policier a été retrouvé dans son bureau de la sous-direction de l'anticipation opérationnelle, un service de la gendarmerie nationale. Dans la soirée, ce terrible bilan s'est aggravé avec le suicide d'une policière dans la région de Perpignan.
Comment expliquer ce phénomène ?

Après un pic en 2014, année noire au cours de laquelle 55 policiers (contre 40 en moyenne annuellement) et une trentaine de gendarmes avaient mis fin à leurs jours, le nombre de suicides parmi les forces de l'ordre avait décru en 2015 et 2016. Effet du plan de prévention présenté en janvier 2015 par Bernard Cazeneuve (recrutement de psychologues, redynamisation des cellules de veille, nouveaux cycles de travail...) ? Ou conséquence vertueuse du tourbillon opérationnel dans lequel sont plongées les forces de l'ordre depuis deux ans, face à une menace terroriste sans précédent ?
"Policiers et gendarmes sont très mobilisés sur la défense des autres depuis deux ans. Peut-être que cela les a amenés à moins se soucier d'eux-mêmes mais peut-être que cela a également généré de l'usure", avance prudemment Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).
"Confrontés au quotidien à la misère humaine, à la violence et au pire que l'on puisse trouver chez l'homme, les policiers ne peuvent plus supporter ce manque de considération, facteur du passage à l'acte dramatique", estime Unité-SGP-Police, qui demande une "réunion immédiate" du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la police nationale. Management "déplorable", manque de considération, mauvaises conditions de travail, "usure professionnelle", "désocialisation", politique du chiffre sont renvoyés sur le banc des accusés par le syndicat de gardiens de la paix.
Les suicides parmi les forces de l'ordre ont des causes multiples et touchent des profils variés, relève Céline Berthon. "Une institution qui est confrontée à ce phénomène doit être en mesure, de manière dépassionnée, de se demander : 'Y a-t-il des choses qui peuvent faciliter le passage à l'acte ou le provoquer ? Et, le cas échéant, comment puis-je faire un travail de prévention ?'"
Comment réagit le ministère de l'Intérieur ?
Cette hausse du nombre de suicides a conduit le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, à demander dimanche soir aux directeurs généraux de la police nationale, de la gendarmerie et de la sécurité intérieure "une évaluation des mesures mises en œuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l'ordre". Le ministre a annoncé en outre vouloir réunir "rapidement les représentants des policiers et gendarmes pour évoquer les dispositifs de prévention existants et les moyens d'en renforcer encore l'efficacité".

Face à ces drames, Gérard Collomb a fait part de "sa vive émotion" et assuré les familles et les proches des victimes de son "total soutien dans l'épreuve", comme de l'ensemble des agents du ministère de l'Intérieur.
Ministère de l'Intérieur‏Compte certifié @Place_Beauvau
Suicides parmi les forces de l’ordre : @gerardcollomb demande aux directeurs généraux de la @PoliceNationale, de la @Gendarmerie et de la sécurité intérieure de lui présenter une évaluation des mesures mises en œuvre pour prévenir ces actes.




09:51 - 12 nov. 2017

 https://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/metiers/policiers-et-gendarmes-confrontes-a-une-brutale-vague-de-suicides_2465706.html


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La Chronique de Geneviève Jurgensen
Police : se tuer à la tâche

Geneviève Jurgensen , le 15/11/2017 https://www.la-croix.com/Debats/Chroniques/Police-tuer-tache-2017-11-15-1200892221


En une semaine, huit membres des forces de l’ordre, six policiers et deux gendarmes, se sont donné la mort. Plus d’un par jour, du simple gardien de la paix au commissaire chevronné. J’ai lu mardi 14 novembre dans La Croix cette indication stupéfiante : dans la population générale, on déplore douze suicides pour cent mille personnes. Dans la police, trente-cinq. Un « taux de suicide traditionnellement plus élevé », comme le dit l’article, ou une situation horrible, enkystée, à laquelle il est impératif de remédier durablement ?
Personne ne doute que les raisons individuelles de tant de désespoir soient variées et résultent souvent de situations relevant de la vie privée. Mais quand épouser une profession, c’est multiplier par trois le risque de se donner la mort, le ministre responsable ne peut pas s’en tenir, comme Gérard Collomb, à demander « une évaluation des mesures mises en œuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l’ordre ». Ces évaluations, quiconque a une expérience professionnelle dans une grande structure le sait, signifient une remontée d’informations imposant une tâche administrative de plus aux cadres intermédiaires, avec pour but essentiel de mettre à l’abri de la critique les principaux dirigeants. Elles ne changent rien sur le fond.
Il est curieux que nous tenions pour inévitable que le métier de policier aille avec un risque de suicide supérieur à la moyenne, sans même parler de trois fois plus élevé. Bien sûr, l’accès aux armes à feu rend le passage à l’acte facile et fatal. Côtoyer le malheur, la violence, en être la cible verbale (nous autres, dans les médias, sommes-nous toujours assez mesurés dans nos propos ?) ou physique, ne peut que vous entamer. Se montrer irréprochable en toutes circonstances est une pression étouffante. On ne peut pas ne pas le souligner aussi : même si l’opinion est majoritairement bonne pour les forces de l’ordre, les sondages montrent régulièrement que la gendarmerie est plus populaire que la police. Le taux de suicide dans les rangs des gendarmes nettement moins élevé que dans la police ne peut être un hasard.
Alors, inévitable, le lien entre le métier de policier et le risque de commettre l’irréparable ? Bien des arguments viennent à l’appui du contraire. Les rangs des policiers étant plus féminisés que ceux de la gendarmerie, ils devraient être moins exposés au suicide que leurs homologues militaires. Les hommes dans la population générale se donnent en effet la mort près de trois fois plus souvent que les femmes. De même, la fréquence de cet acte augmente beaucoup avec l’approche de (et l’entrée dans) la vieillesse, or on ne parle là, pour les forces de sécurité, que de personnes en activité, dans la force de l’âge.
Policiers et gendarmes sont sélectionnés pour leurs compétences et leurs motivations, et leur recrutement comporte des tests psychotechniques destinés à écarter les candidats à la personnalité fragile. Ces sélections jouent forcément en faveur d’un risque moindre. Argument essentiel aussi, ces fonctionnaires sont à l’abri de ce qui ronge des millions de leurs congénères, le chômage. Ils ne le subissent pas, ni la peur d’y être un jour condamné. Ils n’ont pas choisi cette profession pour l’argent, mais ils peuvent faire des projets, car ils connaissent les revenus sur lesquels compter.
Et puis il y a le sens de la mission. Si tous nous sommes, au long de notre vie, en quête de sens, pas un policier ne peut fondamentalement douter de l’utilité de la profession qui est la sienne. Dans une démocratie comme la nôtre, l’ordre et la sécurité sont les conditions de la liberté. Elle n’existe pas sans cela.
Alors, que se passe-t-il ? On connaît les effets d’épidémie, ils sont bien réels, mais le fait que ces drames aient lieu non pas tous, spectaculairement, Place Beauvau, mais dans la discrétion d’un bureau, au fond d’une forêt ou entre deux voitures sur le parking de l’hôtel de police, dilue le sentiment d’épouvante. Tentant d’imaginer à quel point, au-delà des familles et proches directement touchés, ces tragédies entament aussi le moral de ceux qui nous protègent, comment ne pas se rendre à l’évidence ? « Évaluer les mesures mises en œuvre » ne répond pas à l’ampleur du danger. Évaluer ce qu’on attend des policiers et ce qu’ils peuvent humainement donner dans les conditions qui leur sont imposées, nous le devons à ceux dont, chaque jour, chaque nuit, l’État, le ministre et la hiérarchie attendent tout.

Geneviève Jurgensen

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Suicides chez les forces de l'ordre : «Aucun de nous n'est à l'abri»

Jean-Michel Décugis| 15 novembre 2017,
 http://www.leparisien.fr/faits-divers/suicides-chez-les-forces-de-l-ordre-aucun-de-nous-n-est-a-l-abri-15-11-2017-7393164.php




Pour Dominique Prati, officier de police judiciaire, « ce sont souvent les problèmes professionnels qui font exploser[la] vie privée ».
LP/OLIVIER LEJEUNE



Dominique Prati, 32 ans est officier de police judiciaire. Il raconte son quotidien et le malaise qui existe au sein de la profession alors que huit policiers se sont donnés la mort en une semaine.


Brigadier et officier de police judiciaire (OPJ) en service d'investigation au commissariat de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), Dominique Prati, 32 ans, délégué du syndicat Alliance, évoque le malaise qui existe dans la police. Verbatim.


« Si on fait ce métier, c'est qu'on l'aime. Mais c'est dur, contraignant. On est confrontés à la misère sociale, à la violence, à la mort. On est sans cesse sur la brèche. C'est forcément aux dépens de la famille, de l'épouse, des enfants. Vous rentrez tard le soir, vous bossez les week-ends, et quand vous poussez la porte de chez vous, il faut savoir laisser de côté ce que vous avez vu ou vécu : la découverte d'un cadavre ou d'enfants en détresse dans des appartements insalubres, la violence verbale ou physique. »

« CRS, j'ai été pris dans trois guets-apens. Ça marque. Une fois, à la Grande-Borne à Grigny, j'ai bien failli laisser ma peau. Nous sommes entrés dans la cité à cinq, sans casque ni bouclier, sur ordre de la hiérarchie. On est ressortis aussi vite, poursuivis par des dizaines d'individus cagoulés. Ils nous lançaient des pierres, des cocktails Molotov. J'ai failli prendre feu. Si on ne s'était pas enfuis, on aurait sans doute été lynchés. »

Usure, pression, mal-être

« Le malaise dans la police, je le vois, je l'entends, je le vis. Depuis onze ans que j'y suis, trois collègues se sont suicidés. Deux avec leur arme de service chez eux, le dernier par pendaison. C'était il y a quinze jours, un ancien CRS. J'ai travaillé durant trois ans avec lui, en apparence il était gai, toujours prêt à faire une blague. Cela touche. »

« Très souvent, l'administration ouvre le parapluie : « C'est un problème personnel », entend-on. Mais ce sont souvent les problèmes professionnels qui font exploser notre vie privée. Entre vie professionnelle et vie privée, c'est une balance, il faut un équilibre. Si les problèmes penchent d'un côté ou l'autre, rien ne va plus. »

« Au bout d'un certain temps, il y a une usure physique, morale. C'est la contrainte des horaires, l'impression de travailler pour rien, le manque de considération, la pression de la hiérarchie qui veut du résultat, le manque de moyens. Ce n'est pas toujours facile de détecter le mal-être d'un autre. En tant que délégué, je m'efforce de prendre le temps de discuter avec les collègues. Mais on a tous la tête dans le guidon. Aujourd'hui, on peut rencontrer des psychologues, des assistantes sociales. Quand je suis entré en 2006, cela n'existait pratiquement pas. »

« Aucun de nous n'est à l'abri. Moi-même, j'ai fait un burn-out. J'ai toujours été très bien noté, partout où je suis passé : PAF (police aux frontières), CRS, PJ. Mais du jour au lendemain, je me suis retrouvé dans le collimateur de la hiérarchie, victime de harcèlement moral. Parce que je n'allais pas dans le sens souhaité. J'ai été mis au placard. On ne me donnait plus de boulot en avançant que je ne voulais plus bosser. Ce qui était faux. Heureusement j'ai une vie de famille épanouie, des enfants. Ça m'a aidé. Finalement, le syndicat Alliance a réussi à me faire muter. Aujourd'hui, je n'ai plus de problème, il y a une meilleure prise en compte de l'humain par mon nouveau patron. C'est souvent une affaire de management. »





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Suicides chez les forces de l'ordre: "la dureté des tâches" ne "peut être éludée", estime Collomb

Le 14 novembre 2017 http://www.francesoir.fr/actualites-france/suicides-chez-les-forces-de-lordre-la-durete-des-taches-ne-peut-etre-eludee-estime

 ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a estimé mardi que “la dureté des tâches” ne pouvait “être éludée” dans l’explication des suicides de forces de l’ordre, après que huit d’entre eux ont mis fin à leurs jours en une semaine.

“Il est toujours difficile d’expliquer de tels gestes dont les raisons sont multiples, dont les causes sont complexes”, a estimé Gérard Collomb, interrogé sur le sujet par la députée Séverine Gibson (LREM) à l’Assemblée nationale.

“Et si ce sont souvent des raisons intimes de maladie, des raisons personnelles qui expliquent le passage à l’acte, il est incontestable que la dureté des tâches de nos policiers et de nos gendarmes ne peut être éludée”, a-t-il ajouté.

“Eux qui doivent maintenir l’ordre public, eux qui sont amenés à lutter contre le terrorisme, eux qui traquent les criminels, les délinquants, qui sont confrontés en permanence à la part la plus sombre de notre société: oui, cela peut amener à une tension et à un stress extrêmes”, a-t-il dit.

Alarmés par cette brutale hausse du nombre de suicides, des syndicats policiers ont ces derniers jours réclamé au ministère de l’Intérieur de nouvelles mesures pour l’enrayer, notamment l’amélioration des conditions de travail et des repos.

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé lundi que M. Collomb allait recevoir “l’ensemble des organisations représentatives de forces de l’ordre” pour “faire le point sur les procédures qui existent” et “déceler ceux qui, dans une situation de fragilité particulière, pourraient (…) décrocher, voire passer à l’acte”.

Il faisait référence aux 23 mesures (recrutement de psychologues, redynamisation des cellules de veille, nouveaux cycles de travail…) adoptées en janvier 2015 par le ministre de l’Intérieur de l’époque Bernard Cazeneuve après un pic de suicides enregistrés parmi les forces de l’ordre en 2014.

Depuis le début 2017, quelque 46 policiers et 16 gendarmes ont mis fin à leurs jours.

Source: AFP


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Quels dispositifs pour prévenir les suicides chez les policiers et les gendarmes ?

Les syndicats de policiers déplorent que l’« on s’attaque aux conséquences, et pas aux causes : horaires, politique du chiffre… ».

Le Monde.fr avec AFP | 14.11.2017 à 07h23
http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/11/14/quels-dispositifs-pour-prevenir-les-suicides-chez-les-policiers-et-les-gendarmes_5214431_1653578.html

Alors qu’en une semaine six policiers et deux gendarmes ont mis fin à leurs jours, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a demandé aux directeurs généraux de la police nationale, de la gendarmerie et de la sécurité intérieure « une évaluation des mesures mises en œuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l’ordre ». Le point sur les dispositifs existants, dans la police et la gendarmerie, pour encadrer psychologiquement les membres des forces de l’ordre.

Police : une cellule psychologique renforcée

– Le service de soutien psychologique opérationnel (SSPO), a été créé en 1996 par Eliane Theillaumas, psychologue aujourd’hui chargée de mission auprès de l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat). Cette cellule, composée d’une soixantaine de psychologues qui travaillent pour le ministère de l’intérieur, a été renforcée en 2015, à la suite d’un nouveau plan de prévention lancé par Bernard Cazeneuve. « Des embauches de psychologues sont encore en cours aujourd’hui », ajoute Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unite SGP Police - FO, qui estime « que le réseau commence à tenir la route. »

– Les policiers en souffrance peuvent aussi être accueillis dans un centre spécifique, dans l’Indre-et-Loire. Créé initialement pour les CRS en 1953, le centre du Courbat, géré par l’Association nationale d’action sociale des personnels de la police nationale et du ministère de l’intérieur (ANAS), accueille chaque année plusieurs dizaines de policiers victimes de dépression, de burn-out, ou d’alcoolisme.



– En 2013, des pôles vigilance suicide ont également été institués « au sein de chaque département dans les services territoriaux de la police nationale », expliquait à l’époque le ministère de l’intérieur.

« Le dispositif est là pour soigner les gens une fois que le mal est fait, soupire Alexandre Langlois, secrétaire général du syndicat Vigi (anciennement CGT Police), on s’attaque aux conséquences, et pas aux causes : horaires, politique du chiffre, etc. » « Ce n’est pas en mettant un psychologue derrière chaque policier qu’on va régler le problème », ajoute Yves Lefebvre.

Selon M. Langlois, les membres des forces de l’ordre peuvent hésiter à demander de l’aide, par peur de leur hiérarchie. « Quand on se met en arrêt maladie, ça veut dire des pertes de salaire, un retard à l’avancement et aux mutations », ajoute-t-il.

« Un fonctionnaire dans une unité spécialisée comme la brigade anticriminalité (BAC) qui ne va pas bien, si le psychologue appelle à le désarmer, il ne pourra plus jamais retrouver son unité, donc, pour garder son poste, il ne va pas faire part de ses problèmes », s’inquiète Yves Lefebvre.

Depuis 2015, et le plan de M. Cazeneuve pour lutter contre les suicides, les psychologues du ministère de l’intérieur peuvent alerter la hiérarchie d’un policier en cas de risques suicidaires, explique Yves Lefebvre. « Seule la hiérarchie peut désarmer un fonctionnaire en détresse morale », poursuit-il.

Gendarmerie : un réseau d’écoute

Dans la gendarmerie, un système a également été mis en place avec « des psychologues dans chaque région qui interviennent pour la prévention » des suicides, à mesure « d’un ou deux psychologues » dans chacune des vingt-deux régions, explique le sous-officier de gendarmerie Frédéric Le Louette, président de Gend XXI, une association professionnelle de gendarmes.


Au moins 175 suicides ont été dénombrés dans la gendarmerie depuis 2011, selon une étude de Gend XXI. Les souffrances au travail trouvent les mêmes causes que chez les policiers, selon Frédéric Le Louette : « mutations régulières, horaires de travail… » Si le sous-officier assure que « le maillage est bien adapté », il reconnaît qu’il « faudrait faire un plus gros effort sur la formation des chefs à l’écoute » des gendarmes en souffrance.




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La police confrontée au suicide de ses agents

Flore Thomasset , le 13/11/2017 https://preprod.aws.la-croix.com/France/Securite/police-confrontee-suicide-agents-2017-11-13-1200884966


Après deux années de baisse, le nombre des suicides dans la police nationale est reparti à la hausse. Un phénomène structurel dans ce métier particulièrement difficile.



Fait-on face à une « recrudescence » des suicides dans la police ? C’est en tout cas ce que dénoncent certains syndicats. Depuis le début de l’année, 46 policiers ont mis fin à leurs jours. C’est plus que les deux dernières années (45 policiers en 2015, 36 en 2016), mais moins qu’en 2014, où l’on avait déploré 55 suicides. Sur les 25 dernières années, le chiffre de 2017 se situe, pour l’heure, dans les moyennes.
« L’année n’est pas terminée, prévient cependant Philippe Capon, secrétaire général du syndicat Unsa-Police. Le nombre de suicides est particulièrement important depuis septembre, il ne faudrait pas que ça continue à ce rythme. » Cinq policiers se sont tués durant la seule semaine du 6 au 12 novembre, a reconnu Gérard Collomb dans un communiqué, faisant part « de sa grande émotion à la suite de ces drames, qui endeuillent le ministère tout entier ».

Des difficultés identifiées depuis plus d’une décennie

La question, cela dit, n’est pas nouvelle : le taux de suicide dans la police est traditionnellement plus élevé que dans le reste de la population. « On est sur un phénomène de long terme, avec probablement la pression supplémentaire de la menace terroriste qui vient encore aggraver les choses, explique le chercheur Christian Mouhanna, directeur du Cesdip (1). Mais ce sont des difficultés identifiées depuis une quinzaine d’années. Le problème est que la police est une institution particulièrement conservatrice et lourde à réformer. Depuis le mouvement de protestation des policiers, à l’automne 2016, on sent qu’on est arrivé au bout du système. Peut-être que l’on va enfin affronter les problèmes que l’on ne veut pas voir ? »


Parmi les sujets qui reviennent, la nécessité de redonner du sens au métier, d’abandonner la politique du chiffre – qui pousse parfois à un management brutal – ou encore celle d’alléger les tâches indues, notamment dans la procédure pénale. Plus prosaïquement, les syndicats citent aussi les problèmes des horaires, des récupérations et du déroulement des carrières.

De multiples facteurs qui créent une usure

De fait, les « horaires cycliques », qui font que certains policiers ne disposent que d’un week-end sur six, sont éprouvants. « Les nouvelles générations n’acceptent plus de mettre leur vie privée de côté et je les comprends », observe Philippe Capon. Ces horaires ne concernent cependant qu’à peine un tiers des effectifs.
Le stock d’heures supplémentaires non prises s’accumule en revanche bel et bien. Il atteindrait désormais 20 millions d’heures dans la police nationale. Enfin, la question du célibat ou de l’isolement géographique est régulièrement posée, notamment chez les jeunes affectés en région parisienne, dans des conditions difficiles. « Tous ces facteurs se combinent et créent une véritable usure », conclut le syndicaliste.

Des « facteurs déclenchant » souvent d’ordre privé

De là à pousser au suicide ? S’il a reconnu des « éléments de fragilité imputables à la vie professionnelle », le nouveau directeur général de la police nationale, Éric Morvan, a souligné dimanche 12 novembre que « le facteur déclenchant des suicides était presque toujours d’ordre privé ».
Une affirmation qui a fait bondir, publiquement, les syndicats. Mais, sous couvert d’anonymat, le ton change. « Je crois que nous sommes une profession où l’on se fait plus facilement quitter par son conjoint, relève ainsi un syndicaliste. Parce que les contraintes du métier peuvent être mal vécues. Aussi parce qu’à force de voir tout ce qu’on voit, on peut développer un certain cynisme, un détachement qui nous coupe un peu des autres et nous pousse à nous renfermer sur notre cercle professionnel. »

Un suicide sur deux avec une arme de service en 2017

Or, les ruptures sont d’autant plus fragilisantes que le travail est difficile. « C’est un métier qui bouffe, poursuit ce responsable. Si j’avais été séparé de ma femme et que j’avais dû recevoir mes enfants dans un T2 de banlieue, en horaires décalés, je ne suis pas sûr que j’aurais supporté les missions. Quand les difficultés personnelles croisent celles du métier, ça peut être dangereux. »


Dans ce contexte, le fait de disposer d’une arme, y compris à son domicile, peut-il « faciliter » le passage à l’acte ? Il n’existe pas de chiffres pour en attester. Reste que le plan de prévention de 2015 prévoyait d’inciter les policiers à laisser leur arme au commissariat avant que la menace terroriste ne change la donne. En 2017, un suicide sur deux l’aurait été avec une arme de service.
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Le plan de prévention de 2015
Après une année 2014 particulièrement sombre, Bernard Cazeneuve annonce, fin janvier 2015, un plan de prévention du suicide en 23 points.
Parmi eux, l’embauche de sept psychologues au « service de soutien psychologique opérationnel », qui comptait alors une soixantaine de personnes. Six postes de psychologues
devaient aussi être créés pour l’accompagnement des élèves-policiers, afin de les habituer à la culture du débriefing (« compte-rendu oral »).
Par ailleurs, la création de 2 300 casiers individuels permet aux policiers de déposer leur arme de service à la fin de leur vacation.
Le plan de prévention prévoit aussi le renforcement du suivi des retours en service après un congé maladie long.

Flore Thomasset

(1) Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales, au CNRS.


https://preprod.aws.la-croix.com/France/Securite/police-confrontee-suicide-agents-2017-11-13-1200884966

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Les suicides dans la police, un drame sans fin ?

Par Jean-Marie Godard

Publié le 17/11/2017 https://www.marianne.net/societe/les-suicides-dans-la-police-un-drame-sans-fin



Cela fait des années que les suicides parmi les forces de l'ordre font la une de l'actualité. Et que les annonces restent vaines...


Soixante-deux morts depuis janvier, dont huit au cours de la deuxième semaine de novembre... Ces chiffres glaçants sont ceux du nombre de policiers (46) et de gendarmes (16) qui se sont suicidés depuis le début de cette année. Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a lancé un audit des mesures de prévention en vue de les améliorer. Et le directeur général de la police nationale (DGPN), Eric Morvan, a annoncé une évaluation sur toute l'année 2018 des «cycles horaires» qui rythment la vie professionnelle des forces de l'ordre.

Cela fait des années que les suicides parmi les forces de l'ordre - un taux deux fois plus élevé que dans la population globale, selon le cabinet Technologia, spécialisé dans la prévention des risques psychosociaux - sont régulièrement propulsés sur le devant de l'actualité. Et que les pouvoirs publics font des nouvelles annonces. Pourtant, «à chaque fois, on a droit à un sparadrap sur une jambe de bois, déplore Alexandre Langlois, du syndicat Vigi (anciennement CGT-Police). Qu'on supprime la politique du chiffre et qu'on nous laisse faire notre vrai travail au quotidien, c'est-à-dire protéger la population et pas remplir des tableaux de statistiques. Qu'on fasse cesser les rythmes infernaux. On est à 20 millions d'heures supplémentaires cumulées, en hausse de 4 millions ces deux dernières années ! La hiérarchie invoque des causes essentiellement personnelles. Mais pourquoi la vie des


collègues est bousillée ? Pourquoi les familles éclatent, les divorces ?»


«Le ministère de l'Intérieur, refusant d'ouvrir les yeux, malgré de multiples alertes, réchauffe des mesures déjà en place depuis 2014...» dénonce aussi le secrétaire général de l'Unsa-Police, Philippe Capon, faisant référence au plan de prévention des suicides lancé par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve, après les 55 suicides de policiers de cette année-là. S'il partage les revendications mises en avant sur les cycles horaires ou les heures supplémentaires et le rythme de travail effréné, Philippe Capon cite également le fait que «le ministère de l'Intérieur recrute des policiers dont 80 % sont originaires de province et affectés en région parisienne pendant huit ans au minimum, sans aucun accompagnement, ou presque, en termes de prestations de restauration et de transports collectifs, avec une politique du logement approximative et sans prise en charge de complémentaire santé».

L'une des demandes des syndicats est de permettre aux membres des forces de l'ordre d'avoir une vie sociale et familiale en mettant en place un rythme de travail qui les ferait bénéficier d'un week-end sur deux. Ce cycle horaire nécessiterait trop de moyens, répond le DGPN, même s'il est déjà «expérimenté» : «Ce cycle-là oblige à des transformations, à une mobilisation de personnels beaucoup plus forte, de sorte qu'il n'est pas possible de le mettre partout».

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Pression, reproches, manque de moyens: après deux tentatives de suicide, une policière parle (VIDEO)


20 nov. 2017, https://francais.rt.com/france/45781-pression-manque-moyens-deux-tentatives-suicide-policiere-parle

© Geoffroy Van der Hassselt Source: AFP


Aurélie, brigadier chef, a tenté deux fois de mettre fin à ses jours. La dernière fois, c'était il y a sept mois. Face à une vague de suicides sans précédent dans la police, elle a confié à RT France les raisons de la dépression des agents.

Aurélie [nom d'emprunt] s’est engagée dans la police à 19 ans, motivée, fière de sa mission. Compte tenu de la pression qu'elle subit dans le cadre de son travail depuis 26 ans, ce brigadier chef a tenté par deux fois de mettre fin à ses jours. La dernière fois, c'était au printemps. «Je pense que si je veux retrouver mon équilibre, je dois quitter la police», confie-t-elle aux journalistes de RT France venus l’interviewer chez elle.

Du poids de l'état d'urgence au manque de moyens mis à disposition, ses collègues sont, eux aussi, à bout de souffle. Le 13 novembre, huit nouveaux suicides ont été enregistrés au sein des forces de l'ordre en une semaine. Après une apparente accalmie depuis l'année noire de 2014 (55 suicides de policiers), la vague de suicides reprend.
La souffrance d'une policière au quotidien


Aurélie explique la combinaison des raisons qui l'ont conduite à tenter de mettre fin à ses jours. «Depuis l’âge de 19 ans, je couvre des interventions extrêmement difficiles psychologiquement, j’ai vu de nombreuses personnes décéder, des choses vraiment terribles», explique-t-elle. «Toutes ces souffrances qu’on le veuille ou non [...] m’ont impactée», ajoute-t-elle. Pression, reproches permanents des supérieurs, opérations à haute tension composent son quotidien.


Une quasi inexistence de l’aide aux policiers en difficulté psychologique

Aux difficultés de la mission s'ajoute le contexte actuel du terrorisme et le changement de certaines lois, notamment en matière de légitime défense. Pour Aurélie, il y a pire : «un management déplorable, avec une quasi inexistence de l’aide aux policiers en difficulté psychologique». Elle évoque sa vie de famille, qui a pâti de sa profession astreignante «sans reconnaissance, ni de [ses] supérieurs, ni [...] de la population.»

Et un jour, tout bascule. «Ce jour-là, j'ai compris que les demandes que je faisais à mes supérieurs de me recevoir pour entendre mon mal-être par rapport au harcèlement que je vivais, n’allaient pas être entendues», se souvient-elle. «Il y a un moment où vous vous demandez si vous servez encore à quelque chose. [...] Si c’est pas le moment de quitter la police ou parfois même de quitter la vie», ajoute-t-elle.


Il s'est tiré une balle dans la tête sur le parking du commissariat, un 1er décembre

«Ce qui m'a sauvé la vie est que ma fille rentrait à la maison ce soir-là», explique-t-elle. Mais nombre de ses collègues n'ont pas eu cette chance. «Un de mes meilleurs amis avait rencontré les mêmes difficultés. Il s'est tiré une balle dans la tête sur le parking du commissariat, un 1er décembre», s'émeut-elle.
Pourquoi autant de blues chez les policiers ?

Aurélie fait un plaidoyer pour que les choses changent en profondeur. «Nous sommes sans cesse confrontés à cette misère sociale et nous n’arrivons pas à aider la population, comme nous voudrions le faire, par manque de moyens, par manque d’une justice équitable forte», explique la brigadier chef. «Nos magistrats sont totalement déconnectés de la réalité et nous font nous sentir inutiles. Et il y a cette haine de la population à notre égard [...] alors que bien souvent les fonctionnaires de police sont là pour aider, intervenir dans des situations douloureuses», ajoute-t-elle. Elle regrette que les appels au meurtre de policiers ne soient pas sanctionnés, comme elle en réfère dans cette vidéo.


Mes collègues franchissent le pas et préfèrent mourir que de se battre

Après les attentats, la logique aurait voulu qu'on mette en place une véritable réforme pour préparer les équipes. La policière dément : «On ne nous a pas donné vraiment les moyens de lutter contre ce terrorisme. Certaines formations ont été dispensées à certains policiers, de nouvelles armes ont été données. Mais ce n’est pas partout le cas, je pense que les mesures qui ont été prises sont en fait des mesurettes.» En matière de management et d'empathie dans le corps policier, Aurélie a beaucoup à redire : «Le manque d’humanité à l’œuvre dans la police fait que beaucoup de mes collègues franchissent le pas et préfèrent mourir que de se battre.»
Que faire pour enrayer cette vague de suicides ?

Cette accélération du nombre de suicides a conduit le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, à demander le 12 novembre aux directeurs généraux de la Police nationale, de la Gendarmerie et de la Sécurité intérieure «une évaluation des mesures mises en œuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l'ordre».


Pour Aurélie, rien ne se résoudra de cette manière. «On n'écoute pas les fonctionnaires de la base», explique-t-elle. «On va convoquer le directeur de la gendarmerie, le directeur de la Police nationale, et ce sont ces gens-là auxquels on a expliqué comment changer nos horaires, comment faire de notre vie un enfer, comment nous traiter des années comme des numéros», fait-elle remarquer. «Croyez-vous que ces gens-là qui sont responsables du management déplorable qui existe dans la police nationale depuis plus de dix ans, soient en mesure de comprendre le mal être du gardien de la paix, du commissariat de police de Vesoul, Rennes, Lille, Marseille, Lyon ? Je ne crois pas», conclut-elle amèrement.

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À propos des suicides dans la police : une question de santé de notre démocratie

Tribune libre. Je suis la fille d’un flic.


Mardi, 14 Novembre, 2017
https://www.humanite.fr/propos-des-suicides-dans-la-police-une-question-de-sante-de-notre-democratie-645445

L'Humanité


Par Laetitia Nonone, militante associative dans la prévention.

Cela fait quelque temps que je réfléchis à écrire une tribune sur le suicide des policiers et plus largement au sein des forces de sécurité.

Quand mon père a fait sa deuxième tentative de suicide avec son arme de service j’étais trop jeune, 14 ans. Quelques années plus tard, j’essaie de trouver des explications mais j’ai toujours besoin de comprendre. Il y a 2 jours, le journal Le Parisien titrait « Un gardien de la paix découvert mort au pied de l’hôtel de police de Nanterre » : un titre certes accrocheur mais d’une telle violence pour les personnes concernées ! A chaque fois que les medias relaient ce type d’information dans les faits divers j’ai tout de suite envie d’adresser mon soutien à la famille.

« Qu’un policier le fasse ici, c’est un symbole fort exprime un de ses collègues. »

Quand je lis dans l’article que ce Monsieur avait 29 ans, une famille…

Comme toujours, on va chercher à connaître les fragilités de sa vie.

Etait-il en couple ? Avait-il des enfants ? Etait-il en détresse familiale ? Divorcé ? Et après avoir posé toutes ces questions on va se pencher, mais pas trop, sur les conditions de travail des policiers et les éventuels dysfonctionnement organisationnel du commissariat.

Bien évidemment, de l’intérieur, on essaye d’esquiver le sujet, hormis quelques personnes et quelques syndicats.

Il est temps d’avoir une véritable réflexion sur ce phénomène de souffrance au travail qui existe dans tous les corps de métiers, mais encore plus au sein de la police.

Au moins 39 fonctionnaires de police se sont suicidés depuis début 2017 (source France bleu).

Les policiers sont les reflets de la société, une société malade avec un taux de suicide élevé.

L'arme de service est utilisée dans un cas sur deux lors de ces passages à l'acte.

1 133 policiers se sont suicidés ces 25 dernières années, ce qui en fait une des professions les plus durement touchées par le phénomène : Le taux de suicide est trois fois plus important que dans les autres professions.

Un plan d'action avait pourtant été mis en place par le ministère de l'Intérieur en 2014, mais les attaques terroristes perpétrées sur le territoire français depuis 2015 et l'Etat d'urgence qui s'en est suivi ont compliqué son application.

L'Ile-de-France, qui concentre un tiers des effectifs de terrain (36.000 policiers), est la région la plus touchée. (Source : RT France)

L’éclatement de la sphère familiale est parfois un déclencheur, mais la mauvaise gestion des ressources humaines est souvent le détonateur.

Alors, oui je suis la fille d’un flic, comme vous vous en doutez. En banlieue, ce statut n’a pas que des avantages, voire aucun par moment, malheureusement je n’ai appris à vivre qu’avec les inconvénients …

Mon papa, martiniquais, est venu en métropole à l’âge de 18 ans pour entrer en école de police. Pour beaucoup d’Antillais entrer dans la fonction publique est un gage de sécurité, ils se disent qu’ils auront du travail à vie, quitte à laisser derrière eux toute une famille et leur pays natal ; ils sont persuadés que cela vaut le coup… que la métropole est un Eldorado, un bel endroit pour construire une famille.

Mon père a eu une longue carrière au sein de la police nationale, plus de 20 ans de bons et loyaux services ; c’était un « bon » policier, souvent félicité et encouragé par ses supérieurs hiérarchiques. Etre policier c’est porter le poids de l’actualité sur son dos. Chaque évènement festif ou politique devient très vite un évènement angoissant, stressant, qui pompe l’énergie du policier et de toute sa famille.

Mon père rentrait souvent épuisé de ses longues journées de travail et vers la fin de sa carrière souvent alcoolisé. Il m’arrivait souvent de l’espionner le matin, lorsqu’ il chargeait son arme, et la mettait à la ceinture ; le voir mettre son uniforme me fascinait.

Mon père était un homme déterminé et fier, mais j’ai pu constater que cette détermination s’effilochée au fil du temps. Il parlait peu de son travail, et les rares fois où il le faisait, c’était sous l’effet de l’alcool ; il en parlait de plus en plus agressivement de ce travail qu’il aimait tant…

A l’époque, je me demandais ce qui avait poussé mon père à faire ses multiples tentatives de suicides. Qu’est-ce qui pousse un homme à vouloir mettre fin à sa vie? Aujourd’hui, je sais que cette fonction a détruit mon père à petit feu. Comment une profession peut-elle rabaisser un homme ? Comment ce métier peut-il arriver à emprisonner des hommes et des femmes dans une profonde dépression ?

A cette époque, j’en voulais à mon père. Je me suis posée beaucoup de questions mais je n’avais personne à qui parler ; ces questions sont restées dans ma tête pendant toute mon adolescence. Ce n’est qu’une fois adulte, que j’ai repris confiance en moi pour enfin réussir à me poser les bonnes questions.

C’est un paradoxe d’avoir un père policier...incarcéré. Aucun adultes, aucun amis ni aucun de ses collègues n’a pu écouter ni même voir la détresse de mon père ; pourtant à la maison elle sautait aux yeux.

Aujourd’hui je suis une militante associative, j’œuvre dans la prévention de la délinquance en encadrant et en responsabilisant des jeunes en difficulté. Je m’implique au sein du CNV, de la coordination nationale Pas sans Nous et de l’observatoire de la fraternité 93, Je me lance aussi dans un projet de relation police/population avec le collectif PoliCité.

Désormais je sais que comme partout, il y a des bons et des mauvais flics.

Le nombre de suicides augmente au même titre que les bavures policières. Plus que jamais nous devons travailler sur la cohésion nationale, mais rien ne se fera sans la volonté des membres du gouvernement. Il y a beaucoup de choses à revoir en interne, notamment en ce qui concerne la formation, la communication entre les policiers et la population, sans oublier la prise en charge psychologique des agents. Aujourd’hui plus que jamais nous devons libérer la parole des policiers, des familles de policiers et des victimes de bavures policières, auditionner tous ces acteurs afin de comprendre cette dynamique d’auto destruction et de destruction des autres.

Ce que je propose dans l’immédiat est la création d’un collectif de familles d’agents de forces de sécurité qui ont été confrontées au suicide ou à la tentative de suicide de leur proche. Il faut fédérer toutes ces familles afin d’être entendu, d’échanger et d’apprendre à vivre avec.

A l’image des travailleurs sociaux des processus d’expérimentations d’analyse des pratiques dans les métiers de forces de sécurité pourrait être mis en place.

Il est impératif que l’Etat prenne en considération les retours du terrain et les besoins de prise en charge psychologique. Il y va de la santé de notre démocratie et de ceux à qui nous demandons d’être les gardiens de la paix.

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Suicides dans la police : des cellules psychologiques pas assez utilisées
Les syndicats de policiers seront reçus par le ministre de l'Intérieur vendredi 24 novembre pour discuter de cette vague de suicides dans la profession.

RTL Petit Matin Julien Sellier http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/suicides-dans-la-police-des-cellules-psychologiques-pas-assez-utilisees-7791114780



Télécharger Suicide dans la police les cellules psychologiques pas assez utilisées Crédit Image : ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP | Crédit Média : RTL BOY | Durée : 01:22 | Date : 24/11/2017 La page de l'émission



Olivier Boy et Martin Planques


publié le 24/11/2017 à 08:50


46 policiers et 16 gendarmes depuis le début de l'année... Cette vague de suicides dans la profession inquiète jusqu'au ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, qui reçoit des syndicats ce vendredi 24 novembre.

Des cellules psychologiques sont déjà opérantes pour écouter les fonctionnaires en difficulté mais ils n'osent pas souvent franchir le pas. Le tabou : les policiers ne parlent pas de leurs problèmes. Isabelle Venot, psychologique et chef adjointe du SSPO, explique ce phénomène au micro de RTL : "Il y a encore cette représentation d'homme fort qui tient la route" et "la représentation du psychologue de celui chez qui on va quand on est fou". Selon elle, le risque c'est celui de la "banalisation". Les policiers ne doivent pas accepter de vivre des situations difficiles sans en parler.


D'autres risques résident dans l'accumulation, sans parfois s'en rendre compte, de stress après les interventions dangereuses. Le fait de faire face au malheur des victime peut aussi être un facteur de mal-être. Tous ces risques peuvent se répercuter sur la vie privée et c'est pour cela qu'il est difficile de savoir si un risque suicidaire est lié au travail. "Il n'est pas toujours facile de couper après le travail", explique Isabelle Venot, "la question de la souffrance est complexe car il faut poser des limites pour ne pas se laisser envahie par le travail".


Le but des cellules est donc de "mettre des mots sur les souffrance". Beaucoup de chefs demandent de plus en plus aux fonctionnaires d'aller parler aux psychologues après une intervention difficile, notamment après les attentats du 13 novembre.



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Suicide chez les policiers: les syndicats reçus place Beauvau


24/11/2017 http://www.bfmtv.com/police-justice/suicide-chez-les-policiers-les-syndicats-recus-place-beauvau-1311013.html

Le malaise des policiers - Photo d'illustration - AFP

Les syndicats de policiers sont reçus ce vendredi au ministère de l'Intérieur, par Gérard Collomb, pour parler de la prévention des suicides parmi les forces de l'ordre.

Des chiffres alarmant depuis le début de l'année. 46 policiers se sont donnés la mort, soit déjà bien plus que sur l'ensemble des années précédentes. Augmentation de la charge de travail, rythmes intenses, manque de reconnaissance... le malaise chez les policiers est présent depuis plusieurs mois. Pour y faire face, le ministre de l'Intérieur reçoit ce vendredi matin les syndicats des policiers et des représentants das gendarmes, en présence des deux directeurs généraux des entités, place Beauvau.


Evaluation de l'inspection générale

Depuis le début de l'année, 46 policiers et 16 gendarmes se sont suicidés. Bien plus que l'an dernier, au cour duquel 36 policiers et 17 gendarmes se sont suicidés. Déjà en 2014, les forces de sécurité avaient fait face à une terrible vague de suicide. 55 policiers et 19 gendarmes en avaient été victimes. Toute une série de mesures avaient alors été prises pour prévenir ces drames.


"Il y a un certain nombre de mesures qui ont été prises, comme le renforcement de nos services de soutien psychologique opérationnel, une attention particulière du management, détaillait Eric Morvan, le directeur général de la police nationale. Ces éléments sont aujourd'hui introduits dans la formation."

L'inspection générale de la police va évaluer, pendant tout l'exercice 2018, les cycles de travail des forces de l'ordre avec l'idée de trouver un rythme différent permettant aux policiers de moins travailler le week-end. Actuellement, certains policiers ne peuvent passer qu'un week-end sur six en famille. Côté gendarmes, on s'inquiète sur les temps de travail hebdomadaire.


"On en a marre de voir des personnes qui sont en situation de burn out parce que leurs conditions de travail sont beaucoup trop difficiles et incompatibles avec une vie de famille et qui décident un jour de se suicider", protestait le 19 novembre dernier Perrine Sallé, femme de policier et porte-parole de l'association "Femmes de forces de l'ordre en colère".


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Suicide chez les policiers: les cellules psychologiques sous utilisées par une profession exposée à la violence

24/11/2017 à 17h18


De la sensibilisation à l'aide psychologique est réalisée dans les écoles de police. - AFP


82 psychologues, répartis sur l'ensemble du territoire, composent le service de soutien psychologique opérationnel pour les policiers. L'an dernier, 8700 agents ont été pris en charge individuellement.


Le chiffre est alarmant. Depuis le début de l'année, 46 policiers et 16 gendarmes se sont donnés la mort. Plus que l'an dernier. Une vague de suicide illustrée ces dernières semaines par la mort d'un policier, retrouvé pendu dans le bois de Vincennes, celui d'un autre fonctionnaire, en Corrèze, qui a utilisé son arme de service pour se donner la mort ou encore celui de ce policier qui a retourné son arme contre lui après avoir abattu trois personnes. Un phénomène pris en considération au ministère de l'Intérieur qui a reçu, vendredi, les syndicats.

82 psychologues, 8.700 entretiens individuels

Pour faire face au malaise policier, un service de soutien psychologique opérationnel (SSPO) existe. Crée en 1996, il devait être une réponse à la vague de suicides qui touchait déjà la profession à cette époque. Ecoute individuelle, groupe de parole, accompagnement... chaque mois, les policiers reçoivent un rappel: un psychologue est à leur disposition en cas de besoin. Que se soit directement lors d'astreinte dans les commissariats ou à un numéro auquel un professionnel est joignable 24h/24 et 7 jours/7.

L'an dernier, seuls 8700 agents, sur 150.000, ont passé la porte du bureau d'un des 82 psychologues qui composent le SSPO pour "une prise en compte de la souffrance" au travail. Par ailleurs, 875 groupes de parole ont été organisés, essentiellement à la suite d'intervention compliquée ou d'un événement traumatique, pour un débriefing psychologique. Bien souvent proposé par les chefs de service, "généralement, tout le monde y participe, même quand un policier n'a rien à dire, il y va et il écoute", assure un responsable policier. Les professionnels du SSPO peuvent également proposer leur aide et leur écoute à chaud dès qu'un événement vient de se produire.

"Il faut que la démarche soit volontaire, que ça vienne du policier, insiste encore ce responsable. Si l'agent est obligé de se rendre en entretien ou participer à un groupe de parole, il ne parlera pas." Idem pour l'obligation de secret imposée aux psychologues. Question de confiance.
Des suicides aux causes multiples

L'image du policier, garant de la sécurité, serait une des raisons pour lesquelles les agents n'ont pas plus recours aux professionnels du SSPO. "C’est une population exposée, très exposée à la violence, à la mort, à la face la plus sombre de la société, rappelait vendredi matin Eric Morvan, directeur général de la police nationale. C’est une profession qui exige énormément de disponibilité. On s’occupe d’abord des problèmes des autres avant de s’occuper de ses propres problèmes."

Au cours du premier semestre 2017, l'Inspection générale de la police nationale a constaté une hausse significative de l'usage des armes à feu par les policiers, particulièrement des tirs d'intimidation ou de sommation. Preuve d'une certaine tension.

Accident, acte terroriste, usage de son arme, suicide d'un collègue... la violence est également présente dans le quotidien des policiers qui auraient du mal à couper une fois leur insigne déposée au vestiaire. A cela s'ajoute un certain ras-le-bol en raison des conditions et des horaires de travail. Cette grogne s'est notamment exprimée avec une série de manifestations l'an dernier pour signaler leur fatigue et leur manque de considération ou encore avec ce concours de photos pour dénoncer la vétusté des locaux.


"Il n'est pas toujours facile de couper après le travail, confirme, sur RTL, Isabelle Venot, psychologue et chef-adjointe au SSPO. (...) La question de la souffrance est complexe car il faut poser des limites pour ne pas se laisser envahir par le travail."
Pas de lien avec le port d'arme

A la direction de la police nationale, on assure que la prévention des suicides chez les fonctionnaires est une préoccupation. Depuis 2015, 19 psychologues ont été recrutés au SSPO. Plus de psychologues, donc plus d'entretiens individuels ou de groupes de parole organisés. Dans les écoles, que ce soit les gardiens de la paix, les officiers ou les commissaires, tous les aspirants policier sont sensibilisés à l'aide psychologique qu'ils peuvent recevoir. "Dans la police nationale, on se suicide moins dans certains services", reconnaît Eric Morvan, expliquant ce phénomène par la "cohésion" plus ou moins forte selon les services.

Cette remarque fait écho au drame de ces policiers qui se donnent la mort alors qu'ils sont en arrêt maladie. Une problématique qui sera prise en compte, assure le directeur général de la police. Prenant en compte également le facteur "facilitant" du fait de porter leur arme hors service, la direction de la police nationale récuse tout lien entre l'augmentation du nombre de suicide parmi les rangs des policiers et la mise en place de cette mesure en 2016. Plus de la moitié des agents qui se sont donné la mort, l'ont fait avec leur arme de service.

http://www.bfmtv.com/police-justice/suicide-chez-les-policiers-les-cellules-psychologiques-sous-utilisees-par-une-profession-exposee-a-la-violence-1311235.html


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Nord Littoral
samedi 25 novembre 2017, p. CA13
SOCIÉTÉ
Discussion et écoute contre les suicides

Le ministère de l'Intérieur et les organisations représentatives des personnels ont convenu, hier, de poursuivre les efforts pour la prévention des suicides chez les forces de l'ordre, sans pour autant dévoiler de nouvelles mesures. Un nouveau point sur ce sujet sensible est prévu entre le ministre et les organisations d'ici à la fin du premier trimestre 2018. «Développer la vigilance collective, mieux prendre en compte les tentatives de suicide, s'assurer du maintien du contact avec les fonctionnaires et militaires éloignés du service ou encore améliorer les réponses dans l'urgence»: telles sont les pistes abordées lors de la réunion qui s'est déroulée place Beauvau, entre le ministre Gérard Collomb, les syndicats policiers et les représentants du conseil de la fonction militaire de la Gendarmerie nationale, détaille le communiqué. M.Collomb a, par ailleurs, «insisté sur l'importance du management et sur les qualités des relations interpersonnelles qui doivent favoriser la cohésion des équipes, quotidiennement confrontées à des situations complexes et violentes». «Le ministre a redit qu'il n'était pas question de revenir sur le principe d'un armement hors service», a précisé le directeur général de la police nationale (DGPN), Éric Morvan. Cependant il faut pouvoir «discuter» de la question de l'arme, «dans un certain nombre de circonstances particulières et sans stigmatisation», car c'est un «facteur facilitant», a convenu le patron des policiers qui a également souligné l'importance du travail de cohésion et de la médecine préventive. Le directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN) a, pour sa part, insisté sur l'impératif «d'écoute» des personnels de la part «du commandement, des chefs et aussi des représentants du personnel», «pour capter tous les signaux faibles»

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Challenges (site web)
vendredi 24 novembre 2017 - 15:04 UTC +01:00

Suicides chez les forces de l'ordre: la prévention au coeur des échanges, mais pas de nouvelles mesures
AFP
Le ministère de l'Intérieur et les organisations représentatives des personnels ont convenu vendredi de poursuivre les efforts pour la prévention des suicides chez les forces de l'ordre qui ont connu un pic début novembre, sans pour autant dévoiler de nouvelles mesures.
Un nouveau point sur ce sujet sensible est prévu entre le ministre et les organisations d'ici à la fin du premier trimestre 2018, a indiqué l'Intérieur dans un communiqué.
"Développer la vigilance collective, mieux prendre en compte les tentatives de suicide, s'assurer du maintien du contact avec les fonctionnaires et militaires éloignés du service ou encore améliorer les réponses dans l'urgence": telles sont les pistes abordées lors de la réunion qui s'est déroulée place Beauvau, entre le ministre Gérard Collomb, les syndicats policiers et les représentants du conseil de la fonction militaire de la Gendarmerie nationale, détaille le communiqué.
M. Collomb a par ailleurs "insisté sur l'importance du management et sur les qualités des relations interpersonnelles qui doivent favoriser la cohésion des équipes quotidiennement confrontées à des situations complexes et violentes".
"Le ministre a redit qu'il n'était pas question de revenir sur le principe d'un armement hors service", a précisé le directeur général de la police nationale (DGPN), Éric Morvan.
Cependant il faut pouvoir "discuter" de la question de l'arme, "dans un certain nombre de circonstances particulières et sans stigmatisation", car c'est un "facteur facilitant", a convenu le patron des policiers qui a également souligné l'importance du travail de cohésion et de la médecine préventive.
Le directeur général de la Gendarmerie nationale (DGGN) a pour sa part insisté sur l'impératif "d'écoute" des personnels de la part "du commandement, des chefs et aussi des représentants du personnel", "pour capter tous les signaux faibles".
Les syndicats ont salué "un bilan particulièrement objectif", un "constat partagé" mais ont insisté sur la dégradation des conditions et la question du temps de travail des policiers.
"C'est un des facteurs de l'aggravation des risques de suicides dans nos rangs", a déclaré Yves Lefevbre, secrétaire général d'Unité qui a fait de la réforme des cycles de travail, et en particulier l'instauration d'un weekend travaillé sur deux, l'un des chevaux de bataille de son syndicat.
"Nous pensons qu'il y a des questions fortes de management, de conditions de travail, d'horaires de travail, de vie au travail (...) Aujourd'hui il y a une situation qui se dégrade sur le terrain. Pas assez de prévention, pas assez de suivi des collègues en maladie, des cycles de travail compliqués...", a souligné son homologue d'Alliance, Jean-Claude Delage.
Le ministère a dénombré 62 suicides parmi les forces de l'ordre depuis le début de l'année 2017: 46 chez les policiers et 16 chez les gendarmes, selon un bilan diffusé jeudi.
Après une décrue en 2015 et 2016, deux années marquées par une intense activité opérationnelle en raison de la menace terroriste, le nombre de suicides a connu une hausse cette année, sans toutefois atteindre les niveaux enregistrés avant la mise en œuvre d'un plan de prévention décidé par Bernard Cazeneuve en 2015.
La moyenne des suicides dans la police sur les dix dernières années, s'établit à 43,2. Elle est de 25 chez les gendarmes.
Début novembre, les forces de l'ordre ont connu une semaine noire durant laquelle sept policiers et deux gendarmes ont mis fin à leurs jours, suscitant une vive émotion.

Illustration(s) :
Après une décrue en 2015 et 2016, deux années marquées par une intense activité opérationnelle en raison de la menace terroriste, le nombre de suicides a connu une hausse cette année-AFP/Archives/PATRICK KOVARIK
Note(s) : Mis à jour : 2017-11-25 04:58 UTC +0