mardi 14 juin 2016

THESE LA DÉPRESSION DE LA PERSONNE ÂGÉE : PERCEPTION ET PRISE EN CHARGE PAR LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES DE L’OUEST LYONNAIS


La dépression de la personne âgée : perception et prise en charge
article lesocial.fr

Entre 2005 et 2010 : 7.8% personnes de la population générale ambulatoire ont présenté un épisode dépressif réel. La dépression est le premier motif d'entrée en affection longue durée 23 (1). Les personnes de plus de 65 ans représentent 21,1% de la population générale, et ce chiffre est croissant. Plus de 20% présentent des troubles psychiques. 11.3% sont atteintes de dépression et 14. 2% présente un risque suicidaire (2).

L’ampleur de ces données tend à indiquer que la dépression de la personne âgée (DPA) est un problème de santé publique qui a justifié des rapports et autres expertises au niveau national (3–5). L’organisation sanitaire française place le médecin généraliste (MG) au cœur de la prise en charge des sujets âgés, étant obligatoirement confrontés à cette problématique. La souffrance psychique de la personne âgée (PA) est un sujet récurrent, il peut être caché par les patients ou leur entourage, et également parfois être nié par les patients, leur entourage et même le secteur sanitaire (ou personnels soignants). Ceci constitue possiblement des freins au diagnostic et à la prise en charge optimale.

De manière générale, une personne âgée est plus vulnérable, plus fragile et plus exposée à la conscience de son propre décès. Cette fragilité n’est pas obligatoirement source de DPA comme le montre les statistiques. Il est donc inadapté d’attribuer la souffrance psychique au vieillissement tout comme « Il ne faut pas attribuer à la vieillesse tous les défauts des vieillards. » (Alphonse Karr)

Lors d’un stage d’internat en court séjour gériatrique j’ai été surprise par l’hétérogénéité des prises en charge ambulatoire, tant sur le plan du diagnostic, du suivi, que des traitements. Au cours de ce stage, on se confronte aussi au discours de mort des PA. Cela nous a conduit à nous poser les questions suivantes : comment le médecin généraliste perçoit-il la personne âgée, comment aborde-t-il le diagnostic de dépression ? Comment la prend-il en charge ? Quels réseaux d’aide à la prise en charge a-t ’il à sa disposition ?

Nous avons mené une enquête à l’aide d’entretiens semi-dirigés en cabinet de médecine générale afin de mieux de répondre à ces interrogations et de mieux comprendre la perception de la DPA et les problématiques de la prise en charge de la DPA par les spécialistes de médecine générale.

La dépression dans l’Histoire

La dépression est un terme pouvant décrire des conditions climatériques, économiques, physiques ou géographiques. Elle désigne aussi, selon le dictionnaire Larousse, un état pathologique marqué par une tristesse avec une douleur morale, une perte d’estime de soi, un ralentissement psychomoteur (6).

L’origine de ce terme médical prend ses racines dans l’Antiquité. La dépression fut d’abord appelée mélancolie par Hippocrate et attribuée à la bile noire. Puis, entre le IIIème et IVème siècle, elle est nommée acédie et traitée comme le péché de paresse. La mélancolie (re-)devient une maladie au XVème siècle mais reste une maladie exceptionnelle. Le XIXème est le siècle du début de la psychiatrie et l’on retrouve des thèses différentes concernant la dépression. Ainsi, pour Esquirol la dépression est une monomanie alors que pour Freud elle est une névrose qu’il appelle neurasthénie. Elle semble une maladie de plus en plus répandue, si bien qu’elle est désignée comme « le mal du siècle » par Musset et le romantisme français. L’histoire de la dépression prend de l’essor au XXème siècle avec la psychiatrie moderne. Le DSM créé par l’APA en affine la définition, notamment par la différenciation de la dépression endogène et névrotique. On voit aussi apparaître les premiers traitements par électrochocs et antidépresseurs. La médecine générale se voit confrontée à ces patients et les prises en charge progressent jusqu’à aujourd’hui (7). Au cours du XXIème siècle, la poussée démographique de la population âgée voit apparaître la nouvelle problématique de la prise en charge des PA dépressives, qui sera le thème de notre travail.

Lire le rapport sur le site de l'Université de Lyon



Source info : http://www.lesocial.fr/info/aide-medico-psychologique/metier/la-depression-de-la-personne-agee-perception-et-prise-en-charge 


Référence Thèse citée
LA DÉPRESSION DE LA PERSONNE ÂGÉE : PERCEPTION ET PRISE EN CHARGE PAR LES MÉDECINS GÉNÉRALISTES DE L’OUEST LYONNAIS
THESE Présentée A l’Université Claude Bernard Lyon 1 Et soutenue publiquement le 17 MARS 2016 Pour obtenir le grade de Docteur en Médecine Par Christelle AUDIGIER
http://portaildoc.univ-lyon1.fr

La dépression de la personne âgée est un problème de santé publique majeur et la médecine générale est la première spécialité médicale concernée pour la prendre en charge. Explorer la perception et les modalités de la prise en charge de la dépression du sujet âgé en médecine générale. Identifier les difficultés perçues par les médecins généralistes et les voies améliorations possibles. Enquête qualitative par entretiens semi-dirigés de 17 médecins généralistes de l ouest lyonnais. La prise en charge de la dépression chez le sujet âgé en médecine générale présente de nombreuses difficultés, tant au niveau du repérage et du diagnostic, qu au niveau thérapeutique. Elle présente des formes cliniques polymorphes et souvent masquées qui nécessitent des temps de consultation longs. Le médecin généraliste fait souvent le diagnostic à l aide de son empathie et n utilise pas d outils spécifiques. Les symptômes sont également banalisés par la personne âgée qui est souvent dans le déni. Concernant la prise en charge thérapeutique, les médecins généralistes vont généralement se heurter à la mauvaise adhésion du patient quoiqu ils proposent. Ils utilisent les antidépresseurs qu ils maitrisent bien et sont prudents devant le risque d intolérances ou d interactions médicamenteuses. La psychothérapie est encouragée mais difficile à mettre en place. Ils font rarement appel aux spécialistes devant leur indisponibilité et des relations interprofessionnelles souvent inexistantes. Par ailleurs, la prise en charge sociale et familiale des sujets âgés est importante car l isolement des personnes âgées favorise la dépression et augmente la complexité de sa prise en charge. Les différents plans santés et recommandations nationales ont amélioré la pratique en médecine générale mais les praticiens font encore face à de nombreuses difficultés. Les solutions d améliorations pourraient consister à favoriser le repérage de la dépression du patient âgé, poursuivre et améliorer la qualité des formations en médecine générale, et améliorer la communication entre la médecine générale et le réseau de soin psychiatrique
URL:
http://n2t.net/ark:/47881/m65x27c5