vendredi 21 août 2015

RECHERCHE ETUDE FRANCE Troubles de la réalisation d’action et dépression avec activité suicidaire

Troubles de la réalisation d’action et dépression avec activité suicidaire Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique
Available online 19 August 2015
Mémoire
Jérémie Vandevoordea, b, , , Ambre Sanchez Valerob, Safié Kamarb, Emmanuelle Baudoinb, Béatrice Chabertb, Thierry Baudoinb a Laboratoire IPSé, université Paris Ouest-Nanterre, 200, avenue de la République, 92000 Nanterre, France
b
Accueil de psychiatrie, hôpital René-Dubos, 6, avenue de l’Île-de-France, 95300 Cergy-Pontoise, FranceReceived 13 February 2015,
Accepted 23 April 2015, Available online 19 August 2015

Résumé Les troubles de la réalisation d’action sont des phénomènes fréquents et inquiétants en psychiatrie. L’absence d’action d’un patient sur son environnement entraîne rapidement un désengagement du monde humain. Pour agir, nous devons disposer d’un minimum de vitalité, d’une activité cognitive de fabrication de représentations d’actions et d’une organisation motrice du mouvement. La clinique psychiatrique quotidienne nous apprend toutefois que des altérations peuvent survenir dans la chaîne de production d’actions.

Objectif L’article a pour objectif de faire le point sur les différentes pathologies qui peuvent altérer ces éléments fondamentaux et qui ont été identifiées dans la littérature (athymhormie, apathie, apragmatisme, aboulie, avolition, anhédonie…).

Méthode La littérature scientifique, psychiatrique, psychopathologique et neurophysiologique a été balayée afin de reconstituer les ingrédients psychologiques nécessaires à la fabrication d’une action et d’en identifier les altérations pathologiques possibles. La présentation de huit cas cliniques de patients souffrant de dépression avec activité suicidaire nous invite à extraire le trouble aboulique comme étant une entité psychopathologique séparée. La reconstruction phénoménologique des abstentions motrices de ces patients nous permet de dégager les différents mécanismes qui sapent la réalisation d’action.

Résultats Le tri de ces différents troubles permet de resituer le trouble aboulique comme une inhabilité à transformer l’idée d’un acte en acte réel et en action close. On relève l’existence de sept processus cognitifs qui parasitent ce passage entre l’idée et l’action : le vagabondage de la pensée, la saturation cognitive, l’incoordination cognitive, l’anticipation négative de l’effort à fournir, le biais de clôture, l’anxiété d’insuccès, le sentiment d’inutilité.

Conclusion Les troubles de la réalisation d’action dépendent de mécanismes cognitifs et psychopathologiques identifiables bien qu’encore largement méconnus. Ces processus psychologiques pourraient constituer des cibles thérapeutiques privilégiées.


Source : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0003448715002255