lundi 16 février 2015

NORD PAS DE CALAIS : VigilanS plateforme pilote d'écoute et de veille sur les tentatives de suicide

Le CHRU de Lille entre en VigilanS contre le suicide
http://www.chru-lille.fr/articles/125931.html 
En France, 20 000 tentatives de suicides sont comptabilisées tous les ans, soit une tentative toutes les quatre minutes. Dans le Nord – Pas de Calais, 800 décès par suicide sont recensés. Au regard de ces chiffres alarmants, le CHRU de Lille, le Samu 59 et l’Agence Régionale de Santé (ARS) agissent pour lutter contre les tentatives de suicide en créant le dispositif VigilanS.


Rester en contact avec les patients pour éviter les récidives
VigilanS permet aux patients de rester en contact avec un dispositif qui les accompagne, qui les écoute et qui les soutient. Il s’agit d’un véritable outil de suivi qui procède en trois étapes :
- A sa sortie de l’hôpital, le patient reçoit une carte avec le numéro de téléphone de VigilanS, qu’il peut contacter à tout instant afin de maintenir le dialogue. Par la suite, VigilanS informe son médecin traitant et son psychiatre référent de la mise en place du dispositif de suivi.
- Entre dix et vingt jours après sa sortie, un(e) écoutant(e) du dispositif appelle le patient pour s’informer de son état de santé. S’il ne répond pas, le médecin traitant et le psychiatre sont contactés. Quant au patient, il reçoit une carte postale personnalisée et/ou un SMS tous les mois.
- Après 6 mois de suivi, un dernier contact est entrepris. Si aucune récidive suicidaire n’est constatée, le patient sort du dispositif. Dans le cas contraire, le suivi est prolongé.




Un dispositif inédit en France
Pr VEIVA
Coordonné par Guillaume Vaiva, professeur de Psychiatrie, VigilanS est un outil d’accompagnement unique, un dispositif pilote exclusivement dédié à la région Nord – Pas de Calais. La Métropole Lilloise a été prioritairement ciblée ainsi que les zones particulièrement touchées par le suicide comme Boulogne, Saint-Omer, Douai ou Cambrai. Centralisée au SAMU/Centre 15, l’équipe se compose d’une secrétaire, d’un praticien hospitalier, de quatre écoutant(e)s, d’un assistant spécialiste en Psychiatrie et d’une Assistante de Recherche Clinique.
Financé pour deux ans par l’ARS à hauteur de 380 000 €, VigilanS entre dans le cadre du Schéma régional de prévention du Nord – Pas de Calais.





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Prévention du suicide: lancement d'un dispositif innovant promu par le CHU de Lille
LILLE, 16 février 2015 (Direct Hôpital) - Le CHU de Lille est le promoteur d'un dispositif innovant régional de prévention du suicide pour les patients ayant déjà été hospitalisés pour une tentative, indique le CHU dans un dossier diffusé début février.

Dans ce dossier, le CHU rappelle que 20.000 tentatives de suicide et environ 800 décès par suicide ont été recensés dans le Nord-Pas-de-Calais en 2011, et que la régulation des Samu de la région (59 et 62 réunis) comptabilise 15.000 appels par an pour suicide.

Le suicide est la première cause de mortalité chez les 15-25 ans dans la région, indique également le document. Pour rappel, le Nord-Pas-de-Calais est aussi au premier rang des régions métropolitaines en termes d'hospitalisation pour tentative de suicide chez les hommes, et au deuxième rang chez les femmes, selon une récente étude de la Fédération régionale de recherche en santé mentale du Nord-Pas-de-Calais (F2RSM).

Le dispositif promu par le CHU, baptisé VigilanS, s'intéresse aux patients qui ont déjà fait une tentative de suicide. Il estime en effet que si "sur 10 premières tentatives de suicide, les statistiques démontrent que six ne récidiveront jamais", en revanche, "pour les quatre autres, les professionnels de santé concernés par la prise en soins de ces patients sont convaincus qu'un accompagnement spécifique peut prévenir une récidive".

Le dossier mentionne qu'aujourd'hui, après une tentative de suicide "et une hospitalisation souvent courte aux urgences ou à l'hôpital, les patients retrouvent leur quotidien avec pour bon nombre d'entres eux, leurs difficultés". Le suivi proposé actuellement consiste en un courrier adressé au médecin traitant et/ou au psychiatre et un rendez-vous programmé dans un centre médico-psychologique (CMP).

"Mais ensuite? Qui s'inquiète un peu à distance du devenir du patient, de la qualité du suivi proposé? Qui vient l'ajuster, le compléter ou au contraire ne pas insister quand le sujet semble passer à autre chose?", interroge-t-il. D'où l'idée de VigilanS, "justement pour rester 'en veille' auprès de ces personnes fragilisées, pour leur montrer, par un accompagnement personnalisé, qu'ils ne sont pas seuls pour traverser cette période sensible".

Concrètement, après une tentative de suicide, les services qui ont pris en charge le patient en urgence "signalent au dispositif VigilanS la sortie de ce dernier". Parallèlement, avant de laisser partir le patient, ils lui remettent une "carte ressources prévention" sur laquelle figure un numéro d'appel d'urgence gratuit. VigilanS informe alors par courrier le médecin traitant et/ou le psychiatre référent du patient de la mise en place du dispositif et leur transmet un numéro de téléphone de recours.

Les personnes sont ensuite recontactées selon différentes modalités, selon qu'il s'agit d'une récidive ou non, par téléphone, par SMS, ou par "cartes postales", précise le CHU. "A chaque contact, le médecin traitant est tenu au courant. Si un sujet contacté se trouve en difficulté, voire en danger, VigilanS organise les recours adaptés, en lien direct avec le centre hospitalier de référence et le médecin traitant".

Cette "veille" s'étale sur une période de six mois, plus si nécessaire. "S'il survient une récidive suicidaire, le patient est de nouveau inscrit dans le dispositif pour six mois", précise le document.

Une première nationale


Depuis début janvier, la région Nord-Pas de Calais est la première à tester ce dispositif pilote, financé pour deux ans par l'agence régionale de santé (ARS) à hauteur de 380.000 euros, dans le cadre du schéma régional de prévention du Nord Pas-de-Calais pour 2012-16.

"L'agence s'est engagée à soutenir l'expérience dans le temps si elle montrait son intérêt dans la prévention du suicide", assure le CHU.

Le dispositif VigilanS est coordonné par Guillaume Vaiva, professeur de psychiatrie au CHU de Lille. L'équipe est composée d'une secrétaire à temps plein, d'un praticien hospitalier à mi-temps, de quatre mi-temps d'"appelants/écoutants", d'un assistant spécialiste en psychiatrie sur l'évaluation du projet et d'une assistante de recherche clinique.

L'équipe des "appelants/écoutants" est installée au sein de la régulation médicale du Samu/Centre 15, précise encore le CHU.

Le CHU de Lille est donc le promoteur de VigilanS, mais le dispositif "fédère l'expertise de plusieurs partenaires" dont le Samu/Centre 15, les services d'urgences des hôpitaux de la région et les centres de crise, "qui 'alimentent' le dispositif en signalant les sujets à veiller", et les services de psychiatrie et santé mentale, "qui joignent leurs ressources de soin et d'intervention à celles de VigilanS, quand une situation à risque est détectée".

Le dispositif associe également l'union régionale des professionnels de santé (URPS) et les associations de développement professionnel continu (DPC) de médecins généralistes, "qui s'associent au projet en sensibilisant les médecins de proximité à la détection du risque suicidaire et aux recours disponibles".

La F2RSM est chargée de l'évaluation quantitative et qualitative de l'ensemble du dispositif.

vl/ab/



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SOCIÉTÉ Une plateforme pilote d'écoute et de veille sur les tentatives de suicide va être testée dans la région pendant 30 mois...

Le Nord-Pas-de-Calais entre en «VigilanS» suicide





Les «écoutantes» de VigilanS à leur poste de travail à Lille.
Les «écoutantes» de VigilanS à leur poste de travail à Lille. - M.Libert / 20 Minutes

Mikael Libert




Selon les derniers chiffres disponibles (2011), 20.000 personnes tentent de se suicider dans le Nord-Pas-de-Calais chaque année. Environ 800 y parviennent. C'est aussi la première cause de mortalité chez les 15-25 ans dans la région. A ce qui est un véritable enjeu de santé publique, l'Agence régionale de santé (ARS), le CHR de Lille et le SAMU 59 ont décidé d'opposer la «VigilanS», un dispositif de veille et d'accompagnement après une tentative de suicide (TS).

Des recherches ont montré que le fait de rester en contact avec les personnes après une TS faisait diminuer le taux de récidive. «Restait à appliquer cela dans la vraie vie», déclare le professeur Guillaume Vaiva, coordonnateur de VigilanS. Après une hospitalisation, le patient suicidaire était plus ou moins relâché dans la nature, au grand damn des médecins qui, faute d'outils, ne pouvaient assurer de véritable suivi. C'est ce manque que vient combler VigilanS.

Des «écoutantes» vigilantes

Comment ça marche? A sa sortie de l'hôpital, le patient reçoit une carte avec le numéro de téléphone VigilanS qu'il peut appeler en cas de besoin. «On a constaté que près de 10% des patients finissaient par le composer un jour», glisse Guillaume Vaiva. Les appels arrivent sur la plateforme téléphonique du SAMU de Lille où quatre «écoutantes» se chargent de répondre. Elles fonctionnent en binôme: une infirmière et une psychologue.

En plus de répondre aux appels entrants, les «écoutantes» se chargent aussi du suivi. Les personnes qui n'en sont pas à leur première tentative sont rappelées entre le 10e et le 20e jour après leur hospitalisation. S'ils ne répondent pas, le médecin référent est prévenu et le patient reçoit un courrier ou des SMS. Un nouveau contact est pris à six mois et, si tout va bien, le patient sort du système de veille.

Un mort par suicide coûte 300.000 euros

Pour ces 30 mois d'évaluation, un budget de près de 400.000 euros a été alloué, notamment par l'ARS. Néanmoins, ces moyens ne permettent pas de couvrir tout le territoire régional: «Nous avons fait des choix stratégiques, explique le Pr Vaiva, en ciblant la métropole lilloise et les zones qui comptent le plus de morts par suicide, comme Saint-Omer, Douai ou Cambrai». S'avouant lui-même cynique, le professeur avance quelques chiffres: «une tentative de suicide coûte 15.000 euros au système de santé et un mort, lui, en coûte 300.000 à la société».

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INFO ++ Sur http://www.santementale5962.com/nos-travaux/les-themes-d-etude-et-de-recherche/suicide-et-tentative-de-suicide/article/evaluation-du-dispositif-vigilans



Suicide et tentative de suicide


Evaluation du dispositif VigilanS

Le programme VigilanS est un dispositif de veille des suicidants sur une période de 6 mois. Une carte comprenant le numéro d’appel de ressource régional est initialement transmis à chaque participant. Les médecins traitants, psychiatres et psychologues traitants des suicidants sont prévenus de la mise en place du dispositif de veille. Des recontacts téléphoniques et des envois de cartes postales sont prévus pour les patients récidivistes.

Les objectifs du dispositif sont de contribuer à une baisse de la mortalité et la morbidité par suicide, dans une population de sujets suicidants. Il visera à constituer des procédures d’alerte efficaces dans chaque centre, en cas d’identification de sujets en crise suicidaire ainsi que de contribuer à la mise en place de stratégies innovantes et répliquables dans la prise en charge des conduites suicidaires.


La F2RSM Nord - Pas-de-Calais est responsable de l’évaluation du programme VigilanS.
- Elle comprendra un volet opérationnalité comprenant une partie qualitative et une partie quantitative.
- Un volet efficacité réalisera des mesures d’index suicide.

L’évaluation comprendra également l’évolution du nombre d’appels au Samu, du nombre d’hospitalisation pour tentative de suicide et de la mortalité par suicide dans les territoires dans lesquels VigilanS a été développé et dans des territoires sans ce dispositif.


Consultez la présentation faite au Conseil scientifique du 9 décembre 2014.



Document lié à cet article :
Présentation conseil scientifique du 09122014 : PDF - 562.5 ko



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