vendredi 31 octobre 2014

Suisse manifestation Un "café mortel" pour les ados - une communication & approche intéressante

Un "café mortel" pour les ados le 8 novembre

affiche caféLe sociologue Bernard Crettaz animera le samedi 8 novembre à 17h un "café mortel" spécial pour les ados, à la Maison de Quartier de Saint Jean à Genève (plan).

http://mqsj.ch/soiree-cafe-mortel-anime-par-bernard-crettaz










Source : http://www.stopsuicide.ch/site/%C3%A9tiquettes/mort

ACTU : MOUVEMENTS SOCIAUX POLICE, SURVEILLANTS DE PRISON, COMMERÇANTS MOBILISATION DES REPRÉSENTANTS

FAITS DE SOCIÉTÉ ET ACTU : 3 articles sur les réactions, actions et/ou mobilisations de représentants de professions (police, surveillants de prison et commerçants) suite à des suicides mettant en lien les conditions de travail le suicide et la souffrance au travail.
Septembre meurtrier dans la police



Avec 11 suicides parmi ses effectifs, le mois dernier, le ministère de l'Intérieur enregistre un sinistre pic statistique. Nouveauté: les familles ne se contentent plus des explications de l'administration et se mobilisent. 

Septembre meurtrier dans la police
Dans plus de la moitié des cas, les policiers français recourent à leur pistolet de dotation pour se donner la mort.
AFP PHOTO / MARTIN BUREAU

Septembre noir pour la police française. En un mois, 11 policiers se sont donné la mort, dont un responsable syndical. Ils sont 12 si l'on ajoute à ce terrible décompte le cas d'un commissaire détaché à Bagdad. Jamais le ministère de l'Intérieur n'a connu une telle hécatombe : le quart des suicides annuels d'une année moyenne a été enregistré en quatre semaines seulement... Et certains voient se profiler le spectre de l'année 1996, qui avait compté 71 gestes désespérés parmi les troupes de la Place Beauvau. 
Toutes les régions sont touchées. Un policier d'une quarantaine d'années se suicide avec son arme de service dans la salle de sport du commissariat de police de Salon-de-Provence (Bouchesdu- Rhône); un autre, en poste au commissariat du IVe arrondissement de Paris, se tire une balle dans la tête, après s'être retranché plusieurs heures à son domicile, dans le XIIe arrondissement -la brigade de recherche et d'intervention (BRI), alertée par sa compagne, n'a pas réussi à éviter le drame. A Cergy-Pontoise (Val-d'Oise), ce sont deux gardiens qui mettent fin à leur vie le même jour.

Des "raisons personnelles"

En octobre, ça continue. Un adjoint de sécurité (ADS) de 20 ans se réfugie dans les toilettes du commissariat de Bergerac (Dordogne) et se tue. Une femme officier, cadre à la sécurité publique au commissariat de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), retourne son arme de service contre elle dans le parking de son immeuble, sans laisser derrière elle la moindre explication. Sa hiérarchie se borne pour l'heure à remarquer que la policière était bien notée et ne semblait pas souffrir de ses conditions de travail. 



"La plupart du temps, l'administration met en avant des raisons personnelles pour expliquer les suicides", remarque un syndicaliste, parfois révolté par l'argumentaire développé. Comme pour cet officier parisien, dont les supérieurs expliquent le geste dramatique par ses difficultés à faire empailler son cochon d'Inde, "ce dont il s'était plaint auprès de ses collègues". "Votre mari avait une maîtresse, un problème avec l'alcool", se sont très souvent entendu dire les veuves qui voulaient comprendre. Et cela même si bon nombre de ces actes se sont produits sur le lieu de travail. 
Rares sont les familles qui cherchent à aller plus loin. Difficile de contredire l'administration, qui seule peut débloquer la pension de réversion remplaçant, en partie, le salaire du défunt. D'autant qu'on fait valoir à ces proches qu'il serait dangereux de médiatiser le "dossier", cette publicité pouvant inciter d'autres fonctionnaires à commettre l'irréparable par imitation -ce que l'on appelle l'"effet Werther" en sociologie, par allusion au roman de Goethe. 
Quelques-uns résistent pourtant et n'hésitent pas à affronter le ministère de l'Intérieur. C'est le cas de Patricia Cordier, mère de David, qui s'est supprimé avec son pistolet, à Dieppe, le 17 octobre 2008. Depuis, cette aide-soignante interpelle la place Beauvau par le biais d'une pétition en ligne (Change.org). Signe de l'importance que prend, actuellement, cette question chez les policiers et dans leur entourage, ce texte vient de voir le nombre de ses signataires doubler en quelques semaines, passant à 103 181 signatures de soutien.  
Autre combat pour la prise en compte du burn-out et, parfois, du harcèlement, celui de la veuve d'un îlotier de Poitiers, un brigadier qui se plaignait des méthodes de management de son chef, déplorant ses remarques répétées, et qui avait mal vécu une mutation l'ayant éloigné du terrain. Il s'est suicidé en juillet 2004, et la justice a reconnu en mai dernier seulement, et sous la pression de son épouse, qu'il existait bien un lien entre cet acte et ses conditions de travail dégradées. Une première. 
L'habituelle chape de plomb qui pèse sur cette question se fendille désormais, alors que le mal est identifié depuis plusieurs années déjà : une enquête, menée par l'Inserm de 2005 à 2009, démontre que le danger de suicide dans la police est supérieur de 36% à la moyenne nationale. Plus étonnant, cette étude révèle que, tandis que 50 policiers se suicidaient annuellement, en France, en moyenne sur cette période, seulement 5 commettaient le même geste en Grande-Bretagne. Pourquoi cet écart ? Parce que les Britanniques n'ont pas systématiquement une arme à leur disposition, alors que les Français conservent la leur en permanence, estiment certains observateurs.  
Dans plus de la moitié des cas, les policiers français recourent, en effet, à leur pistolet de dotation pour se donner la mort. On comprend alors pourquoi, après deux suicides coup sur coup à Cergy-Pontoise, le 17 septembre, la direction générale de la police nationale (DGPN) a ordonné que toutes les armes des fonctionnaires du département soient consignées dans les locaux après le service. 

Un management désincarné

Cette mesure, préventive, a provoqué de vives réactions chez certains syndicats, comme Synergie-Officiers, qui déplore une "infantilisation" des troupes. D'autres font remarquer que, au moment où la question du terrorisme refait surface, cette décision paraît contradictoire avec une vigilance renforcée. Et cela d'autant que, depuis peu, les policiers se préparent, dans leur formation -c'est la procédure "Amok"- à faire usage de leur pistolet pour neutraliser un éventuel tireur ouvrant le feu dans la foule... 
Les divergences syndicales, exacerbées par l'approche des élections professionnelles de décembre prochain, devraient se manifester le 5 novembre lors de la réunion organisée, en urgence, par la DGPN avec les organisations représentatives. Pour certaines d'entre elles, les causes du mal-être dans la police sont aussi à rechercher dans un management désincarné, une course au chiffre adossée à un système de primes qui favorise clanisme et injustice. 
Les plus engagés réclament que les suicides dans la police soient considérés avec une attention accrue, "comme ils l'ont été à France Télécom". "Il est temps de briser le tabou", clame Philippe Capon, patron de la Fasmi (Fédération autonome des syndicats du ministère de l'Intérieur). Pourtant, chaque effort de prévention a, jusqu'alors, porté ses fruits, la stabilité des chiffres, jusqu'en 2013, étant à mettre en relation avec l'installation des "pôles de vigilance" et la multiplication des "psychologues de soutien opérationnel". "Aucune administration ne consacre autant d'efforts à prévenir le suicide", soutient la DGPN. Le mois de septembre meurtrier a montré que cela était désormais insuffisant. 

En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/septembre-meurtrier-dans-la-police_1614354.html#DyIEHmFduauGodZR.99

Rassemblements de surveillants devant plusieurs dizaines de prisons

A l'appel du syndicat FO, des surveillants se sont rassemblés jeudi devant des prisons, un peu partout en France. A Poitiers, une minute de silence a été observée, notamment pour alerter sur les suicides de gardiens.

Plusieurs centaines de surveillants se sont rassemblés jeudi devant des prisons à l'appel de SNP-FO pour dénoncer leurs conditions de travail et réclamer des états généraux de la pénitentiaire.

Selon le syndicat, le mouvement a mobilisé plus de 2.000 surveillants dans 103 établissements de France (sur 190). L'administration pénitentiaire a en revanche fait état de 400 à 420 manifestants sur un échantillon d'une trentaine d'établissements. SNP-FO était le seul syndicat de personnels pénitentiaires à appeler à cette mobilisation.


Il manque (du) personnel, ce qui entraîne des conséquences énormes sur notre sécurité

Dans la soirée, une soixantaine de surveillants, réunis autour de feux de pneus et de palettes, ont bloqué l'entrée de la prison de Fresnes (Val-de-Marne) pendant trois heures avant d'être délogés sans violence par les CRS.

"Il manque ici une centaine de personnels, ce qui entraîne des conséquences énormes sur notre sécurité", a déclaré à l'AFP Yohan Karar, secrétaire local FO, qui a évoqué la possibilité de nouvelles actions. David Derrouet, maire DVG de Fleury-Mérogis venu en soutien, a critiqué la récente interdiction des fouilles au corps après les parloirs.

Le plus gros rassemblement à Marseille

Le rassemblement le plus important a eu lieu à la prison des Baumettes à Marseille, où 200 personnes ont bloqué l'entrée de la prison entre 06H30 et 08H30, avant de se disperser sans incident.

Ailleurs, ils étaient une trentaine devant la maison d'arrêt de Bonneville (Haute-Savoie) et le centre de détention de Roanne (Loire) et 25 à Saint-Quentin-Fallavier (Isère).

En région parisienne, des blocages ont eu lieu à Fresnes, Réau, Bois D'Arcy, Nanterre, Osny et Melun, a indiqué Jérôme Nobecourt, délégué régional FO. A Poitiers, Bordeaux-Gradignan et Mont-de-Marsan, pas de blocage mais une "minute de silence" symbolique pour alerter notamment sur les suicides de surveillants (9 depuis le début de l'année).

Toujours dans l'ouest, une vingtaine de personnes se sont regroupées devant la maison d'arrêt de Fontenay-le-Comte (Vendée), où le taux d'occupation atteint 210%.

"Il y a pourtant une possibilité de transférer des détenus au centre de détention de Nantes car il y a 40 places libres", a déclaré à l'AFP Emmanuel Baudin, secrétaire interrégional FO Pénitentiaire.


L'ultimatum des gardiens

Une intersyndicale FO/Ufap-Unsa avait lancé fin septembre "un ultimatum" au chef de l'établissement pour faire baisser le nombre de détenus, a expliqué Laurent Bachelier, secrétaire local de FO.

"L'ultimatum n'a pas été entendu, c'est pourquoi nous faisons ce blocage", a indiqué M. Baudin, évoquant la possibilité de nouvelles actions.

Dans un communiqué, le sénateur (UMP) Bruno Retailleau, président du conseil général de Vendée, "en appelle une nouvelle fois à la Garde des Sceaux", qui "refuse catégoriquement la création d'un nouvel établissement dédié aux courtes peines à Fontenay-le-Comte", alors que le précédent ministre de la Justice, Michel Mercier, "s'y était pourtant engagé".

Présente à la convention nationale des avocats, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a évoqué le rassemblement des Baumettes et rappelé qu'un programme de rénovation était en cours au sein de cet établissement.

Elle a également mentionné l'ouverture de 534 emplois supplémentaires de personnels surveillants, prévus lors du précédent quinquennat mais jamais créés. 

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Carcassonne : "Les Pendus" ou la révolte des commerçants
Page Facebook Les pendus; chez Emonia Chapellerie.Page Facebook Les pendus; chez Emonia Chapellerie. PHOTO/CHRISTOPHE BARREAU
C’était deux jours avant que le mouvement des « Pendus » ne soit créé. Un travailleur indépendant mettait fin à ses jours dans le Carcassonnais, désespéré par ses dettes.
 "Il y a eu 300 suicides de commerçants et artisans l’an dernier en France, explique une des fondatrices du mouvement, qui officie comme ses collègues en centre-ville de Carcassonne et désire rester anonyme pour l'instant. On a choisi ce nom de pendus parce que c’est la seule issue qui reste à certains d’entre nous..."
Leur sujet de colère n° 1, c’est le RSI (Régime social des Indépendants). "Il nous coûte entre 52 et 54 % de nos revenus. Et il a augmenté de 11 % en un an ! Beaucoup de commerçants nous font part de rappels de cotisations supérieurs à 10 000€ à payer rapidement, sans même savoir à quoi ils se rapportent. On a l’impression d’être des vaches à lait, de payer pour d’autres..."
"En plus du RSI, il y a la TVA (20 %) et la taxe professionnelle locale. En tout, c’est 83 % de nos revenus qui partent vers l’Etat et les collectivités. Sans compter les factures diverses, le loyer, le fisc".
Certains se retrouvent devant un choix cornélien. "J’en suis arrivée à me demander si je ne vais pas rendre mon appartement et retourner habiter chez ma mère, alors que j’ai 46 ans", témoigne cette commerçante, les larmes aux yeux.
Une autre enchaîne : "J’ai dû payer le loyer de ma fille et lui donner 400€ pour qu’elle puisse vivre, alors qu’elle a un commerce à carcassonne et un à Narbonne !"
Autre choix qui s'est posé : "celui de payer la TVA ou être interdit bancaire. Heureusement, j’ai une bonne interlocutrice à ma banque...".
"On est pris à la gorge financièrement, on ne sait même plus pourquoi on paye. Il faut refoutre le système à plat. On n’en peut plus mais malheureusement on est tous disséminés. Si tous les artisans et commerçants nous rejoignent, on sera plus forts..."
Bientôt une réunion à Carcassonne
Ouverte dimanche à 16 h sur facebook, la page « Les Pendus » a été visitée par 17 816 personnes en 24 heures, recueillant 1 038 « j’aime » ! Un décollage réussi pour un mouvement qui compte bien fédérer commerçants et artisans à l’échelle nationale. "Les gens nous appellent de partout et sont prêts à descendre à Carcassonne. Nous avons demandé une salle à la mairie pour une réunion, nous attendons une réponse. Ce sera peut-être le lundi 3 novembre".
« Les Pendus » est un mouvement indépendant, apolitique, non-associatif et non-syndical. "Si de l’argent doit être demandé, ce sera à l’Etat, au RSI et aux autres organismes qui nous prennent tout", est-il écrit sur la page facebook.
En attendant l’ouverture prochaine d’un site internet, ses fondateurs espèrent être entendus par l’Etat, comme le furent « Les bonnets rouges ». Si c’est le cas, Carcassonne sera la ville où tout aura commencé...
 


SUISSE : Campagne: #DisLeALaSuisse


Campagne: #DisLeALaSuisse
source info : revue de presse du 30 octobre 2014 de Stop Suicide
http://www.stopsuicide.ch/site/revues-de-presse 




La nouvelle campagne d'affichage des médias privés a démarré. L’ensemble de la population peut adresser ses messages sur leur site internet ou sur les réseaux sociaux, avec le hashtag #dislealasuisse.

"J'aimerais qu'un jour le mot harcèlement et le mot suicide ne soient plus un tabou en Suisse" est le premier message de cette campagne, paru dans de nombreux quotidiens, tels que "Le Matin dimanche" et "L'Hebdo".


www.dislealasuisse.ch
 

EN LIGNE La maison du pendu Le suicide chez les vaqueiros des Asturies

En ligne Revue Terrain Numero 20 | mars 1993 : La mort

Avec l'article La maison du pendu
Le suicide chez les vaqueiros des Asturies
Maria Cátedra
p. 57-68
La mort
Lieux d'étude : Espagne 
Plan
Ceux qui « attrapent la corde »
Maîtresses, nouvelles, et vieux de la maison
Mortelles mélancolies

L’étude du suicide relève habituellement de la sociologie ou de la psychologie, plus rarement d'une approche en termes de culture1. Le recours à des disciplines traditionnellement soucieuses des applications possibles de leurs analyses est compréhensible dans le cas d'une conduite humaine qui a toujours suscité un désir d'intervention et mobilisé des chercheurs surtout préoccupés par son traitement ou sa prévention. Comprendre l'éthique du suicide semble avoir donc peu compté dans des approches tributaires d'une morale qui d'emblée le condamne.

Texte intégral à lire ou a télécharger sur  http://terrain.revues.org/3058

Source info : http://blogterrain.hypotheses.org/5198?utm_source=alert

ZOOM SUR : Les conduites suicidaires dans le Nord - Pas-de-Calais Une publication de la F2RSM avec le soutien de l’ARS



"Cette synthèse épidémiologique saura intéresser les professionnels de santé en charge de la psychiatrie et de la santé mentale." Nathalie Pauwels
Chargée de communication  Fédération régionale de recherche psychiatrie et santé mentale Nord - Pas-de-Calais


Une publication de la F2RSM avec le soutien de l’ARS


Les conduites suicidaires dans le Nord - Pas-de-Calais


Octobre 2014




Dans la région Nord – Pas-de-Calais, 1 adulte sur 25 est concerné par les pensées suicidaires, 0,8% de la population déclare avoir tenté de se suicider durant les 12 derniers mois, tandis que 11 000 hospitalisations pour tentative de suicide en médecine ou chirurgie et environ 800 décès par suicide sont enregistrés chaque année. Plus touchée par les conduites suicidaires qu’en moyenne nationale, la région Nord – Pas-de-Calais se voit donc confrontée à un sujet majeur de santé publique.
Consciente de cet enjeu, l’Agence régionale de santé Nord – Pas-de-Calais a souhaité disposer de données afin d’étayer et d’évaluer son Programme régional de santé.
Dans la perspective d’un Observatoire régional des conduites suicidaires, la Fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale Nord – Pas-de-Calais propose, dans ce rapport, une synthèse des indicateurs disponibles sur les pensées, les risques, les tentatives et les décès par suicide à l’échelon de la région. 8 sources distinctes sont analysées pour en rendre compte, d’un point de vue statistique. Un focus particulier est réalisé sur les tentatives de suicide enregistrées dans les bases médico-administratives par les services du Samu – Centre 15, des urgences, de médecine-chirurgie et de psychiatrie.
Certes perfectibles, ces bases n’en apportent pas moins de nombreuses informations sur les caractéristiques des suicidants et permettent de calculer des taux (bruts ou standardisés) de morbidité et également de récidive suicidaire.



DISPOSITIF CLIC DINAN (22) "Promotion de la santé mentale et prévention du suicide"

CLIC de Dinan "Promotion de la santé mentale et prévention du suicide"
source info http://www.mairie-lehon.fr/actualites.php?id_actu=366

Le CLIC de Dinan propose à titre expérimental, pendant 5 mois, à raison d'une journée par semaine, des entretiens individuels aux usagers (personnes âgées) et aux aidants en souffrance psychique.

L'objectif est de :
- proposer un espace d'écoute permettant à la personne âgée de s'exprimer en toute liberté et de pouvoir verbaliser son ressenti, ses émotions et la façon dont elle vit au quotidien.
- bénéficier d'un soutien psychologique lorsque la personne doit faire face à une situation difficile et source de souffrance (maladie, entrée du proche en maison de retraite, décès, suicide d'un proche, avancée dans la maladie, etc.) mais aussi en cas d'épuisement physique et/ou psychologique pouvant conduire à un passage à l'acte suicidaire.
- réfléchir sur une situation donnée, l'envisager sous différents angles de façon à appréhender celle-ci dans son ensemble. Ceci pouvant permettre à l'usager d'envisager des stratégies, de faire face à l'événement vécu ainsi qu'à ses propres capacités et limites en tant qu'individu.

Madame WINDELS, psychologue, se dépacera soit au domicile ou proposera d'accueillir l'usager dans les locaux du CLIC. Au terme d'une première rencontre, elle évaluera la demande et conviendra avec l'usager de la mise en place d'un suivi psychothérapeutique gratuit ou une réorientation si nécessaire vers des partenaires plsu adéquats.

Pour tout renseignement sur ce service, contactez le CLIC de Dinan, au 02.96.85.43.63


Centre Local d’Information et de Coordination (CLIC) du pays de Dinan.

association créée en 2004 a pour mission d’informer, orienter et conseiller pour le soutien des personnes âgées à domicile et en établissement en mettant à disposition un interlocuteur relais. Ce lieu unique et gratuit concerne les cantons de Broons, Caulnes, Dinan est et ouest, Evran, Plancoët, Plélan le Petit et Ploubalay.
Le CLIC du Pays de Dinan vous accueille tous les jours du lundi au vendredi, de 9h00 à 12H30 et de 13H30 à 18H00. Nos bureaux sont situés dans la Zone Atlante, 7 rue de la violette 22100 QUEVERT
02 96 85 43 63 (Téléphone) 02 96 39 57 74 (Fax)
http://www.clic-dinan.fr/

Entretien – Suicide en Bretagne, les origines dans un trauma commun?

Entretien – Suicide en Bretagne, les origines dans un trauma commun?
source : http://archannad.eu/societe/entretien-suicide-en-bretagne-les-origines-dans-un-trauma-commun/ Le 24 octobre 2013 par Erwann Lucas-Salouhi
suicide source: Inserm
Jean-Yves Broudic est sociologue et psychanalyste. Dans son livre Suicide et alcoolisme en Bretagne au XX siècle. Sociologie-Histoire-Psychanalyse, il émet une théorie inédite afin d’expliquer pourquoi la Bretagne est plus touchée qu’aucune autre région par le suicide, alors qu’elle obtient dans le même temps les meilleurs scores en terme de qualité de vie.
Question d’addiction et de suicide, pourquoi travailler dessus ?
Je m’intéresse à la matière bretonne depuis de nombreuses années. J’ai grandi dans un milieu bretonnant donc la question bretonne m’intéresse. J’ai passé du temps dans diverses associations.
Au niveau de mon métier, la sociologie, j’ai eu l’occasion de travailler un moment dans un bureau d’étude en sociologie urbaine. En tant que sociologue, j’avais eu l’occasion de regarder et de lire les travaux de confrères sur les questions de suicide.

Comment déterminer de l’évolution de ces questions en Bretagne?
A la fin du XIXè,  on a le travail de Durkheim qui lance la sociologie française, avec son livre « Le suicide ». il cherche à fonder le suicide comme fait social, pas seulement au travers de l’étude statistique mais également en tentant d’apporter une explication. Il fonde la sociologie, via ce travail, et cherche des corrélation avec la religion, le développement économique, le statut matrimonial et pose une théorie là-dessus. Il pense que le suicide augmente là où le lien social se détend. Il pense ainsi que, lorsqu’il y a davantage de concubinage et de divorces, les gens sont plus malheureux et moins bien intégrés dans la société. Il reprend un certain nombre de lieux communs de la sorte. Qui se sont avérés être totalement faux.
A un moment donné, ayant ça en tête, j’ai réfléchi à la question du suicide en Bretagne. Il y a des études et des articles mettant en avant qu’il y a plus de suicide et d’alcoolisme en Bretagne qu’ailleurs. J’ai donc souhaité regarder tout ça de plus près, au niveau statistique tout d’abord, afin de faire le point sur tout ça. La surprise a été de constater que, s’il y a beaucoup plus de suicides en Bretagne depuis 50-60 ans, ce n’était pas du tout le cas au tournant du XIXè-XXè siècle. Au contraire même, la Bretagne était une région où l’on se suicidait peu. Il s’agit de statistiques sur de longues périodes, il n’y a donc pas lieu de penser que les statistiques sont erronées.
Par rapport à ce constat, que l’on trouve dès les années 1970-1980 dans plusieurs publications concernant la Bretagne, il y avait deux explications principales mises systématiquement en avant. La première était que les Bretons se sentaient inférieurs et infériorisés du fait de l’évolution culturelle, en particulier de la non reconnaissance de la langue bretonne et de l’obligation à passer au français. C’est vrai que l’on constate que la régression de la pratique du breton, qui est marquée après la Seconde Guerre Mondiale, correspond statistiquement à la montée du suicide. La conclusion de certains et donc d’y voir une relation de causalité. C’est cependant assez discutable car, lorsque deux phénomènes sont concomitants, ils ne sont pas nécessairement dans une relation de causalité. Au contraire, ils peuvent être tous les deux déterminés par un autre facteur commun. C’est donc assez discutable, d’autant que d’autres régions ont connu une situation similaire en terme de régression linguistique sans que l’on y trouve de surmortalité par suicide.
L’autre explication avancée est la présence forte du matriarcat en Bretagne. L’idée est que le matriarcat, qui est le pouvoir aux femmes, met les hommes en position inférieure et ça les rendrait plus fragile. C’est une idée très discutable car on parle du matriarcat celtique d’une manière générale. Or, si ce matriarcat permettait d’expliquer les choses, on observerait les mêmes effets non seulement avant la 2ème moitié du XXè siècle, mais également ailleurs dans d’autres pays celtiques. Par ailleurs, cette histoire est basée sur des observations et des tests auprès d’enfants, qui ont permis de constater qu’en Bretagne, par rapport à ailleurs, les enfants dessinaient les hommes plus petits que les femmes, ce qui fait certains parler du +matriarcat psychologique+ des Bretons.

Cette explication est-elle acceptable selon vous?
Pourquoi pas? Mais en même temps, j’ai développé une autre explication en partant de l’importance de la Première guerre mondiale. Car les femmes ne meurent pas mais elles souffrent durant cette période et après, en perdant qui un fils, qui un mari, un amoureux, un cousin ou un proche plus largement.
Puisqu’on observe une forte augmentation du suicide à partir des années 1945-1950, de même que les indicateurs épidémiologiques liés à l’alcoolisme, cela renvoie à ce qui s’est passé à la génération précédente. Car, si on constate une explosion du nombre de cirrhoses du foie dans ces années là, c’est nécessairement la résultante d’une forte consommation d’alcool pendant 20 ou 30 ans, ça ne se déclare pas d’un seul coup. Or, pendant la guerre de 14, il y avait une très forte consommation d’alcool, qui était même utilisé pour donner du «courage» aux soldats avant de partir à l’assaut.
Ce qu’il faut également avoir en tête c’est que les guerres du XXè siècle ont totalement changé de nature par rapport aux précédentes et sont devenues des guerres de masse. On a autant de morts en France lors de la guerre de 14 que sur l’ensemble du XIXèsiècle: 1,5 million pour une population de 40 millions de personnes, environ.
J’appuie mon hypothèse en me basant sur des données chiffrées et en observant ce qui se passe d’une génération à l’autre. C’est également en tant que psychanalyste que je parle là. Je pars de l’idée que nous sommes tous déterminés par notre inconscient qui n’est pas strictement individuel. Je ne parle bien entendu par du tout d’inconscient collectif mais il y a un rapport entre la manière dont un enfant va se construire psychiquement et la manière dont les parents ont vécu eux-mêmes psychiquement.

L’enfant intègre ces données par lui-même ?
Si on prend la question des traumatismes et de la mort, il est évident pour moi qu’un enfant, quelque soit son âge, va se construire différemment dans une famille où il n’y a pas eu trop de drames que dans une famille marquée par des décès prématurés. Dans des familles où la mort est arrivée de façon massive et anormale, ici la guerre, il faut tenir compte de ce qui s’y passe inconsciemment.
Sans entrer dans les détails, on a la question de l’angoisse, qui est liée à la question de la mort, mais pas seulement, qui peut être présente de façon diffuse dans certaines familles, d’une façon qu’il est difficile d’anticiper. Par définition, l’angoisse c’est un moment où l’on n’a pas de pensée. Quand on vit un moment de difficulté, cela crée de l’angoisse, du mal-être et on ne réussit plus à penser.
Si l’on prend la question des décès et de la mort, sans pour autant que cela soit un secret de famille, ne pas en parler car on estime cela comme étant trop difficile à aborder, crée de l’angoisse. Il y a des personnes qui témoignent de leurs difficultés à vivre et à grandir dans des familles où le père était absent. C’est par exemple le cas d’Albert Camus, dont le père meurt quand il est tout jeune, durant la guerre 14. Camus décrit bien la grande difficulté qu’il a eu à se construire en tant qu’enfant, il voyait sa mère en tant que veuve, triste et dépressive à cause de la mort de son père.
La question du deuil de masse est extrêmement importante. Depuis dix-vingt ans, il y a tout un courant autour de l’histoire de la guerre de 14 qui insiste et décrit les effets sur la société civile. Certains historiens disent que, dans la société française, les 2/3 de la population ont été touchée par le deuil. Quand 1,4 millions de personnes meurent, entre 18 et 40 ans environ, cela concerne les parents, les fratries, les femmes, les enfants. Il y a énormément de veuves et d’orphelins à ce moment-là. Et puis il faut ajouter ceux qui sont allés à la guerre, qui en sont revenus mais qui y ont vécu des choses horribles, qu’ils ont vu ou ont dû faire. Ces personnes-là ont été fortement marquées. Là, vous avez le tableau un peu général.
En ce qui concerne la Bretagne, je suis parti sur cette hypothèse, qui n’explique bien entendu pas tous les suicides, mais qui peut expliquer la situation particulière de la région en la matière, avec un taux bien plus élevé que le reste de la France.

On est sur quel rapport justement ?
En France, sur 100.000 habitants, on compte environ 30 suicides alors qu’en Bretagne, le taux est plutôt de 50 suicides pour 100.000 habitants, pour les hommes entre 1990 et 2000. Pour les femmes, sur la même période, cela tourne autour de 10 suicides pour 100.000 habitants en France contre 15-16 pour 100.000 en Bretagne. Et dans les deux cas, la Bretagne administrative est en tête des régions françaises.
Quand on regarde l’évolution de 1835 à 1997 sur la Bretagne historique, le taux augmente fortement entre 1945 et 1965 chez les hommes comme chez les femmes. C’est d’ailleurs ce qui m’a fait tiquer.
En Bretagne comme ailleurs, on constate une décrue du taux de suicide car, d’une manière générale, aussi bien en France que dans la région, le nombre de suicides n’a pas augmenté malgré l’augmentation de la population.
Les facteurs et éléments que je mets en avant pour soutenir mon hypothèse sont précisément cette évolution statistique en Bretagne avec une forte augmentation survenue une génération après le «trauma historique» de la guerre 14. Cela pourrait être contesté mais c’est quelque chose que l’on observe également dans d’autres pays qui ont vécu ce type de trauma. Si on prend en compte des phénomènes historiques, on peut comprendre des variations qu’autrement, on jugerait énigmatiques. Certains sociologues constatent que les taux augmentent mais sans trouver d’explication.
Les pays où l’on se suicide le plus en Europe sont en particulier l’ex-URSS, la Finlande et la Pologne, des pays particulièrement marqués par la Seconde Guerre mondiale. Souvent, les sociologues oublient la dimension historique. C’est en particulier lié au découpage entre les disciplines et la quasi absence de trans-disciplinarité.
L’autre volet que les sociologues ignorent totalement, c’est la psychanalyse. Pour vous donner un exemple, prenez la question du deuil. Quand des enfants sont confrontés au décès cela joue mais, dans une fratrie, si un grand-père est décédé à la guerre 14, cela ne va pas nécessairement toucher tout le monde, voire parfois toucher personne mais il y a des mécanismes qui existent malgré tout. L’un d’entre eux est le fait que, quand on perd quelqu’un de proche, on est d’une certaine manière lié à cette personne là, notamment dans les relations familiales. Certaines personnes vont rester plus attachées à la question de la mort qu’à la question de la vie. Elles vont répéter des gestes et des comportements qui vont renvoyer à ce décès car ça n’aura pas pu être intégré et accepté. Assez souvent, ces personnes vont se suicider ou faire des tentatives à des dates précises qui vont renvoyer à un autre décès. Si ce n’est pas la date, cela pourra alors être le lieu.
Si l’on perd quelqu’un de proche, cette personne disparue emporte avec lui quelque chose de nous et nous avons gardé quelque chose de cette personne. C’est largement montré dans la littérature par exemple, qui s’inspire énormément des drames.
Si l’on revient au deuil de masse qu’a connu la société bretonne durant la Première Guerre, il est évident que des personnes ont été marquées de manière indélébile par ces disparitions. Ça a généré de l’angoisse, qui pousse entre autres à l’alcoolisme, dans la mesure où l’alcool est un excellent anxiolytique. Il y avait une tradition d’ivresse festive en Bretagne pendant tout le XIXè siècle, mais l’alcoolisme de masse se développe sur le littoral, dans les milieux marins, eux-mêmes fortement marqués par la surmortalité durant cette période. Si on prend, à titre d’exemple, le quartier maritime de Paimpol, on compte environ 1.500 morts entre 1860 et 1920, parfois très jeunes. Cela crée une ambiance mortifère dans beaucoup d’endroits. L’alcoolisme est un élément important car il y a un certain nombre de personnes suicidaires qui passent à l’acte sous l’effet de l’alcool.

Selon vous la conséquence se fait sentir une génération plus tard. Comment explique-t-on ce décalage ?
Pour ce qui est de l’alcool, il s’agit avant tout de la mesure des effets à long terme d’une importante consommation; donc, l’effet est visible en même temps que la montée du suicide sur la génération suivante.
Pour cette dernière, il faut bien comprendre que des enfants peuvent prendre sur eux une part de l’angoisse de leurs parents, dès tout petit. Les enfants raisonnent inconsciemment comme ça, en voyant leurs parents en grande souffrance mais dans l’impossibilité d’en parler. L’enfant pense qu’en prenant un petit peu de la souffrance des parents, il pourra l’alléger. Car un père qui sort vivant de la guerre de 14 ne peut ni ne veut en parler, il va au contraire chercher à le masquer. Sauf qu’inconsciemment, le malaise est ressenti. De parents à enfants, une partie des choses passe de façon rationnelle et consciente, l’éducation, mais une autre partie passe de façon inconsciente.
Cette logique est bien entendu un peu stupide car, au final, les deux souffrent, enfants et parents. Dans la Bible juive, on dit «tu respecteras ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent sur la Terre», et en hébreu, le «tu respecteras» est en fait «tu mettras à distance». C’est l’idée qu’il faut se séparer. Or, dans les situations familiales lourdes comme celles que l’on décrit ici, il y a cette impossibilité de mettre à distance. Un père qui a vécu ces choses va mettre un couvercle dessus, il n’en parlera pas. Mais certains des enfants, pas tous bien entendu, vont prendre sur eux une part de cette angoisse et ce malaise du père. Ou de la mère quand on parle de femmes qui ont élevé leurs enfants seules après la Guerre du fait du décès de leur conjoint.
Il y a toute une polémique en Bretagne sur le nombre de morts durant la Première Guerre, un taux plus élevé que dans le reste de la France. Quand je me suis intéressé à ça, j’ai été frappé de voir qu’il n’y avait pas vraiment d’étude détaillée et sérieuse sur le sujet. En cherchant, j’ai pu trouver des chiffres finalement. Et je peux vous affirmer qu’en effet, la Bretagne est la région de France qui a le plus souffert. A la fin de la Guerre, 1,4 millions de morts sur environ 10 millions de soldats pour l’armée française mais, en Bretagne, on est à un minimum de 150.000 sur 600.000 mobilisés. Un passe d’un taux de 1 mort pour 8 soldats au niveau national à 1 sur 4 au niveau breton. Et si on compare la Bretagne avec d’autres régions, telles que Paris, Lyon ou les bords de la Méditerranée, ces villes ont un taux de 1 mort sur 10 mobilisés.
Par ailleurs, s’il y a plus de personnes touchées par ces décès en Bretagne, il y en a également plus à revenir avec des séquelles physiques ou psychiques. Un tiers des combattants sont revenus avec de telles séquelles. Ce qui fait qu’au total, sur 600.000 hommes de 18 à 40 ans, entre un quart et un tiers ne reviennent pas et un quart à un tiers reviennent en mauvais état. Beaucoup se retrouvent en hôpital psychiatrique, marqués profondément par ces traumatismes de guerre.

Sur une population totale de combien d’individus en Bretagne ?
Il y a quasiment la même population qu’aujourd’hui. Sur les 4 départements, on a une population équivalente à celle des 5 départements aujourd’hui. La Bretagne est très peuplée alors. On parle par exemple de 30.000 morts dans le Finistère, autant dans les Côtes d’Armor.
Il y a eu un phénomène de déni, très commun dans les traumatismes. Et puis, ça a été pris dans le débat entre républicains et nationalistes, le nombre de morts devenant un enjeu politique d’une certaine manière. Mais, dans tous les cas, la Bretagne est la région qui a été le plus touchée. Aucun doute à ce niveau. On trouve des départements avec le même taux de mortalité mais, à l’échelle d’une région, c’est unique.
Pour revenir à Durkheim, il prouve que le suicide est un phénomène urbain à la fin du XIXè siècle et début du XXè. Cela devient un phénomène rural au milieu du XXè. Certaines cartes montrent bien ce basculement. Et elles mettent bien en avant que c’est dans l’Ouest, en particulier en Bretagne, que la hausse est la plus forte.

Ce trauma que vous situez à la Première Guerre mondiale, comment cela se transmet aux petits enfants ? Rentre-t-on dans un état de fait par la suite concernant le suicide ?
C’est assez difficile à expliquer, dans la mesure où il faut bien éviter la question du déterminisme. Mais dans le même temps, face à un phénomène de masse, les processus sont multiples dans les familles. Si je prends l’exemple des orphelins, un historien français, Olivier Faron, a cartographié la proportion des pupilles de la nation dans la population en 1921, et montre que, là encore, la Bretagne est la région la plus touchée.
On voit bien qu’aujourd’hui, les gens vivent 70-80 ans. Quelqu’un qui était orphelin de père après-guerre, qui n’a quasiment pas connu son père, jusqu’il y a 10-15 ans, il y en avait encore beaucoup. Et sa manière d’être père, pendant toute sa vie, va être déterminée par le fait qu’il a été orphelin. Et ses propres enfants vont aussi être en partie marqués, différemment cependant, dans leur approche en tant que père. Tout enfant va connaître des moments difficiles. Dans ces moments-là, il se raccroche à des repères, en particulier la filiation. S’inscrire dans une filiation est important pour se construire. Quelqu’un qui a un manque dans sa filiation va avoir un peu plus de difficultés pour se construire. Des études chez des personnes hospitalisées en unités psychiatriques montrent que ce qui a pu être vécu en tant qu’enfant jouent un rôle sur l’état psychiatrique de l’adulte.

Peut-on s’attendre à un retour à la normale du taux de suicide, qui se rapprocherait de la moyenne nationale ?
On voit apparaître une petite tendance au rapprochement depuis le début des années 2000, cela devrait donc se produire d’ici à 2050. Ce qui confirmerait mon hypothèse. Et cela irait d’ailleurs dans le sens de cet adage biblique qui dit «les parents mangent des raisons verts et les enfants en ont les dents agacées pendant sept générations». En d’autres termes, les parents vivent des choses terribles et ce sont les enfants qui en subissent les conséquences. Si la tendance baissière se confirme en Bretagne, on sera à sept générations puisque ça correspond à environ 150 ans.

Pour aller plus loin: Suicide et alcoolisme en Bretagne au XX siècle. Sociologie-Histoire-Psychanalyse, Jean-Yves Broudic, Editions Apogée, Rennes, 2008