samedi 1 février 2014

Revue de presse suicide et santé mentale de l'association STOP SUICIDE, Suisse

Revue de presse suicide et santé mentale de l'association STOP SUICIDE, suisse
http://www.stopsuicide.ch/site/sites/default/files/20140130_revue_presse.pdf
de la Semaine du 24 au 30 janvier 2014


Extraits :
"Une subtile histoire de Mélanie Chappuis dans la tête d’un jeune, qui raconte ses pensées dans un monologue personnel. La gare, les trains, l’envie peut-être de se jeter sur les voix...Et puis viennent des réflexions sur le cousin conducteur de locomotive notamment. Pour que finalement, la raison prenne le dessus, , parce que ce n’est pas l’envie de mourir qui prime, mais plutôt la souffrance, ou l’envie de «frapper dans un mur».

L'article en question :
Dans la tête de Damien mardi 28 janvier 2014
Sur un quai de gare, quand on perd espoir…
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a7758f84-8785-11e3-aaa7-e4f6fea031a1/Sur_un_quai_de_gare_quand_on_perd_espoir
Mélanie Chappuis

De prendre le train tous les matins, ça donne des idées. Surtout ici, où ils passent à toute allure, comme si je n’existais pas. Comme s’ils me giflaient avec leur puissance, leur arrogance. Circulez, il n’y a rien d’autre à voir qu’un paumé. Heureusement, il y a le régional, il arrive vide, il m’ouvre ses portes pour que je puisse aller étudier en ville. Je l’aime bien. Il y fait chaud, on a la paix un moment. On peut regarder par la fenêtre, on a le droit de ne rien faire, de rêvasser. Pas comme à la ferme. Mon vieux, il ne me laisse jamais tranquille. Il faut faucher, traire, tenir l’inventaire, répertorier chacun des pets de travers de nos vaches, et quels antibiotiques on leur donne, et combien, et à quelle fréquence… Ils nous emmerdent avec leurs machins administratifs. Comme je vais au gymnase, mon vieux croit que j’apprécie de faire le gratte-papier. Pourtant, ce que j’aime, ce sont les vaches. Je veux devenir vétérinaire de campagne. Enfin, quand je crois en moi.

J’aime bien aller au gymnase, j’apprends plein de choses qui ne me serviront à rien. C’est mon luxe. Ça énerve le vieux. La plus belle fille de l’école est dans ma classe. Marie. J’ai cru que j’avais une chance. Je les ai rejoints, elle et d’autres copains, pour aller à une fête. On a rigolé, on a dansé, mais c’est un autre qu’elle a embrassé. De toute façon, avec ses talons, qu’est-ce qu’elle pourrait bien faire dans ma boue?

Je me suis tiré sans traire la Vicky, ça va rendre le vieux franc fou. Je suis à la gare. Le jour se lève. Je regarde les trains passer. On est samedi, il n’y a personne. Je peux penser à Marie. Hier soir, j’ai regardé une série américaine qu’un ami m’a prêtée. Ça commence par une femme qui se jette sur les rails quand le train arrive. On n’entend pas le choc, juste le vain crissement des freins. En classe, on lit Anna Karénine. C’est trop long, ce livre. Elle, c’est à la fin qu’elle se jette sous le train. Moi aussi, j’ai envie d’entendre le choc que ferait mon grand corps de mal-aimé. Un bruit sourd et lourd, et plus rien. Le néant où je pourrais flotter. Ça forcerait un de ces gros trains à s’arrêter dans ma petite gare qui sent la bouse.

J’ai un cousin qui est devenu conducteur de locomotive. Il dit qu’il y a une bonne quinzaine de suicides par mois. Il est aux premières loges quand ça arrive. Il a du mal à s’en remettre. Il a la peur au ventre à chaque fois qu’il prend son service. Il a vu les visages des suicidés, leur effroi. Il dit qu’aucun n’a l’air soulagé d’en finir durant ce fragment de seconde où leurs yeux croisent les siens. Mon cousin dont ils font un assassin. Et les suicidés, «accidents de personne» dont pas grand monde ne parle, pour ne pas donner des idées à ceux qui sont encore sur pied. Parmi ceux qui franchissent le pas, il paraît qu’il y a de tout, des hommes, des femmes, des citadins, des paysans… Le malheur frappe n’importe où. D’y penser, je me sens moins seul. Moins inadapté.

Je ne peux pas faire ça à mon cousin. Ni aux parents. Ni à moi. Marie quittera peut-être Fabrice. Je tomberai peut-être amoureux d’une autre. J’ai envie de pleurer, de frapper dans un mur, de dormir… Pas de mourir.
Dans la tête de Damien mardi 28 janvier 2014


Autre info extraite de la revue de presse  :
REVUE– International Journal of Child, Youth and Family Studies
Une numéro entièrement consacré au suicide des jeunes :  prévention , interventions, comportements,  etc. Un dossier de 200 pages pour un aperçu actuel de la recherche en prévention du suicide. International Journal of Child, Youth and Family Studies –Vol. 5, n° 2, 201


Le lien vers la revue avec les articles (en Anglais ) en ligne, CANADA
http://journals.uvic.ca/index.php/ijcyfs






Lire toute la revue de presse de stop suicide :

http://www.stopsuicide.ch/site/sites/default/files/20140130_revue_presse.pdf