jeudi 16 mai 2013

AUTRE PAYS IRLANDE RECHERCHE ETUDE Un profil psychotique, facteur de risque suicidaire à l’adolescence

Un profil psychotique, facteur de risque suicidaire à l’adolescence
Publié le 15/05/2013 sur http://www.jim.fr/en_direct/actualites/e-docs/00/02/1E/C8/document_actu_med.phtml

Dans sa dernière parution avant son changement de nom pour JAMA Psychiatry, Archives of General Psychiatry a publié une double étude cas-témoins, réalisée en Irlande, sur la portée d’une symptomatologie psychotique à l’adolescence comme facteur de risque suicidaire.
L’étude A comprend 212 adolescents âgés de 11 à 13 ans, et l’étude B (indépendante) comprend 211 adolescents âgés de 13 à 15 ans. Les auteurs observent que l’existence d’une symptomatologie psychotique est associée à un « risque suicidaire décuplé, au début et au milieu de l’adolescence » (Odds Ratio [OR] =10,23 ; Intervalle de Confiance à 95 % [IC95 %]  [3,25–32,26] ; p<0,001 pour la première étude ; OR=10,5 ;  IC 95%  [3,14–35,17] ; p<0,001 pour la seconde étude).
Cette augmentation du risque porte globalement sur « toute attitude suicidaire » : idées, projets, ou passages à l’acte. Le risque de « comportement suicidaire sévère » (projet ou acte) est même multiplié par 14 chez les adolescents dépressifs avec problématique psychotique, comparativement aux adolescents dépressifs sans antécédent psychotique (OR=13,7 ; IC 95% [2,1–89,6] ). Et parmi les adolescents exprimant des idées suicidaires, ceux avec troubles psychotiques ont un risque de suicide « presque vingt fois plus élevé », par rapport aux adolescents dépressifs sans contexte psychotique (OR=19,6 ; IC 95 %  [1,8–216,1] ).
Les symptômes psychotiques se révèlent ainsi « fortement associés » à une augmentation du risque suicidaire à l’adolescence. Ces symptômes pouvant cependant être frustes, il faut les rechercher par l’interrogatoire : « dans ces deux études, la majorité des adolescents avec idées suicidaires sévères révèlent des symptômes psychotiques, lorsque ceux-ci sont directement recherchés par l’entretien psychiatrique. » Aussi, concluent les auteurs, le dépistage d’un contexte psychotique devrait-il faire partie intégrante de l’évaluation systématique d’un projet ou d’une tentative de suicide.
Dr Alain Cohen

Kelleher I et coll.: Psychotic symptoms in adolescence index risk for suicidal behaviour: findings from 2 population-based case-control clinical interview studies.. Arch Gen Psychiatry, 2012; 69: 1277–1283.