lundi 10 décembre 2012

PAU : Une nouvelle unité au CHP : un lieu pour dénouer les crises



Une nouvelle unité au CHP : un lieu pour dénouer les crises

Par Marie-Pierre Courtois suhttp://www.larepubliquedespyrenees.fr/2012/12/10/un-lieu-pour-denouer-les-crises,1109325.php Publié le 10/12/2012 




Karina Corvest : "J'ai toujours eu une vision globale de la santé d'un patient".
Karina Corvest : "J'ai toujours eu une vision globale de la santé d'un patient". (nicolas sabathier)
"Les dix lits sont occupés, nous refusons du monde" constate Karina Corvest, responsable de l'Unité de gestion de la crise ouverte au Centre hospitalier des Pyrénées (CHP) le 12 novembre. A presque quarante ans, elle met en pratique avec son équipe des techniques de thérapie psychiatrique brève récemment acquises lors d'une formation en Belgique auprès du psychologue Jean-François Terakowski.
"L'idée est de tenter d'identifier, avec le patient et sa famille, l'événement extérieur qui a dépassé ses défenses et provoqué la crise, qui peut être suicidaire ou hallucinatoire". En soins libres, les patients sont orientés dans son unité par le service d'urgence du CHP ou celui des hôpitaux généraux et y séjournent trois à quinze jours. "Cinq sont partis la semaine dernière, en se disant contents de leur prise en charge".
"Ne pas réduire une personne à un acte"
Pour Karina Corvest, la souffrance psychique n'est pas une donnée à part, sans lien avec l'environnement et la réalité. "J'ai toujours eu une vision globale de la santé d'un patient. Même en médecine générale, une bonne prise en charge tient compte de la détresse psychique" affirme la psychiatre qui a exercé comme médecin généraliste jusqu'en 2007 et forgé son expérience sur divers terrains : cabinets libéraux, urgences de l'hôpital général, milieu scolaire.
Née à Pau, elle s'est formée à Bordeaux pour exercer à Pau, où elle découvre la psychiatrie en 2007. En 2008, elle passe un diplôme interuniversitaire (DIU) de psychiatrie criminelle et médico-légale et travaille à l'Unité de consultation et de soins ambulatoires du CHP, intervenant auprès des détenus. "Il faut essayer de ne pas réduire une personne à un seul acte. J'ai rencontré des médecins et infirmiers extraordinaires qui ont cette humanité, qui regardent les gens, pas juste leurs symptômes ou leur comportement." s'enflamme Karina Corvest.
Personnalité atypique, volubile jusqu'à l'effervescence et irréductiblement optimiste, elle est un poisson dans l'eau à l'Unité de gestion de la crise dont la philosophie thérapeutique répond à son sens de l'urgence. "On n'a pas de solution concrète à offrir à quelqu'un dont la crise est issue d'un problème de surendettement. Mais notre but est de lui redonner l'espoir en l'existence de solutions, pour qu'il dépasse vite l'état critique".
Et de dénoncer l'isolement dans notre société, un facteur de souffrance psychique selon elle, qui touche notamment les personnes âgées -elle a travaillé en gérontopsychiatrie. "Tout le monde peut voir ses défenses psychiques s'effondrer et tomber en dépression, une pathologie grave et mortelle" La jeune femme est intarissable, riche de convictions mûrement réfléchies et posées. "Le désir d'une humanité parfaite a écrit les plus atroces pages noires de l'histoire lors de la Seconde guerre mondiale. Vouloir détruire les malades, ou les handicapés, est un immense leurre : l'imperfection est ce qui caractérise l'humain."
Se donner du temps pour réfléchir -et peut-être comprendre- est la seule manière d'éviter les réactions émotionnelles toujours inadaptées selon elle. "Je ne sais pas ce dont souffre cette personne" dit-elle, évoquant l'auteur du double infanticide du 28 novembre. "Une enquête est en cours, il faut attendre les informations. C'est un passage à l'acte très violent qui paraît insensé mais répondait peut-être à une volonté désespérée de soustraire ses enfants à la noirceur du monde. La mélancolie relève de l'urgence psychiatrique." Et déconcertante de spontanéité, elle adopte pour définir ce trouble bipolaire mélancolique un poème qu'elle cite en entier : Chanson d'automne, de Paul Verlaine.
==> Ligne de vie
Née à Pau en 1973, elle y fait toute sa scolarité à partir du CE2 après sa petite enfance passée en région parisienne. Elle exerce à Pau depuis 2005 après des études de médecine à Bordeaux. Elle a une fille (16 ans) et deux garçons (10 et 8 ans).
En 2005, elle obtient son doctorat en médecine générale à la suite de ses études à Bordeaux et en internat à Pau et d'une thèse en pédiatrie.
Depuis 2007, elle se forme et se spécialise en psychiatrie et travaille au Centre hospitalier des Pyrénées. Elle est titulaire d'un DIU de psychiatrie criminelle et médico-légale obtenu en 2008 à Poitiers.
Depuis le 12 novembre, elle est responsable de l'Unité de gestion de la crise ouverte au CHP.